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LES PROMENADES HISTORIQUES
DANS ORLÉANS AVEC Mgr BRUN


Pendant vingt ans, Mgr Pierre-Marie BRUN, archiprêtre de la cathédrale Sainte-Croix, vice-président de la section orléanaise, a organisé une quinzaine de visites dans l’Orléans ancien.



Jeudi 21 avril 1955
La cathédrale Sainte-Croix

Cette manifestation présentait un intérêt particulier puisque le conférencier avait contribué d'une façon très importante aux fouilles de 1936-1937. C'est donc une érudition tout à fait vivante qui nous a été présentée, chaque fait étant, pour ainsi dire, illustré par le récit de sa découverte.

M. le chanoine Brun nous donna d'abord un historique de la cathédrale, ou plutôt des cathédrales successives. Le premier édifice semble devoir dater de la fin du IVe siècle, construit sous le choeur de la cathédrale actuelle d'après le plan d'une basilique romaine à trois nefs et transept, sous l'épiscopat de saint Euverte. La tradition nous apprend que, pendant la cérémonie de la consécration, une main divine est apparue, bénissant l'édifice, l'évêque et les fidèles. Ce qui vaut à notre cathédrale de porter le titre de "temple dédié par la main de Dieu". Au début du VIIIe siècle, la cathédrale est un édifice à rotonde, dont on peut voir, dans le sous-sol archéologique, les fragments de mosaïque. C'est là que le roi Robert le Pieux fut baptisé (950), puis sacré roi (987). Cette cathédrale fut complètement incendiée en 989 au moment des invasions normandes. L'évêque Arnoul I, aidé par le roi Hugues Capet, fit reconstruire un édifice à cinq nefs, à gros piliers massifs. Arnoul II y ajoutait en 1087 un choeur avec absides et chapelles rayonnantes. Louis VI s'y fit sacrer en 1108. On sait la traîtrise du sous-sol orléanais. Aussi, pour faire front aux premiers signes de dislocation, on construisit sous le maître-autel une arche de pierre. Mais le bas-côté nord s'effondrait : il fallait songer à bâtir une nouvelle cathédrale.

La première pierre de l'édifice actuel fut posée en 1285 par l'évêque Gilles Pasté à la base du pilier sur lequel s'appuie à droite la grille d'entrée de la "chapelle noire". Le XIVe siècle avança la construction jusqu'au transept actuel. Louis XI, après le ralentissement de la guerre de Cent Ans, fit construire les cinq nefs, en gardant la façade du XIIe siècle.

Mais la Réforme fut cruelle pour la cathédrale. Au moyen de morceaux de bois et de poudre à canon, les Réformés mettent par terre le clocher, tirant avec des câbles, à force d'hommes et de chevaux. "Et ne resta rien de cette grande église que les onze chapelles qui sont à l'entour de la croupe avec quelques arboutans et les six derniers piliers de la nef". Henry IV fit ses premières Pâques dans les ruines de la cathédrale et en décida la reconstruction, que ses successeurs achevèrent. La restauration du choeur, la grande nef et ses collatéraux sont de Henri IV et de Louis XIII ; le transept date de Louis XIV : son effigie se trouve au centre des rosaces ; les dernières travées, le portail et les tours sont contemporains de Louis XV et Louis XVI. La flèche ne fut construite qu'en 1858, réplique de celle d'Amiens.

La première étape de la visite fut consacrée au "trésor" et M. l'Archiprêtre nous précisa dans quelles conditions il avait retrouvé chacune des pièces qu'il nous présenta. Ce qui intéressa le plus vivement l'auditoire fut la façon qui permit de retrouver le personnage de Manassès de Seignelay, qui fut évêque d'Orléans de 1207 à 1221. Une réunion de médecins permit de reconstituer son squelette et d'en découvrir toutes les difformités. Par hasard, on possédait à Auxerre la biographie des évêques et il s'y trouvait un Guillaume de Seignelet, seul frère survivant (sur onze enfants) de notre évêque ; et on a appris ainsi avec quel courage il avait surmonté toutes ses souffrances physiques causées par ses difformités dont on peut voir une indication sur la poignée de la crosse, début du XIIe s., légèrement déformée. On peut voir aussi la crosse en émail du Limousin de Guillaume de Boesses (1237-1258), les tissus byzantins des ornements sacrés de Robert de Courtenay (1258-1279), ainsi que ses caliges (chausses que l'évêque revêtait pour officier), et les médaillons de gants (fin XIe) de Raoul Grosparmi (1306-1311).

La visite se continua par la "crypte", où la tâche du conférencier consista à nous montrer les restes des édifices successifs dont il nous avait fait l'historique : les murs de l'édifice gallo-romain, les mosaïques de l'édifice carolingien, les piliers massifs cruciformes de l'édifice préroman, l'arche de pierre soutenant le maître-autel. Le tombeau de Saint Mamert permet de se référer à la chanson de geste de Girart de Roussillon qui dit y avoir, devant lui, retrouvé sa belle (Orléans étant une étape vers Compostelle, cela irait dans le sens des thèses de Joseph Bédier sur l'origine des chansons de geste).

