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APOLLON


 

1- APOLLON À LESBOS A PRIS L'APPARENCE D'UN BERGER POUR SÉDUIRE LA BELLE ISSA

MBAO, 2008.0.1493

Apollon et Issé, gravé par Nicolas de Larmessin, 1723

Issa, fille de Macarée, était une fille de Lesbos. Elle fut l'amante d'Hermès, qui lui donna un fils, Prylis, futur devin de Lesbos qui révéla à Agamemnon que la ville de Troie ne pourrait être prise que par un cheval de bois. Elle fut aussi amante d'Apollon.

Dans Ovide (Métamorphoses, VI, 124), c'est une des figures tissées par Arachnée en compétition avec Minerve : "ut pastor Macareida luserit Issen" (comment, sous l'apparence d'un berger, Apollon séduisit Issé, fille de Macarée).

Issé est une pièce d'opéra pastorale héroïque écrite par le compositeur français André Cardinal Destouches sur un libretto de Antoine Houdar de la Motte. La première de l'opéra eut lieu à Fontainebleau le 7 octobre 1697, et la seconde représentation au Trianon de Versailles le 17 décembre de la même année. Madame de Pompadour interpréta le rôle-titre lors d'une représentation en 1749. Apollon, sous les traits du berger Philémon, poursuit la nymphe Issé, tandis que Pan s'intéresse à Doris.


2- APOLLON TUE TOUS LES ENFANTS DE NIOBÉ PARCE QU'ELLE A INSULTÉ SA MÈRE LATONE

Niobé, fille de Tantale, épouse du roi de Thèbes, était mère de sept fils et de sept filles. Au cours d'une cérémonie en l'honneur de Léto (Latone), la mère d'Apollon et d'Artémis, elle reprocha aux femmes de ne pas rendre plutôt de culte à elle-même, descendante de Jupiter et d'Atlas, fille de Tantale. Elle méprisa ouvertement la déesse, qui n'avait eu que deux enfants, et elle affirma qu'elle se sentait à l'abri des coups du sort. Entendant cela depuis l'île de Délos, la déesse, indignée, fait appel à ses deux enfants, Phébus [Apollon] et Phébé [Diane]. Tous deux s'élancent à travers les airs et, cachés par un nuage, descendent sur Thèbes. Près des remparts, dans une plaine, les sept fils de Niobé sont occupés à faire manoeuvrer des chevaux ou à lutter dans une palestre. Apollon frappe d'abord l'aîné, Ismène, d'une flèche dans la poitrine. Puis c'est le tour de Sipyle, touché au cou. Sont frappés à leur tour Phédime et Tantale, puis Alphénor, d'une flêche en plein coeur. Damasichton est touché à la jambe et à la gorge. Enfin, le plus jeune, Ilionée, malgré ses supplications, reçoit une dernière flèche au coeur. Quand il apprit la nouvelle du carnage, Amphion, le père, se tua d'un coup de poignard. Mais Niobé, malgré sa douleur, défia encore Latone parce qu'il lui restait sept filles. Celles-ci, vêtues de noir, cheveux épars, se tenaient devant les lits de leurs sept frères. Six d'entre elles sont frappées par les flèches divines. Alors Niobé supplie en vain qu'on lui laisse la plus petite; mais le dieu, impitoyable, la tue comme les autres.

MBAO- 844

Nicolas de PLATTEMONTAGNE (1631-1706), Le châtiment des enfants de Niobé, huile sur toile

 

MBAO, 2008.0.1113

Giovanni Battista Galestruzzi, gravure d'après Polidoro da Caravaggio (1492-1543), fresque sur la façade du palais Milesi à Rome, 1656
Diane et Apollon perçant de flèches les enfants de Niobé

OVIDE, Métamorphoses, VI, 146-312
Sexque datis leto diversaque vulnera passis
ultima restabat; quam toto corpore mater,
tota veste tegens : "Unam minimamque relinque;
de multis minimam posco, clamavit, et unam."
Dumque rogat, pro qua rogat, occidit. Orba resedit
exanimes inter natos natasque virumque
deriguitque malis; nullos movet aura capillos,
in vultu color est sine sanguine, lumina maestis
stant inmota genis, nihil est in imagine vivum.
ipsa quoque interius cum duro lingua palato
congelat, et venae desistunt posse moveri;
nec flecti cervix nec bracchia reddere motus
nec pes ire potest; intra quoque viscera saxum est.
flet tamen et validi circumdata turbine venti
in patriam rapta est: ibi fixa cacumine montis
liquitur, et lacrimas etiam nunc marmora manant.

