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HENRI LAVEDAN
LEURS SŒURS

Résumés des 22 sketches


 

AU PETIT JOUR
Françoise Dugantier, 18 ans, revient d'un bal où elle a trouvé les hommes parfaitement ennuyeux, voire repoussants. Pourtant son frère Paul lui rappelle qu'il serait temps qu'elle trouve un mari : avec la dot qu'elle a, ce ne devrait pas être difficile, même si pour elle le mariage s'apparente à une corvée. D'ailleurs Paul, pas plus que sa sœur, ne se fait aucune illusion sur la vie : toutes leurs occupations lui font penser à ces balayeurs que l'on voit des les rues manier tristement leur balai d'un geste machinal.

FRÈRE CATHERINE
Albert Vremond, 40 ans, amoureux de Catherine Bressol, 29 ans, la demande en mariage. Celle-ci lui répond qu'elle a décidé de ne jamais se marier. En effet elle a quatre jeunes frères dont elle doit s'occuper, une mère peu efficace et un père de petite santé. Très peu féminine (les enfants l'appellent « frère Catherine ») elle se consacre tout entière à la marche de la maison. Pour le présent, elle est résignée au célibat, mais, si Vrémond a la patience d'attendre, peut-être plus tard…

BONNES PETITES AMIES
Jeanne et Pauline ont appris le mariage annoncé de leur amie  Françoise de Cyran avec un certain Torigny. Alors elles disent tout le mal possible de ce garçon laid et ridicule qui ne pourrait que faire le malheur de son épouse. Mais, lorsqu'arrive Françoise, sans lui laisser le temps de parler, elles ne tarissent pas de compliments sur celui qui serait, disent-elles, « un de plus chics hommes de Paris ». À ce moment, Françoise leur annonce que son mariage est rompu et qu'elle a rendu la bague de fiancailles: en effet elle s'est rendu compte que Torigny ne ferait jamais un mari obéissant comme elle le souhaite. Ses amies la plaignent  fort d'avoir renoncé à cet excellent parti. Mais, derrière l'attitude de ses amies hypocrites qui, après avoir éreinté Torigny, le couvrent de compliments, Françoise soupçonne qu'il y a une grande part de jalousie envers elle, parce que c'est elle qui a été choisie par Torigny et parce qu'elle a été capable ensuite de le rejeter sans perdre son calme.

AU PARLOIR
Jeanne (15 ans) est pensionnaire dans un couvent. Elle reçoit la visite de son frère Pierre (17 ans). Elle lui raconte qu'elle a été punie parce qu'on a trouvé dans ses affaires un pantalon qu'elle avait chipé à sa mère pour en reproduire au crochet les motifs de dentelle et que les soeurs n'avaient pas voulu croire qu'une mère chrétienne puisse porter de tels pantalons. Pendant que sa sœur parle, Paul remarque dans le parloir la belle et riche Alice de Vergonnes et Jeanne, amusée, promet de parler de son frère à son amie Alice. En échange, Paul ne manquera pas de parler de sa soeur à son ami Paul Fougeray, qui ne lui est pas indifférent…

LAQUELLE DES DEUX
Louise (36 ans) surprend sa jeune soeur Annette (17 ans) en larmes. C'est que la veille elle a été demandée en mariage par un certain Paul Raynaud et que ses parents ont refusé, comme ils ont toujours opposé un refus aux prétendants d'Annette, ne voulant marier la cadette que lorsque Louise aurait trouvé un époux. Or Louise, peu séduisante, n'a été demandée qu'une seule fois par un riche sexagénaire boiteux. Louise, consciente qu'elle fait obstacle au mariage de sa sœur, décide donc d'annoncer qu'elle ne se mariera jamais. Annette refuse d'accepter cet arrangement, ou plutôt elle propose d'annoncer que c'est elle qui ne se mariera jamais pour que ses prétendants puissent se reporter sur sa soeur. Alors Louise tire à pile ou face et le sort décide que c'est elle qui va se sacrifier pour que leurs parents acceptent enfin de marier la jeune Annette.

LE BON CONSEIL
Jacques, 26 ans, est au bord de la rupture avec sa femme Marthe, qui a trouvé dans ses papiers une lettre d'une ancienne maîtresse. Sa soeur Françoise, qui n'a que 17 ans mais qui est déjà sans illusions sur les problème que pose la vie en couple, lui donne quelques conseils plutôt cyniques qui lui permettront de reprendre la vie conjugale.

VOCATION


La baron Dargent et la baronne ont une fille de 19 ans, Blanche, qui veut se faire religieuse. Ils font tout pour l'en dissuader : certes, disent-ils, ils l'ont fait élever dans un couvent, mais seulement parce que cela se fait, regrettant qu'elle ait pris au sérieux tout ce qu'on raconte aux petites filles sur Dieu et la vie éternelle. Mais Blanche, lasse de voir comment vivent ses trop riches parents, persiste dans sa décision de se retirer du monde.

