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BOILEAU

À HAUTE-ISLE


Quand Boileau voulait se reposer des fatigues de la ville, il venait séjourner dans le hameau de Haute-Isle chez son neveu Nicolas Dongois (1634-1717), seigneur de Haute-Isle et de Chantemesle, greffier en chef du Parlement. Le château de Dongois a disparu, mais il reste l'église troglodyte que celui-ci avait fait creuser dans la falaise et qui avait été consacrée en 1670.

 

google maps

L'église entourée de murs

wikipedia

L'église troglodyte

wikipedia

La ferme de Boileau


C'est de Haute-Isle que Boileau, en 1677, écrivit sa fameuse épître à l'avocat-général Lamoignon :

Oui, Lamoignon, je fuis les chagrins de la ville,
Et contre eux la campagne est mon unique asile.
Du lieu qui m'y retient veux-tu voir le tableau ?
C'est un petit village ou plutôt un hameau,
Bâti sur le penchant d'un long rang de collines,
D'où l'oeil s'égare au loin dans les plaines voisines.
La Seine, au pied des monts que son flot vient laver,
Voit du sein de ses eaux vingt îles s'élever,
Qui, partageant son cours en diverses manières,
D'une rivière seule y forment vingt rivières.
Tous ses bords sont couverts de saules non plantés,
Et de noyers souvent du passant insultés.
Le village au-dessus forme un amphithéâtre:
L'habitant ne connaît ni la chaux ni le plâtre;
Et dans le roc qui cède et se coupe aisément,
Chacun sait de sa main creuser son logement.
La maison du seigneur, seule un peu plus ornée,
Se présente au dehors de murs environnée.
Le soleil en naissant la regarde d'abord,
Et le mont la défend des outrages du nord.
C'est là, cher Lamoignon, que mon esprit tranquille
Met à profit les jours que la Parque me file.
Ici, dans un vallon bornant tous mes désirs,
J'achète à peu de frais de solides plaisirs.
Tantôt, un livre en main, errant dans les prairies,
J'occupe ma raison d'utiles rêveries;
Tantôt, cherchant la fin d'un vers que je construis,
Je trouve au coin d'un bois le mot qui m'avait fui;
Quelquefois, aux appas d'un hameçon perfide,
J'amorce en badinant le poisson trop avide;
Ou, d'un plomb qui suit l'oeil et part avec l'éclair,
Je vais faire la guerre aux habitants de l'air.
Une table au retour, propre et non magnifique,
Nous présente un repas agréable et rustique:
Là, sans s'assujettir aux dogmes de Broussain,
Tout ce qu'on boit est bon, tout ce qu'on mange est sain;
La maison le fournit, la fermière l'ordonne,
Et, mieux que Bergerat, l'appétit l'assaisonne.
O fortuné séjour ! ô champs aimés des cieux !
Que, pour jamais foulant vos prés délicieux,
Ne puis-je ici fixer ma course vagabonde
Et, connu de vous seuls, oublier tout le monde !


Église troglodytique de l'Annonciation, creusée dans la falaise de craie en 1670/1673 aux frais de Nicolas Dongois. Seul le petit clocher carré émerge du sol enherbé qui recouvre la falaise. Unique exemple d'un édifice religieux troglodytique en Île-de-France depuis la destruction en 1749 de l'église de Mousseaux, elle est inscrite à l'Inventaire supplémentaire des monuments historiques depuis 1926. À l'intérieur, une nef unique est voûtée d'un berceau en plein cintre. Elle est éclairée par quatre fenêtres taillées dans la roche. Le chœur, creusé dans le prolongement de la nef, est clos d'une clôture en bois, provenant pense-t-on de la chapelle du palais de justice de Rouen. Retable en bois sculpté du XVIIe siècle.


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