A l'intérieur de la cathédrale, nous vîmes, pour terminer, les restes du jubé élevé par Louis XIV à l'entrée du choeur au moment de la Révocation de l'Edit de Nantes, les stalles établies sur un plan de Mansart, réalisées par Degoullons, un des décorateurs de Versailles, à la demande du cardinal de Coislin, évêque d'Orléans et grand Aumônier de France (1666-1706), dont le plus grand reproche qu'on lui faisait à la cour était d'être trop souvent dans son diocèse. Les lustres ont été amenés du château de Châteauneuf pour les solennités de la Déesse Raison en 1793, et la duchesse de Penthièvre en fit cadeau à la cathédrale au moment de la Restauration. La Chapelle Noire ou "Chapelle de la Compassion" fut ainsi décorée en 1623 pour accueillir le coeur d'un duc de Longueville ; elle contient actuellement le coeur de Bernier, évêque d'Orléans, qui négocia le Concordat de 1801.

La visite se termina par un historique du grand orgue, du chemin de croix, du tombeau de Mgr Dupanloup, de la statue de Jeanne d'Arc et du cardinal Touchet.

Personne ne regretta l'heure tardive à laquelle prit fin cette intéressante visite où l'érudition fort grande du conférencier nous fit revivre l'origine de notre cathédrale et nous fit assister à la découverte de toutes les connaissances historiques que nous pouvons en avoir. Plutôt qu'à une leçon d'histoire et d'archéologie, c'est à un magnifique exposé de la façon dont on faisait de l'histoire et de l'archéologie que nous avons assisté.



Jeudi 17 mai 1956
Les "cryptes" de Saint-Aignan et de Saint-Avit

C’est peu après 16 h 30 que commença la descente à la crypte de Saint-Aignan, située dans l'une des parties du vieil Orléans les plus anciennes et les plus suggestives. Jusqu'à ces dernières années, on avait voulu voir dans cette crypte une construction très ancienne remontant à l'époque mérovingienne. Mais il semble bien, à la lumière des dernières découvertes, qu'il n'en soit pas ainsi. M. le chanoine Brun, se référant aux chroniques du moine Helgaud de Saint-Benoît-sur-Loire, dont la sincérité et l'honnêteté intellectuelles ne peuvent être mises en doute, expose comment, en 989, un terrible incendie ravagea la ville d'Orléans tout entière, et en particulier la petite église Saint-Pierre-aux-Boeufs, construite près de la Loire, dans laquelle était conservées les reliques de saint Aignan, évêque d'Orléans. Ces reliques avaient, auparavant, été conservées à l’église Saint-Laurent-des Orgerils, en dehors des murs de la cité, à l'endroit de l'actuelle église Saint-Laurent. Robert le Pieux décida, après l'incendie, de construire une autre église pour abriter les reste de l'évêque vénéré. C'est la "crypte" actuelle, qui se composait primitivement d'une grande nef assez large, de deux bas-côtés et d'une abside circulaire autour de laquelle tournait un déambulatoire sur lequel se trouvaient ouvertes cinq chapelles absidiales. Mais, quand fut construite l'église supérieure, certaines piles durent être renforcées, et, de ce fait, disparurent à la vue. Les chapelles, à l'exception d'une seule, furent, pour les mêmes raisons de solidité, remplies de blocage, pour soutenir le chevet de l'église supérieure.

Ce qui avait donné aux archéologues l'illusion de se trouver en face d'une construction très ancienne, c'était la simplicité des moulures des chapiteaux, ainsi que l'emploi occasionnel de briques ; sans compter l'aspect très archaïque des chapiteaux du martyrium, où étaient conservées les reliques du saint évêque. M. le chanoine Brun attira également l'attention des visiteurs sur l'emploi de pierres très plates, dont on pense qu'elles provenaient d'un cimetière carolingien tout proche, où elles se trouvaient sous forme de dalles funéraires ou de sarcophages. Quant à la simplicité des moulures des chapiteaux — qui avait donné l'impression d'une facture très ancienne — elle est fréquente dans la région orléanaise où les sculpteurs se sont inspirés, pendant une longue période, précisément du style de l'époque carolingienne. Enfin, un groupe fort bien venu de petites arcatures marque sans conteste, pour M. le chanoine Brun, l'origine de la crypte au XIe siècle.

Les visiteurs se rendirent ensuite au lycée Jeanne-d'Arc, où se trouve la crypte de Saint-Avit. En 530, sous les murs de la ville (qui passaient là où se trouve actuellement la façade de l'ancien évêché), on inhumait le corps d'un saint ermite, Avitus. Peu après, Childebert, passant à Orléans pour se rendre en Espagne, fit le voeu de construire une basilique pour abriter les reliques de saint Avit, au cas où il reviendrait victorieux. Il revint et, comme il avait connu la fortune des armes, il tient parole. Mais, en 989, dans le grand incendie d'Orléans, l'édifice fut détruit. Hugues Capet et Robert le Pieux le firent reconstruire. En 1428, il devait être à nouveau rasé, par les Anglais pense-t-on, à moins que les Orléanais eux-mêmes n'aient opéré cette destruction pour nuire à l'ennemi. Heureusement, la crypte subsistait, et ce n'est qu'en décembre 1852 qu'on la découvrit.

Comme celle de Saint-Aignan, elle se présente avec trois nefs et un martyrium. Cette dernière partie est cependant sensiblement différente, puisque les minces ouvertures permettant la contemplation des reliques par les pèlerins sont ici de véritables petites fenêtres. En outre, une petite galerie permettait la circulation autour du sarcophage du saint. Quant aux chapiteaux coiffant les piles rondes, ils sont, comme à Saint-Aignan, simplifiés à l'extrême, ornés seulement d'une mince moulure.



