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LA VIE D'ÉTIENNE DOLET


LES ÉTUDES
 Né à Orléans en 1509 et ayant passé son enfance dans cette ville, Etienne Dolet fit ses études de lettres à Paris (entre 1521 et 1526), puis à Padoue (université célèbre pour ses hardiesses intellectuelles) et à Venise. Il devint alors familier de la langue et des œuvres de Cicéron.
En 1532, il s'inscrivit à l'université de Toulouse pour y faire des études de droit. Mais, en 1533 et 1534, il prononça deux réquisitoires contre la barbarie toulousaine, les superstitions religieuses et la brutalité des Gascons. Un décret du parlement de Toulouse le bannit de cette ville en 1534.

LES TRAVAUX HUMANISTES
En 1535, il s'établit à Lyon, où il fréquenta les milieux humanistes et fut embauché comme correcteur par l'imprimeur Sébastien Gryphe.
En 1535, il publia Dialogus de imitatione ciceroniana, prenant parti, contre Érasme, dans une querelle portant sur la légitimité de l'expression de la culture chrétienne dans les formes de la rhétorique païenne. Avec son arrogance habituelle, il traita Érasme de bouffon et de vieill édenté, ce qui lui suscita bon nombre d'ennemis.
En 1536, au cours d'une rixe, il tua un peintre, Compaing, dans des circonstances jamais vraiment élucidées. Il fut gracié à l'issue de son procès.
En 1536-1538, il publia son Commentarius Linguae latinae, un dictionnaire qu'il préparait depuis son adolescence.
À cause de son mauvais caractère et de ses maladresses, il se brouilla avec Marot et Rabelais, qui avaient été d'abord ses amis.

L'ÉDITEUR LYONNAIS
En 1538, il reçut de François Ier le privilège de s'installer lui-même comme maître-imprimeur. Mais les autres imprimeurs virent son installation d'un mauvais œil, d'autant plus qu'il prit le parti des compagnons dans le conflit qui les opposait aux maîtres-imprimeurs (qu'il traitait volontiers d'ivrognes et de paresseux).
En quatre ans, son imprimerie rue Mercière (à l'enseigne de la Doloire) édita près de 90 ouvrages, dont une vingtaine d'ouvrages religieux. Un catéchisme en vers latins (Cato christianus) a été aussitôt interdit, ainsi que ses Carminum libri quatuor (parce qu'il y utilisait le terme fatum, qui limitait, disait-on, la toute-puissance de Dieu et qui laissait supposer une prédestination).

Jaurès : « C'est surtout pour avoir prêté ses presses d'imprimeur à toutes les œuvres libres que Dolet, haï des couvents, persécuté par le Parlement et la Sorbonne, abandonné enfin par le roi, fut conduit au supplice. Mais quelle vie surtout et quelle fièvre en ces imprimeries comme celles que Dolet dirigeait à Lyon ! C'était tout à la fois comme une grande maison d'édition et comme un grand journal de combat. Il en sortait des in-folio, où les chefs-d'œuvre des maîtres anciens, recensés sur les manuscrits les plus sûrs, avaient été soumis à une révision sévère. Il en sortait des pamphlets aigus comme des flèches qui allaient frapper au loin l'ignorance, la superstition, la moinerie, le fanatisme. Et les presses surmenées livraient aussi ces traductions de la Bible et de l'Évangile en langue moderne, qui étaient comme une première laïcisation du domaine intellectuel dont l'Église s'était réservé jusque là le monopole et l'administration. » (L'Humanité, dimanche 7 août 1904).

