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DAPHNÉ, POURSUIVIE PAR APOLLON DEVENU AMOUREUX D'ELLE, ARRIVE AU BORD DU PÉNÉE


Un jour Apollon, qui avait posé son grand arc près de lui, surprit Cupidon en train de jouer avec cette arme, qu'il essayait de tendre. Il le réprimanda, en se moquant du petit arc avec lequel Cupidon pouvait tout juste allumer quelques feux d'amour. Pour se venger, le petit dieu prépara deux flèches, l'une qui donnait de l'amour, l'autre qui chassait l'amour. Il tira la première sur Apollon et la seconde sur la belle Daphné, fille du fleuve Pénée, qui avait décidé de toujours rester vierge. Apollon, aussitôt, se brûla d'amour pour la jeune fille qui, effrayée, s'enfuit devant le dieu qui la poursuit de ses discours amoureux. C'est alors qu'elle arrive devant le fleuve Pénée.

MBAO- 809

Simon JULIEN (1735-1800), Apollon poursuivant Daphné, crayon


MBAO-541

Charles de LA FOSSE (1636-1716), Daphné fuyant les poursuites d'Apollon

C'est le moment où, arrivée au bord du fleuve Pénée, qui est son père (en bas à gauche),
Daphné supplie d'être métamorphosée pour échapper à Apollon.

Elle sera alors métamorphosée en laurier.

OVIDE, Métamorphoses, I, 525-547

Plura locuturum timido Peneia cursu
fugit, cumque ipso verba imperfecta reliquit,
tum quoque visa decens. Nudabant corpora venti
obviaque adversas vibrabant flamina vestes
et levis inpulsos retro dabat aura capillos.
Auctaque forma fuga est. Sed enim non sustinet ultra
perdere blanditias juvenis deus, utque monebat
ipse amor, admisso sequitur vestigia passu. […]
Qui tamen insequitur pennis adjutus Amoris,
ocior est requiemque negat tergoque fugacis
imminet et crinem sparsum cervicibus adflat.
Viribus absumptis expalluit illa citaeque
victa labore fugae spectans Peneidas undas:
"Fer, pater – inquit – opem! si flumina numen habetis;
qua nimium placui, mutando perde figuram."

Il allait en dire davantage, mais la fille du Pénée, continuant sa course éperdue, a fui et l'a laissé là, lui et son discours inachevé, toujours aussi belle à ses yeux. Les vents dévoilaient sa nudité, leur souffle, venant sur elle en sens contraire, agitait ses vêtements et la brise légère rejetait en arrière ses cheveux soulevés. Sa fuite rehausse encore sa beauté. Mais le jeune dieu renonce à lui adresser en vain de tendres propos et, poussé par l'Amour lui-même, il suit les pas de la nymphe en redoublant de vitesse. […] Déjà le poursuivant, entraîné par les ailes de l'Amour, est plus prompt et n'a pas besoin de repos. Déjà il se penche sur les épaules de la fugitive, il effleure du souffle les cheveux épars sur son cou. Elle, à bout de forces, a blêmi; brisée par la fatigue d'une fuite si rapide, les regards tournés par les eaux du Pénée : "Viens, mon père, dit-elle, viens à mon secours, si les fleuves comme toi ont un pouvoir divin. Délivre-moi par une métamorphose de cette beauté trop séduisante.

Alors, devant un Apollon fort dépité, la jeune fille se métamorphosa au laurier. Et le laurier devint l'arbre d'Apollon.


Pour comparaison :

TISCHBEIN Johann Heinrich, l'Ancien ( 1722-1789), Apollon et Daphné
Kassel, château Wilhelmshöhe.


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