<== Retour

CORNÉLIE

 

CORNÉLIE MÈRE DES GRACQUES PRÉSENTE SES ENFANTS À UNE FEMME FIÈRE DE SES BIJOUX

 

Valère Maxime raconte une anecdote à propos de Cornélie, fille de Scipion l'Africain, épouse de Tiberius Gracchus, qui de lui eut deux enfants, Tiberius et Caius. Un jour qu'elle recevait une mère de famille campanienne qui lui montrait tous ses bijoux, elle lui dit, en lui montrant ses deux enfants qui revenaient de l'école : "Voici mes parures à moi".

MBAO-

Jan Van BIJLERT(1597-1671), Cornélie mère des Gracques et ses enfants

VALÈRE-MAXIME, Faits et dits mémorables, IV, 4
Maxima ornamenta esse matronis liberos, apud Pomponium Rufum collectorum libro sic invenimus: Cornelia Gracchorum mater, cum Campana matrona, apud illam hospita, ornamenta sua pulcherrima illius saeculi ostenderet, traxit eam sermone, donec e schola redirent liberi, et: "Haec, inquit, ornamenta sunt mea." Omnia nimirum habet qui nihil concupiscit; eo quidem certius, quia dominium rerum collabi solet, bonae mentis usurpatio nullum tristioris fortunae recipit incursum. Itaque quorsum attinet aut divitias in prima felicitatis parte, aut paupertatem in ultimo miseriarum statu ponere ? cum et illarum frons hilaris multis intus amaritudinibus sit referta et huius horridior aspectus solidis et certis bonis abundet. Dans un livre de recueil de Pomponius Rufus nous lisons que les enfants sont la plus grande parure d'une mère. Une mère de famille campanienne, reçue par Cornélie mère des Gracques, lui montrait ses parures les plus belles de cette époque. Cornélie traîna en longueur la conversation jusqu'à ce que ses enfants rentrent de l'école. « Voilà, dit-elle, mes parures. » Il possède certainement tout celui qui ne désire rien. C'est d'autant plus certain que la propriété des choses, habituellement, disparaît tandis que l'usage d'un bon esprit ne subit pas les chocs d'un sort trop défavorable. Pourquoi importe-t-il de placer les richesses en premier lieu et la pauvreté comme le pire des malheurs? Le front riant des richesses est rempli d'amertume tandis que l'aspect de la pauvreté est beaucoup plus terrible, mais il est rempli de biens solides et sûrs.

 

PLUTARQUE, Vies de Tiberius et Caius Gracchus

Οὗτοι Τιβερίου Γράγχου παῖδες ἦσαν, ᾧ τιμητῇ τε Ῥωμαίων γενομένῳ καὶ δὶς ὑπατεύσαντι καὶ θριάμβους δύο καταγαγόντι λαμπρότερον ἦν τὸ ἀπὸ τῆς ἀρετῆς ἀξίωμα. Διὸ καὶ τὴν Σκιπίωνος τοῦ καταπολεμήσαντος Ἀννίβαν θυγατέρα Κορνηλίαν, οὐκ ὢν φίλος, ἀλλὰ καὶ διάφορος τῷ ἀνδρὶ γεγονώς, λαβεῖν ἠξιώθη μετὰ τὴν  ἐκείνου τελευτήν. […]

Ils étaient fils de Tibérius Gracchus, qui avait été censeur de Rome ; il avait été honoré de deux consulats et d'autant de triomphes ; mais sa vertu avait jeté sur lui plus d'éclat encore que ces dignités mêmes. C'est à sa vertu qu'il dut d'être choisi pour époux de Cornélie, fille de Scipion, le vainqueur d'Annibal, après la mort du père, encore qu'il n'eût jamais été l'ami de ce Scipion, mais bien un de ses plus ardents contradicteurs. […]