Six d'entre elles avaient déjà reçu la mort par diverses blessures; il n'en restait plus qu'une; sa mère la couvre de tout son corps, de tous ses vêtements: "Laisse m'en une, crie-t-elle, la plus petite de tant de filles; je ne demande que la plus petite, rien qu'une." Pendant qu'elle prie, celle pour qui elle prie n'est déjà plus. Ayant perdu toute sa famille, ses fils, ses filles et son époux, Niobé tombe assise entre leurs corps inanimés, figée par la souffrance ; le vent n'agite plus ses cheveux, le sang ne colore plus son visage; ses yeux s'immobilisent au milieu de sa face désolée; il n'y a plus rien de vivant dans ses traits. Sa langue même se glace à l'intérieur de son palais durci et tout mouvement s'arrête dans ses veines; son cou ne peut plus fléchir, ses bras ne peuvent faire un geste, ni ses pieds avancer. Jusque dans les entrailles, elle n'est plus que pierre. Elle pleure pourant ; un vent impétueux, l'enveloppant d'un tourbillon, l'a emportée dans sa patrie, en Lydie. Là, fixée sur le sommet d'une montagne, le mont Sipyle, elle se fond en eau et, aujourd'hui encore, un bloc de marbre y verse des larmes.


3- MARSYAS VA ÊTRE DÉPECÉ PAR APOLLON QU'IL A OSÉ DÉFIER DANS UN CONCOURS DE MUSIQUE

 

MBAO- 2008.0.1077

Apollon a attaché Marsyas à un arbre et commence à le dépecer vivant,
eau-forte de Giovanni Andrea SIRANI (1610-1670)

 

Athéna avait inventé la flûte double (aulos). Invitée à un banquet sur l'Olympe, elle joue de son instrument et se voit moquée par les autres dieux, notamment en raison du gonflement de ses joues. Elle quitte alors l'Olympe et s'isole au bord d'un lac de Phrygie. En contemplant son reflet dans l'eau, elle prend conscience de la déformation des traits de son visage qu'implique le jeu de l'instrument à vent. Elle abandonne l'aulos en le maudissant. L'instrument est ramassé par le satyre Marsyas après une brève rencontre avec Athéna. Celui-ci devient un excellent joueur d'aulos et fait preuve d'hybris en défiant Apollon, dieu de la musique. Il est établi que la joute musicale opposera Marsyas (à l'aulos) et Apollon (à la cithare), devant un jury composé des Muses. Le vainqueur pourra disposer du vaincu comme il l'entend. Le dieu de la musique remporte la victoire (la tradition rapporte qu'Apollon aurait changé les règles au cours du duel en exigeant que l'on chante et joue en même temps, ce qui était impossible à réaliser pour le joueur de flûte). Le verdict tombe : Marsyas sera écorché vif par Apollon, malgré les repentirs et les supplications du satyre. Dans certaines versions, c'est Apollon en personne qui écorche Marsyas ; dans d'autres, c'est un esclave scythe qui accomplit cette basse besogne. Et sa peau en forme d'outre sera accrochée à un pin.


