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L'INACCESSIBLE DEMEURE DES DIVINITÉS DES EAUX GRÉCO-ROMAINES

 

Téthys, Nérée, Doris, Triton, Protée, Glaucus, les Sirènes, Saron, Mélicerte, Phorkys, les 50 Néréides, les 3000 Océanides, et bien entendu Poséidon-Neptune et Amphitrite : dans le panthéon gréco-romain les divinités des eaux sont particulièrement nombreuses ! À quelques rares exceptions près (1), toutes sont anthropomorphisées et toutes habitent, selon les mythographes, dans des antres ou des grottes, au fond des mers ou des fleuves : Thétis par exemple, la Néréide (2) mère d'Achille, "demeure au fond des abîmes marins" (3), et c'est au creux des cavernes de Phorkys que Poséidon s'unit à la nymphe Thoossa qui deviendra la mère du cyclope Polyphème (4).

Ce sont justement ces mystérieuses résidences où des nymphes nagent en apesanteur au milieu des eaux claires que nous voudrions visiter, mais l'exploration sous-marine sera sans surprise et nos filets ne ramèneront finalement que peu de choses. Ces demeures de rêve sont en effet plus rêvées que décrites et nous restent pratiquement inaccessibles.

On remarquera tout d'abord que les divinités des eaux préfèrent la surface à la profondeur de la mer ou des fleuves. C'est, par exemple, en naviguant que Pélée rencontre Thétis, sortie de l'eau avec ses sœurs pour admirer les Argonautes, et en tombe amoureux (5) et c'est doucement bercée par les flots que Galatée s'abandonne aux bras d'Acis (6).

Chez Homère, Poséidon, "ébranleur du sol", apparaît parfois au sommet des montagnes, la plus haute cime de Samos de Thrace dans l'Iliade (7), le mont Solyme dans l'Odyssée (8). Dieu de la mer, il se déplace en char sur les eaux. Neptune de même, dans l'Énéide, apaise la tempête qui bousculait Énée, puis s'éloigne sur son char (9); quittant Vénus, qui vient d'obtenir sa protection pour les Troyens en fuite, il procède même à l'attelage avant de se mettre, si l'on peut dire, en route avec toute son escorte : "le père des eaux attelle ses chevaux à son joug d'or, met à leur bouche des freins écumants et leur lâche toutes les rênes. Le char couleur de mer effleure d'un vol léger la crête des vagues. Les flots s'inclinent et sous le grondement de l'essieu leur surface gontfée s'aplanit; les nuages s'enfuient du vaste éther" (10). Sur son char, on le voit, Neptune vole à la surface et même au-dessus des flots apaisés qu'il ne fait qu'effleurer; quant à Poséidon. il ne touche même pas les eaux : "il [Poséidon] attelle à son char deux coursiers aux pieds de bronze et au vol prompt, dont le front porte une crinière d'or. Lui-même se vêt d'or, prend en main un fouet d'or façonné, puis, montant sur son char, pousse vers les flots... La mer en liesse lui ouvre le passage ; le char s'envole, à toute allure, sans que, même par dessous, se mouille l'essieu de bronze..." (11)

Cette étonnante circulation concerne aussi les divinités secondaires : Téthys, mère des Océanides, se déplace sur une conque d'une blancheur d'ivoire nacré, traînée par des chevaux marins blancs. Plus sportives et plus jeunes sans doute, les Néréides circulent à cheval sur des hippocampes ou des dauphins. En fait, à la différence des nymphes, les grands dieux marins n'aiment pas l'eau : ils n'apparaissent qu'à la surface, ne nagent pas, ne plongent pas, ne se mouillent jamais !

