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JEAN BORDE


En 1711 paraît L'Amour vainqueur de la Haine, histoire espagnole, à Orléans, chez Jean Borde, libraire, rue Saint-Catherine au coin de la rue Neuve, avec une dédicace signée par Jean Borde « à Son Altesse royale Madame la duchesse d'Orléans », Elisabeth Charlotte de Bavière (1652-1722), princesse Palatine, qu'il remercie du soin qu'elle a pris de son épouse dès sa tendre jeunesse et à laquelle il présente « les prémices de [son] établissement ».

En 1712 l'ouvrage reparaît, avec la même dédicace signée Jean Borde, à Paris chez Denis Mouchet, Grand'Salle du Palais, à la Justice ; les lettres de privilège ne sont accordées que pour la Ville d'Orléans, les imprimeurs-libraires de cette ville étant seuls autorisés à imprimer l'ouvrage.

Il est probable que ce Jean Borde soit l'auteur du roman. C'est l'hypothèse faite dans une étude parue en 1885 : « L'Université d'Orléans et la typographie » (Mémoires de la Société archéologique et historique de l'Orléanais, t. XX, 1885). Dans l'étude de la famille Borde, aux XVIIe-XVIIIe siècles (p. 61-63), l'auteur de la notice considère que Jean III Borde était l'auteur de l'Histoire espagnole.

G. Dandurand, qui mentionne l'Histoire espagnole dans Écrire en Orléanais au XVIIIe siècle (Académie d'Orléans, L'Harmattan, 2007), écrit, sans citer sa source, qu'un libraire « Jean Borde » avait été condamné pour commerce de livres interdits et était mort à la Bastille en novembre 1710, sa veuve, après cette date, ayant repris la librairie-imprimerie orléanaise. Dans ce cas L'Amour vainqueur de la Haine aurait été publié un an après sa mort.

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L'Histoire espagnole de Jean Borde s'inscrivait dans une tradition. En effet l'histoire des Maures de Grenade et le conflit entre Zégris et Abencérages avaient été la source de nombreuses oeuvres littéraires. On peut citer :
– Jorge de Montemajor, Los siete libros de la Diana (1559), qui contenaient une nouvelle racontant l'histoire des Abencérages.
– Perez de Hita, Guerres civiles de Grenade, (Historia de los Vandos de los Zégris y Abencerrages, Saragosse, 1595), traduction parue à Paris en 1608.
– Madeleine de Scudéry, Almahide ou l'esclave reine (1663).
– John Dryden, The Conquest of Granada or Almanzor and Almahide, tradédie (1670), sur la lutte entre Abencérages et Zégris et la conquête du royaume de Grenade par Ferdinand et Isabelle ?
– Mme de La Fayette,  Zaïde histoire espagnole (1671) Dans l'Espagne au IXe siècle, les amours de Consalve, fils du comte de Castille Nugnez Fernando, et de Zaïde, fille de Zulema, un prince musulman converti au catholicisme.
– Mme de Villedieu, Les Galanteries grenadines (1673), que Micheline Cuénin résume ainsi dans sa thèse (Madame de Villedieu, 1976, 2e partie, chap. V, p. 221)

« Grenade, déchirée de rivalités inexpiables, s'abandonne néanmoins aux fêtes et intrigues amoureuses. Les Zégris, qui détiennent le pouvoir, insinuent au jeune roi Boabdil que son épouse Moraysèle reçoit les hommages de l'Abencérage Abenhamet. Cette accusation entraîne la mort du prétendu coupable et de trente-six Abencérages, tandis que la reine, inculpée, doit trouver quatre chevaliers pour défendre son innocence et sa vie. Elle fait appel, par nécessité, au gouverneur de Carthagène. Malgré des obstacles qui retardent sa venue et accroissent la tension dramatique, les quatre Espagnols, qui avaient dû se déguiser en Turcs pour pouvoir pénétrer dans la ville paraissent enfin, et lavent l'injure dans le sang des Zégris. Cependant la guerre civile s'allume dans la ville et la campagne ; bientôt s'effondre la noble cité, sur laquelle les rois catholiques triomphants jettent un œil orgueilleux. »

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On trouve l'Histoire espagnole dans les books Google à l'adresse :
https://books.google.fr/books/about/L_AMOUR_VAINQUEUR_DE_LA_HAINE.html?id=_xPR1ZKm_XsC&redir_esc=y


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