De nombreux auteurs ont raconté cette histoire :

OVIDE, Fastes, VI, 697-708 : c'est Minerve qui résume l'histoire de Marsyas

  Minerve parle : "Je fus la première à faire en sorte que la longue flûte produise des sons à travers quelques trous perforés dans le buis. Ce son me plut : mais dans une onde limpide reflétant mon visage, je vis mes joues de jeune fille toutes gonflées. "Selon moi, l'art ne vaut pas ce prix; adieu, ma flûte !", dis-je. La flûte tombe dans le gazon de la rive où je l'ai jetée. Un satyre la découvre; d'abord il s'étonne, n'en connaissant pas l'usage, puis s'aperçoit, après avoir soufflé dedans, qu'elle rend un son ; à l'aide de ses doigts, il laisse échapper l'air ou le retient ; bientôt il se met à se vanter de son art parmi les nymphes. Il va jusqu'à défier Phébus. Phébus l'ayant emporté, il fut pendu ; ses membres, dépouillés de leur peau, furent découpés.

DIODORE DE SICILE, dans sa Bibliothèque historique (III,59), rapporte en détail comment s'est déroulé le concours entre Marsyas et Apollon

OVIDE (Métamorphoses, VI, 385-391) a imaginé les cris de Marsyas suppliclié :

"Quid me mihi detrahis? inquit;
A! piget, a! non est, clamabat tibia tanti."
Clamanti cutis est summos direpta per artus,
nec quicquam nisi uulnus erat; cruor undique manat,
detectique patent nerui, trepidaeque sine ulla
pelle micant uenae; salientia uiscera possis
et perlucentes numerare in pectore fibras.
"Pourquoi me déchires-tu ? s'écriait-il. Ah ! je me repens de mon audace. Fallait-il qu'une flûte me coûtât si cher" !
Cependant tous ses membres sont dépouillés de la peau qui les couvre. Son corps n'est qu'une plaie. Son sang coule de toutes parts. Ses nerfs sont découverts. On voit le mouvement de ses veines; on voit ses entrailles palpitantes, et l'œil peut compter ses fibres transparentes.

HYGIN, Fable 165, "Marsyas"

Minerua tibias dicitur prima ex osse ceruino fecisse et ad epulum deorum cantatum uenisse. Iuno et Venus cum eam irriderent, quod et caesia erat et buccas inflaret, foeda uisa et in cantu irrisa in Idam siluam ad fontem uenit, ibique cantans in aqua se adspexit et uidit se merito irrisam; unde tibias abiecit et imprecata est ut quisquis eas sustulisset, graui afficeretur supplicio. quas Marsyas Oeagri filius pastor unus e satyris inuenit, quibus assidue commeletando sonum suauiorem in dies faciebat, adeo ut Apollinem ad citharae cantum in certamen prouocaret. quo ut Apollo uenit, Musas iudices sumpserunt, et cum iam Marsyas inde uictor discederet, Apollo citharam uersabat idemque sonus erat; quod Marsya tibiis facere non potuit. 5 itaque Apollo uictum Marsyan ad arborem religatum Scythae tradidit, qui eum membratim cute separauit; reliquum corpus discipulo Olympo sepulturae tradidit, e cuius sanguine flumen Marsya est appellatum.  

APOLLODORE, Bibliothèque, I, 4,2

  Apollon tua Marsyas, le fils d'Olympos. Marsyas avait retrouvé la flûte qu'Athéna avait jeté parce que, disait-elle, en jouer lui déformait le visage. Le jeune homme entra en compétition musicale avec Apollon : les conditions étaient que le vainqueur ferait ce que bon lui semblerait du vaincu. Le concours eut lieu. Apollon joua de la lyre à l'envers et mit au défi Marsyas d'en faire autant avec son instrument. Mais cela était vraiment impossible. Ainsi Apollon sortit vainqueur, il suspendit Marsyas à un pin élevé et il le tua en l'écorchant vif.

HÉRODOTE, Histoires, VII, 26

ἐν τῇ καὶ ὁ τοῦ Σιληνοῦ Μαρσύεω ἀσκὸς ἀνακρέμαται, τὸν ὑπὸ Φρυγῶν λόγος ἔχει ὑπὸ Ἀπόλλωνος ἐκδαρέντα ἀνακρεμασθῆναι. On voit dans la citadelle de Cétènes la peau du Silène Marsyas; elle y fut suspendue par Apollon en forme d'outre, à ce que disent les Phrygiens, après que ce dieu l'eut écorché.

 


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