Jeudi 16 mai 1957
Orléans au XVe siècle

De nombreux Budistes s'étaient groupés autour de M. Germain Martin, président, pour participer à cette visite, qui se révéla, en raison de l'érudition du conférencier et des sujets choisis, fort intéressante et instructive.

En avant-propos, M. le chanoine Brun exposa qu’Orléans, assez riche en monuments, possède à la vérité assez peu de vestiges du XVe siècle. Le plus ancien est la "maison de Louis XI", au cloître Saint-Aignan, devenue par la suite une fabrique de casquettes. Avec elle, on trouve la "Vieille-Intendance", rue de la Bretonnerie (dont on voit le pignon sur la rue des Huguenots), la "Maison des Chevaliers-du-Guet" de 1547 (à l’angle de la rue Parisie) et un autre immeuble juste en face, à l’angle de la rue Etienne-Dolet.

Le conférencier présenta alors les monuments du XVe siècle contenus dans la cathédrale Sainte-Croix, à peine en reconstruction à cette époque.

Puis il conduisit son auditoire à la Salle des Thèses, rue Pothier, à l'église Saint-Aignan, à Saint-Euverte enfin, avant de terminer la visite à l'hôtel des Créneaux, ancien hôtel de ville d'Orléans, dont la façade sur la rue Sainte-Catherine est l'une des choses les plus jolies de notre ville.



Jeudi 29 mai 1958
L’Orléans du XVIe siècle

Rendez-vous avait été donné, à 16 h 30, devant l'Hôtel de Ville, aux membres de l'Association Guillaume-Budé et des Amis de la Bibliothèque. On remarquait la présence de Mme Deschaussées, présidente des Amis de la Bibliothèque ; de M. Germain Martin, président ; Boudet, vice-président ; Adam, secrétaire de l'Association Guillaume-Budé ; etc. La visite était consacrée au principaux monuments du XVIe siècle orléanais, l'une des époques les plus "touffues" de l'histoire locale, l'une de celles qui ont laissé le plus de souvenirs dans la pierre. En matière de construction, la ville connut alors une fièvre extraordinaire. Des églises et maisons s'édifièrent en nombre important hors des murs. L'époque fut pourtant des plus troublées, du fait des guerres de Religion.

La visite commença dans les salons de l'hôtel de Ville, ancien hôtel de Jacques Groslot. Cette demeure chargée d'histoire est celle sans doute dont l'historique est fait le plus souvent à l'occasion de visites officielles, soit par le député-maire, soit par son premier adjoint. Ce fut l'occasion de retracer maints détails se rapportant à Jacques et Jérôme Groslot, à François II et à l'ensemble de l'histoire orléanaise au XVIe siècle.

La visite se poursuivit par un arrêt devant les restes de la chapelle Saint-Jacques, construite par les pèlerins et fondée par Louis VII à un retour de Compostelle. Les vestiges qui en ont été transférés dans le jardin de la mairie ne sont certes pas ceux de la chapelle primitive, restaurée, sinon reconstruite, par Louis XI, mais de beaux reliefs de l'époque gothique à l'avènement de la Renaisssance. Avec le portail de Cléry et celui de Saint-Aignan, ce sont là les plus remarquables spécimens de la Renaissance à l'époque du gothique finissant.

Par la rue d'Escures, le cortège gagna ensuite Saint-Pierre-du-Martroi L'appellation ancienne de cette église, qui fut celle d'une riche paroisse, est "Saint-Pierre-Ensentelée". Certains ont expliqué ce terme "ensentelée" comme venant du latin "in semita lata", "dans la voie large". Il vaut mieux penserqu'il s'agit d'une corruption de "Saint-Pierre et Sainte-Lée" (Laeta).

L'église a été relevée par Louis XII et consacrée par Jean de l'Aubespine. Elle est classée. C'est peut-être le monument religieux le plus typique de la Renaissance orléanaise. M. le chanoine Brun rappela qu'il y exerçait son ministère encore en 1929, mais que le culte cessa par suite de l'état de délabrement de l'édifice. Cette église sera cependant rendue au culte après restauration définitive. Son retable s'ornera alors de toiles de Restout qui ont été restaurées et mises en sûreté.

Par la rue Sainte-Catherine fut ensuite gagnée la place Abbé-Desnoyers. M. le chanoine Brun fit observer d'abord la belle ordonnance de la façade de l'ancien hôtel de Ville et certains détails, dont le semis de fleurs d'aubépine ornant les deux tourelles qui flanquent la partie supérieure. Il invita ensuite son auditoire à admirer le petit cabinet, autrefois dans une cour de la rue du Poirier, et désormais installé sur cette place Abbé-Desnoyers, à l'angle gauche du jardinet. Puis il fit la description de la façade est de l'hôtel Cabu, avec son oeil-de-boeuf du deuxième étage dont le type se retrouve, trait pour trait, dans un album de Ducerceau, artiste dont la fécondité a été extraordinaire au cours des années 1548-1552. On vit ensuite la façade côté rue Charles-Sanglier, où se retrace toute une petite histoire architecturale de la Renaissance grâce au complément qu'apportent les deux autres façades restaurées dans le prolongement.

Quant à la « maison Ducerceau », dans la rue du même nom, à la droite de la maison du Savon, elle ne rappelle en rien Ducerceau ; son style la ferait plutôt remonter fin Henri III.

