HERCULE
HERCULE AU BERCEAU ÉTOUFFE DEUX SERPENTS
C'est sous le nom d'Alcide (le Fort) que l'enfant est né et ce n'est que plus tard que la Pythie lui imposera de prendre le nom d'Héraclès ("la Gloire d'Héra").
Son père était Zeus lui-même qui, en prenant l'apparence de son mari Amphitryon, s'était introduit dans le lit d'Alcmène pour la féconder. Son frère jumeau, né un jour plus tard, était, lui, un fils d'Amphitryon.
Mais Héra, l'épouse jalouse de Zeus, n'eut que de la haine pour cet enfant. Quand
il eut neuf mois, alors qu'il était couché dans son berceau avec son demi-frère, elle introduisit dans la chambre deux serpents. Iphiclès ne fit que crier, mais le futur Hercule les saisit et les étouffa.
Lorenzo LOLLI ou LOLI (1612-1691), MBAO, 2008.0.1079 |
Annibale CARRACCI (1560-1609), gravé par Johann Jakob Frey (1813-1865), Hercule enfant étranglant les serpents MBAO, 2008.0.1622 |
HERCULE EST ARRIVÉ À L'ÂGE OÙ IL DOIT CHOISIR ENTRE LE VICE ET LA VERTU
MBAO, 2008.0.118
Albrecht Dürer, Hercule à la croisée des chemins, 1498
Hercule, arrivé à l'âge où il faut choisir quel genre de vie on va mener, assiste à l'affrontement entre le Vice et la Vertu, celle-ci essayant de faire taire le Vice (dans les bras d'un Satyre) qui vient d'essayer de persuader le futur héros de consacrer sa vie à la recherche du plaisir.
– Le Vice : "Ne vois-tu pas, Hercule, les obstacles et la longueur de cette route qui mène, dit-on, au bonheur? Moi je t'y conduirai par un chemin court et fleuri."
– La Vertu : "Malheureuse, de quel bonheur viens-tu parler? Quels plaisirs connais-tu, toi qui ne veux rien faire pour en mériter?"
Avec sagesse, Hercule choisira la Vertu et ira tuer le lion qui faisait régner la terreur en Argolide dans la région de Némée, puis l'Hydre qui, nourrie dans les marais de Lerne, ravageait le pays et détruisait les troupeaux.
XÉNOPHON, dans des Mémorables (livre II,1,21-33), cite un conte moral tité de l'ouvrage (perdu) Les Saisons de la Vie, du sophiste Prodicus de Céos, qui avait été un des maîtres de Socrate.
… φησὶ γὰρ Ἡρακλέα, ἐπεὶ ἐκ παίδων εἰς ἥβην ὡρμᾶτο, ἐν ᾗ οἱ νέοι ἤδη αὐτοκράτορες γιγνόμενοι δηλοῦσιν εἴτε τὴν δι´ ἀρετῆς ὁδὸν τρέψονται ἐπὶ τὸν βίον εἴτε τὴν διὰ κακίας, ἐξελθόντα εἰς ἡσυχίαν καθῆσθαι ἀποροῦντα ποτέραν τῶν ὁδῶν τράπηται• καὶ φανῆναι αὐτῷ δύο γυναῖκας προσιέναι μεγάλας, τὴν μὲν ἑτέραν εὐπρεπῆ τε ἰδεῖν καὶ ἐλευθέριον φύσει, κεκοσμημένην τὸ μὲν σῶμα καθαρότητι, τὰ δὲ ὄμματα αἰδοῖ, τὸ δὲ σχῆμα σωφροσύνῃ, ἐσθῆτι δὲ λευκῇ, τὴν δ´ ἑτέραν τεθραμμένην μὲν εἰς