LE CORBUSIER ET LA "VILLA SAVOYE" À POISSY
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Charles-Édouard Jeanneret (dit Le Corbusier), né en Suisse en 1887, puis installé à Paris, a été peintre, écrivain, mais surtout architecte (il a fait un stage à Paris chez Auguste Perret en 1908-1909). Entre 1920 et 1930, Le Corbusier réalisé une vingtaine de villas appliquant les principes qu'il venait de formuler pour une architecture moderne (ce qui était rendu possible par l'emploi du béton armé).
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LA CONSTRUCTION DE LA VILLA "SAVOYE" La "villa Savoye" a été construite entre 1928 et 1931 pour un riche assureur de Lille, Pierre Savoye. Lui et son épouse Eugénie avaient accepté le principe d'une maison sur pilotis, une "boîte en l'air". Le Corbusier la conçut comme un manifeste de la modernité, Cinq points lui paraissaient essentiels : Aux escaliers, qui "séparent", on préfère les rampes en pente douce, qui "unissent". On ne parle plus de meubles et d'ameublement : les placards sont intégrés, les différentes pièces seront "équipées " de sièges et tables "standard", essentiellement "tubulaires". |
LA DESTINÉE DE LA VILLA SAVOYE Le propriétaires avaient été vite déçus, Le Corbusier n'ayant tenu aucun compte de leurs souhaits (une grande pièce de séjour au rez-de-chaussée, une cave en sous-sol…), car ils étaient contraires à son idée de la maison idéale. |
LE CORBUSIER CÉLÉBRÉ PUIS CONTESTÉ
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André Malraux « Il avait été peintre, sculpteur, et, plus secrètement, poète. Il ne s'était battu ni pour la peinture, ni pour la sculpture, ni pour la poésie : il ne s'est battu que pour l'architecture. Avec une véhémence qu'il n'éprouva pour rien d'autre, parce que l'architecture rejoignait son espoir confus et passionné de ce qui peut être fait pour l'homme. *** Eryck de Rubercy, "La postérité entachée de Le Corbusier", dans Revue des Deux Mondes, juillet-août 2015, p. 136-145. |
ces « espaces privés », la villa Savoye est devenue un symbole de l'architecture moderne de Le Corbusier. À l'époque, les décorateurs parlent encore d'ornements quand Le Corbusier, découvrant le langage technique, parle d'« équipement de la maison ». Ainsi créé-t-il avec Charlotte Perriand des meubles, comme les célèbres fauteuils Grand Confort en cuir ou les fameuses chaises longues LC4 basculantes, qui, pour s'adapter au corps et non l'inverse, sont à la naissance du concept d'ergonomie. *** Roger-Pol Droit, "Le Corbusier, un fascisme en béton" dans Les Échos, 23 avril 2015. « Le culte de l'angle droit, la haine des courbes, du désordre, le refus des sédiments du hasard et de l'histoire, le goût forcené pour la fabrication en série et la standardisation constituent de l'idéologie mise en forme » *** Xavier de Jarcy, Le Corbusier, un fascisme français, Albin Michel, 2015. « Le fascisme incarné par Le Corbusier se présente comme une forme de tyrannie au moralisme glacé, dissimulée sous le masque neutre de l'expertise technique. […] Seul un État totalitaire a pu produire la Ville radieuse, cet urbanisme d'où toute fantaisie, toute intervention individuelle, tout accident, tout mystère sont exclus. » *** Olivier Barancy : Misère de l'espace moderne, la production de Le Corbusier et ses conséquences, Agone, 2017. « Il est enfin admis ouvertement que Le Corbusier était un fasciste bon teint. On tolère ses mensonges et sa mégalomanie. On sourit en le voyant mépriser ses (riches) clients. Un observateur impartial découvrira vite qu'il n'a rien inventé, gommant les auteurs dont il s'est attribué les idées. La seule réelle compétence de Le Corbusier fut la promotion de son image publique au détriment de la qualité de son œuvre construite – catastrophique. |