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Edmond CORDIER

(1743-1826)


Né à Orléans, Edmond Cordier avait embrassé l'état ecclésiastique ; mais, n'ayant pu obtenir de bénéfice, il vint à Paris, vivant modestement de ses publications.

Il commença à écrire pour le théâtre, donnant en 1762 au Théâtre-Français une tragédie Zarucma, qui n'eut que trois représentations. Il revint au théâtre trente ans plus tard en donnant, sous le pseudonyme de Saint-Firmin, trois comédies en un acte et en prose : La jeune Esclave ou les Français à Tunis (1793), Le Mariage par les petites affiches (1797), Le galant Savetier (1798).

L'abbé Edmond Cordier de Saint-Firmin a été membre et secrétaire de la loge maçonnique des Neuf-Sœurs.

Dans L'Abeille française, en 1797, il rassembla des articles de philosophie et de morale de divers auteurs, destinés à la jeunesse et à l'adolescence. En tête de la seconde édition, il écrit :

"Quelque puissante et quelque florissante que soit une Nation, son temps de prospérité se change bientôt en des jours de deuil dès que la morale y est pervertie. Devions-nous nous attendre que la France en fournirait la triste expérience dans le dix-huitieme siècle ? On peut détourner le flambeau de la raison, mais on ne parviendra point à l'éteindre. Il n'en faut qu'une étincelle pour communiquer sa chaleur bienfaisante ! La raison a dessillé les yeux du meilleur des peuples, égaré par des brigands : c'est elle qui rappelle le Français aux principes dont dépend la tranquillité des États : publions-les donc ces principes ; qu'aucun de nos concitoyens ne puisse les ignorer ; ils serviront à réparer nos désordres. Jeunesse Française, instruite à l'école du malheur, le plus grand des maîtres, vous soupirez sans doute après le rétablissement de l'harmonie nécessaire pour resserrer les liens de la société, rompus par des êtres immoraux ? En alliant l'heureux accord des vertus avec le bon usage des talents, il vous sera glorieux d'avoir concouru à la régénération de votre patrie. Quel guide plus sûr à vous offrir que la réunion des lumières répandues dans les ouvrages que nous laissèrent des hommes qui nous transmirent les fruits de leurs veilles. J'espère que vous agréerez favorablement la deuxième édition de l'Abeille Française. C'est une collection de sentiments que manifestèrent des Écrivains qui rendaient hommage aux vérités établies pour la félicité des Empires."

Il est revenu sur ce thème dans un article La France ne sera sauvée que sous l'empire des bonnes mœurs 8 p. (gallica)

"Un homme éprouvé par l'adversité ne se montre jamais plus grand dans le malheur que lorsqu'il sait en tirer d'utiles leçons pour échapper au sort dont il paraissait menacé. Loin de désespérer du salut de la France, c'est du sein des calamités que le peuple français peut laisser au monde l'exemple de l'énergie qu'inspire le désir de sauver sa patrie. Il ne nous suffit pas de vouer à l'exécration de la postérité une doctrine désorganisatrice qui n'a servi qu'à engendrer des crimes jusqu'alors inconnus dans nos annales, il faut enlever à la perversité les nouvelles victimes qu'elle voudrait encore trouver parmi nous.
La jeunesse française a devant elle les ravages de l'immoralité. Des veuves inconsolables de la perte de leurs époux péris sous le fer des assassins, les gémissements des orphelins qui ont vu les auteurs de leurs jours égorgés par des brigands, l'asile d'une infinité de citoyens paisibles réduit en cendres ; en un mot, nos campagnes,comme nos villes, dévastées par des scélérats restés impunis ; quel avertissement pour la jeunesse française, d'abhorrer ces sophismes abominables auxquels nous avons à imputer tous les attentats commis sous nos yeux !
Les instigateurs des troubles de la France auraient-ils osé espérer sa subversion si l'on n'eût commencé par démoraliser les complices de leurs forfaits ? Il n'y avait que des êtres entièrement dépravés qui pussent se rallier sous les bannières d'une horde de factieux, couverts d'opprobres et flétris avec raison dans l'opinion publique. Leur règne, qui n'a été que le règne de la terreur, est du ressort de l'histoire : c'est elle qui transmettra aux siècles les plus reculés le tableau effrayant d'une nation livrée aux destructeurs des liens les plus sacrés de la société. Quelle époque orageuse que celle du débordement de tous les vices ! À quelles tristes épreuves n'avons-nous pas été réduits dans le chaos affreux du bouleversement de l'ordre social ? Le triomphe de la vertu mettra seul un terme à nos alarmes. Servons de modèles à la jeunesse française : sauvons notre patrie.
La France ne sera sauvée que sous l'empire des bonnes mœurs ; elle ne sera sauvée qu'en opposant à la licence et aux vices, qui tendent à tout détruire, des lois et des vertus qui tendent à y rétablir l'ordre et à étouffer tous les germes de division entre les citoyens. […]"

Lui-même multiplia les publications destinées à inspirer de "bons sentiments" à la jeunesse française:
Il n'est pas aisé de se défaire de ses préjugés (1800) 32 p.
Il vaut bien mieux prévenir le mal que d'être réduit à le punir : observations sur l'éducation de la jeunesse française et sur le vice de l'organisation financière de l'Université impériale (1814) 36 p. (gallica)
La Science est bien chèrement achetée quand c'est aux dépens des bonnes moeurs. (1816) 29 p.
Pensées sur Dieu, sur l'immortalité de l'âme et sur la religion (1802) 60 p.
Préparation à l'étude de la mythologie (1810).
Trésor de l'amour filial, ou Répertoire de Gustave (1816) 332 p.

Il est également l'auteur de Recherches historiques sur les obstacles qu'on eut à surmonter pour épurer la langue française, publié dans "La Philologie française au temps jadis", p. 55 à 70. (books google)


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