πολυσαρκίαν τε καὶ ἁπαλότητα, κεκαλλωπισμένην δὲ τὸ μὲν χρῶμα ὥστε λευκοτέραν τε καὶ ἐρυθροτέραν τοῦ ὄντος δοκεῖν φαίνεσθαι, τὸ δὲ σχῆμα ὥστε δοκεῖν ὀρθοτέραν τῆς φύσεως εἶναι, τὰ δὲ ὄμματα ἔχειν ἀναπεπταμένα, ἐσθῆτα δὲ ἐξ ἧς ἂν μάλιστα ὥρα διαλάμποι• κατασκοπεῖσθαι δὲ θαμὰ ἑαυτήν, ἐπισκοπεῖν δὲ καὶ εἴ τις ἄλλος αὐτὴν θεᾶται, πολλάκις δὲ καὶ εἰς τὴν ἑαυτῆς σκιὰν ἀποβλέπειν. ὡς δ´ ἐγένοντο πλησιαίτερον τοῦ Ἡρακλέους, τὴν μὲν πρόσθεν ῥηθεῖσαν ἰέναι τὸν αὐτὸν τρόπον, τὴν δ´ ἑτέραν φθάσαι βουλομένην προσδραμεῖν τῷ Ἡρακλεῖ καὶ εἰπεῖν. | A peine sorti de l'enfance, à cet âge où les jeunes gens, devenus maîtres d'eux-mêmes, font déjà voir s'ils suivront, pendant leur vie, le chemin de la vertu ou celui du vice, Hercule s'assit dans un lieu solitaire, ne sachant laquelle choisir des deux routes qui s'offraient à lui. Soudain il voit s'avancer deux femmes d'une taille majestueuse. L'une, joignant la noblesse à la beauté, n'avait d'ornements que ceux de la nature; dans ses yeux régnait la pudeur; dans tout son air la modestie; elle était vêtue de blanc. L'autre avait cet embonpoint qui accompagne la mollesse, et, sur son visage apprêté, la céruse et le fard altéraient les couleurs naturelles; la démarche altière et superbe, les regards effrontés; parée de manière à laisser entrevoir tous ses charmes, elle se considérait sans cesse elle-même, et ses yeux cherchaient des admirateurs; que dis-je? elle se plaisait à regarder son ombre. Lorsqu'elles furent toutes deux plus près d'Hercule, la première vint à lui sans hâter le pas; mais l'autre, voulant la prévenir accourut vers lui et lui dit… | |
« Ὁρῶ σε, ὦ Ἡράκλεις, ἀποροῦντα ποίαν ὁδὸν ἐπὶ τὸν βίον τράπῃ. Ἐὰν οὖν ἐμὲ φίλην ποιησάμενος, [ἐπὶ] τὴν ἡδίστην τε καὶ ῥάιστην ὁδὸν ἄξω σε, καὶ τῶν μὲν τερπνῶν οὐδενὸς ἄγευστος ἔσει, τῶν δὲ χαλεπῶν ἄπειρος διαβιώσῃ. Πρῶτον μὲν γὰρ οὐ πολέμων οὐδὲ πραγμάτων φροντιεῖς, ἀλλὰ σκοπούμενος †δυέσῃ† τί ἂν κεχαρισμένον ἢ σιτίον ἢ ποτὸν εὕροις, ἢ τί ἂν ἰδὼν ἢ ἀκούσας τερφθείης ἢ τίνων ὀσφραινόμενος ἢ ἁπτόμενος, τίσι δὲ παιδικοῖς ὁμιλῶν μάλιστ᾽ ἂν εὐφρανθείης, καὶ πῶς ἂν μαλακώτατα καθεύδοις, καὶ πῶς ἂν ἀπονώτατα τούτων πάντων τυγχάνοις. Ἐὰν δέ ποτε γένηταί τις ὑποψία σπάνεως ἀφ᾽ ὧν ἔσται ταῦτα, οὐ φόβος μή σε ἀγάγω ἐπὶ τὸ πονοῦντα καὶ ταλαιπωροῦντα τῷ σώματι καὶ τῇ ψυχῇ ταῦτα πορίζεσθαι, ἀλλ᾽ οἷς ἂν οἱ ἄλλοι ἐργάζωνται, τούτοις σὺ χρήσῃ, οὐδενὸς ἀπεχόμενος ὅθεν ἂν δυνατὸν ἦι τι κερδᾶναι. Πανταχόθεν γὰρ ὠφελεῖσθαι τοῖς ἐμοὶ συνοῦσιν ἐξουσίαν ἐγὼ παρέχω. » Καὶ ὁ Ἡρακλῆς ἀκούσας ταῦτα, « Ὦ γύναι, ἔφη, ὄνομα