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SCIPION

MALGRÉ SES ÉLÉPHANTS, HANNIBAL EST VAINCU PAR SCIPION À LA BATAILLE DE ZAMA

La bataille de Zama fut, en -202, un affrontement décisif de la deuxième guerre punique. Elle vit s'affronter les armées romaines d'une part, dirigées par Scipion l'Africain et le roi numide massyle Massinissa, et carthaginoises d'autre part, dirigées par Hannibal qui y perdit la guerre. Peu après celle-ci, le sénat carthaginois signa un traité de paix qui mit fin à 18 ans de guerre.

Otto Van VEEN (1556-1629), La victoire de Scipion sur Hannibal à la bataille de Zama

L'accent est mis sur les éléphants portant sur leur dos d'énormes tours de bois dans lesquels sont installés des soldats.
C'est l'image que l'on donne au XVIe siècle.

La bataille de Zama par Cornelis Cort (1567).

 

POLYVE, Histoires, livre XV, 12 et 14

Ἐπειδὴ δ' ἑκατέροις ἦν εὐτρεπῆ τὰ πρὸς τὸν κίνδυνον, πάλαι τῶν Νομαδικῶν ἱππέων πρὸς ἀλλήλους ἀκροβολιζομένων, τότε παρήγγειλε τοῖς ἐπὶ τῶν ἐλεφάντων Ἀννίβας ποιεῖσθαι τὴν ἔφοδον ἐπὶ τοὺς ὑπεναντίους. Ἅμα δὲ τῷ πανταχόθεν τὰς σάλπιγγας καὶ τὰς βυκάνας ἀναβοῆσαι τινὰ μὲν διαταραχθέντα τῶν θηρίων ἐξ αὐτῆς ὥρμησε παλίσσυτα κατὰ τῶν βεβοηθηκότων τοῖς Καρχηδονίοις Νομάδων· Τῶν περὶ τὸν Μασαννάσαν ταχέως ἐψιλώθη τὸ λαιὸν κέρας τῶν Καρχηδονίων. Τὰ δὲ λοιπὰ συμπεσόντα τοῖς τῶν Ῥωμαίων γροσφομάχοις ἐν τῷ μεταξὺ χωρίῳ τῶν παρατάξεων πολλὰ μὲν ἔπασχε κακά, πολλὰ δ' ἐποίει τοὺς ὑπεναντίους, ἕως ὅτου πεφοβημένα τὰ μὲν διὰ τῶν διαστημάτων ἐξέπεσε, δεξαμένων αὐτὰ τῶν Ῥωμαίων ἀσφαλῶς κατὰ τὴν τοῦ στρατηγοῦ πρόνοιαν, τὰ δ' ἐπὶ τὸ δεξιὸν μέρος παραφυγόντα διὰ τῶν ἱππέων συνακοντιζόμενα τέλος εἰς τὸν ἔξω τόπον τῶν στρατοπέδων ἐξέπεσεν.

Ἐπειδὴ δ' ὑπερβάντες ἐξ ἴσου τοῖς ἁστάτοις ἐγένοντο, συνέβαλον αἱ φάλαγγες ἀλλήλαις μετὰ τῆς μεγίστης ὁρμῆς καὶ προθυμίας. Ὄντων δὲ καὶ τῷ πλήθει καὶ τοῖς φρονήμασι καὶ ταῖς ἀρεταῖς καὶ τοῖς καθοπλισμοῖς παραπλησίων ἀμφοτέρων, ἄκριτον ἐπὶ πολὺ συνέβαινε γενέσθαι τὴν μάχην, ἐν αὐταῖς ταῖς χώραις ἐναποθνησκόντων τῶν ἀνδρῶν διὰ φιλοτιμίαν, ἕως οἱ περὶ τὸν Μασαννάσαν καὶ Λαίλιον ἀπὸ τοῦ διώγματος τῶν ἱππέων ἀνακάμπτοντες [καὶ] δαιμονίως εἰς δέοντα καιρὸν συνῆψαν. Ὧν προσπεσόντων τοῖς περὶ τὸν Ἀννίβαν κατόπιν οἱ μὲν πλεῖστοι κατεκόπησαν ἐν τῇ τάξει, τῶν δὲ πρὸς φυγὴν ὁρμησάντων ὀλίγοι μὲν τελέως διέφυγον, ἅτε τῶν ἱππέων ἐν χερσὶν ὄντων καὶ τῶν τόπων ἐπιπέδων ὑπαρχόντων. Ἔπεσον δὲ τῶν μὲν Ῥωμαίων ὑπὲρ τοὺς χιλίους πεντακοσίους, τῶν δὲ Καρχηδονίων ὑπὲρ δισμυρίους, αἰχμάλωτοι δ' ἑάλωσαν οὐ πολὺ τούτων ἐλάττους. XV. Ἡ μὲν οὖν ἐπὶ πᾶσι γενομένη μάχη καὶ τὰ ὅλα κρίνασα Ῥωμαίοις διὰ τῶν προειρημένων ἡγεμόνων τοιοῦτον ἔσχε τὸ τέλος·

