LA SAISON 2023-2024
COMPTES RENDUS DES ACTIVITÉS
Dimanche 10 septembre C'était la RENTRÉE EN FÊTE pour 550 associations orléanaises. GUILLAUME-BUDÉ-ORLÉANS |
Jeudi 28 septembre LE FRANÇAIS, conférence par Bernard CERQUIGLINI Bernard Cerquiglini est professeur émérite de l'Université de Paris VII-Diderot, ancien recteur de l'Agence universitaire de la Francophonie, vice-Président de la Fondation des Alliances françaises et membre de l'Académie royale des sciences, lettres et beaux-arts de Belgique. Il a publié de nombreuses études sur la langue française. C'est donc un grand honneur qu'il nous fit en ouvrant notre nouvelle saison avec une passionnante conférence intitulée "Le français : une langue, des institutions, des valeurs". Devant un public fidèle et nombreux, le conférencier, au verbe enchanteur, rappela que la langue française possède trois caractères, dont la réunion forme la singularité. C'est tout d'abord une langue. Elle appartient aux idiomes romans, mais son histoire est particulière : elle est septentrionale et atypique. C'est ensuite une institution. Depuis longtemps écrite, protégée du pouvoir, normalisée, elle est un idiome littéraire, politique, grammairien. C'est enfin un ensemble de valeurs, déposées par l'histoire (partage, solidarité, diversité), dans lesquelles les francophones se reconnaissent. La réunion des trois explique la Francophonie, politique de solidarité linguistique mondiale, seule organisation internationale fondée sur une langue. Le français est une langue romane née du latin vulgaire, issu du premier Moyen Âge, dont la romanité mériterait d'être davantage mise en lumière. Et l'auteur de tordre le cou à certains mythes encore bien présents dans les esprits ; ainsi de l'influence gauloise qui ne représente en réalité qu'une très faible quantité de mots, à l'inverse de la part essentielle tenue par l'héritage germain dont le peuple franc est issu. Le français est donc, dès son origine, une langue romane du Nord qui se retrouve au carrefour de l'Europe occidentale et devient un point de contact culturel hors du commun. Puis Bernard Cerquiglini, radicalement à rebours d'un certain esprit décliniste, insista sur le fait que le français est une langue mondiale qui n'a jamais compté autant de locuteurs ; ainsi est-elle l'une des langues les plus étudiées au monde. À ce titre, le conférencier rappela toute la richesse et la puissance d'influence de la francophonie. Par ailleurs, le français est une langue institutionnelle dont le passage à l'écrit se fait très tôt dans son histoire. Ainsi compte-t-elle de puissantes institutions – dont l'emblématique Académie Française –, des milliers de dictionnaires, de grammaires, d'études diachroniques, etc. Il est incontestable que le français est la langue la plus normalisée au monde, faisant d'elle une langue d'écriture et de littérature à nulle autre pareille, dont la syntaxe apparaît d'une solidité inégalée. Enfin Bernard Cerquiglini évoqua le caractère éminemment politique de la langue française. Dès 842 et la signature des Serments de Strasbourg, qui actent le partage de l'empire carolingien au profit des différents fils de Charlemagne, notre langue est placée sous le signe de la diplomatie. De la naissance du Collège Royal à l'Académie Française, de la constitution des premières grammaires à l'édification du lexique, parler français, c'est faire de la politique, construire un destin commun, forger une nation dont le cœur battant est sa langue même. H.C. |
Vendredi 13 octobre EXCURSION DANS LES YVELINES
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Jeudi 23 novembre DE LA RUMEUR D'ORLÉANS À SA REPRÉSENTATION THÉÂTRALE par Eric CÉNAT, comédien et metteur en scène Entretien avec Catherine Malissard. |
Mardi 5 décembre SCANDALES DANS LA ROME RÉPUBLICAINE Lecture polyphonique d'extraits des Discours de Cicéron |