δέ σοι τί ἐστιν; ἡ δέ, — Οἱ μὲν ἐμοὶ φίλοι, ἔφη, καλοῦσί με Εὐδαιμονίαν, οἱ δὲ μισοῦντές με ὑποκοριζόμενοι ὀνομάζουσι Κακίαν. | « Hercule, lui dit-elle, je vois que tu ne sais quel chemin tu dois prendre. Si tu me fais ton amie, je te conduirai par la route la plus douce et la plus facile; aucun plaisir ne te sera refusé; aucune peine n'affligera ta vie. D'abord tu n'auras à redouter ni la guerre, ni les vains soucis: ta seule occupation sera de trouver les boissons et les mets qui pourront te plaire, ce qui flattera le mieux, à ton avis, les yeux et les oreilles, l'odorat et le toucher; les amours avec toute leur ivresse; le sommeil avec toute sa douceur; et tu ne songeras qu'au moyen le plus court d'être heureux. Et, si tu crains de manquer jamais des trésors qui achètent les Plaisirs, rassure-toi, je t'en comblerai, sans prescrire jamais à ton corps ni à ton esprit des travaux pénibles: tu jouiras des travaux des autres; tout, pour t'enrichir, te sera légitime je donne à ceux qui me suivent le droit de tout sacrifier au bonheur. — Et vous que je viens d'entendre, répondit Hercule, quel est votre nom? — Mes amis, dit-elle, me nomment la Félicité; mes ennemis, mes calomniateurs, m'ont appelée la Volupté. » | |
Καὶ ἐν τούτῳ ἡ ἑτέρα γυνὴ προσελθοῦσα εἶπε· « Καὶ ἐγὼ ἥκω πρὸς σέ, ὦ Ἡράκλεις, εἰδυῖα τοὺς γεννήσαντάς σε καὶ τὴν φύσιν τὴν σὴν ἐν τῇ παιδείαι καταμαθοῦσα, ἐξ ὧν ἐλπίζω, εἰ τὴν πρὸς ἐμὲ ὁδὸν τράποιο, σφόδρ᾽ ἄν σε τῶν καλῶν καὶ σεμνῶν ἀγαθὸν ἐργάτην γενέσθαι καὶ ἐμὲ ἔτι πολὺ ἐντιμοτέραν καὶ ἐπ᾽ ἀγαθοῖς διαπρεπεστέραν φανῆναι. Οὐκ ἐξαπατήσω δέ σε προοιμίοις ἡδονῆς, ἀλλ᾽ ᾗπερ οἱ θεοὶ διέθεσαν τὰ ὄντα διηγήσομαι μετ᾽ ἀληθείας. [Τῶν γὰρ ὄντων ἀγαθῶν καὶ καλῶν οὐδὲν ἄνευ πόνου καὶ ἐπιμελείας θεοὶ διδόασιν ἀνθρώποις, ἀλλ᾽ εἴτε τοὺς θεοὺς ἵλεως εἶναί σοι βούλει, θεραπευτέον τοὺς θεούς, εἴτε ὑπὸ φίλων ἐθέλεις ἀγαπᾶσθαι, τοὺς φίλους εὐεργετητέον, εἴτε ὑπό τινος πόλεως ἐπιθυμεῖς τιμᾶσθαι, τὴν πόλιν ὠφελητέον, εἴτε ὑπὸ τῆς Ἑλλάδος πάσης ἀξιοῖς ἐπ᾽ ἀρετῇ θαυμάζεσθαι, τὴν Ἑλλάδα πειρατέον εὖ ποιεῖν, εἴτε γῆν βούλει σοι καρποὺς ἀφθόνους φέρειν, τὴν γῆν θεραπευτέον, εἴτε ἀπὸ βοσκημάτων οἴει δεῖν πλουτίζεσθαι, τῶν βοσκημάτων ἐπιμελητέον, εἴτε διὰ πολέμου ὁρμᾶις αὔξεσθαι καὶ βούλει δύνασθαι τούς τε φίλους ἐλευθεροῦν καὶ τοὺς ἐχθροὺς χειροῦσθαι, τὰς πολεμικὰς τέχνας αὐτάς τε παρὰ τῶν ἐπισταμένων μαθητέον καὶ ὅπως αὐταῖς δεῖ χρῆσθαι ἀσκητέον· εἰ δὲ καὶ τῷ σώματι βούλει δυνατὸς εἶναι, τῇ γνώμῃ ὑπηρετεῖν ἐθιστέον τὸ σῶμα καὶ γυμναστέον σὺν πόνοις καὶ ἱδρῶτι.» Καὶ ἡ Κακία ὑπολαβοῦσα