MERCURE
1- MERCURE APPORTE LA POMME D'OR À PÂRIS
Les dieux étaient assemblés sur l'Olympe pour les noces de Thétis et de Pélée, lorsque Eris lança au milieu d'eux une pomme d'or en disant qu'il fallait l'attribuer à la plus belle des trois déesses : Athéna, Héra et Aphrodite. Devant l'embarras des convives, Zeus appela Hermès et lui dit de conduire les trois déesses sur le pont Ida, près de Troie, et de demander à Pâris, le fils cadet de Priam et d'Hécube, de choisir la plus belle.
Quand Mercure eut expliqué à Pâris ce qu'on attendait de lui et qu'il lui eut confié la pomme d'or à attribuer à la plus belle des trois, Pâris comprit que cet arbitrage allait être une source d'ennuis; mais il ne put refuser. Alors, pour le convaincre chacune des déesses lui promit de belles récompenses s'il elle était choisie. Finalement Pâris donna la pomme d'or à Aphrodite, qui lui avait promis l'amour d'Hélène de Sparte, l'épouse de Ménélas, la plus belle de toutes les femmes.Et c'est ainsi que Pâris alla à Sparte se faire aimer de la belle Hélène; et c'est ainsi que fut déclenchée la guerre de Troie.
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Mercure apportant à Pâris la pomme d'or
Eau-forte d'après Annibale CARRACCI (1560-1609), par Giovanni Battista GALESTRUZZI (1615-1669)
Musée des Beaux-Arts, Palais Fesch, Ajaccio
2- MERCURE, QUI A DÉROBÉ UN TROUPEAU D'APOLLON,
DEMANDE AU BERGER BATTUS DE NE PAS LE DÉNONCER
Battus était un berger de Pylos. Il vit Mercure dérober un troupeau que gardait Apollon, mais, moyennant le don de la plus belle des vaches volées, il s'engagea par serment à ne pas trahir le voleur.
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Francisque MILLET (1642-1679), Mercure et Argus [sic], huile sur toile
Cependant le dieu, ne se fiant pas à la discrétion de Battus, revint sous la forme d'un paysan et, pour le tenter, il lui offrit une belle génisse et un taureau s'il voulait lui dire ce qu'était devenu le troupeau dérobé. Battus céda à l'attrait de la récompense et dit tout ce qu'il savait. Alors Mercure le changea en un rocher, qui fut appelé "index", dénonciateur.
OVIDE, Métamorphoses, II, 676-707 | |
Illud erat tempus quo te pastoria pellis |
C'etait le temps où tu étais vêtu d'une peau de berger; ta main gauche tenait un bâton coupe dans les bois, l'autre une flûte de sept roseaux d'inégale longueur. Tandis que tu t'abandonnais aux soucis de l'amour et que ta flûte les charmait, des génisses que tu ne gardais plus pénétrèrent, dit-on, dans les champs de Pylos ; le dieu né de Maia, fille d'Atlas, les ayant aperçues, les détourne avec son adresse ordinaire et les cache dans les forêts. Ce larcln n'avait eu aucun témoin, sauf un vieillard connu dans ces campagnes ; tout le voisinage lui donnait le nom de Battus. Il surveillait Ies bois confiés à sa garde par le riche Nélée, ses pâturages herbeux et les troupeaux de ses nobles cavales. Le dieu eut peur de lui; d'une main caressante il le tira à part et lui dit : "Qui que tu sois, étranger, si par hasard on réclame ces troupeaux, réponds que tu ne les as pas vus ; afin que ce service ne reste pas sans récompense, reçois pour prix de ton silence cette belle génisse". Et il la lui donna. L'étranger l'accepta et repartit : "Va-t-en sans crainte; la pierre que voici aura plus tôt fait que moi de dénoncer ton larcin;" et il lui montrait la pierre. Le flls de Jupiter feint de s'éloigner; bientôt il revient, après avoir changé en même temps de voix et de figure : "Toi qui habites ces campagnes, dit-il, si tu as vu des génisses passer par ce chemin, viens à mon aide et dissipe le mystère qui me cache un larcin; en récompense, je te donnerai une génisse avec son taureau". Le vieillard, tenté par ce double salaire, lui répond: "Au pied de ces montagnes, là-bas, tu les trouveras." Elles étaient bien, en effet, au pied de ces montagnes. Le petit-fils d'Atlas se mit à rire: "Ainsi c'est moi, perfide, que tu trahis pour moi, s'écrire-t-il; moi que tu trahis pour moi?" Et il change ce coeur parjure en une pierre dure, qu'aujourd'hui encore on appelle le Dénonciateur. |
3- MERCURE FORCE LA PORTE DE LA CHAMBRE D'HERSÉ, LA FILLE DU ROI D'ATHÈNES CÉCROPS
Mercure survolait la région entre Athènes et le Pirée losrqu'il aperçut, en bas, des jeunes filles qui avait participé au cortège des Panathénées. Parmi elles, il remarqua particulièrement la belle Hersé.
