G. Lafenestre
BARTOLOMEA OU L'ORATORIO
résumé
Dans ce roman, le poète Félix Saverny raconte la vie du grand musicien Valérien Ledoux, depuis son enfance à Montmartre jusqu'à son engagement dans la guerre de 1870.
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Valérien Ledoux, fils d'une simple fruitière de Montmartre, a été attiré dès son enfance par la musique. Grâce à l'intervention d'un voisin photographe, M. Flachau, grâce aussi à son oncle, lampiste à l'Opéra de Paris, il put entrer au Conservatoire. À vingt ans, il fut couronné au concours du prix de Rome, ce qui l'amena à faire un séjour de trois années à la villa Medicis. L'Italie, en particulier celle des premiers siècles du christianisme, éveilla en lui des sentiments très forts qu'il tenta d'exprimer par ses créations musicales.
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Un jour qu'il visitait la catacombe Saint-Calixte, il aperçut une jeune femme vêtue de noir qui assistait avec ses parents à une messe à la mémoire de sainte Cécile. Une association s'étant faite dans son esprit entre la patronne des musiciens et la belle Romaine, il écrivit un oratorio sur la légende de sainte Cécile (cette dame romaine qui avait sacrifié pour le Christ l'amour qu'elle avait pour son mari). Cette création musicale lui fit prendre conscience de son amour pour celle qui l'avait inspiré.
L'année suivante, il fit en sorte de la revoir et il apprit qui elle était. Elle s'appelait Bartolomea Nerocchi; elle était la fille d'un avocat pauvre ; elle était musicienne et chanteuse. Elle avait été l'amante du prince Amadeo Frassini; mais celui-ci, s'étant enrôlé dans les troupes de Garibaldi, avait été atteint de trois balles sur le champ de bataille et était mort entre ses bras de celle qui, se considérant comme sa fiancée, avait juré ce jour-là qu'elle n'appartiendrait jamais à un autre homme.
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Valérien, l'ayant retrouvée ensuite lors d'un concert, put désormais la voir régulièrement chez elle. Ensemble, il travaillèrent sur l'oratorio. Mais un jour que Bartolomea s'essayait à interpréter l'hymne qui devait chanter sainte Cécile, Valérien n'avait pu lui cacher son amour. Alors elle lui apprit qu'elle avait juré au prince Frassini mourant de ne jamais appartenir à un autre homme. Valérien, ainsi repoussé, retourna à la villa Médicis. C'est là qu'il se lia d'amitié avec Félix Saverny, avec lequel il visite le site antique de Véies et, sur la via Appia, la catacombe Saint-Calixte
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Après avoir brièvement voyagé en Italie et en Allemagne, Valérien revint à Paris. Là il vécut pauvrement, presque désespéré par le dédain avec lequel on accueillait son oratorio. Étant revenu habiter avec sa mère, il se laissa peu à peu gagner par la folie : il s'imaginait que son oratorio était en répétition, que les choeurs étaient au point et qu'on attendait une prima donna qui ne manquerait pas d'arriver, venant de Rome.
Cette folie du jeune musicien inquiéta fort sa mère et son ami Saverny, qui était venu le retrouver à Paris.
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Devant l'aggravation de ses crises, Valérien fut confié à un psychiâtre de Samois (près Fontainebleau), le docteur Maynard, spécialiste des monomanies. Le docteur estima très vite que le seul remède était de faire jouer son oratorio. Il dit que, pour cela, on trouverait facilement dans la région des musiciens amateurs, mais qu'il fallait surtout faire venir Bartolomea de Rome pour que ce soit elle qui chante le grand air de sainte Cécile. Tout dévoué, Félix Saverny décida donc de retourner à Rome.
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Ayant rencontré Bartoloma chez ses parents, il lui apprit que Valérien l'aimait et qu'il était devenu fou. Tout en rappelant qu'elle ne pourrait jamais être à lui, Mea se dit prête à faire ce qu'il fallait pour le sauver, car elle savait qu'il était un grand artiste. Et le lendemain ils prirent à Civita-Vecchia le bateau pour Marseille, puis le train pour Fontainebleau. À Samois, il retrouvèrent le docteur Maynard.
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Le soir du 3 mai, le docteur les conduisit près de la chambre de Valérien. Celui-ci, installé seul devant son piano, délirait, en imaginant qu'il dirigeait l'exécution de son oratorio. Alors, au moment où attaqua le prélude de l'hymne de Cécile, Bartoloméa entra et, "pâle sous ses vêtements noirs", elle chanta.
Devant la réaction de Valérien, on comprit qu'il était sauvé. Félix entra à son tour dans la chambre et ce fut, entre les deux amis, l'émotion des retrouvailles.
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Le docteur, fier d'avoir réussi à guérir son patient, estima toutefois que tout serait plus simple si la jeune Romaine renonçait à son serment. Mais Bartolomea ne céda pas. Elle s'occupa de Valérien convalescent, dirigea les répétitions de l'Oratorio que des amateurs de Fontainebleau jouèrent avec grand sucès dans l'église de Fontainebleau. Ensuite, pendant quatre mois elle l'accompagna dans l'écriture d'un opéra, Hermann et Dorothée (d'après Goethe), qui triompha à Paris.
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Mais son amour pour Bartoloma continuait de troubler Valérien. Quand elle en prit conscience, sa mère alla trouver la jeune Romaine et lui suggéra qu'elle pourrait devenir sa femme. Bartolomea refusa net et son fils reprocha à sa mère d'avoir pris l'initiative de cette démarche, répétant qu'il savait bien que celle qu'il aimait était "fiancée à un mort".
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Alors Bartolomea B. loua une villa à Villeneuse-Saint-Georges pour Mme Ledoux et son fils. Celui-ci, en présence de Saverny et du docteur Maynard, promit d'écrire un autre opéra, Le Roi de Sicile, et surtout prit l'engagement de dominer ses désirs interdits, ses rêves factices. Bartolomea, elle, jura qu'elle serait désormais pour Valérien comme une sœur affectueuse. Et le docteur admira cette attitude de la jeune femme.
Le soir même Bartolomea partit pour Rome.
De là, elle entretint une correspondance régulière avec celui qui était reconnu désormais comme un grand musicien et c'est ainsi qu'elle suivit la lente élaboration du Roi de Sicile.
Celle-ci fit interrompu par la guerre qui éclata en juillet 1870, Valérien s'étant engagé dans un bataillon de mobiles et la jeune femme s'étant mise au service de la Société de Genève.
Quand le roman se termine, Bartolomea est en Tunisie où elle a fondé des hopitaux. Valérien, lui, achève son Roi de Sicile qui sera joué prochainement à l'Opéra.