εἶπεν, ὥς φησι Πρόδικος· « Ἐννοεῖς, ὦ Ἡράκλεις, ὡς χαλεπὴν καὶ μακρὰν ὁδὸν ἐπὶ τὰς εὐφροσύνας ἡ γυνή σοι αὕτη διηγεῖται; ἐγὼ δὲ ῥαιδίαν καὶ βραχεῖαν ὁδὸν ἐπὶ τὴν εὐδαιμονίαν ἄξω σε. » | Cependant l'autre femme s'était avancée. Elle parle en ces mots: « Et moi aussi, Hercule, je parais devant toi, c'est que je n'ignore pas de qui tu tiens le jour, c'est que ton éducation m'a révélé ton caractère. J'espère donc, si tu choisis ma route que tu vas briller entre les grands hommes par tes exploits et tes vertus, et donner ainsi un nouvel éclat à mon nom, un nouveau prix à mes bienfaits. Je ne t'abuserai pas en te promettant les plaisirs; j'ose t'apprendre avec franchise les décrets des dieux sur les hommes. Ce n'est qu'au prix des soins et des travaux qu'ils répandent le bonheur et l'éclat sur votre vie. Si tu désires que les dieux te soient propices, rends hommage aux dieux; si tu prétends être chéri de tes amis, que ton amitié soit généreuse; si tu ambitionnes les honneurs dans un état, sois utile aux citoyens; s'il te paraît beau de voir tous les Grecs applaudir à ta vertu, cherche à servir la Grèce entière; veux-tu que la terre te produise des fruits abondants? tu dois la cultiver; que tes troupeaux t'enrichissent? Veille sur tes troupeaux; aspires-tu à dominer par la guerre, à rendre tes amis libres et tes ennemis esclaves? apprends des guerriers habiles l'art des combats et que l'expérience t'enseigne à le pratiquer, veux-tu enfin que ton corps devienne robuste et vigoureux? souviens-toi de t'accoutumer à l'empire de l'âme, et de l'exercer au milieu des fatigues et des sueurs. » Sa rivale l'interrompit: « Ne vois-tu pas, Hercule, les obstacles et la longueur de cette route qui mène, dit-on, au bonheur? Moi je t'y conduirai par un chemin court et fleuri. » | |
Καὶ ἡ Ἀρετὴ εἶπεν· « Ὦ τλῆμον, τί δὲ σὺ ἀγαθὸν ἔχεις; Ἢ τί ἡδὺ οἶσθα μηδὲν τούτων ἕνεκα πράττειν ἐθέλουσα; ἥτις οὐδὲ τὴν τῶν ἡδέων ἐπιθυμίαν ἀναμένεις, ἀλλὰ πρὶν ἐπιθυμῆσαι πάντων ἐμπίμπλασαι, πρὶν μὲν πεινῆν ἐσθίουσα, πρὶν δὲ διψῆν πίνουσα, ἵνα μὲν ἡδέως φάγῃς, ὀψοποιοὺς μηχανωμένη, ἵνα δὲ ἡδέως πίῃς, οἴνους τε πολυτελεῖς παρασκευάζῃ καὶ τοῦ θέρους χιόνα περιθέουσα ζητεῖς, ἵνα δὲ καθυπνώσῃς ἡδέως, οὐ μόνον τὰς στρωμνὰς μαλακάς, ἀλλὰ καὶ [τὰς κλίνας καὶ] τὰ ὑπόβαθρα ταῖς κλίναις παρασκευάζῃ· οὐ γὰρ διὰ τὸ πονεῖν, ἀλλὰ διὰ τὸ μηδὲν ἔχειν ὅ τι ποιῇς ὕπνου ἐπιθυμεῖς. Τὰ δ᾽ ἀφροδίσια πρὸ τοῦ δεῖσθαι ἀναγκάζεις, πάντα μηχανωμένη καὶ γυναιξὶ τοῖς ἀνδράσι χρωμένη· οὕτω γὰρ παιδεύεις τοὺς σεαυτῆς φίλους, τῆς μὲν νυκτὸς