COTILLON
Dans un bal, Raoul (27 ans) et Germaine (17 ans) viennent de danser le cotillon. Assis dans un coin, ils échangent leurs idées sur la religion, sur la vie mondaine, sur le mariage. Ils essaient d'exprimer ce qu'ils sont vraiment et Germaine, à qui Raoul ne déplaît pas vraiment, se demande s'il ne serait pas pour elle un mari possible.

LE PETIT MAÎTRE
Deux amies, Finette (15 ans) et Emma (16 ans), se confient l'une à l'autre. Finette trouve injuste que les garçons comme son frère puissent avoir une « petite maîtresse » et que les filles, elles, ne puissent avoir un « petit maître ». Elles comparent leur idéal en matière de garçons, s'interrogent pour savoir si s'embrasser est un péché et se promettent bien des choses lorsqu'elles seront mariées et qu'elles auront alors non pas un « petit maître », mais un amant.

À PROPOS DE POUPÉES
Louise (12 ans) et Julie (11 ans) parlent de leurs poupées. Louise en a assez des poupées-filles et elle voudrait des poupées-garçons et même tout simplement des enfants-garçons. Mais elle a cru entendre dire que seuls les domestiques comme sa femme de chambre  pouvaient en avoir hors mariage. En attendant, elle rêve d'un homme qu'elle aimerait: il s'appelllerait Raoul et elle lui écrit des petits mots d'amour. Lorsque ses parents les découvrent, ils croient qu'à douze ans leur fille a réellement des rendez-vous avec ce Raoul et cela fait scandale.

AVANT LES VACANCES
Deux jeunes filles, Adrienne et Jeanne, parlent des hommes. Adrienne ne connaît que ses frères et ses cousins, qu'elle trouve parfaitement insupportables et méprisables. Jeanne prend leur défense en disant que les jeunes gens sont des hommes pas encore formés, pas aboutis et qu'il en est d'ailleurs de même des jeunes filles, encore chenilles avant de devenir papillons. Et puis il faut avouer que les jeunes gens et jeunes filles s'évertuent à jouer un rôle devant les autres alors qu'il serait plus simple qu'ils se montrent tels qu'il sont vraiment.

MAUVAISE FRÉQUENTATION
Berthe, 16 ans, avoue que, de tous les garçons, c'est son frère Gustave qu'elle préfère. Sans trop le dire à leurs parents, ils vont se promener non pas dans les jardins publics de Paris, qui ne sont bons que pour les bébés, mais sur les grands boulevards ou aux Batignolles, où, dans les cafés, ils croisent des hommes qu'on appelle des « souteneurs », qu'ils prennent pour des francs-maçons. Au lieu d'aller visiter le Sacré-Coeur, ils sont allés à l'entrée du Moulin de la galette ; là ils ont été vus par un homme respectable qui a écrit aussitôt aux parents pour les informer que leur fils Gustave a été vu dans ce quartier mal famé en compagnie d'une …fille.

LA LECTURE
En 1894, quatre jeunes filles parlent des livres qu'elles ont lus. D'abord leurs premiers livres, ceux de Mme Raoul de Navery et d'Alexandre de Lamothe. Ensuite Walter Scott, Maupassant, Chateaubriand, Lamartine, Dickens, Dumas père et fils, Bourget, Bernardin de Saint-Pierre. Restent les livres « inconvenants » que ne lisent que les honnêtes femmes : Manon Lescaut, Daphnis et Chloé, Paul et Virginie, la Pucelle de Voltaire. Pas question pour elle de se limiter aux textes choisis de la nouvelle Revue des jeunes filles!

LE BAL MARIN
Trois jeunes filles sont assises sur une plage au bord de la mer. Catherine a inventé ce qu'elle appelle le « bal marin »: elle a ouvert un carnet de bal où s'inscrivent à l'avance tous les jeunes gens qui veulent se baigner avec elle. Mais Louise, elle, n'aime pas se baigner au milieu des autres; elle préfère venir s'asseoir au bord de la plage et s'imprégner de la poésie qui émane de l'océan, le soir.

LES DEUX ORPHELINES
Dialogue de deux fillettes de 13-14 ans pensionnaires d'un orphelinat. Thérèse a perdu ses deux parents et elle souffre d'un manque d'affection. Jacqueline, elle, finit par avouer que son père est mort par la faute de sa mère et que celle-ci, qui en fait n'est pas morte, a obligation de recevoir sa fille, qui lui est indifférente, pendant chaque mois d'août. Les deux fillettes promettent de ne jamais se marier pour pouvoir rester ensemble toute leur vie.