Francisque Millet (1642-1679)
Mercure découvrant Hersé de retour de la fête de Minerve, musée du Louvre
Cette Hersé, fille de Cécrops, le premier roi d'Athènes, vivait avec ses deux soeurs Pandrose et Aglauros.
Séduit par sa beauté, Mercure vint au palais royal et se présenta à Aglauros, lui demandant de l'aider à rencontrer sa soeur Hersé, à laquelle, lui dit-il, il avait bien l'intention de faire un enfant, voire plusieurs. Aglauros lui dit qu'elle l'aiderait, mais seulement en échange d'un grand poids d'or.
Apprenant cela, Athéna, furieuse, alla trouver l'Envie (Invidia) dans sa retraite et lui demanda d'infecter Aglauros de son poison. Ce qu'elle fit. Désormais envieuse et jalouse de sa soeur, convoitée par un dieu, Aglauros tenta d'interdire l'entrée de la chambre d'Hersé à Mercure. Mais celui-ci ouvrit la porte avec sa baguette divine et transforma l'importune Aglauros en statue de pierre. Ainsi le dieu put entrer dans la chambre d'Hersé, à laquelle il fit deux enfants, Céphale et Céryx.
MBAO- 2008.0.1538
Gravure inversée, par François Joullain (1697-1778),
d'un tableau de VÉRONÈSE (1528-1588), Mercure et Hersé.
Sous le regard d'Hersé, qui était en train de faire de la musique, Mercure a réussi à franchir la porte de la chambre, en bousculant Aglauros. Il la touche de sa baguette pour la transformer en statue de pierre.
Véronèse a disposé dans sa tableau deux statues allégoriques : sur la table l'Envie, qui ricane, et dans une niche Athéna, qui détourne le regard, ne pouvant empêcher ce qui va se passer, l'union de Mercure et de la fille du roi..
Le tableau de Véronèse au Musée des Beaux-Arts de Nantes
OVIDE, Métamorphoses, II, 812-832
Saepe mori uoluit, ne quicquam tale uideret, saepe uelut crimen rigido narrare parenti ; denique in aduerso uenientem limine sedit exclusura deum. Cui blandimenta precesque uerbaque iactanti mitissima : "Desine !" dixit, "hinc ego me non sum nisi te motura repulso." – "Stemus" ait "pacto" uelox Cyllenius "isto", caelestique fores uirga patefecit : at illi surgere conanti partes, quascumque sedendo flectimur, ignaua nequeunt grauitate moueri : illa quidem pugnat recto se attollere trunco, sed genuum iunctura riget, frigusque per ungues labitur, et pallent amisso sanguine uenae ; utque malum late solet inmedicabile cancer serpere et inlaesas uitiatis addere partes, sic letalis hiems paulatim in pectora uenit uitalesque uias et respiramina clausit, nec conata loqui est nec, si conata fuisset, uocis habebat iter : saxum iam colla tenebat, oraque duruerant, signumque exsangue sedebat ; nec lapis albus erat : sua mens infecerat illam. |
Souvent, pour ne pas voir une telle union, [Aglauros] a voulu mourir, et a pensé la présenter comme un crime à leur père intransigeant. Finalement, face au dieu qui arrivait, elle s'installe sur le seuil, pour lui interdire l'entrée. À celui-ci, qui, très affable, lui adressait des compliments et des prières elle dit : « Arrête ; je ne bougerai pas d'ici avant de t'avoir repoussé. » « Tenons-nous en à tes conditions », dit l'agile dieu du Cyllène ; et d'un coup de sa baguette céleste, il ouvrit la porte. Elle tente de se lever, mais sent que sont engourdis, impossibles à mouvoir, les membres que l'on fléchit pour s'asseoir, Elle lutte en fait pour se relever et se tenir droite, mais les articulations de ses genoux se raidissent, le froid s'insinue sous ses ongles et ses veines pâlissent, vidées de leur sang. Comme un cancer, incurable, étend partout ses ravages, gagnant des parties saines qui s'ajoutent aux parties malades, ainsi le froid de la mort s'introduit peu à peu dans sa poitrine en fermant les artères vitales et les voies respiratoires. Elle n'essaya pas de parler, et eût-elle essayé, sa voix n'avait plus où passer ; son cou déjà était pétrifié, sa bouche avait durci, et elle était assise, statue exsangue ; ce n'était même pas une pierre blanche ; son âme l'avait noircie. |
4- MERCURE ET PÉGASE
Mercure et Pégase,
dessin de I.W. Baue I, gravé à l'eau-forte par Melchior Kussel (1626-1683)