La visite se poursuivit par un arrêt devant la maison de la Coquille, 7 rue de la Pierre-Percée. On peut, en sa présence, penser à Ducerceau ; elle a toutes les caractéristiques des belles demeures orléanaises de l'époque, avec ses comptoirs, ses demi-fenêtres et ses fenêtres éclairant une même pièce.

Place du Châtelet, un autre arrêt se fit devant la maison portant le n°6 ; puis le groupe de visiteurs s'arrêta devant la maison d'Euverte Hatte, rue du Tabour.

Après un arrêt à la maison dite "de François Ier" (ateliers d'art André Mailfert), la visite se termina à Notre-Dame de Recouvrance. Le gros-oeuvre de Notre-Dame de Recouvrance, saccagée en 1562 et 1568, date de 1513 et 1519. Beaucoup de choses sont à admirer dans cette église.

Chacun en conclut, avec M. le chanoine Brun, que le sentiment artistique était grand à Orléans au XVIe siècle.



Jeudi 14 mai 1959
Orléans classique

Cette année-là notre guide acheva son évocation de l'archéologie orléanaise en montrant la ville des XVIIe et XVIIIe siècles. Depuis quatre ans, en effet, M. le chanoine Brun a habitué ses amis à des visites-conférences à travers la ville. Cette année, l’escorte attentive à l’évocation qui allait être faite était peut-être moins nombreuse. Elle comprenait plusieurs ecclésiastiques dont M. le chanoine Vatin-Pérignon, vicaire-général ; MM. Baguet, inspecteur de l’enseignement primaire. M. le chanoine Brun fut, comme toujours, brillant dans ses doctes commentaires.

La visite commença par la cathédrale Sainte-Croix, qui appartient, pour une bonne part, à l’Orléans classique. Elle se poursuivit par celle de l’ancien Evêché, de l’ancien Grand Séminaire, de divers hôtels de la place du Martroi, d’où elle aurait pu conduire jusqu’au pont Royal, et se termina par la chapelle de l’Hôpital. Retracer dans tous ses détails cette visite-conférence entraînerait fort loin. Deux siècles, riches en témoignages des XVIIe et XVIIIe siècles, ont été évoqués au cours d’une promenade qui, sans aucune perte de temps, ne dura pas moins de deux heures et demie.

On eut d’abord le plaisir, devant la cathédrale, de s’attarder à la contemplation des roses nord et sud de 1679, qui étaient particulièrement éclatantes. M. le chanoine Brun souligna tous les efforts accomplis "pour faire du gothique" à une époque essentiellement classique, ce qui ne fut pas sans mérites. Ces roses en valent bien d’autres et la transparence nocturne qui leur a été conférée à l’occasion des récentes fêtes de Jeanne d’Arc a démontré qu’elles n’étaient pas sans effet. Pour n’être pas mystiques comme à Chartres ou à Notre-Dame de Paris, elles sont du moins décoratives, sous le soleil comme sous les projecteurs.

A l’intérieur, le conférencier fit ensuite mémoire du jubé, en forme d’arc de triomphe, élevé sur des plans de Lebrun revus par Mansart. Il n’en reste rien à l’emplacement même, et l’on n’en peut revoir que le Christ qui se retrouve au-dessus du banc d’oeuvre, face à la chaire. Il ne reste rien non plus — du moins sur place — de l’autel, écrasé par une chute de la voûte en septembre 1904. La visite conduisit ensuite à la "chapelle Noire", puis aux stalles, bien plus remarquées encore par les visiteurs de l’édifice. Nous n’en retracerons pas l’historique mais nous rapporterons que, conçues quelques années avant celles de Notre-Dame de Paris, elles les surclassent — cela dit "sans esprit de clocher", observa le conférencier. Elles ont été voulues par M. de Coislin, prélat, "homme de goût, fin, exquis, exigeant". On sait qu’elles ont été rétablies en 1936, par les soins d’un autre prélat, qui ne portait pas à son chapeau les quatre glands auxquels ont droit les évêques d’Orléans, ce que regrette le chanoine Brun, pour l’amour de la tradition. On ne sait pas quel artiste se cache derrière les admirables médaillons de ces stalles.

De la cathédrale, on alla, par le jardin qui donne sur le chevet, jusqu’à l’admirable petite chapelle de l'ancien Evêché, que décrivit M. Jean Le Maire, un instant réuni au groupe des visiteurs.

De là il fallut passer au lycée Jeanne-d'Arc, ancien Grand Séminaire, dont l'ordonnance ancienne peut encore être entrevue dans la cour.

Rue d'Escures, le XVIIe siècle est présent, comme en maints autres endroits d'Orléans. Il l'est notamment par telles toitures en forme de carène renversée, mais tous les hôtels seraient bien davantage mis en valeur s'ils étaient dégagés, comme ce fut le cas pour l'un d'eux récemment, suivant une heureuse initiative d'une époque qui a du moins le mérite d'aimer respirer dans la lumière.

De la place du Martroi, M. le chanoine Brun invita à contempler l’architecture et les frontons de la Chancellerie, notamment, et la perspective de la voie dite "la plus belle rue du royaume", la rue Royale, qui s'achève par le majestueux pont sur la Loire.

Poursuivant par la rue des Carmes, le conférencier signala aux visiteurs une très belle vierge du XVIIIe siècle, visible à la chapelle des Miracles de Saint-Paul.

