PAMÉLA MARIÉE ou LE TRIOMPHE DES ÉPOUSES
par Pelletier-Volméranges et Cubières-Palmezaux
1804
D'après Goldoni, Pamela maritata, 1760
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Personnages :
PAMÉLA, épouse vertueuse
Milord BONFIL, époux de Paméla
Le comte d'AUSPINGH, père de Paméla
Miladi DAURE, sœur de M. Bonfil, belle-soeur de Paméla
Le chevalier ERNOLD, neveu de miladi Daure
Milord ARTHUR, ami d'enfance de milord Bonfil
Madame JEFFRE, femme de 50 ans, gouvernante dans la maison de Milord Bonfil, qu'elle a élevé
M. de MAYER, représentant du grand Chancelier d'Angleterre
ISAC, 30 ans, valet de Milord Bonfil
A Londres, dans un salon de milord Bonfil.
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Contre les avis de sa soeur miladi Daure et de son ami milord Arthur, Milord Bonfil avait épousé par amour Paméla, la fille du comte d'Auspingh, lequel, rebelle et proscrit, était contraint de se cacher. Paméla n'avait accepté ce mariage qu'à la condition que son mari s'occupe de faire réhabiliter son père. Comme il n'en avait rien fait, elle s'était tournée vers un ami d'enfance de son mari, milord Arthur, lui envoyant plusieurs lettres dans lesquelles elle plaidait la cause de son père.
Miladi Daure et son neveu le chevalier Ernold, n'acceptant toujours pas ce mariage qu'ils considéraient comme une mésalliance, décidèrent de faire croire à milord Bonfils que sa femme le trompait avec milord Arthur.
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Quand la pièce commence, Paméla Bonfil et milord Arthur ont un entretien sérieux au cours duquel ils parlent du moyen d'obtenir la réhabilitation du comte Auspingh. Ernold, qui arrive à ce moment, comprend qu'il gêne, et il en conclut que de tendres sentiments unissent Paméla et milord Arthur. Il ne tarde pas à faire part de ses soupçons à milord Bonfil et sa tante miladi Daure en profite pour rappeler que milord Arthur avait déconseillé à son ami d'épouser Paméla, preuve, selon elle, qu'il en était lui-même amoureux.
Milord Bonfil, qui ne sait trop que penser, interroge son épouse et ses réponses ont tout pour le convaincre. Mais la gouvernante, Madame Jeffre, croit aider la jeune femme qu'elle estime en disant qu'elle était présente lors de l'entretien entre Paméla et milord Arthur; mais le valet Isaac, pas très malin, affirme le contraire. Bien plus, il remet à milord Bonfil une lettre que Paméla l'avait chargé de porter à milord Arthur.
A la lecture de cette lettre, milord Bonfil n'a plus de doute: sa femme le trompe! Miladi Daure triomphe et pousse son frère au divorce. Celui-ci refuse d'écouter les explications de son épouse et de milord Arthur, avec lequel il se bat en duel, sans qu'il y ait d'ailleurs aucun blessé
Madame Jeffre prend alors l'initiative d'aller trouver le père de Paméla pour le mettre au courant de ce qui se passe. Alors comte d'Auspingh sort de sa cachette et vient trouver son gendre pour le convaincre qu'il est victime de sa famille, que des « monstres perfides » ont excité sa jalousie pour nuire à Paméla, qu'ils détestent. Milord Bonfil ne sait plus que faire; il songe même à quitter l'Angleterre, non sans avoir fait dresser un acte assurant l'existance de Paméla.
C'est alors qu'arrive M. de Mayer, représentant du grand Chancelier d'Angleterre, chargé de tirer cette affaire au clair. Les arguments des accusateurs lui paraissent bien faibles. Seule lettre de Paméla à milord Arthur lui paraît une preuve recevable de sa trahison. Mais Paméla, reprenant chaque phrase de cette lettre, montre que les termes en ont été mal interprétés et qu'elle elle y parlait de ses sentiments pour son père et non pour Arthur.
Arrive Arthur. Il explique d'abord que c'est parce que Bonfil n'avait pas tenu sa promesse faite à Paméla d'obtenir la grâce du comte qu'il avait pris cette affaire en main. Puis il annonce qu'il a obtenu la grâce pour le comte Auspingh
Celui-ci, qui avait été arrêté en sortant de l'hôtel de son gendre, a donc été libéré. Il arrive et sa première réaction est de prendre sa fille, si injustement calomniée. Mais Paméla demande que l'on soit indulgent pour son mari, qu'elle aime toujours; elle refuse même de porter plainte contre miladi Daure et son neveu Ernold.
Tout finit donc bien et milord Bonfil souhaite que son exemple rende moins crédules les maris d'épouses vertueuses.
Pelletier a dit que ce sont les faiblesses de la pièce de Goldoni Pamela maritata qui l'ont poussé à reprendre le sujet. Goldoni avait d'ailleurs avoué lui-même les difficultés qu'il avait eues à mener à bien cette intrigue: « Bien long fut à parcourir pour mon maigre talent l'immense labyrinthe dans lequel je me suis moi-même introduit en voulant rendre Milord jaloux avec une apparence de raison, tout en voulant que Pamela reste honnête et qu'aucun personnage ne soit ni un franc scélérat ni un imposteur, mais en faisant en sorte que, par la simple combinaison de petits faits bien agencés, naissent les soupçons et les conjectures, et que l'action soit conduite sans rien de surprenant jusqu'à sa fin heureuse. Je ne fais pas ici l'éloge de ma comédie ; je révèle ce que fut mon engagement et j'avoue le mal que j'ai eu à le tenir ».