ὑβρίζουσα, τῆς δ᾽ ἡμέρας τὸ χρησιμώτατον κατακοιμίζουσα. Ἀθάνατος δὲ οὖσα ἐκ θεῶν μὲν ἀπέρριψαι, ὑπὸ δὲ ἀνθρώπων ἀγαθῶν ἀτιμάζῃ· τοῦ δὲ πάντων ἡδίστου ἀκούσματος, ἐπαίνου σεαυτῆς, ἀνήκοος εἶ, καὶ τοῦ πάντων ἡδίστου θεάματος ἀθέατος· οὐδὲν γὰρ πώποτε σεαυτῆς ἔργον καλὸν τεθέασαι. Τίς δ᾽ ἄν σοι λεγούσῃ τι πιστεύσειε; Τίς δ᾽ ἂν δεομένῃ τινὸς ἐπαρκέσειεν; ἢ τίς ἂν εὖ φρονῶν τοῦ σοῦ θιάσου τολμήσειεν εἶναι; Οἳ νέοι μὲν ὄντες τοῖς σώμασιν ἀδύνατοί εἰσι, πρεσβύτεροι δὲ γενόμενοι ταῖς ψυχαῖς ἀνόητοι, ἀπόνως μὲν λιπαροὶ διὰ νεότητος τρεφόμενοι, ἐπιπόνως δὲ αὐχμηροὶ διὰ γήρως περῶντες, τοῖς μὲν πεπραγμένοις αἰσχυνόμενοι, τοῖς δὲ πραττομένοις βαρυνόμενοι, τὰ μὲν ἡδέα ἐν τῇ νεότητι διαδραμόντες, τὰ δὲ χαλεπὰ εἰς τὸ γῆρας ἀποθέμενοι. | « Malheureuse, reprends la Vertu, de quel bonheur viens-tu parler? Quels plaisirs connais-tu, toi qui ne veux rien faire pour en mériter, toi qui préviens tous les besoins qu'il est doux de satisfaire et jouis sans avoir désiré; toi qui manges avant la faim, qui bois avant la soif; qui, pour assaisonner les mets délicats, emploies les mains les plus savantes; qui pour boire avec plus de charme, amasses des vins somptueux et court çà et là chercher de la neige en été; qui pour dormir plus doucement, imagines de fins tissus, de riches tapis étendus sous des lits superbes? Tu cherches le sommeil, non par besoin du repos mais par oisiveté. Dans l'amour, tu préviens et tu outrages la nature; et tes amis, instruits par tes leçons, passent la nuit en plaisirs coupables, et la plus utile partie du jour dans une lâche inaction. Quel homme voudrait te croire quand tu lui parles, te secourir quand tu l'implores? Quel homme sensé oserait se mêler à tes vils adorateurs? Jeunes, ils traînent un corps languissant; plus âgés leur raison s'égare; aux brillants plaisirs d'une jeunesse oisive, succèdent les ennuis d'une laborieuse vieillesse; honteux de ce qu'ils ont fait, accablés de ce qu'ils font, ils ont couru, dans leur premier âge, de délices en délices, et réservé tous les maux pour leur déclin. | |
Ἐγὼ δὲ σύνειμι μὲν θεοῖς, σύνειμι δὲ ἀνθρώποις τοῖς ἀγαθοῖς· ἔργον δὲ καλὸν οὔτε θεῖον οὔτ᾽ ἀνθρώπειον χωρὶς ἐμοῦ γίγνεται. Τιμῶμαι δὲ μάλιστα πάντων καὶ παρὰ θεοῖς καὶ παρὰ ἀνθρώποις οἷς προσήκω, ἀγαπητὴ μὲν συνεργὸς τεχνίταις, πιστὴ δὲ φύλαξ οἴκων δεσπόταις, εὐμενὴς δὲ παραστάτις οἰκέταις, ἀγαθὴ δὲ συλλήπτρια τῶν ἐν εἰρήνῃ πόνων, βεβαία δὲ τῶν ἐν πολέμῳ σύμμαχος ἔργων, ἀριστη δὲ φιλίας κοινωνός. Ἔστι δὲ τοῖς μὲν ἐμοῖς φίλοις ἡδεῖα μὲν καὶ ἀπράγμων σίτων καὶ ποτῶν