Lorsque tout fut prêt, après plusieurs escarmouches engagées par les Numides des deux armées, Annibal donna ordre aux conducteurs des éléphants de marcher à l'ennemi. Mais au bruit des trompettes et des clairons qui sonnaient de toute part, ces animaux, effarouchés, se retournèrent en grande partie contre les Numides, auxiliaires de Carthage, et Massinissa, profitant de l'occasion, dégarnit de sa cavalerie l'aile gauche de l'ennemi par un rapide combat. Les autres éléphants tombèrent sur les vélites, entre les deux armées, et rendirent largement le mal qu'on leur put faire, jusqu'à ce que, saisis de crainte, les uns se lancèrent à travers les intervalles ménagés dans l'armée romaine, qui grâce à la prévoyance du général, put les recevoir sans que rien fût troublé, et que les autres, emportés à droite et criblés de traits par la cavalerie de Lélius, furent enfin poussés hors du champ de bataille.

Nombre, courage, animosité, armes, tout était égal entre ces fiers combattants. La plupart moururent obstinément à leur place, et la bataille fut longtemps indécise, jusqu'au moment où Lélius et Massinissa, qui revenaient de poursuivre la cavalerie, rejoignirent avec un à-propos providentiel le gros de l'armée. Ils tombèrent en queue sur les troupes d'Annibal, qui périrent sans bouger. Quelques soldats seulement cherchèrent leur salut dans la fuite, que, du reste, la présence de la cavalerie et l'étendue d'une plaine découverte rendaient difficile. Les Romains perdirent environ quinze cents hommes, les Carthaginois vingt mille, et ils eurent presque autant de prisonniers. Telle fut l'issue de cette dernière bataille entre Annibal et Scipion, qui livra l'empire aux Romains.

 

TITE-LIVE, Histoire romaine, XXX, 33, 12 [le rôle des éléphants d'Hannibal dans la bataille de Zama]
Tubae cornuaque a Romanis cecinerunt, tantusque clamor ortus ut elephanti in suos, sinistrum maxime cornu, verterentur, Mauros ac Numidas. Addidit facile Masinissa perculsis terrorem, nudavitque ab ea parte aciem equestri auxilio. Paucae tamen bestiarum, intrepidae in hostem actae, inter velitum ordines cum multis suis vulneribus ingentem stragem edebant. Resilientes enim ad manipulos velites, cum viam elephantis, ne obtererentur, fecissent, in ancipites ad ictum utrimque conjiciebant hastas, nec pila ab antesignanis cessabant, donec, undique incidentibus telis exacti e Romana acie hi quoque in suos, dextrum cornu, ipsos Carthaginienses equites, in fugam verterunt. Laelius, ut turbatos vidit hostes, addidit perculsis terrorem.

Les Romains sonnèrent tout à coup de la trompette et du clairon, et poussèrent un cri tel que les éléphants se rejetèrent sur leurs propres lignes, et surtout à leur aile gauche, composée de Maures et de Numides. Alors qu'il étaient ainsi attaqués, Masinissa augmenta sans peine leur effroi et, de ce côté, les priva du secours de leur cavalerie. Néanmoins quelques éléphants, poussés intrépidement contre l'ennemi, faisaient de grands ravages dans les rangs des vélites, au prix de nombreuses blessures. Car les vélites, se repliant d'un bond sur les manicules, ouvrant ainsi un passage aux éléphants, afin de ne pas être écrasés par eux, lançaient leurs javelots sur ces animaux exposés à leurs coups de deux côtés à la fois; en même temps les javelots venant des soldats de ligne ne s'arrêtaient pas. Enfin, chassés par les traits qui leur arrivaient de tous côtés, de l'armée romaine vers la leur, ces éléphants, eux aussi, mirent en fuite leur aile droite, les cavaliers Carthaginois eux-mêmes. Dès que Laelius vit les ennemis en désordre, il profita de leur effroi et augmenta leur confusion.


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