Marie-Anne Barbier
LA MORT DE CÉSAR
tragédie
RÉSUMÉ :
LES PERSONNAGES
CÉSAR
Dans sa jeunesse, César vécut au milieu des luttes entre les partisans de Marius (les populares) et ceux de Sylla ; ses relations famililales le plaçaient alors parmi les populares.
Vers l'âge de 50 ans, il dut affronter l'hostilité de Pompée, qu'il a vaincu en Thessalie, à Pharsale
Le 14 février -44, le Sénat vient de lui conférer la dictature perpétuelle. Son pouvoir sera désormais sans limite, même l'intercessio des tribuns ne pouvant s'exercer sur son imperium. Mais on craint une réaction du peuple qui se méfie de la dictature et de la monarchie.
Pour faire accepter César, on se servait d'une prophétie contenue dans les Livres sibyllins qui disait que seul un roi pouvait vaincre les Parthes. Suétone, César, 79 : « On ajoutait qu'à la première assemblée du sénat, le quindécemvir Lucius Cotta devait proposer de donner à César le nom de roi, puisqu'il était écrit dans les livres Sibyllins que les Parthes ne pouvaient être vaincus que par un roi. » Plutarque, 66 : « Ceux qui voulaient l'élever à la royauté semaient dans le public que, d'après un oracle des livres sibyllins, les Parthes ne seraient soumis par les armées romaines que lorsqu'elles seraient commandées par un roi; que sans cela elles n'entreraient jamais dans leur pays. »
CALPURNIE
Calpurnia Pisonis, fille de l'homme politique Pison Caesoninus, avait épousé, en -59, Jules César en quatrième noces. Elle pressentait que la vie de César était menacée, asssitait en rêve à son assassinat, craintes que corroborait une prophétie de l'haruspice étrusque Titus Vestricius Spurinna qui disait que César devait se méfier des Ides de Mars.
OCTAVIE
Atia Balba Caesonia, nièce de César, avait eu deux enfants, Octavie et Octave (Octavia Thurina Minor née en -69 et Caius Octavius, le futur empereur Auguste (né en -63).
Octavia, nièce de César, avait été mariée avec Claius Claudius Marcellus Minor. En -54, César voulut qu'elle divorce afin qu'elle puisse se marier avec Pompée, qui venait de perdre son épouse Julia (fille de Jules César) ; mais Pompée avait décliné cette proposition. Alors César songea à lui donner Brutus comme époux.
ANTOINE
Marcus Antonius (-83/-30) a rejoint Jules César en -52 et a combattu au siège d'Alésia. Il a participé ensuite à la guerre civile contre Pompée, s'illustrant notamment en défendant la cause de César, en tant que tribun de la plèbe en -49 et militairement lors de la victoire à Pharsale l'année suivante. Lors des campagnes de César en -48/47, il a été nommé maître de cavalerie et s'est occupé de l'administration de l'Italie et de Rome en l'absence du dictateur. Grâce à l'appui de César, il devint consul pour l'année 44 av. J.-C.
BRUTUS
Marcus Junius Brutus Cæpio (-85/-42) était fils de Servilia Caepionis et de Marcus Junius Brutus. Il prétendait descendre de Lucius Junius Brutus qui, en -509, après le viol de Lucrèce, renversa le dernier roi de Rome, Tarquin le Superbe, et, de ce fait, fonda la République romaine. Lorsque la république agonisante était l'objet d'une lutte entre César et le Sénat sous la protection de Pompée, Brutus suivit le parti de Pompée (bien que Pompée ait fait exécuter son père lorsque Brutus était enfant), pensant que c'était dans ce parti qu'il serait le plus utile à Rome. Il combattit contre César à la bataille de Pharsale (-48). Choisissant d'oublier cet épisode, César, qui, d'après Plutarque, le considérait comme son propre fils, l'appela auprès de lui après sa victoire et le combla de faveurs. Il lui fit gravir les échelons du cursus honorum traditionnel : il fut nommé gouverneur de Gaule cisalpine pour -46/-45, puis, grâce à César, préteur urbain pour l'année -44, (préféré alors à son concurrent, Caius Cassius Longinus, qui fut nommé préteur pérégrin). Ces faveurs ne l'empêchèrent pas de garder ses idéaux républicains et César se méfiait de lui.
