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MARIE-ANNE BARBIER

(1664-1744)


 

Marie-Anne Barbier, baptisée à Orléans le 21 janvier 1664, est issue d'un milieu d'artisans et de bourgeois. Son père était Jacques Barbier, maître artillier puis commissaire provincial d'artillerie, et sa mère Marie Sinson, dont la famille appartenait à la bourgeoisie d'offices. Les Barbier ont quitté Orléans pour Paris dans les années 1670.

Dès la fin du XVIIe siècle, Marie-Anne Barbier fréquentait le salon de Marie-Anne Mancini et ses premiers essais littéraires ont été encouragés par le poète Martin de Baraton et par le dramaturge Edme Boursault.

Celui-ci l'a introduite auprès des Comédiens français, auxquels elle donna quatre tragédies : Arrie et Petus (1702), Cornélie (1703), Tomyris (1707) et La Mort de César (1709). Très vite accusée de n'être que le prête-nom de l'abbé Simon-Joseph Pellegrin, elle se défendit avec force contre ceux qui refusaient l'idée qu'une femme puisse être douée d'un véritable talent littéraire. Elle écrit dans la préface d'Arrie et Petus :

"À l'égard du reste, on l'a trouvé assez bon, et peut-être meilleur que je n'aurais dû le souhaiter, puisque certaines gens en ont pris occasion de dire qu'une femme n'était pas capable de si bien réussir. En vérité je ne me serais jamais imaginé que ce qui a plu dans mon ouvrage eût dû me nuire, ni qu'on refusât aux personnes de notre sexe le mérite de produire de bonnes choses. Je sais bien qu'on ne pouvait mieux louer ma pièce qu'en la trouvant au-dessus de la portée d'une femme, et que cela doit flatter ma vanité. Cependant j'avoue que je n'ai pas été insensible à cette injustice, et que je n'ai pu voir sans un peu de dépit qu'on ait voulu me ravir le fruit le plus précieux de mon travail. À la vérité, je ne doute point que le peu de capacité que les hommes accordent aux femmes avait donné lieu au bruit que quelques-uns ont affecté de répandre. Cependant, sans chercher des exemples dans l'Antiquité, notre siècle a fourni assez de dames savantes pour détruire cette prévention, et je pourrais en citer une infinité pour autoriser ce que j'avance."
Et elle cite parmi les femmes de lettres : Madeleine de Scudéry, la comtesse de la Suze, Antoinette Des Houlières et sa fille. Et elle inscrit son œuvre dramatique dans la continuité de celle de Catherine Bernard, première dramaturge féminine dont les tragédies ont été jouées à la Comédie française.

Elle mena ensuite une activité mondaine intense : elle devint une habituée du salon de la peintre Élisabeth-Sophie Chéron et chercha l'appui de l'abbé Bignon, bibliothécaire du roi et rédacteur du Journal des savants.

Changeant de genre, elle publia en 1713, sous le titre Le Théâtre de l'amour et de la fortune, un recueil de trois nouvelles (Les Prodiges du destin, Les trois épreuves, La force des premières inclinations] inspirées des Sucessos y prodigios de amor de Juan Pérez de Montalván (1624).

En 1714, elle lança un périodique intitulé les Saisons littéraires :

A madame la Comtesse de **, Ode à Monsieur l'abbé Bignon, Ode sur la Justice à Monsieur D'Argenson, conseiller d'État, Ode sur la Beauté, Ode sur la Sagesse, Apothéose d'Uranie, Eglogue avec Amarillis, Sylvie et Tyrcis, une longue Dissertation critique sur la tragédie d'Ino et Mélicerte de M. de La Grange-Chancel et une nouvelle L'Ingratitude punie.

En 1716 et 1718, elle produisit deux livrets d'opéra qui ont été de grands succès : Les Fêtes d'été, ballet en musique représenté à l'Opéra pendant plusieurs mois, puis Le Jugement de Pâris, pastorale héroïque qui donna lieu à de nombreuses parodies et reprises.

En 1719, elle collabora avec l'abbé Pellegrin pour le livret des Plaisirs de la campagne, un opéra-ballet reésenté à l'Académie royale de musique.

En 1719, elle donna une comédie, Le Faucon.

Après 1722, Marie-Anne Barbier cessa de publier, mais continua à écrire, comme l'attestent deux comédies en prose, L'Inconstant et La Capricieuse, qui resteront à l'état de manuscrits.

Elle mourut âgée d'environ 80 ans.

On connaît des traductions en néerlandais, en allemand, en italien et en russe de certaines de ses œuvres.


Signature de Marie-Anne Barbier sur un billet rédigé par Le Comte,
sociétaire et trésorier de la Comédie-Française, (20 novembre 1703)
[conservé à la Bibliothèque-Musée de la Comédie-Française]

Voir : https://fr.wikipedia.org/wiki/Marie-Anne_Barbier


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