Henri Lavedan
LYDIE
Résumé
Le colonel comte Louis-François Hardy de Montauran est veuf et a démissionné de l'armée après la guerre de 1870. Il vit près de Vouvray dans un château qu'il tient de son grand-père, le château de Montauran. Riche de la dot de sa femme et de divers héritages, il dépense sans compter, réglant même les dettes que fait son fils André qui, censé préparer son baccalauréat, mène joyeuse et grande vie à Paris. Sa fille aînée Lydie connaît une existence monotone dans le château, en compagnie de sa tante, veuve, Mme Eugénie Tremblay, qui passe ses journées à écrire des romans pour jeunes filles, qu'elle propose à différentes revues bien pensantes. Les amis de la famille sont l'abbé Frambois et le vieux docteur Clopin.
Or Lydie est secrètement amoureuse d'un jeune homme, Maurice Bradier. Lors d'une visite chez un voisin, le baron de Terrassier, les deux amants font le serment de n'épouser personne d'autre. Mais le colonel, hostile à ce "fils d'anciens commerçants sans le sou", s'oppose catégoriquement à ce mariage de sa fille: elle ne pourra épouser qu'un homme très riche et de son rang, un homme "à particule".
Un jour le comte revient de Paris avec son fils André. Très vite, il annonce qu'il a été contraint de mettre le château en vente. Suit pour Lydie une longue attente, au cours de laquelle elle rencontre une fois Maurice, en cachette, dans le parc du château.
C'est alors que se présente un acquéreur pour le domaine, M. Gamblard, une ancien grand couturier de 50 ans, veuf et immensément riche. Il annonce qu'il achète le château et, tout à la fois, demande la main de Lydie, qu'il a seulement aperçue quelquefois à Paris. Scandalisé, le colonel le met à la porte.
Néanmoins, le château étant vendu, il va falloir le quitter et s'enquérir d'un appartement à Paris. Cette perspective fait que Lydie tombe malade. Alitée, elle passe ses journées à rêver d'une union avec Maurice… Son père estime que la cause de sa maladie est la vente du château ; mais le bon docteur Clopin comprend qu'elle est amoureuse et qu'il faut la fiancer.
Toutefois le colonel oppose toujours un refus au désir de sa fille. Une fois, alors qu'il essaie à nouveau de la raisonner, il finit par lui dire : "Guéris d'abord… après… nous verrons…" Lydie prend cela pour une promesse, et cela suffit pour la guérir. Pourtant, dans le château, on commence à préparer le déménagement, le colonel ayant acquis un très bel appartement à Paris.
Mais un jour, à la surprise de tous, le colonel invite à dîner M. Gamblard. Il se justifie en disant qu'il s'est trompé sur son compte, l'abbé Frambois lui ayant fait du couturier un portrait élogieux (il donne beaucoup aux pauvres). Le couturier vient donc, accompagné de son neveu et seul héritier, alors lieutenant d'artillerie à Orléans. Et, bien sûr, Lydie se retrouve à table à côté de ce garçon, qui lui est indifférent.
À la suite de ce dîner, le colonel annonce à sa fille que M. Gamblard l'a demandée en mariage, non pour lui, mais pour son neveu. Et il lui fait comprendre tous les avantages pécuniaires de cette alliance : Lydie mariée serait un jour femme de général et surtout millionnaire.
Persistant dans son refus, Lydie est sur le point de se tuer avec le revolver de son frère. Mais, au moment où elle va le faire, elle entend son père qui l'accuse d'égoïsme, alors que, par ce mariage, on pouvait "tout sauver" en évitant la vente du château. Alors elle décide de choisir une autre forme de suicide : faire le sacrifice de son amour pour que son père puisse "vieillir à Montauran dans une insouciance heureuse". Se soumettant, comme alors beaucoup de jeunes filles, elle annonce à son père qu'elle va épouser le neveu Gamblard.
Et ni le curé, ni sa tante, ni son père ne comprirent quel sacrifice elle faisait ainsi.