<== Retour


MÉLÉAGRE OFFRE À ATALANTE LA DÉPOUILLE DU SANGLIER DE CALYDON


Le territoire de Calydon, en Étolie, est dévasté par un énorme sanglier que Diane, irritée contre ses habitants, a envoyé pour les punir. Méléagre, le fils du roi, rassemble une troupe de jeunes gens pour le combattre. C'est à cette occasion qu'il rencontre Atalante : "Une agrafe polie mordait le haut de sa robe; sa chevelure sans ornement était rassemblée en un seul noeud; suspendu à son épaule gauche résonnait le carquois d'ivoire qui renfermait ses flèches et sa main gauche tenait un arc. Telle était sa parure; pour ses traits, on aurait pu dire avec vérité que c'étaient ceux d'une vierge chez un jeune homme, ceux d'un jeune homme chez une vierge. A peine le héros de Calydon l'eut-il aperçue qu'il la désira en dépit des dieux et qu'on flamme secrète envahit son coeur: "Heureux, s'écrie-t-il, celui qu'elle daignera prendre pour époux!"Atalante participe à la chasse et c'est elle qui, la première, blesse l'animal d'une flèche sous l'oreille. Finalement, le sanglier est tué par, le fils du roi, Méléagre. Et celui-ci, pour dire son amour à Atalante, lui offre la dépouille du monstre. Les deux fils du roi de Pleuron, en Étolie, ayant protesté de cet hommage fait à une femme, vont être tués par Méléagre.

Charles MONNET (1732-1808 ?), Atalante et Méléagre, plume et lavis

Méléagre fait don à Atalante du sanglier qui est à ses pieds.
Mais les deux fils de Thestius (à gauche), Plexippe et Toxée protestent
en disant que l'honneur de cette capture ne doit pas revenir à une femme.
Ne pouvant supporter cet affront, Méléagre va les tuer tous les deux.

OVIDE, Métamorphoses, VIII, 411-430

Misit et Aesonides jaculum, quod casus ab illo
vertit in immeriti fatum latrantis, et inter
ilia conjectum tellure per ilia flxum est.
At manus Oenidae variat ; missisque duabus
hasta prior terra, medio stetit altera tergo.
Nec mora : dum saevit, dum corpora versat in orbem,
stridentemque novo spumam cum sanguine fundit,
vulneris auctor adest, hostemque irritat ad iram,
splendidaque adversos venabula condit in armos.
gaudia testantur socii clamore secundo,
victricemque petunt dextrae conjungere dextram.
immanemque ferum multa tellure jacentem
mirantes spectant ; neque adhuc contingere tutum
esse putant, sed tela tamen sua quisque cruentat.
ipse pede imposito caput exitiabile pressit,
atque ita : « Sume mei spolium, Nonacria, juris,
dixit, et in partem veniat mea gloria tecum. »
protinus exuvias, rigidis horrentia saetis
terga dat, et magnis insignia dentibus ora.
Illi laetitiae est cum munere muneris auctor.

Le fils d'Éson envoie aussi son javelot, qui, par un jeu cruel du hasard, se trompe de proie, perce les flancs d'un limier aboyant, s'enfonce dans la terre, et y tient l'animal attaché. Méléagre, à son tour, lance deux traits avec un succès différent: l'un tombe près de l'ennemi; l'autre se fixe au milieu de son dos. Tandis que, furieux, il se débat, se roule, et vomit en rugissant des flots d'écume et de sang, le héros s'avance, et l'excite, et le presse, et plonge son épieu dans ses flancs. Soudain des cris de joie s'élèvent de toutes parts; les compagnons du vainqueur de leurs mains pressent sa main. Ils regardent avec horreur le monstre, qui, renversé sur la terre, y couvre un long espace; ils craignent de le toucher encore, et de son sang ils abreuvent leurs dards. Méléagre, pressant du pied la tête du sanglier: "Atalante, dit-il, recevez ce prix de ma conquête, et partagez-en la gloire avec moi" ! À ces mots, il lui présente la dépouille aux crins hérissés, et la hure sanglante. Atalante reçoit avec joie ce don de la victoire, qui la flatte encore moins que l'hommage du vainqueur.

Pour comparer :

Peter Paul RUBENS, Méléagre et Atalante, 1635


<== Retour