La visite s'acheva par celle de la chapelle de l'Hôpital général, conçue suivant les plans de Gabriel, contrôleur des bâtiments du roi. L'édifice, achevé au cours du XIVe siècle, n'est pas sans intérêt et c'est le plus complètement significatif de l’architecture classique religieuse à Orléans.

Il eût fallu sans doute compléter la visite par celle de l’hôtel de la Motte-Sanguin, mais c’eût été mettre à rude épreuve ceux qui ont suivi, sans se lasser de l’entendre du moins, le disert et érudit conférencier qu’est M. le chanoine Brun.



Jeudi 30 mai 1963
Orléans pré-gothique du VIle au XIe siècle.

Vers 14 h 30, sur l’agréable et toute provinciale place du Cloître Saint-Aignan, une cinquantaine de personnes, dont une bonne proportion de jeunes (et, parmi eux, les animateurs du club d’Archéologie du lycée Benjamin-Franklin — ce qui prouve que cette science connaît toujours la faveur du jeune public), attendaient la venue du conférencier qui, devant le portail de l’église, nous retraça l’historique de la porte ancienne de l’édifice. Cette "crypte" de Saint-Aignan — qui est en réalité une église à demi-souterraine, comme Saint-Avit — ne remonte pas à l’époque mérovingienne, comme on l’avait cru ; mais elle doit constituer l’église que Robert le Pieux construisit, après l’incendie total de la ville d’Orléans en 989, pour abriter les reliques de saint Aignan, évêque d’Orléans. Ces reliques avaient été primitivement placées à l’église Saint-Laurent-des-Orgerils, à l’emplacement de l’actuelle église Saint-Laurent, puis dans la petite église Saint-Pierre-aux-Boeufs, près de la Loire, disparue aussi en 989. Une partie de la crypte en question n’est plus visible, car, lors de la construction de l’église actuelle du XVe siècle, pour donner plus d’assise aux fondations, il a fallu obturer de terre et de blocage le déambulatoire et quatre chapelles absidiales sur cinq. Mgr Brun a fait admirer aux visiteurs les chapiteaux d’une facture primitive étonnante (celui de gauche, notamment, est encore peint, comme ce fut l’habitude, et la peinture a conservé sa fraîcheur primitive, du fait que ces chapiteaux furent recouverts d’un pilier faisant office de mur de soutènement). Le conférencier a attiré l’attention des amateurs sur l’appareillage du mur du martyrium où les fidèles pouvaient voir et toucher les reliques du saint ; ce mur est formé de pierres très plates provenant de sarcophages brisés d’un cimetière carolingien.

Le groupe s’est rendu ensuite dans la seconde cour du lycée Jeanne-d’Arc, qui occupe les bâtiments de l’ancien Grand Séminaire, construit par Mansart, un "Mansart utilitaire, mais cependant harmonieux", dit Mgr Brun. La "crypte" de Saint-Avit, découverte fortuitement en 1852 par un effondrement du sol, ressemble à celle de saint-Aignan, mais en plus petit et en plus fruste ; le martyrium, en revanche, présente de larges ouvertures. L’édifice doit dater lui aussi du XIe siècle, reconstruit lui aussi après le grand incendie, par Robert le Pieux et Hugues Capet, pour donner abri aux restes d’un ermite assez obscur nommé Avitus.

La dernière étape a mené les visiteurs dans un domaine que Mgr Brun connaît bien, puisqu’il a participé d’une façon très active, aux côtés du regretté chanoine Chenesseau, en 1936-1937, aux fouilles du choeur de la cathédrale Sainte-Croix. Ici, il ne faut pas parler de crypte, mais d’un enchevêtrement de substructions marquant l’édification de plusieurs cathédrales successives, à tel point que huit siècles d’histoire furent ressuscités dans l’évocation magistrale que fit notre guide éminent. Il ne reste que de bien modestes traces du premier édifice qui remonte sans doute au IVe siècle, construit sous l’épiscopat de saint Euverte ; mais de celui du VIIIe siècle on peut admirer trois remarquables fragments de mosaïque et plusieurs piliers. Au XIe siècle, Hugues Capet fit reconstruire une église à cinq nefs, dont on peut voir les gros piliers massifs ; la choeur fut ajouté vers 1807 ; c’est là que Louis VI s’est fait sacrer en 1108. Au siècle suivant, la cathédrale commençait à s’effondrer : on commença à bâtir la nouvelle cathédrale… qui ne fut terminée qu’au XIXe siècle ! La visite s’acheva par celle du trésor de la sacristie, qui contient les ornements qui furent trouvés, en 1936, dans les trois tombeaux de l’église carolingienne, les seuls qui ne furent pas violés aux guerres de Religion. Les trois plus belles pièces sont la crosse de Robert de Courtenay, celle de Manassès de Seignelay (objet d’une étonnante investigation archéologique digne des meilleurs détectives) et les médaillons de gants de Raoul Grosparmi, que le musée de Boston voulut acheter en 1938 pour une somme astronomique.

Toutes ces richesses nous permirent d’évoquer, grâce à l’éloquence et à l’érudition de Mgr Brun, la vie spirituelle et matérielle de ce Moyen Age religieux encore mal connu. Les visiteurs, enchantés de leur promenade à travers ces huit siècles, ont pu connaître l’histoire vivante, cette "résurrection du passé" dont parlaient Augustin Thierry et Michelet.



Jeudi 11 juin 1964
Orléans médiéval, XIIIe, XIVe et XVe siècles

Les destructions de la guerre de Cent Ans et celles des guerres de Religions ont, dans notre ville, considérablement réduit le nombre des souvenirs médiévaux.