UNE PREMIÈRE ACCUSATION POUR HÉRÉSIE
En 1542, Dolet fut accusé d'hérésie et dut comparaître devant l'Inquisiteur général de la Foi, Mathieu Orry. On lui reprochait d'avoir modifié les termes du Credo dans son Cato christianus, d'avoir édité le Nouveau Testament en français, les Commentaires de Lefèvre ďEtaples sur les Évangiles, deux traités religieux d'Érasme, et d'avoir diffusé l'Institution chrétienne de Calvin. L'accusation ajoutait qu'il avait mangé de la viande en Carême et proclamé publiquement qu'il préférait le sermon à la messe. Ayant fait appel comme d'abus devant le Parlement de Paris, Dolet fut transféré de Roanne à Paris et il en appela au roi. Après quinze mois passés à la Conciergerie, il obtint ses lettres de rémission, grâce à l'appui de l'évêque de Tulle, Pierre Duchâtel. Il retourna à Lyon où il reprit ses activités.

UNE SECONDE ACCUSATION POUR HÉRÉSIE
Pour le perdre, ses concurrents lyonnais firent en sorte que l'on saisisse aux portes de Paris deux ballots emplis de livres hérétiques, ballots sur lesquels on avait mis sa marque d'imprimeur. Il fut donc à nouveau emprisonné en mai 1544. Grâce à une ruse, il réussit à s'évader et à passer en Piémont. Mais il eut alors l'imprudence de rentrer en Fance pour visiter sa famille et pour préparer sa défense : il publia à Troyes le Second Enfer, un recueil de lettres adressées au roi et à quelques puissants, destinées à le défendre contre ses accusateurs. Il fut finalement arrêté à Troyes, puis amené à Paris et emprisonné à la Conciergerie. 

DOLET CONDAMNÉ À MORT POUR HÉRÉSIE
Lors de son procès, on le jugea pour l'affaire des ballots de livres hérétiques, mais aussi pour la traduction qu'il avait donnée d'un passage de l'Axiochus, dialogue alors attribué à Platon : au lieu de traduire σὺ γὰρ οὐκ ἔσει "(car après la mort) tu ne seras plus", il avait traduit "tu ne seras plus rien du tout". Ces petits mots ajoutés lui furent imputés à péché d'hérésie (preuve qu'il ne croyait pas dans l'immortalité de l'âme). Étienne Dolet fut donc condamné à mort.
Le 3 août 1546, il fut amené sur la place Maubert, là où avaient été exécutés Antoine Augereau, imprimeur et libraire (en décembre 1534), et Pierre Chapot, correcteur d'imprimerie (juillet 1546). Il devait y être brûlé vif. Toutefois, pour n'avoir pas la langue coupée et pour être préalablement étranglé, il fallait faire amende honorable ; ce que fit Dolet, invoquant la Vierge et saint Étienne. Il fut donc pendu, puis son corps fut jeté sur le bûcher avec quelques-uns de ses livres.


LES IDÉES RELIGIEUSES DE DOLET
Il est difficile de déterminer quelles ont été les idées religieuses de Dolet. Dans l'épitaphe qu'il a rédigée pour son protecteur à Padoue Simon de Villeneuve, on trouve cette formule ambigue « Morte mortalis esse desii » (par la mort j'ai cessé d'être mortel), alors que, dans les conseils qu'il donne à son fils Claude, il écrit : « Il ne faut avoir foi à ceux qui disent l'âme et le corps tous deux mourir ensemble ».
À Padoue, il avait été en contact avec d'anciens élèves de Pietro Pomponazzi, qui y avait enseigné la philosophie d'Aristote selon lequel l'idée d'une âme immortelle est contraire à la raison (son Tractatus de immortalitate animae, imprimé en 1516,  avait été brûlé en place publique à Venise). Mais, dans une société dominée par l'Église, en particulier dans la ville de Toulouse, il n'était guère possible pour Dolet d'afficher son éventuelle incroyance et son refus des dogmes fondamentaux du christianisme. Et c'est peut-être pour « se couvrir » qu'il eut la prudence de répéter qu'il était un bon chrétien et qu'il n'adhérait en rien aux doctrines de Luther et de Calvin.
Ce qui est sûr, c'est qu'il ne supportait plus la bigoterie, les superstitions, les fausses reliques, l'intolérance et une inquisition permanente qui allait jusqu'à brûler vifs des êtres humains. Il ne supportait pas que des fanatiques lui interdisent de penser, de chercher sa propre vérité.
Peut-être lui est-il arriver de douter que l'âme fût immortelle, mais il croyait dans la force de l'esprit, dans la possibilité de survivre par la force de ses idées, lorsque celles-ci ont été diffusées dans des livres qu'il est vain de brûler, puisque sa pensée lui survivra. D'où ces paroles adressées à l'esprit humain dans son ultime poème, le « Cantique d'Estienne Dolet » :

Si sur la chair les mondains ont pouvoir,
Sur vous, esprit, riens ne peuvent avoir […]
Quant à la chair, il lui convient pourrir
Et, quant à vous, vous ne pouvez périr.