εἶθ' ὕστερον οὐ πολλῷ χρόνῳ τελευτῆσαι, δεκαδύο παῖδας ἐκ τῆς Κορνηλίας αὐτῷ γεγονότας καταλιπόντα. Κορνηλία δ' ἀναλαβοῦσα τοὺς παῖδας καὶ τὸν οἶκον, οὕτω σώφρονα καὶ φιλότεκνον καὶ μεγαλόψυχον αὑτὴν παρέσχεν, ὥστε μὴ κακῶς δόξαι βεβουλεῦθαι τὸν Τιβέριον ἀντὶ τοιαύτης  γυναικὸς ἀποθανεῖν ἑλόμενον· ἥ γε καὶ Πτολεμαίου τοῦ βασιλέως κοινουμένου τὸ διάδημα καὶ μνωμένου τὸν γάμον αὐτῆς ἠρνήσατο, καὶ χηρεύουσα τοὺς μὲν ἄλλους ἀπέβαλε παῖδας, μίαν δὲ τῶν θυγατέρων, ἣ Σκιπίωνι τῷ νεωτέρῳ συνῴκησε, καὶ δύο υἱοὺς περὶ ὧν τάδε γέγραπται, Τιβέριον καὶ Γάιον, διαγενομένους οὕτως φιλοτίμως ἐξέθρεψεν, ὥστε πάντων εὐφυεστάτους Ῥωμαίων ὁμολογουμένως γεγονότας, πεπαιδεῦσθαι δοκεῖν βέλτιον ἢ πεφυκέναι πρὸς ἀρετήν. […] Il mourut peu de temps après, laissant douze enfants qu'il avait eus de Cornélie. La veuve se mit à la tête de la maison, et se chargea elle-même de l'éducation de ses enfants, elle montra tant de sagesse, tant de grandeur d'âme et de tendresse maternelle, qu'il parut que Tibérius avait sagement fait de préférer sa propre mort à celle d'une femme d'un tel mérite. Le roi Ptolémée lui offrit de venir partager son diadème, avec le rang et le titre de reine ; mais elle refusa. Durant son veuvage, elle perdit la plupart de ses enfants : il ne lui resta qu'une fille, qui fut mariée au jeune Scipion, et deux fils, Tibérius et Caïus, dont nous écrivons la vie. Elle éleva ses fils avec tant de soin que, bien qu'ils fussent, de l'aveu de tout le monde, les Romains les plus heureusement nés pour la vertu, leur excellente éducation parut avoir encore surpassé la nature. […]
Καὶ μέντοι καὶ ἡ Κορνηλία λέγεται τά τ' ἄλλα τῆς συμφορᾶς εὐγενῶς καὶ μεγαλοψύχως ἐνεγκεῖν, καὶ περὶ τῶν ἱερῶν ἐν οἷς ἀνῃρέθησαν εἰπεῖν, ὡς ἀξίους οἱ νεκροὶ τάφους ἔχουσιν. Αὐτὴ δὲ περὶ τοὺς καλουμένους Μισηνοὺς διέτριβεν, οὐδὲν μεταλλάξασα τῆς συνήθους διαίτης. Ἦν δὲ καὶ πολύφιλος καὶ διὰ φιλοξενίαν εὐτράπεζος, ἀεὶ μὲν Ἑλλήνων καὶ φιλολόγων περὶ αὐτὴν ὄντων, ἁπάντων δὲ τῶν βασιλέων καὶ δεχομένων παρ' αὐτῆς δῶρα καὶ πεμπόντων. Ἡδίστη μὲν οὖν ἦν [αὕτη] τοῖς ἀφικνουμένοις καὶ συνοῦσι διηγουμένη τὸν τοῦ πατρὸς Ἀφρικανοῦ βίον καὶ δίαιταν, Cornélie supporta, dit-on, son malheur [la mort de ses enfants] avec beaucoup de constance et de grandeur d'âme ; et l'on rapporte qu'en parlant des édifices sacrés qu'on avait bâtis sur les lieux mêmes où ses enfants avaient été tués, elle ne dit que ces mots : "Ils ont les tombeaux qu'ils méritent." Elle passa le reste de ses jours dans une maison de campagne près de Misène, sans rien changer à sa manière de vivre. Comme elle avait un grand nombre d'amis, et que sa table était ouverte aux étrangers, elle était toujours entourée d'une foule de Grecs et de gens de lettres ; les rois mêmes lui envoyaient et recevaient d'elle des présents. Tous ceux qui étaient admis chez elle prenaient un singulier plaisir à lui entendre raconter la vie et les actions de Scipion l'Africain, son père.

 

MBAO-

Trois dessins de Delaperche (p. 147a, p. 147b, p. 149)


Pour comparaison :

Philipp Friedrich Hetsh (1758-1838), Cornelia la mère des Gracques, 1794, à Stuttgart

 


<== Retour