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LES FRÈRES À L'ÉPREUVE

drame

Résumé


Personnages :

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M. DE MONVAL, oncle des deux frères
M. LE MAJOR D'HERMONVILLE, ami de M. de Monval
M. Charles Gerval DE LA JAUKÈRRES, neveu aîné de M. de Monval.
Mme DE LA JAUKÈRRES, son épouse, 45 ans
GERVAL, second neveu de M. de Monval.
PAULINE DE GERVAL,épouse de Gerval.
Raphaël-Isaac LE ROC, ancien procureur et usurier.
FRANÇOIS, vieux valet de chambre de M. de Monval.

La scène est chez M. de Monval, au château de la Meillière, près de Toulouse, en 1777.


À la mort de sa sœur, M. de Monval, célibataire, avait recueilli dans son château de la Meillière deux neveux orphelins : l'aîné Charles Gerval de la Jaukèrres et Gerval, le plus jeune. Celui-ci avait été envoyé en Espagne par son oncle avec mission de toucher 100.000 francs et de les lui rapporter; mais sur la route du retour, Gerval avait été attaqué, grièvement blessé et l'argent lui avait été volé. Son frère avait intercepté la lettre par laquelle Gerval informait son oncle de son aventure, puis avait tout fait pour persuader M. de Monval que Gerval avait en fait gardé l'argent pour lui; et c'est ainsi que M. de Mauval avait intimé à son neveu l'ordre de ne jamais reparaître devant lui.

Ensuite les deux frères s'étaient mariés. De la Jaukèrres avait épousé une fille qui avait du bien, mais il n'avait pas tardé à faire des dettes, ce qui l'avait mis dans une situation difficile devant son créancier principal, Raphaël-Isaac Le Roc. Gerval, lui, avait épousé une simple paysanne, Pauline, et était resté de ce fait un modeste cultivateur. Les deux belles-sœurs étaient très différentes de caractère et M. de Monval ne connaissait ni l'une ni l'autre.

Un ami de M. de Monval, le major d'Hermonville avait été informé de l'innocence de Gerval par le curé de son village qui l'avait assisté losqu'il se guérissait peu à peu des blessures reçues. Pour convaincre de Monval, il lui proposa de bâtir un stratagème visant à mettre au jour l'infâme procédé dont de la Jaukèrres s'était rendu coupable.

De Monval ayant accepté, d'Hermonville annonça aux deux frères la mort de leur oncle et les convoqua tous deux à la Meillière pour l'ouverture du testament, leur laissant entendre que celui-ci serait très favorable à l'aîné.

*

Quand la pièce commence, tout est prêt pour l'accueil de deux frères et de leurs épouses dans un château dont les domestiques ont été vêtus de noir. Le major d'Hermonville a demandé à son ami de Monval de préparer un testament entièrement favorable à son neveu de Jaukèrres et de se tenir soigneusement hors de la vue de ses neveux, caché dans un cabinet attenant au grand salon du château. Lorsqu'il devra paraître devant les deux épouses, il se fera passer pour l'intendant de Monval. Preuve qu'il ne croit guère dans la réussite de ce stratagème, Monval parie cent louis sur l'échec probable du plan de son ami.

Arrive d'abord Raphaël-Isaac Le Roc, ancien procureur et usurier. En effet de la Jaukèrres, qui lui doit beaucoup d'argent, l'a informé de la « mort » de Monval et lui a demandé de venir à l'ouverture du testament, qu'il sait devoir lui être favorable: pour régler sa dette, il lui a promis de lui céder le jour même le château de la Meillière.

Sont ensuite accueillis par le major d'Hermonville M. de la Jaukèrres et son épouse. Ils sont accompagés de femmes de chambre et de quatre laquais; ils ont même prévu une berline à double fond pour pouvoir emporter tous les objets précieux de l'héritage. Dès leur arrivée, il se comportent en maîtres, surtout Madame, qui est parfaitement odieuse. Son mari, qui n'a même pas pris le deuil, est très excité quand d'Hermonville lui décrit la fortune qui l'attend à coup sûr: il va même jusqu'à demander sans plus attendre les clefs du château…

Arrive ensuite Pauline de Gerval, la paysanne que Gerval avait épousée après avoir été maudit par son oncle. De Monval l'accueille et découvre en elle une femme simple et modeste, tout à l'opposé de Mme de la Jaukèrres. Celle-ci, devant "l'intendant"  de Monval dit tout le mal qu'elle pense de l'oncle "défunt" et de son beau-frère Gerval. Une dispute commence entre les deux belles-soeurs, Pauline prenant la défense de son mari. Désormais Monval est sûr qu'il avait eu tort de mépriser son jeune neveu et d'avoir fait confiance à de Jaukèrres.