Neptune pourtant séjourne bien sous les eaux, puisque on le voit, au début de l'Énéide, s'inquiéter de la tempête qui bouleverse la mer et dresser sa tête au-dessus des ondes (12). Si Virgile ne nous dit pas où habite le dieu, Homère, dans l'Odyssée, situe dans un lieu dit Eges ou Egées (13) le palais de Poséidon: ayant en effet jeté Ulysse dans la tourmente, le dieu s'en va "vers Egées et son temple fameux" (14). Dans l'Iliade, ce palais est mentionné avec plus de précision: on y voit Poséidon arriver à Eges "où un palais illustre lui a été construit dans l'abîme marin, étincelant d'or, éternel" (15) et l'on peut comprendre qu'il dispose, en guise d'écurie, d' "une vaste grotte au plus profond des champs marins, entre Ténédos et Imbros la Rocheuse" (16). Si la grotte est située par le poète lui même, les mythographes placent arbitrairement la demeure divine et sous-marine tantôt en Achaïe, tantôt en Eubée, tantôt devant Lesbos... et ne peuvent en dire plus. En fait le merveilleux palais de Poséidon n'est accessible qu'aux dieux ; les mortels en sont exclus et ne peuvent qu'y rêver. Pour la visite, il faut se contenter des nymphes.

Deux occasions nous sont en effet offertes, l'une par Homère (17), l'autre par Virglle (18), de descendre au fond des eaux.

Dans l'Iliade, Achille, qui vient d'apprendre la mort de Patrocle, hurle sa douleur, et sa mère, la Néréide Thétis, l'entend "du fond des abîmes marins où elle reste assise auprès de son vieux père" (19). Bouleversée par les pleurs de son fils, elle sort de sa demeure et vient le consoler. Le récit, assez long, comporte en fait une énumération des Néréides qui entourent Thétis et avec elle "habitent l'abîme marin (20)", suivie d'un long discours de Thétis, qui quitte ensuite la grotte et se rend avec son escorte auprès d'Achille dans la plaine de Troie (21). A la fin de l'entrevue, elle renvoie ses compagnes au fond des eaux (22) et, manifestant une nature à la fois aérienne et amphibie qui est aussi celle de Poséidon (23), s'envole aussitôt pour l'Olympe (24). Nous apprenons ainsi que la demeure est quelque part au fond des abîmes marins, que la grotte est brillante (25), que le flot de la mer se fend quand on en sort et qu'il faut plonger pour y revenir (26): d'un long et superbe récit, nous ne tirons en fait que bien peu de choses ! Virgile heureusement nous en dira plus.

Dans les Géorgiques en effet, Aristée, qui a perdu ses ruches et ses abeilles, se couche près de la source du Pénée (27) et appelle sa mère, la nymphe Cyréné, qui habite le gouffre des eaux. "Au fond de sa chambre, dans les profondeurs du fleuve" (28), elle entend le bruit de sa voix. Fidèle à sa méthode de jeu avec le récit homérique, Virgile réécrit alors la célèbre scène de l'Iliade en en modifiant les données : la mer devient un fleuve, les Néréides des nymphes, filles du Pénée, et, au lieu de sortir de sa demeure comme Thétis, Cyréné fait venir son fils auprès d'elle (29), après qu'Aréthuse a élevé "sa tête blonde au-dessus des ondes" (30) pour voir ce qui arrive. Aussitôt la maîtresse des lieux "ordonne aux courants profonds de s'écarter largement pour livrer passage au jeune-homme ; l'onde alors, infléchie en forme de montagne, s'est immobilisée autour de lui, l'a reçu dans son vaste sein et l'a fait pénétrer jusqu'au fond du fleuve" (31). A sa suite nous pouvons enfin découvrir le palais des nymphes.

"Stupéfait à la vue de l'immense mouvement des eaux" (32), Aristée parcourt en effet la résidence maternelle où se trouvent "tous les fleuves qui coulent sous la vaste terre en des directions opposées" (33). Comme Énée découvrant la ville de Didon (34), il est empli d'étonnement et d'admiration : "il allait, admirant la demeure de sa mère et son humide empire" (15). Avec les yeux d'Aristée, sous une voûte d'eau, dans les profondeurs, au fond du fleuve, nous parcourons un lieu mystérieux, aquatique et divin, tout animé de ruissellements et de jaillissements où l'on découvre même "des bassins enfermés dans des cavernes et des bois retentissants" (36). Dans la chambre de la nymphe, les sièges sont en cristal et la couleur verte est partout présente. Mais cette pièce étrange est "voûtée de rocaille" (37) et comme souterraine sous les fleuves ; on y accède sans toucher l'eau qui s'ouvre pour livrer passage et les nymphes chantent, déroulent "de leur fuseaux la laine moelleuse" (38), "donnent pour les mains l'eau limpide" (39), "apportent des serviettes dont le tissu pelucheux a été rasé" (40), "chargent les tables de mets" (41) et "servent des coupes pleines" (42). "Les feux de la Panchaïe brûlent sur les autels" (43) et quand Cyréné a adressé "une prière à l'Océan, père de l'univers et aux nymphes sœurs" (44), "trois fois elle a versé du nectar liquide sur le feu de Vesta ; trois fois la flamme jaillissant jusqu'au sommet de la voûte a brillé" (45) !