ἀπόλαυσις· ἀνέχονται γὰρ ἕως ἂν ἐπιθυμήσωσιν αὐτῶν· ὕπνος δ᾽ αὐτοῖς πάρεστιν ἡδίων ἢ τοῖς ἀμόχθοις, καὶ οὔτε ἀπολείποντες αὐτὸν ἄχθονται οὔτε διὰ τοῦτον μεθιᾶσι τὰ δέοντα πράττειν. Καὶ οἱ μὲν νέοι τοῖς τῶν πρεσβυτέρων ἐπαίνοις χαίρουσιν, οἱ δὲ γεραίτεροι ταῖς τῶν νέων τιμαῖς ἀγάλλονται· καὶ ἡδέως μὲν τῶν παλαιῶν πράξεων μέμνηται, εὖ δὲ τὰς παρούσας ἥδονται πράττοντες, δι᾽ ἐμὲ φίλοι μὲν θεοῖς ὄντες, ἀγαπητοὶ δὲ φίλοις, τίμιοι δὲ πατρίσιν· ὅταν δ᾽ ἔλθῃ τὸ πεπρωμένον τέλος, οὐ μετὰ λήθης ἄτιμοι κεῖνται, ἀλλὰ μετὰ μνήμης τὸν ἀεὶ χρόνον ὑμνούμενοι θάλλουσι. τοιαῦτά σοι, ὦ παῖ τοκέων ἀγαθῶν Ἡράκλεις, ἔξεστι διαπονησαμένῳ τὴν μακαριστοτάτην εὐδαιμονίαν κεκτῆσθαι. | Moi, je suis la compagne des dieux, la compagne des mortels irréprochables; sans moi, rien de sublime parmi les dieux ni sur la terre. Je reçois les plus grands honneurs, et des puissances divines; et de ceux d'entre ceux d'entre les hommes qui ont le droit de m'honorer. L'artisan n'a personne qui le soulage plus que moi dans ses peines; le chef de famille n'a pas d'économe plus fidèle; l'esclave, d'asile plus assuré; les travaux pacifiques, d'encouragement plus efficace; les exploits militaires, de meilleur garant de triomphe; l'amitié, de nœud plus sacré. Ceux qui me chérissent trouvent dans le boire et le manger un plaisir qu'ils n'achètent pas; ils attendent seulement que le besoin leur ait commandé. Le sommeil leur est plus agréable qu'aux riches indolents; mais ils se réveillent sans chagrin, et jamais l'heure du repos n'a pris sur celle du devoir. Jeunes, ils ont le plaisir d'entendre les éloges des vieillards; vieux, ils aiment à recueillir les respects de la jeunesse. C'est avec soin qu'ils se rappellent leurs actions passées; ils font avec joie ce qui leur reste à faire; et c'est moi qui leur concilie la faveur des Dieux, l'affection de leurs amis, les hommages de leurs concitoyens. Quand le terme fatal arrive, l'oubli du tombeau ne les ensevelit pas tout entiers, mais leur mémoire, toujours florissante, vit dans un long avenir. Imite leur grande âme, ô jeune héros ! sois digne du sang généreux qui t'a fait naître je te promets le bonheur et la gloire. » |
Pour comparaison:
Annibale Carracci (1560-1609): Ercole al bivio, 1596, Museo di Capodimonte, Naples
Pompeo Batoni (1708-1787), Hercule à la croisée des chemins, 1748, Musée Liechtenstein
Giulio Romano, dit Giulio Rippi (1499-1546), graveur : Scultori, Adamo, dit aussi A. Ghisi (v. 1530-1585),
1564, gravure sur cuivre, New York, The Metropolitan Museum of Art.