Jean-Pierre SUEUR : "Dolet croit sincèrement au message d'humanité, de fraternité, d'amour du genre humain qu'apporte la religion. Il déteste tout aussi sincèrement les cléricaux qui non seulement dévoient ce message, mais se servent de lui pour faire le contraire de ce dont il est l'expression. Il croit en la légitimité de la révolte contre ceux qui oppressent et oppriment au nom de la religion. Il croit en la force de l'esprit. Il déteste donc le dogmatisme. Il ne peut accepter que la religion ait pour corollaire l'interdiction de penser. […] Il a très fréquemment marqué son accord avec les principes et les valeurs de la religion – ou à tout le moins son respect pour ceux-ci – tout en pourfendant les utilisations indues qui en sont faites." (Jean-Pierre Sueur, préface à Jean Jaurès, Le martyre d'un libre-penseur, Étienne Dolet, éd. La guêpine, 2019, p. 41-42).


DOLET ET LA LIBRE PENSÉE
Ce que la postérité a retenu surtout, c'est le refus de Dolet d'accepter tout ce qui était manifestement en contradiction avec l'esprit initial du christianisme, dans l'Église catholique ou même dans le calvinisme. S'affranchissant des dogmes imposés, il voulait avoir le droit de douter, de soumettre les idées à un libre examen.
C'est pourquoi Dolet a été choisi comme modèle lorsque les premières associations de « libres penseurs » ont été créés en France en 1848, avant de se développer sous le Second Empire. Mais c'est surtout à partir de l'arrivée au pouvoir des Républicains que ces sociétés se sont multipliées et ont eu une influence sur la laïcisation de l'État et de la société française (avec la loi de séparation de l'Église et de l'État de 1905). Victor Hugo, Anatole France, Aristide Briand, Edouard Herriot ont apporté leur soutien à cette revendication d'une pensée libre
Voir Jacqueline Lalouette, La Libre Pensée en France : 1848-1940, Albin Michel, 2001.

Après de nombreuses polémiques, une statue d'Étienne Dolet, "martyr de la libre-pensée", a été érigée en 1889 à Paris place Maubert; à son propos, André Breton a écrit, dans Nadja : "La statue d'Étienne Dolet, place Maubert, m'a toujours tout ensemble attiré et causé un insupportable malaise". En 1933, Orléans eut aussi sa statue dans le jardin de l'hôtel Groslot. Le bronze de l'une et l'autre été récupéré en 1942. À Orléans, il ne reste qu'un modeste buste en pierre avec cette inscription : "Étienne Dolet, 1509-1546, né à Orléans, martyr de la pensée".


EXTRAIT D'UN DISCOURS FAIT PAR DOLET À TOULOUSE
Dans le second discours qu'il a fait à Toulouse, Dolet assure n'avoir aucune sympathie pour les thèses de Luther ; très critique à l'égard des superstitions ridicules, il assure qu'il reste fidèle aux commandements du Christ, avec toutefois une certaine indépendance d'esprit. (éd. 1534, p. 54, 55, 57).

Quae de Christianae reipublicae statu noua ignotaque Lutherus iampridem adduxit graui passim ardere inuidia eoque loci esse ut turbulentis tantum scelesteque curiosis quibusdam ingeniis approbari putentur neminem vestrum fugit.

Il n'échappe à aucun d'entre vous que ces changements jusque là inconnus que Luther apporta récemment à la stabilité de la République chrétienne s'inspirent de tous côtés d'une grande malveillance, et que les choses en sont maintenant au point où on ne les considère approuvés que par des esprits troublés dotés d'une curiosité criminelle.