Mis à part le cristal des sièges, ce monde merveilleux, mais aquatique à l'abri de l'eau, n'est donc qu'un monde luxueux, mais ordinaire, conçu comme ces splendides villas suburbaines par les fenêtres desquelles on peut contempler bois et jardins, cascades, rocailles, fontaines et bassins. Sous "l'immense mouvement des eaux" (46), Cyréné est logée comme une riche romaine qu'entourent amies, servantes et familiers de la maison. L'eau vraie, humide et salée, n'est bonne que pour les phoques de Protée qu'il faudra bientôt surprendre et saisir dans un antre peu ragoûtant (47).

Ainsi même cette visite accompagnée ne nous a pas fourni ce que nous cherchions : les mystérieux palais des eaux tantôt ne sont pas décrits, tantôt ressemblent aux demeures dont les pierres chauffent au soleil de la campagne romaine ou de la Campanie. Nous ne les connaîtrons pas plus que le séjour éthéré des dieux sur l'Olympe ou que le palais flamboyant d'Héphaïstos (48). Nous ne pourrons jamais qu'y rêver.

Il reste donc à se demander pourquoi les auteurs antiques se eontentent d'évoquer ces lieux subaquatiques et ne nous en donnent jamais la merveilleuse description que l'on pouvait espérer.

C'est tout d'abord sans doute que beaucoup de divinités des eaux ne sont que de pures allégories: n'étant en somme qu'une image des eaux, elles ne peuvent habiter, si l'on peut dire, en elles-mêmes. C'est le cas notamment de l'océan, des fleuves et des sources.

C'est aussi que la description d'un palais sous les eaux n'offre en fait que peu de ressources à l'imaginaire et au poétique. Sur les mosaïques l'eau, par nature limpide et transparente, n'est guère figurable et n'est généralement représentée que par quelques lignes bleutées entre lesquelles circulent des poissons, des crabes, des hippocampes et même des monstres marins. Dans un domaine littéraire plus large, les poètes et les conteurs rencontrent manifestement les mêmes difficultés. Le monde sous-marin de La Petite Sirène d'Andersen n'est, par exemple, qu'un monde du dessous que l'on décrit du dessus ; la vue que l'auteur en présente est comme aérienne, l'eau remplace l'air et les poissons les oiseaux; à cette exception près, rien ne diffère en réalité de notre univers terrestre (49). Dans ce domaine, il semble bien que l'imagination se reporte plutôt sur le thème extraordinairement riche et divers des îles, des archipels et des continents disparus, conçus comme autant de merveilleux microcosmes.

