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J. LESGUILLON

MORIN OU LA FIANCÉE DU PROSCRIT

Résumé


 

A Nantes, vers l'année 1770, la petite Sophie d'Enneterre (âgée de 10 ans) a été fiancée au duc Alfred d'Almont (14 ans). Ensuite, d'Almont ayant vécu loin de Nantes, ils ne se sont plus revus, mais ils se sont beaucoup écrit. Au moment où ils auraient pu enfin se rencontrer et se marier est arrivée la Révolution et Sophie avec sa mère sont parties se réfugier à Francfort.

Acte I
En 1793, le duc d'Almont, proscrit et menacé de mort, s'est réfugié chez un couple, le sieur Morin et son épouse Charlotte, et ceux-ci vont tenter de le sauver en facilitant son départ sur un navire en partance. Alors, leur faisant confiance, le duc confie à Charlotte le portrait de Sophie, ses lettres ainsi que le secret de la cachette dans laquelle sont dissimulées 300.000 livres en or : s'il lui arrivait malheur, tout cela devait être remis à sa fiancée Sophie. Mais, au moment de quitter la maison, d'Almont est arrêté et incarcéré. Charlotte, pour avoir été la complice d'un proscrit, écope de six années de prison, alors que Morin, lui, peut échapper à la police.
Ce Morin est en fait un intrigant qui a eu des ennuis avec la justice pour avoir imité la signature d'un riche ; libéré par la révolution, on lui a offert une place de greffier à Nantes. Mais cela ne peut satisfaire l'ambitieux qu'il est. Les 300.000 livres cachées dans le château du duc lui donnent une « pensée infernale »: se faire passer pour d'Almont (dont il espère pouvoir récupérer les biens) et aller en Allemagne pour rencontrer cette Sophie et, puisqu'elle doit avoir perdu le souvenir de son visage, lui faire croire qu'il est celui auquel elle a été fiancée.

Acte II
1794, à Francfort. S'y sont réfugiés Sophie d'Enneterre, qui a maintenant 24 ans et dont la mère est morte, une dame Marthe qui avait été autrefois la nourrice de d'Almont, et le marquis de Valincourt, cousin et héritier de d'Almont. Valincourt, convoitant la fortune de son cousin, dont on n'a pas de nouvelles, essaie de convaincre Sophie de l'épouser, mais celle-ci veut rester fidèle à son fiancé, même si elle avoue que « ses traits se sont effacés de sa mémoire ». Alors Valincourt montre à Marthe (qui sait à peine lire) une « copie d'un acte tiré du greffe de la justice criminelle à Nantes » dans laquelle le nom de d'Almont figure parmi ceux des victimes des noyades de Nantes. C'est alors qu'arrive Morin qui, contredisant cette nouvelle, se présente à Sophie comme son fiancé. Sans tarder, le faux duc épouse Sophie d'Enneterre, qui devient duchesse d'Almont.

Acte III
1798, dans le château d'Almont. Sophie, son mari et la vieille Marthe sont revenus dans le château, où, profitant de l'argent trouvé dans la cachette, ils attendent que le "duc d'Almont" soit officiellement réintégré dans son nom et sa fortune, puisqu'il ne figure pas sur les listes d'émigrés. Valincourt, lui, bien que royaliste, a prêté allégeance à la République ; il a pu racheter une partie de son château (devenu bien national) et est même devenu maire de sa commune. Mais le comportement de Morin ne cesse d'étonner Marthe et Valincourt, qui croient de moins en moins qu'il est le véritable duc d'Almont. Conscient de la menace qui pèse sur lui, Morin a songé à fuir avec l'argent, mais il n'a pu se résigner à renoncer à sa nouvelle épouse ; quant à Charlotte, où qu'elle soit, il est sûr qu'elle ne pourra jamais le retrouver.
C'est alors qu'arrive Charlotte Morin, tout juste sortie de prison, qui est sans nouvelles de son mari. Conformément à la promesse qu'elle a faite, elle vient remettre à Sophie les lettres que d'Almont lui avait confiées et elle est heureuse d'apprendre que d'Almont est vivant, et qu'il est devenu l'époux de sa Sophie. Sophie veut se faire la bienfaitrice de cette brave Charlotte qui, au début de la Révolution, avait aidé le duc et qui avait fait de la prison à cause de lui.
Inévitablement Charlotte, mise en présence de d'Almont, reconnaît son mari dans le faux duc. Morin, très inquiet, réussit à la convaincre de ne rien dire en lui promettant une grosse somme d'argent ; et, lui faisant croire qu'il va partir avec elle, il lui donne un rendez-vous à minuit.

Acte IV
En fait, Morin n'a d'autre intention que d'aller prendre de l'argent à sa banque et de se débarrasser de Charlotte au plus vite. Il parvient à se tirer d'affaire lorsque Sophie l'interroge sur le contenu des lettres (que Charlotte ne lui a jamais montrées). Mais Valincourt a fait une enquête et il dispose d'un papier officiel attestant que d'Almont a bien été noyé en 1793 : il reste donc à arrêter Morin comme usurpateur d'identité.
En réalité, le vrai duc d'Almont est vivant : jeté dans la Loire par ses bourreaux, il avait pu se libérer de ses liens et s'enfuir aux Indes. Puis il était allé à Francfort pour retrouver sa fiancée ; mais Flanheim, un allemand qui avait été domestique de Sophie, lui avait appris qu'elle était en France, « mariée au duc d'Almont ». Alors le Duc, accompagné de Flanheim, s'était rendu à Nantes.
Là il n'a aucun mal à se faire reconnaître de Marthe, puis de Sophie mariée, à laquelle, généreusement, il accorde son pardon, voulant même lui léguer sa fortune. Dans le mari de Sophie, il reconnaît évidemment ce Morin qui l'avait hébergé. Celui-ci, démasqué, est menacé de finir sa vie aux galères.

Acte V
Morin essaie de se justifier en disant qu'il a vraiment cru que le duc était mort et qu'il a agi par amour. Valincourt, comme maire, veut le faire arrêter, mais Sophie demande sa grâce. Finalement, le duc accepte de laisser Morin, Sophie et Marthe partir en Allemagne.
Mais Charlotte, qui a vainement attendu son mari au rendez-vous qu'il lui avait donné, comprend qu'il veut l'abandonner. Pour se venger, elle menace de crier partout que Morin est déjà marié. Celui-ci, ne voyant plus en elle qu'un obstacle, l'entraîne dans un cabinet et l'étrangle. Marthe découvre Charlotte agonisante et, avec l'aide du Duc, la ramène sur la scène, devant Morin anéanti. Avant de mourir, pour sauver son mari, Charlotte tente de faire croire qu'elle n'était que la maîtresse de Morin et que, jalouse, elle s'est empoisonnée. Mais Morin avoue son crime et se brûle la cervelle. Sophie est libre : elle pourra épouser son fiancé proscrit.



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