La cathédrale Sainte-Croix conserve, du XIIIe, siècle son abside, et du XIVe siècle les chapelles à chevet plat voisines du transept, les deux travées centrales de la nef et, dans le bas côté nord une petite porte armoriée, sans oublier des vestiges dans la crypte et certaines pièces du trésor, tels le sarcophage, la crosse et le calice de Robert de Courtenay.

Après un bref passage à la Salle des Thèses (plus exactement la "librairie" de l'ancienne Université), bien conservée mais défigurée par les peintures du XIXe siècle (que l'on retrouve dans bien des monuments), c'est la visite de Saint-Donatien dont le haut de la nef, près du chœur, est un exemple remarquable et peu connu de l'architecture religieuse du XIIIe siècle.

Un court arrêt près de Saint-Pierre-le-Puellier permet de constater l'état de délabrement de cette petite église — l'ancienne paroisse de l'Université — mais de goûter le charme de cette architecture encore primitive mais pleine de saveur. Il semblerait souhaitable qu'on sauvegarde ce souvenir du passé orléanais, par exemple en l'utilisant comme musée lapidaire.

La promenade mène ensuite à Saint-Aignan, tout ce qui reste de la cinquième église élevée en ce lieu, c'est-à-dire le chœur et le transept de l'église de Louis XI, agrandis au chevet des chapelles Louis XII. On note particulièrement le gothique orléanais caractérisé par les ogives ajourées qui se rejoignent à la clef de voûte du choeur.

Cette promenade passionnante a été suivie avec un intérêt croissant par un grand nombre de participants : auprès des amateurs de vieilles pierres et des amoureux des antiquités orléanaises, on notait avec plaisir la présence de nombreux élèves des clubs littéraire et archéologique du lycée Benjamin-Franklin. Les deux associations organisatrices font donc preuve d'une activité judicieuse en entretenant dans la jeunesse studieuse un culte qu'il serait navrant de voir s'étioler et disparaître.



Jeudi 3 juin 1965
Orléans de la Renaissance

Ni le temps douteux de jeudi, ni le retard fâcheux apporté à la distribution des convocations pourtant postées à temps, n'avaient rebuté les membres de la section locale de l'Association Guillaume-Budé et des Amis de la Bibliothèque, auxquels s'était joint un groupe d'élèves de la coopérative du lycée Benjamin.-Franklin. M. Germain Martin, président de l'Association Guillaume-Budé, et M. Hauchecorne, conservateur de la Bibliothèque, accueillirent Mgr P.-M. Brun, archiprêtre de la Cathédrale, qui allait diriger avec la compétence qu'on lui connaît, cette promenade dans Orléans à l'époque de la Renaissance.

A la cathédrale, dans les deux travées qui sont, avec quelques voûtes des collatéraux et une petite porte intérieure du côté nord, les seuls vestiges du XVIe siècle, notre guide éminent retraça l'histoire troublée de la ville pendant les guerres de Religion : la propagation de la Réforme, prêchée clandestinement à partir de 1557 ; les États généraux d'Orléans du 18 octobre 1560, la mort du jeune roi François II à l'Hôtel Groslot, le sac de 1562 où le zèle iconoclaste des huguenots — réprimé encore plus brutalement par les catholiques ! — vint à bout de vingt églises, et, après la trêve de l’Ile-aux-Bœufs, face à Chécy, la nouvelle destruction de 1567 qui fit de Sainte-Croix un champ de ruines…

Les visiteurs se rendirent ensuite à l'hôtel de ville, ancien hôtel particulier dont le centre fut bâti vers 1550 par Jérôme Groslot, un des notables d'Orléans qui se convertit au protestantisme. M. Marmin, secrétaire général de la mairie et fervent budiste, fit les honneurs du lieu. Les visiteurs s'arrêtèrent quelques instants devant les restes de la chapelle Saint-Jacques, réédifiés dans le petit jardin ; cette chapelle, primitivement sur l'emplacement des Halles, fut ruinée lors du sac de 1567.

Mgr Brun emmena entre deux averses — ou, pour être exact sous les averses ! —ses "fidèles" devant le porche de Saint-Pierre du Martroi, appelé autrefois "Saint-Pierre-Ensentelée", puis à la maison d'Euverte Hatte, appelée à tort au XIXe siècle maison d'Agnès Sorel (magnifiquement restaurée, elle abrite aujourd'hui le Centre Charles-Péguy), puis à Notre-Dame-de-Recouvrance, dont le très beau vitrail du chœur est un des rares témoignages de l'activité des maîtres-verriers d'Orléans à la Renaissance.

La dernière partie de la promenade fut consacrée aux remarquables édifices privés de cette période : l'Hôtel Toutin ou "maison de François Ier" (entretenue avec goût par la maison Amos-Mailfert), l'Hôtel Cabu, la maison Ducerceau, attribuée sans preuves à cet architecte à qui Orléans doit de nombreux monuments ; la maison d'Alibert (place du Marché) et peut-être la plus belle, celle de la Coquille, dont l'état de délabrement navre tous les amateurs d'art.

A l'issue de cette sortie si enrichissante, les membres du bureau de l'Association Guillaume-Budé tinrent une réunion intime pour remercier Mgr P.-M. Brun et pour manifester leur sympathie à l'occasion de sa récente nomination dans l'Ordre de la Légion d'honneur.



