LE SUPPLICE DE RÉGULUS ENFERMÉ PAR LES CARTHAGINOIS DANS UN TONNEAU MUNI DE POINTES DE FER
MBAO- B 77
Régulus enfermé par les Cathaginois dans un tonneau muni de pointes de fer,
cuivre par G. PENCZ (1510-1550)
Pendant la première guerre punique, le consul Régulus est vaincu et fait prisonnier. Alors les Carthaginois lui proposent de rentrer à Rome pour obtenir soit la cessation des combats, soit au moins un échange de prisonniers, sous réserve de sa parole d'honneur de rentrer à Carthage si sa mission échoue. Prenant la parole au Sénat romain, Régulus déconseille, à la surprise générale, le choix de l'une de ces options, puis — fidèle à son serment — il retourne à Carthage, sachant bien qu'il va être mis à mort.
Là les textes se s'accordent pas sur le supplice qui lui a été infligé :
– Le résumé de Tite-Live indique seulement qu'il a été exécuté,
– Florus et Eutrope disent qu'il a été torturé à mort,
– Aulu-Gelle affirme que les Carthaginois l'auraient enfermé dans l'obscurité puis aveuglé en l'exposant face au soleil, les paupières cousues ,
– Silius Italicus, Appien et l'auteur du De viris illustribus urbis Romae racontent qu'on l'enferma dans un coffre de bois hérissé en dedans de pointes de fer qui lui interdisaient tout appui, et qu'il mourut de privation de sommeil.
Silius Italicus, Puniques, VI, 539-544
Praefixo paribus ligno mucronibus omnes armantur laterum crates, densumque per artem texitur erecti stantisque ex ordine ferri infelix stimulus, somnisque hac fraude negatis quocumque inflexum producto tempore torpor inclinauit iners, fodiunt ad uiscera corpus. |
On arme de dards, disposés avec un art infernal, les flancs d'une cage de bois; les pointes étaient rangées de telle sorte, que Régulus, privé par ce supplice des douceurs du sommeil, ne pouvait, sans être percé jusqu'aux entrailles, incliner à droite ou à gauche son corps vaincu par la fatigue. |
Le moment où Régulus quitte les siens pour retourner à Carthage a été représenté par de nombreux peintres : Cornelis Cels (Musée de l'Ermitage), Charles Thévenin (Paris, ENBA), Jacques-Augustin-Catherine Pajou (musée du Louvre), Mathieu-Ignace Van Brée (Bruxelles, Musées Royaux des Beaux-Arts).
William Turner, dans un tableau peint en 1828, a voulu traduire l'éblouissement par le soleil qu'a dû subir Regulus lors de son supplice.
Salvator Rosa a peint vers 1651 La mort de Regulus, les préparatifs de son supplice, dont le dessin est au Louvre et le tableau final au Virginia Museum of Fine Arts.