Jeudi 14 décembre DES FRÈRES DE SANG AUX FRÈRES HUMAINS : par Alexandre DE VITRY Entretien avec Hadrien Courtemanche Alexandre de Vitry – auteur d'Une histoire de la fraternité (2023) – évoqua d'abord la genèse de ce projet monumental, fruit de près de dix années de recherche, en partant de ce constat :"l'actualité de la fraternité est le signe tragique de son inactualité". En effet, ce vocable millénaire semble aujourd'hui obsolète, malgré sa présence tutélaire dans nombre des débats de notre temps. C'est à Charles Baudelaire que l'auteur emprunte le titre de son ouvrage, une formule quelque peu provocatrice qui reflète la casuistique inhérente à toute réflexion autour de la métaphore fraternelle. Dans un second temps, le conférencier revint sur les racines linguistiques de la fraternité, naviguant entre l'indo-européen bhrater et le latin frater, afin de montrer que, dès l'origine, cette dernière est marquée du sceau de l'ambivalence et de la polysémie, la fratrie étant autant une réalité sociale qu'une image permettant de représenter la vie publique. Puis, c'est aux mythes que l'auteur se référa – ceux issus de la tradition biblique – pour évoquer la question de la violence et du fratricide qui semblent indiquer que la fraternité se déploie précisément lorsqu'elle s'éloigne du référent familial. Enfin c'est autour de la dialectique ouverte/fermée qu'Alexandre de Vitry acheva le premier temps de sa réflexion, en évoquant l'opposition entre une fraternité universelle et une conception plus recentrée, la sœur de l'ombre de la trinité républicaine désignant autant un groupe, un élan hospitalier, une valeur qu'une attitude face au monde. Mais à quel moment la fraternité – née dans le creuset du christianisme – se sécularise-t-elle ? C'est en 1789, à la faveur de la Révolution française, que la première rupture a lieu, actant le passage d'un régime paternaliste à une communauté politique fondée sur l'égalité de tous et l'invention de la notion de citoyenneté, parangon de la fraternité républicaine. La seconde, née sur les barricades de 1848, témoigne de l'apogée de la fraternité et marque également l'implosion du terme sous le poids de sa propre polysémie. Triomphant, mais sombrement paré du sang des révoltés, le langage fraternel entre dans une longue période de caducité politique. Si la fraternité semble avoir été évacuée manu militari de l'espace public suite aux douloureuses expériences révolutionnaires, elle va trouver dans la littérature un locus amoenus où se ressourcer. Et qui mieux que Victor Hugo pour réinsuffler à l'ancienne métaphore un peu de sa vitalité perdue ? Ce sera Les Misérables (1862), monument de la fraternité universelle qui offrira le plus éclatant "point de contact entre l'idéal solidaire et la réalité pesante de la solitude et de la misère" du XIXème siècle. Toutefois, à l'universalisme hugolien s'oppose la conception baudelairienne fondée sur l'idée de choix, impliquant un processus d'élection autant que d'exclusion, menant vers une fraternité d'élus. Deux auteurs reflétant pleinement la conflictualité originelle de la fraternité. Puis, c'est à Charles Péguy, ardant défenseur d'une fraternité exigeante et intransigeante, qu'Alexandre de Vitry se réfère avant d'évoquer les atrocités du XXème siècle. À une fraternité accueillante succède "une fraternité du tombeau, une fraternité faite tombeau". Cependant, bien que l'indicible ait terrassé le réseau signifiant de la métaphore fraternelle, la littérature résiste. De Romain Gary à Jonathan Littell, en passant par Albert Cohen ou Thomas Mann, les écrivains réactualisent les présupposés sémantiques du lexique fraternel, la littérature apparaissant comme un espace de résistance et de résilience favorisant la survie de la fraternité dans la mémoire collective. H.C. |
Jeudi 11 janvier LA PROCESSION EN FRANCE AU XVIIIe SIÈCLE par Gaël RIDEAU |
Jeudi 18 janvier L'ARCHE DE L'ALLIANCE SUR LA MOSAÏQUE DE GERMIGNY-DES-PRÉS par Jean-François BRADU |
Jeudi 8 février LE STREET ART COMME LIEN SOCIAL par Christophe GENIN |
Mercredi 14 février
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Jeudi 4 avril 2024 SALETÉ ET DIFFORMITÉ par Charles DAVOINE |
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Jeudi 23 mai 2024 QUAND LA FEMME EST L'HOMOLOGUE DE L'HOMME : par Hélène de SAINT-AUBERT Entretien avec Émilia Ndiaye |
BIBLIOGRAPHIE