C'est surtout que l'eau par nature est fondamentalement ambiguë. L'eau claire et chantante, qui jaillit, coule ou ruisselle en surface, est toujours perçue comme favorable et nourricière ; amicale et fraîche, elle peut même être sentie comme guérisseuse. L'eau profonde en revanche est opaque, épaisse et inquiétante. Les profondeurs sont glauques, elles étouffent la voix d'Hylas appelant Hercule (50), elles peuvent être peuplées de monstres et c'est aussi le séjour des morts et des noyés (51). En outre c'est souvent sous les eaux qu'on trouve le monde noir des Enfers : pour en tirer sa mère Sémélé, Dionysos y descend par le lac de Lerne, Enée par le lac Averne pour y consulter son père. Le fond des eaux, mal fréquenté, est ainsi peu propice à la transparence cristalline des demeures de rêve. Enfin, dans la tradition gréco-romaine, les divinités des eaux sont probablement trop anthropomorphiques, on pourrait dire trop évoluées, pour vivre sous les eaux. Comme le char de Poséidon, elles ne se mouillent pas, Thétis plonge comme Iris se jette du haut de l'Olympe et, sous l'eau, les nymphes vivent dans l'air. Pour résider vraiment dans l'eau, il faut être équipé d'écailles, de nageoires, de plumes ou de queues de poisson comme les Sirènes ou Triton, qui ne sont que des divinités de second rang, primitives, archaïques ou monstrueuses, et ne peuvent disposer à ce titre d'aucun palais de rêve. Exprimant à la fois la puissance, le charme et le mystère de l'élément liquide, les divinités des eaux ne peuvent avoir de branchies (52).

Au lecteur des poètes grecs ou latins, ces divinités ne se montrent ainsi qu'à la surface et leurs belles demeures nous restent inaccessibles. C'est que les dieux peuvent vivre au-dessus ou en-dessous, mais qu'il ne leur convient pas de résider au fond. Pour être "respirables" à des divinités d'apparence trop humaine, les eaux qu'elles habitent doivent être transparentes comme l'air et leurs mystérieuses résidences semblent ainsi n'être toujours qu'un reflet inversé des demeures célestes.


NOTES

1. Dans l'énumération ci-dessus Triton, Protée, les Sirènes et Phorkys.

2. Jeunes-filles de la mer, les Néréides sont les filles de l'Océanide Doris et de Nérée, dieu marin, fils de Pontos (la mer) et lui-même antique dieu de la mer. Les deux Néréides les plus connues sont Thétis et Galatée. Vieillard de la mer, leur père Nérée détient sagesse et don de prophétie. Cf note 19.

3. Homère, lliade, 18, 36. Les références à l'Iliade et à l'Odyssée renvoient à l'édition de la Collection des Universités de France. Traductions de Paul Mazon pour l'Iliade et de Victor Bérard pour l'Odyssée.

4. Homère, Odyssée, I, 74.

5. Fils d'Eaque, roi d'Egine, Pélée fit partie de la célèbre expédition des Argonautes, partis à la conquête de la Toison d'or, mais. raconte Catulle, "à peine ses rames eurent-elles retourné les eaux blanches d'écume que de l'abîme blanchissant émergèrent les visages des Néréides, habitantes de l'élément liquide, étonnées d'une telle merveille. Ce jour-là, un autre. puis un autre encore, des mortels virent de leurs yeux les nymphes des mers le corps nu s'élevant jusqu'aux seins dans l'abîme argenté. Ce fut alors que Thétis inspira, dit-on, à Pélée une passion brûlante..." (Catulle, Poésies, 64, 13-19, collection des Universités de France, traduction Georges Lafaye).

6. "J'étais cachée sous une roche et je reposais sur le sein de mon Acis..." raconte Galatée (Ovide. Métamorphoses, 13, 788, traduction Georges Lafaye).

7. lliade, 13, 10-13 : "Mais le puissant Ébranleur de la terre... s'est assis très haut sur le pic le plus élevé de Samothrace la Forestière."

8. Odyssée, 5, 283.

9. "... le dieu. jetant sur les eaux son regard et porté sous un ciel découvert, fait aller ses chevaux, laisse flotter les rênes au vol heureux de son char." (Virgile, Enéide, 1, 155-156. collection des Universités de France, traduction Jacques Perret).

10. Énéide, 5, 817-821 (collection des Universités de France, traduction André Bellessort).

11. Iliade, 13, 23-30.

12. "vivement ému et, du large, jetant son regard, il éleva son front serein au-dessus des ondes" (Énéide, I, 126-127).

13. Eges pour Paul Mazon. Egées pour Victor Bérard.

14. Odyssée, 5, 381. Le même mot est traduit par temple (Bérard) et par palais (Mazon).

15. lliade, 13, 21-22.