En -44, il venait de divorcer et allait épouser une ennemie de César, Porcie, la fille de Caton d'Utique, la veuve de Marcus Calpurnius Bibulus, qui fut commandant de la flotte de Pompée.
LA TRAGÉDIE
Nous sommes le 15 mars -44 (les Ides de Mars). César, dont le projet était de faire à nouveau campagne contre les Parthes, sait que les présages sont défavorables. D'autre part, alors que ce même jour, au Sénat, il doit être proclamé dictateur, il est en proie au doute, car il craint que les Romains n'acceptent pas un retour à la monarchie. Il a l'appui du nouveau consul, Antoine. Mais le préteur Brutus, qu'il a pourtant aidé dans sa carrière politique, reste pour lui un ennemi qu'il redoute. Et c'est avec raison que son épouse Calpurnie s'angoisse, d'autant plus qu'un oracle recueilli à Préneste dans le sanctuaire de la déesse Fortuna Primigenia avertit que César doit tout craindre de ses meilleurs amis en ce jour des Ides.
M.-A. Barbier a fondé sa tragédie sur des intrigues amoureuses. Antoine aime Octavie, la nièce de César, et il en est aimé (mais César ne le sait pas). Porcie, la fille de Caton d'Utique, a été promise par son père à Brutus et elle l'aime, car Brutus, par tradition familiale, n'a que haine pour les tyrans.
César, pour tester Brutus, lui propose Octavie comme épouse. Et, comme preuve de la réconciliation entre les camps ennemis, il propose à son ami Antoine d'épouser Porcie. Brutus, feint d'accepter, alors qu'il aime toujours Porcie. Porcie, elle, refuse d'épouser Antoine et, croyant que Brutus infidèle est passé du côté de César, elle annonce qu'elle va se substituer à lui dans la conjuration contre César. Antoine s'indigne d'être si mal récompensé de ses bienfaits pour César et annonce qu'il entrera en opposition si César ne cède pas. Octavie, elle, accepte d'obéir à César et d'épouser Brutus.
Brutus, devant la réaction de Porcie, est contraint de lui révéler qu'une conjuration, dont il fait partie, vise à assassiner César le jour même en pein Sénat. Alors Porcie, convaincue, accepte de feindre de la haine pour Brutus. Alors que Brutus feint de faire allégeance à César, Octavie le prévient qu'il faut tout craindre de ce Brutus qui est tout à faite capable de trahir.
Antoine, lui, avoue à César son amour pour Octavie et lui reproche de lui préférer Brutus. Mais César ne cède pas. Furieux, Antoine songe à soulever l'armée contre le tyran. César, qui en est informé, ne veut toutefois pas sévir contre son ami.
César connaît désormais l'oracle de Préneste révèlant qu'il sera assassiné, aux Ides de mars, par ses « plus chers amis ». Mais il espère convaincre Brutus et Antoine qu'il n'a nul dessein de devenir dictateur. Lorsqu'il leur dit qu'il sait très bien qu'ils conspirent contre lui, tous deux protestent : Antoine rappelle tout ce que César lui doit et Brutus affirme qu'il a toujours été loyal envers lui.
Alors César renonce et se résigne à mourir sous leurs coups. Il rend Octavie à Antoine et Porcie à Brutus, qu'il appelle son fils.
Devant tant de générosité Brutus renonce. Par un billet anonyme, il informe César que des conjurés projettent de l'assassiner dans le sénat, pensant que César décidera de ne pas s'y rendre
Antoine, au contraire, le pousse à aller au sénat et César accepte, pensant que le seul Brutus était à craindre.
Brutus ne sait plus que faire, mais Porcie, finalement, le persuade d'éliminer le tyran.
Au sénat, César, poussé par Antoine, accepte le diadème, signe de son pouvoir absolu, suscitant par là la colère des sénateurs et la rage des conjurés. Brutus a choisi : il frappe lui aussi celui qui venait de lui donner le nom de fils. Voyant cela, César renonce à se défendre.
Antoine, se sentant responsable de la mort de celui qu'il admire, jure qu'il les perdra tous.