Compertum etiam et certum habetis, quo quisque sensu acrior et doctrina ornatior politiorque censeatur, eo vehementius confestim apud praua mente homines in Lutheranae haeresis suspitionem uenire, et in illius communis erroris crimen inuidiamque uocari.

Vous savez aussi sans l'ombre d'un doute que, dans la mesure où l'on est considéré comme plus intelligent et pourvu d'une éducation supérieure, on est d'emblée soupçonné d'autant plus sévèrement de l'hérésie luthérienne par ceux qui ont l'esprit faussé, et que l'on se trouve ainsi exposé au blâme et à la censure de cette aberration si commune.

Quam ansam infiniti sui in doctos studiosorumque nationem odii profundundi nactae Tholosanae furiae, quos eruditionis ingeniique commendatione illustres, pessundare non omnino contenderunt ? Quis ab illis latum de salute docti cuiuspiam suffragium intellexit ?

Utilisant ce prétexte pour alors laisser libre cours à leur haine infinie des savants et de l'association d'étudiants, les furies toulousaines ne se sont-elles pas entièrement consacrées à la destruction de ceux qui sont illustres pour l'excellence de leur savoir et de leur caractère ? Qui les a jamais vues accorder leur suffrage au bien être de qui que ce soit de docte ?

Videor ad hanc meam vocem urbis huius calumniatores frendentes et perniciose iam de me cogitantes cernere. Videor atrocissimas illorum minas exaudire. Videor de meo exilio quaestionem decernentes intueri. Videor meum ab illis nomen inter Lutheranos relatum spectare. Horum calumniae stipulatorem et subscriptorem se futurum conuiciator noster annuit.

En parlant de la sorte, il me semble voir les diffamateurs de cette ville grincer des dents et déjà songer aux moyens d'ourdir ma ruine; il me semble entendre leurs menaces les plus atroces; il me semble les regarder intenter une accusation contre moi afin d'obtenir mon exil. Il me semble les voir compter mon nom parmi les luthériens, et notre diffamateur se promet d'appuyer et de seconder leurs calomnies.

Qui ne uel puncto quidem temporis ista uoluptate fruatur […] hoc uos loco uehementer rogo atque obsecro : sic uobis de me persuadete nihil me minus quam iniquam et impiam haereticorum pertinaciam sequi, nihil me acerbius ac peius isto quorundam nouarum disciplinarum studio cupiditateque odisse, nihil apud me omni ex parte damnatius.

De peur donc que même pour un instant il ne jouisse de ce plaisir, […] je vous demande, je vous implore avec véhémence de m'entendre maintenant : persuadez-vous que je ne n'adhère en rien moins qu'à l'entêtement inique et impie des hérétiques, qu'il n'y a rien que je déteste plus âprement et plus sincèrement que ce zèle et cette avidité pour les nouvelles doctrines que l'on trouve chez certains, et que rien, absolument rien, n'est plus condamnable à mes yeux.

Nempe ita ego sum ut multis iam seculis inductam, et quasi per manus nobis a sanctissimis religiosissimisque persuasionis nostrae heroibus traditam, atque iure moreque maiorum ad hunc usque diem usurpatam, et receptam sacrorum rituum institutionem : eam unam, praeterea nullam, obseruem et colam : non nouam minimeque necessariam temere utique probem, quaeque optima sint et plane Christiana, mihi mirandum in modum placeant. […]

Le fait est que je suis de ceux pour qui la doctrine déjà introduite il y a de nombreux siècles , et qui nous a été pour ainsi dire transmise de main en main par les plus saints et les plus pieux héros de notre croyance, qui a été pratiquée jusqu'à aujourd'hui selon la loi et la coutume de nos aïeux , et consacrée selon les rites sacrés – je suis de ceux, dis-je, qui cultivent et observent cette seule doctrine à l'exclusion de toute autre, et qui n'approuvent pas de façon irréfléchie une doctrine nouvelle et aucunement nécessaire. Tout ce qu'il y de plus élevé et de nettement chrétien, voilà ce qui me plaît de façon étonnante. […]

 

 

Opus hic mihi est grauissimis uestris uerissimisque testimoniis, nec mihi non libenter assentiemini, id si animo infixum tenetis, Tholosam prope adhuc Christiani cultus rudem, et ridiculis Turcarum superstitionibus addictam.