Jeudi 2 juin 1966
La cathédrale Sainte-Croix

La promenade-conférence – organisée, comme à l'accoutumée, par les Budistes et les Amis de la Bibliothèque – a connu jeudi dernier son habituel succès. Elle était consacrée cette année à la visite détaillée de la cathédrale Sainte-Croix, sous la conduite du plus éminent spécialiste, Mgr P.-M. Brun, qui, en 1936, organisa, avec M. le chanoine Chenesseau, des fouilles très importantes, révélant ce qu'on appelle improprement la "crypte" de la cathédrale.

Mgr Brun commença par retracer, devant un auditoire nombreux et attentif, l'histoire de notre monument tout chargé d'histoire. La première cathédrale date du IVe siècle ; construite par l'évêque saint Euverte, elle fut agrandie par saint Aignan, l'organisateur de la résistance aux Huns. Elle fut le témoin de la renaissance carolingienne, sous l'épiscopat de Théodulf, qui fut le véritable fondateur des écoles à côté des églises et abbayes. En 989, elle connut sa première catastrophe : un incendie la ravagea. Le roi Robert le Pieux la fit reconstruire, ainsi que Saint-Aignan et Saint-Avit. C'était alors un édifice à cinq nefs dans un style roman primitif et massif, dans la lignée des grandes églises à pèlerinage, sur la route de Saint-Jacques-de-Compostelle. Terminée en 1087 par Philippe Ier — enterré à Saint-Benoît — elle donna vite des signes de faiblesse, du fait de la traîtrise du sous-sol orléanais.

En 1287, l'évêque Robert de Courtenay la fait abattre et pose la première pierre de l'édifice dont il reste les deux premières travées de la nef. Mais les travaux sont lents — pour éviter un nouvel effondrement on fonde certains piliers à 22 mètres sous terre ! — et c'est dans une cathédrale en pleine reconstruction que vient prier Jeanne d'Arc après sa victoire. En 1511, on dresse à la croisée du transept une flèche très hardie avec une boule dont Rabelais fera "un des grelots de la jument de Gargantua". Puis c'est la Réforme qui fait rage : vingt-deux églises orléanaises disparaîtront. Malgré l'interdiction du prince de Condé qui fait murer les portes, préférant "un temple calviniste à une ruine papiste", une bande de Huguenots excités placent au centre une charge de poudre gigantesque. Il se produisit, dit un chroniqueur, "un grand abatis" : il ne resta debout que quelques chapelles du XIVe siècle, quelques pièces du XVe et deux travées de la nef. Pendant trente ans, ce n'est qu'un champ de ruines.

En 1601, Henri IV décide de la reconstruire et pose une première pierre… mais les travaux sont bien lents. Les Orléanais disent : "C'est long comme l'oeuvre de Sainte-Croix". Louis XIII bâtit le chœur, Louis XIV le transept (où il impose son soleil et sa devise), Louis XV la façade et les tours… mais il reste un "trou" de quelques mètres qui attendra 1829 pour être comblé ! En 1858 est construite la flèche actuelle de 122 mètres ; Viollet le Duc y ajoute, à son habitude, des ornements "sur-gothiques". En 1904, le cul de four de l'abside s'effondre et on procède à la réfection totale de la nef. En 1936, on remet en place les très belles stalles du XVIIIe siècle et on met à jour, en fouillant, les infrastructures des églises primitives ; ce patient travail d'éminents archéologues, comme notre guide, a donné à notre cathédrale, longtemps méconnue, un intérêt de premier ordre.

Les visiteurs sont allés ensuite admirer en détail l'extérieur ; en particulier l'abside vue de ce coin charmant — et peu connu — qu'est le jardin de la Bibliothèque. Après quoi, Mgr Brun a conduit son groupe dans la nef et devant les chapelles en réservant pour la fin le plus curieux : la visite de la "crypte", de la sacristie et du Trésor, l'un des plus riches de France, après celui de Notre-Dame.

Sainte-Croix, conclut Mgr Brun, n'offre peut-être pas la pureté de style des églises construites en un siècle, mais elle est, en revanche, un témoignage unique de la continuité de l'histoire ».



Jeudi 1er juin 1967
Orléans à l'époque classique

Le thème de la promenade-conférence du jeudi 1er juin était "Orléans à l’époque classique", complétant le cycle des promenades archéologiques commencé il y a cinq ans avec "Orléans pré-gothique". Sous la conduite du guide éminent qu’est Mgr P.-M. Brun, archiprêtre de la cathédrale, dont on apprécie toujours l’érudition affable et teintée d’humour, les participants, un peu moins nombreux peut-être (notamment à cause de l’absence des lycéens, retenus par les examens), ont admiré les principaux monuments du XVIIe siècle de notre ville.

Le point de départ fut le portail sud de Sainte-Croix, lequel porte la marque du Grand Siècle et même, au centre des rosaces, la devise du Roi Soleil. En faisant admirer ces rosaces, Mgr Brun souligna tous les efforts accomplis à cette époque classique pour "faire du gothique". Après avoir pénétré à l’intérieur, on passa en revue les traces du XVIIe : la "chapelle Noire", l’emplacement du jubé, élevé sur les plans de Mansart — dont il ne reste qu’un Christ — et surtout les remarquables stalles, érigées par Mgr de Coislin, mises au rancart au XIXe et seulement rétablies en 1936…

Les amateurs d’art allèrent ensuite dans le jardin qui donne sur le chevet et dont l’ordonnance classique sans apprêt s’harmonise parfaitement avec l’ancien Evêché, qui abrite aujourd’hui la Bibliothèque municipale, dont on admira l’escalier monumental ; il est à espérer que ce beau bâtiment, après le départ du tribunal d’Instance, sera restauré comme il le mérite.