C'est alors que Le Roc rappelle brutalement à Mme de Jaukèrres qu'il est là comme créancier et que tout l'héritage de Monval ne suffira sans doute pas à éponger les dettes de son mari: tout pourra être saisi, même son beau carrosse; c'est même pour cela qu'il est venu accompagné d'un huissier. Et il confirme à "l'intendant" que les de la Jaukèrres attendent la mort de Monval avec impatience pour recueillir son héritage.

Dernier arrivé, Gerval retrouve son frère en présence de d'Hermonville et des deux femmes. Pauline essaie de ramener son beau-frère à de meilleurs sentiments, mais en vain. Excédé, Gerval veut partir, mais d'Hermonville le retient. Il veut savoir pourquoi Gerval n'a pas rapporté l'argent qu'il était allé chercher en Espagne. Gerval assure qu'il lui a été dérobé sur la route, que son frère a intercepté la lettre par laquelle il en informait son oncle et qu'il lui avait écrit que cet oncle le maudissait et lui interdisait de venir à la Meillière. Comme Gerval a apporté cette lettre de son frère, ainsi qu'une attestation du curé qui l'avait aidé à guérir des blessures reçues en défendant l'argent, d'Hermonville, sous prétexte d'en faire prendre copie, fait passer les deux lettres à Monval, afin de le convaincre définitivement.

Le grand moment est arrivé : de la Jaukèrres et son épouse délirent à l'idée de tout ce dont ils vont hériter – argent, argenterie, bijoux, diamants, revenus des fermes – de quoi se procurer un hôtel plus vaste, un ameublement somptueux, quatre laquais de plus, six chevaux anglais.… Impitoyable, Mme de la Jaukèrres refuse aux époux Gerval un logement dans le château et veut les envoyer coucher à l'auberge; pour humilier Pauline, elle propose de lui donner sa bourse, mais la paysanne refuse avec dignité.

Scandalisé, "l'intendant" fait la leçon à Mme de la Jaukèrres, prenant la défense de Pauline; il rappelle qu'elle est la fille d'un brave militaire utile à sa patrie et plus méritante sans doute que Mme de la Jaukèrres, fille d'un employé de ferme qui a su faire fortune. Comme "l'intendant" a exprimé l'intention d'installer Pauline dans l'appartement du château qui a été d'abord attribué à Mme de la Jaukèrres, celle-ci lui annonce que, dès qu'elle sera propriétaire du château, elle le chassera.

Toute différente est l'attitude de Pauline: quand "l'intendant" lui annonce qu'il va s'arranger pour punir les de la Jaukèrres de leur imposture et de leur hypocrisie, Pauline, généreusement, lui demande de pardonner. Elle se contente de demander humblement d'obtenir le bail de la ferme de Tillemont, qui est à louer, et que son mari pourrait exploiter comme métayer de son frère; elle offre même à "l'intendant », s'il est chassé du château, de venir y vivre avec eux

Gerval, accablé, s'apprête à partir. Auparavant il demande à se recueillir devant le portrait de son oncle; et celui-ci, toujours dissimulé derrière une tapisserie, le voit agenouillé devant le tableau, disant tout l'amour qu'il avait pour cet oncle qui est mort sans avoir su la vérité.

Vient le moment de la lecture du testament par M. d'Hermonville, exécuteur testamentaire : Charles Gerval de la Jaukèrres est institué légataire universel. Son frère Gerval, qui n'a rien, accepte sans se plaindre. De la Jaukèrres repousse la suggestion de d'Hermonville de céder une partie de l'héritage à son frère qui vit dans le dénouement. Geral, accusé d'avoir gardé pour lui les cent mille francs reçus en Espagne, proteste de son innocence, devant son frère triomphant et ironique.

À ce moment, Monval sort de sa cachette, déchire son testament, déclare Gerval son unique héritier, devant le couple de la Jaukèrres confondu. Comme Le Roc parle à nouveau d'exiger des Jaukèrres l'argent qu'ils lui doivent, Gerval dit généreusement qu'il paiera pour eux. Monval, lui, ne parle plus que de réparer le mal qu'il a fait à son neveu. Et d'Hermonville est tout fier d'avoir gagné son pari : grâce à lui "les orgueilleux sont punis et les honnêtes gens triomphent".


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