Il me faut ici votre témoignage le plus sérieux et le plus sincère, et vous ne  me l'accorderez pas à contre-cœur si vous concentrez votre attention sur le fait que Toulouse, jusqu'ici, vit quasiment dans l'ignorance de toute pratique chrétienne, et se voue aux ridicules superstitions des Turcs.

Quo enim certe pertinet, ad diui Georgii festum, templum admissis equis, repetito nouies cursu in singulos obire uotaque solemnia pro equorum salutate nuncupare ? Quo pertinet crucem in Garumnam flumen stata die prolueret uelut Eridani Danubiique aut Nili alicuius uel patris Oceani caput demulcentes ? et cum fluuii lymphis tum de leni aequebilique fluxu, tum de aquarum non exuperanti incremento paciscentes ? Quo pertinet in aestiua siccitate, et deficientis pluuiae desiderio, statuarum quarundam cariosos truncos a pueris passim per urbem circumferri et tanquam Orioni diisque quibus pluuiae potestatem poetarum fabulae assignant, uerba uoce praeeuntibus sacrificulis litari ?

Certes, de quoi d'autre s'agit-il lorsque, à la fête de saint Georges, on introduit chaque année des chevaux dans l'église, et qu'on fait le tour du bâtiment neuf fois, pendant que l'on prononce des prières solennelles pour leur santé ? De quoi d'autre s'agit-il lorsqu'au jour désigné, on baigne une croix dans la Garonne, comme si l'on caressait le front d'un Eridan, d'un Danube ou d'un Nil, ou même du père Océan lui-même, pour obtenir que les eaux coulent de façon douce et régulière, ou qu'elle ne sortent pas de leur lit ? De quoi d'autre s'agit-il lorsque, pendant la sécheresse en été, quand on appelle la pluie qui ne vient pas, les troncs pourris de certaines statues sont transportés à travers la ville par des garçons, pendant que des prêtres sacrificateurs marchent au devant en chantant des prières propitiatoires, comme s'ils s'adressaient à Orion et aux dieux, à qui les fables des poètes attribuent le don de faire tomber la pluie?

Non tot uana ridiculaque excogitauit quondam barbarae gentis credulitas, nec tanta est poeticorum commentorum aut ineptiarum copia, quot Tholosae cum superuacanearum superstitionum, tum damnatae religionis documenta praeberi, hic si sis cernas, uel absens omnium nuntiis sermoneque audias.
Audet tamen, et audet urbs Christi fidem tam male atque perperam docta, Christiani cultus leges omnibus praescribere, omnia ad imperium nutumque suum reuocare, et qui ad Christi mandata paulo se solutius liberiusque componat, uti a fidei integritate sinceritateque desciscentem haeretici nomine suggillare.

La superstition des barbares de jadis n'a rien inventé d'aussi ridicule, d'aussi totalement dépourvu de sens ! Et il n'existe pas autant de fictions et d'absurdités poétiques qu'il y a d'exemples de superstitions extravagantes et de religion corrompue ici à Toulouse – exemples que l'on peut voir si l'on vit ici ou dont on entend parler tout le monde lorsqu'on vit ailleurs.
Et pourtant elle ose – cette ville si mal et si faussement instruite dans la foi du Christ – elle ose prescrire pour toutes les lois de la pratique chrétienne, et tout ramener sous son autorité et son commandement. Elle ose imprimer, comme une meurtrissure, le nom d'hérétique sur celui qui s'attache aux commandements du Christ avec un peu plus d'indépendance ou de liberté, tout comme s'il avait renoncé à l'intégrité et à la pureté de la foi.


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