LA DETTE ET LA DOT
Le genéral Dujarroy est furieux contre son fils, militaire, qui vient de perdre vingt mille francs au jeu et qui fait appel à son père, seul moyen pour lui d'éviter le déshonneur et la démission. Le général refuse tout net, mais sa fille Madeleine qui, à 25 ans, est prête à renoncer au mariage, propose de sacrifier sa dot pour que son frère puisse rembourser sa dette. Le général hésite encore, mais il n'est pas loin d'accepter ce généreux sacrifice.

UNE LACUNE
Trois fillettes de 14-16 ans, Blanchette, Suzon et Sophie, ont pris conscience que l'on cache soigneurement aux jeunes filles ce que c'est que l'amour, non pas l'amour pour ses parents, l'amour du prochain, l'amour de la nature, l'amour de la Vierge et des saints, mais l'Amour qui entre en jeu au moment du mariage. Puisqu'on refuse de donner cet enseignement dans les couvents de jeunes filles,  elles ont convoqué le frère de Blanchette, Pierre, qui, à 19 ans, doit être au courant. Mais celui-ci n'accepte pas d'aider les filles à combler cette lacune.

LE PIANO
À 19 ans, Rose, pour aider sa mère et son frère paralysé, donne des leçons de piano. Un jour, alors que son élève a dû s'absenter, elle se retrouve seule avec son frère, un jeune marquis. Celui-ci lui avoue qu'il a horreur du piano, mais il reconnaît qu'il se faisait des maîtresses de piano une opinion que Rose contredit absolument. Celle-ci réussit à le convaincre de tout ce que peut apporter la musique à ceux qui l'aiment. Alors le marquis lui demande de jouer du Chopin. En l'écoutant, il songe que c'est une femme comme elle qu'il aimerait épouser… mais, hélas, elle n'est pas de celles que doivent épouser les marquis…

LES CROIX
En juin 1896, Paul Dufrey, ministre de l'Instruction publique, est venu passer quelques jours chez sa soeur aînée. Il lui parle des magouilles de la politique et des croix qu'il s'apprête à obtenir pour des gens qui ne les méritent guère : entre autres, un écrivain à succès qui n'est en fait qu'une canaille et un artiste qui ne sait peindre que des fromages. Alors sa soeur Ernestine essaie de le persuader de donner la croix au père Levasseur, qui a fait sauter un train de Prussiens en 1870, et à la Mère Sulpicia, qui a été grièrement blessée en secourant des enfants attaqués par un chien. En menaçant son frère de révéler, dans cette société anticléricale, qu'il a été élevé dans un séminaire, elle obtient de lui la promesse que le père Levasseur et la Mère Sulpicia auront leur médaille.

CIEL PLEIN D'ÉTOILES
Devant un ciel plein d'étoiles, deux jeunes filles de vingt ans, Suzanne et Hélène, s'interrogent sur la nature de l'univers. Hélène y voit une raison de croire en Dieu, Suzanne trouve que Dieu se plaît à « taquiner » les hommes en leur laissant souçonner des vérités qu'ils ne connaîtront peut-être qu'après leur mort. L'une et l'autre aimeraient que la métempsychose soit une réalité afin qu'elles puissent revivre en hirondelle ou en petite chienne. Inquiètes devant cette vie qui s'ouvre devant elles, lorsqu'elles voient une étoile filante et qu'elle veulent faire un vœu, elles ne demandent qu'une chose : le Bonheur.

L'AMOUR DES BÊTES
Quand Jeannette a annoncé à son fiancé qu'une fois mariée elle apporterait avec elle son chat, sa caille, sa tourterelle, ses oiseaux des îles, ses poissons rouges et sa tortue, il a immédiatement décidé de rompre son mariage, d'autant que la jeune inconsciente lui a répété une plaisanterie de son père à qui elle avait demandé de lui offrir un singe : « Tu en auras un quand tu seras mariée ». Finalement ses parents, d'abord rendus furieux par cette rupture, se résignent devant la passion de leur fille pour les bêtes. Peut-être trouvera-t-elle un jour un mari au Jardin d'Acclimatation?

L'OPINION DES FRÈRES
Grand débat entre cinq garçons sur le thème des jeunes filles. Jules de Baugis n'a que des mots durs contre ces « faux mammifères » en formation. Paul Fanois considère que le seul intérêt des jeunes filles est de servir d'entraînement aux garçons avant qu'ils aient à affronter les femmes, les vraies. Pierre Allerey, lui, éprouve de la peur devant ces êtes complexes et insaississables. alors qu'Octave Jusseuil est catégoriquement contre l'idée de mariage et d'enfantement. Alors le plus âgé, René Couterre, prend avec éloquence la défense des jeunes filles en parlant de leur beauté, du bonheur qu'elle procurent, du mystère qu'elle incarnent, et aussi des peines et des souffrances qui les attendent, le mariage, les grossesses, les enfants à élever, tout ce qui fait qu'on souhaiterait que pour elles le temps s'arrête afin qu'elles puissent prolonger éternellement les moment de joie qu'elle connaissent dans leur jeunesse.


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