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DAHNIS ET CHLOÉ DÉLIVRENT DORCON ATTAQUÉ PAR LEURS CHIENS


MBAO, 2008.0.1359

Dessin du Régent Philippe d'Orléans (1674-1723), gravé par Benoît Audran l'Aîné (1661-1721)
Tirage à part d'une des vignettes illustrant une édition de la traduction
d'un roman grec attribué à un certain Longus et daté du +IIe ou +IIIe siècle.

Le berger Dorcon, pour prendre Chloé par la force, se couvrit d'une peau de loup et se cacha près de la source où la jeune bergère venait faire boire ses brebis et ses chèvres. Mais les chiens qui suivaient le troupeau se jetèrent sur lui, le prenant pour un loup. Chloé appela Daphnis à l'aide: tous deux calmèrent les chiens et délivrèrent Dordon.

LONGUS :

21. Au bout de quelque temps, Chloé vint conduire les troupeaux à la source; elle avait laissé Daphnis en train de couper de la feuille fraîche pour donner à manger à ses chevreaux après la pâture. Les chiens qui suivaient les brebis et les chèvres pour les garder et qu, comme font les chiens, étaient toujours à flairer quelque piste, découvrirent Dorcon lorsque celui-ci fit un mou· vement pour se jeter sur la jeune fille; ils se mirent à aboyer comme des fous et se jetèrent sur lui, comme sur un loup : ils l'entourèrent, avant qu'il n'ait pu se dresser entièrement, tant il avait peur, et se mirent à mordre dans la peau. Pendant un moment, Dorcon, craignant d'être démasqué, et protégé par la peau qui le recouvrait, demeura sans rien dire à l'intérieur du fourré; mais lorsque Chloé, épouvantée, dès le premier coup d'œil, eut appelé Daphnis à l'aide, et que les chiens, après avoir arraché la peau du loup, se mirent à attaquer celle de Dorcon, celui-ci jeta de grands cris et supplia la jeune fille et Daphnis, qui déjà était là, de venir à son secours. Les jeunes gens rappelèrent leurs chiens de la façon accoutumée et les eurent vite calmés, puis ils menèrent à la source Dorcon, qui était mordu aux cuisses et aux épaules, lavèrent ses blessures, aux endroits où les dents des chiens avaient porté et, mâchant de l'écorce verte d'ormeau, ils lui firent des pansements. Dans leur ignorance des audaces auxquelles peut se porter l'amour, ils crurent que cette embuscade dans une peau de loup n'était qu'un jeu de berger et ne se mirent pas en colère; ils allèrent jusqu'à réconforter Dorcon et le raccompagnèrent quelque temps en lui donnant la main.


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