Il n’y eut qu’à traverser la rue pour contempler le Grand Séminaire, bâti au XVIIe, et qui constitue aujourd’hui la partie intérieure du lycée Jeanne d’Arc, "un très bel exemple de Mansart utilitaire", dit judicieusement Mgr Brun.

Après avoir admiré, rue d’Escures, le bel ensemble d’hôtels particuliers de la même époque, dont certains toits sont en forme de carène, la plupart récemment dégagés et, dans l’ensemble, intelligemment restaurés, le groupe s’attarda au Martroi, devant les frontons de la Chancellerie, et, pour finir en beauté, devant la perspective de la rue Royale, "la plus belle du royaume à la fin du Grand Siècle".



Jeudi 4 juin 1970
Orléans gothique

L’essentiel de la visite s’est déroulé à l'église Saint-Aignan et dans la partie du XVe siècle de la cathédrale Sainte-Croix.



Jeudi 3 juin 1971
Orléans à la Renaissance

Parti de la cathédrale, puis de l’hôtel Groslot — c'est-à-dire la mairie d'Orléans, qui, malgré les importants remaniements du XIXe en néo-gothique, conserve des traces visibles de son origine — le groupe a gagné l’hôtel Cabu, souvent appelé improprement maison de Diane de Poitiers, ravissant petit édifice qui abrite aujourd'hui le Musée archéologique (et entre autres l'admirable trésor de Neuvy-en-Sullias) et, pour terminer, la maison dite d'Euverte-Hatte, bien connue des budistes, puisqu'elle est depuis plusieurs années le Centre Charles-Péguy, lieu de nos réunions…


1969 1971


Jeudi 1er juin 1972
Orléans à l’époque classique

Du portail sud de Sainte-Croix, où l'on voit encore la devise de Louis XlV, le groupe a visité les travées construites au XVIIe siècle, puis la façade intérieure de l'ancien séminaire, due à Mansard, actuellement C.E.S. Jeanne-d'Arc, enfin les perspectives construites à la fin du Grand Siècle : la place du Martroi, la rue Royale



Mercredi 23 mai 1973
Orléans pré-roman

Une cinquantaine d'amateurs d'archéologie ont fait la "tournée des cryptes" (mais l'appellation est fausse) allant des fouilles de la cathédrale Sainte-Croix, à celles de Saint-Aignan, en passant par Saint-Avit, ignoré des autochtones et qui se cache sous le C.E.S. Jeanne-d'Arc…



Mercredi 29 mai 1974
Orléans médiéval

Le groupe, parti de la cathédrale Sainte-Croix, a visité la Salle des Thèses, ancienne bibliothèque de l'Université d'Orléans, puis la collégiale Saint-Pierre-le-Puellier. Ensuite, par les petites rues, on a gagné l'église Saint-Aignan, cruellement marquée par le vandalisme du XVIe siècle.



Mercredi 16 juin 1976
Orléans médiéval (XIVe - XVe siècles)

Le groupe est parti de la cathédrale Sainte-Croix — qui conserve quelques vestiges de cette période — a visité la Salle des Thèses, ancienne bibliothèque de l'Université d'Orléans, précieuse relique sauvée et conservée par la Société archéologique, puis la collégiale Saint-Pierre-le-Puellier, récemment restaurée (et magnifiquement) par la municipalité d'Orléans. Ensuite, par les petites rues où l'on est en train de sauver quelques vieilles demeures à pan de bois, le groupe a gagné la vinaigrerie Dessaux qui conserve un escalier de bois de l'époque de Jeanne d'Arc, le reste des fortifications et l'église Saint-Aignan, autour de laquelle s'élèvent encore — avec hélas ! des remaniements fâcheux — des monuments estimables du XVe siècle.



Mercredi 6 juin 1977
Orléans à l’époque classique

Après un premier arrêt à la Préfecture du Loiret — qui est l'ancien prieuré bénédictin de Bonne-Nouvelle, aménagé au XVIIe et au XVIIIe siècle— le groupe a visité la partie classique de la cathédrale Sainte-Croix, notamment le transept (1627-1630), les stalles qui constituent un bel ensemble datant de 1706, puis la façade et les tours (de 1739 à 1790). Mgr Brun a continué la visite par l'ancien Evêché — occupé actuellement par la Bibliothèque municipale — bel édifice construit entre 1632 et 1700, puis par le bâtiment d'en face, l'ancien Grand Séminaire — qui fut le lycée Jeanne-d'Arc à la fin du XIXe siècle dont la façade intérieure est l'oeuvre d'Hardouin-Mansart (1705). La promenade s'est prolongée par la visite des immeubles et constructions du XVIIIe siècle : les pavillons de la rue d'Escures, intelligemment restaurés depuis quinze ans, la Grande Chancellerie sur la place du Martroi (1759), la rue Royale percée en 1732 et reconstruite après la guerre, pour finir par le pont Royal (le pont Georges-V des plans) terminé en 1761, dont l'inauguration par la Pompadour est légendaire, mais qui a suscité le bon mot des "guêpins" orléanais : "C'est une oeuvre solide, puisqu'elle a supporté le plus lourd fardeau de France !"


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