16. Id., 32-33.

17. Id., 18, 35-147.

18. Virgile, Géorgiques, 4, 333-418 (collection des Universités de France, traduction E. de Saint-Denis).

19. lliade, 18, 35-36. Le père de Thétis est Nérée. Cf note 2.

20. ld., 38. L'énumération a pu servir de source à Hésiode (Théogonie, 240-264) ou, au contraire, s'en inspirer.

21. ld., 65-68 : "Elle dit et quitte la grotte. Les autres, pleurantes, partent avec elle. Autour d'elles se fend le flot de la mer. Arrivées à la Troade plantureuse, l'une après l'autre, elles montent sur la rive...".

22. Id., 140-141 : "Plongez maintenant, vous autres, au vaste sein de la mer; allez voir le Vieux de la mer dans la demeure paternelle, et dites lui tout".

23. Dieu de la surface et des eaux, c'est aussi un Olympien qui siège près de son frère Zeus et peut regarder la terre de haut. Cf notes 7 et 8.

24. Elle va demander à Héphaïstos de forger de nouvelles armes pour Achille.

25. lliade, 18, 49-51 : "... toutes les Néréides qui habitent l'abîme marin. Remplissant la grotte brillante, toutes ensemble se frappent la poitrine..."

26. Cf notes 21 et 22.

27. Fleuve de Thessalie, qui coule dans la vallée de Tempé, entre l'Ossa et l'Olympe.

28. Géorgiques, 4, 333.

29. ld., 358-359 : "Conduis-le vite, conduis-le vers nous : il a le droit de toucher le seuil des dieux".

30. Id,. 352.

31. Id., 359-362.

32. Id,. 365.

33. Id., 366-367.

34. Virgile, Énéide, 1, 418-440.

35. Géorgiques, 4, 363.

36. Id., 364.

37. Id., 374.

38. Id., 348-149.

39. Id., 376-377.

40. Ibid.

41. Id., 378.

42. Id., 378-379.

43. Id., 379. La Panchaïe est une île qu'on situait au large de l'Arabie. Les feux de la Panchaïe sont ceux de l'encens, principale production de cette île.

44. Id., 381-382.

45. Id., 384-.185.

46. Id., 365.

47. Id., 418-421.

48. "...Thétis aux pieds d'argent arrive dans la demeure d'Héphaïstos, demeure impérissable et étoilée, éclatante entre toutes aux yeux des Immortels, toute en bronze et construite par le Bancal lui-même." (Iliade, 18, 368-371). La demeure de feu n'est, on le voit, pas mieux décrite que la demeure des eaux.

49. La légende du roi d'Ys ou La Ville disparue de la Légende des siècles (2,4), récits d'engloutissements, ne décrivent pas la vie d'une cité sous les eaux.

50. Hylas était le compagnon d'Héraclès dans l'expédition des Argonautes. Alors qu'il puisait de l'eau, il fut attiré dans la source par les nymphes soudainement tombées amoureuses de lui et se noya. Héraclès, parti à sa recherche, l'appela en vain : "Trois fois il appela Hylas, de toute la force de son gosier profond. Trois fois l'enfant répondit : mais sa voix, venant du fond de l'eau, arriva toute grêle ; et bien qu'il fût tout proche, il semblait éloigné." (Théocrite, 13, 58-60, collection des Universités de France, traduction Ph.-E. Legrand).

51. Voir, par exemple. Properce, Elégies, 3,7.

52. C'est ce qu'exprime à sa manière Polyphème, le touchant cyclope de Théocrite, quand il s'adresse à Galatée, sœur de Thétis, dont il est malencontreusement amoureux : "Quel malheur que ma mère ne m'ait pas mis au monde avec des branchies! Je plongerais pour te rejoindre ... Mais. comme sont les choses, ma fillette, comme sont les choses, j'apprendrai de suite tout au moins à nager, s'il vient ici quelque étranger qui navigue sur un vaisseau, pour savoir quel plaisir vous pouvez bien trouver à habiter au fond de l'eau." (Théocrite, op.cit., 11, 54-62).

 


Article publié dans Colloque Territoires rêvés, Orléans, 22 & 23 juin 2003, Presse Universitaires Orléans, p. 28-35.


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