LES TRAVAUX D'HERCULE
HERCULE ET LE LION DE NÉMÉE
Hèra avait placé dans la région de Némée un lion qu'elle avait élevé et qui, habitant dans une caverne à deux issues, faisait régner la terreur en dévorant hommes et troupeaux. Hercule essaya d'abord de l'abattre à coup de flèches, mais la peau de la bête était invulnérable. Alors il boucha l'autre issue de la caverne, puis il y pénétra et se trouva face au monstre. Il le prit dans ses bras et le serra jusqu'à l'étouffer. Puis il l'écorcha et sa peau, désormais, lui servit d'armure, la tête du lion étant son casque.
MBAO, 2008.0.1067
Hercule étrangle le lion de la forêt de Némée
d'après
Nicolas Poussin (1594-1665), gravé par Jean Pesne (1623-1700), 1678
APOLLODORE, Bibliothèque (II,5)
ὁ Ἡρακλῆς εἰς Τίρυνθα ἦλθε, καὶ τὸ προσταττόμενον ὑπὸ Εὐρυσθέως ἐτέλει. Πρῶτον μὲν οὖν ἐπέταξεν αὐτῷ τοῦ Νεμέου λέοντος τὴν δορὰν κομίζειν· τοῦτο δὲ ζῷον ἦν ἄτρωτον, ἐκ Τυφῶνος γεγεννημένον. Πορευόμενος οὖν ἐπὶ τὸν λέοντα ἦλθεν εἰς Κλεωνάς, καὶ ξενίζεται παρὰ ἀνδρὶ χερνήτῃ Μολόρχῳ. Καὶ θύειν ἱερεῖον θέλοντι εἰς ἡμέραν ἔφη τηρεῖν τριακοστήν, καὶ ἂν μὲν ἀπὸ τῆς θήρας σῶος ἐπανέλθῃ, Διὶ σωτῆρι θύειν, ἐὰν δὲ ἀποθάνῃ, τότε ὡς ἥρωι ἐναγίζειν. Εἰς δὲ τὴν Νεμέαν ἀφικόμενος καὶ τὸν λέοντα μαστεύσας ἐτόξευσε τὸ πρῶτον· ὡς δὲ ἔμαθεν ἄτρωτον ὄντα, ἀνατεινάμενος τὸ ῥόπαλον ἐδίωκε. Συμφυγόντος δὲ εἰς ἀμφίστομον σπήλαιον αὐτοῦ τὴν ἑτέραν ἐνῳκοδόμησεν εἴσοδον, διὰ δὲ τῆς ἑτέρας ἐπεισῆλθε τῷ θηρίῳ, καὶ περιθεὶς τὴν χεῖρα τῷ τραχήλῳ κατέσχεν ἄγχων ἕως ἔπνιξε, καὶ θέμενος ἐπὶ τῶν ὤμων ἐκόμιζεν εἰς Κλεωνάς. Καταλαβὼν δὲ τὸν Μόλορχον ἐν τῇ τελευταίᾳ τῶν ἡμερῶν ὡς νεκρῷ μέλλοντα τὸ ἱερεῖον ἐναγίζειν, σωτῆρι θύσας Διὶ ἦγεν εἰς Μυκήνας τὸν λέοντα. | Hercule alla demeurer à Tirynthe, pour y recevoir les ordres d'Eurysthée ; le premier qu'il lui donna fut de lui apporter la peau du lion de Némée. Cet animal qui étoit né de Typhon étoit invulnérable. Hercule allant l'attaquer, s'arrêta à Cléones où un nommé Molorchus, qui vivoit du travail de ses mains, lui donna l'hospitalité. Son hôte voulant, faire un sacrifice, il lui dit d'attendre trente jours, et qu'alors, s'il étoit revenu victorieux du lion, il sacrifieroit à Jupiter-Sauveur, et que s'il y mouroit, il lui sacrifieroit à lui, comme à un héros. Arrivé à Némée, et ayant trouvé le lion, il essaya d'abord de le percer, à coups de flèches. Voyant qu'il étoit invulnérable, il le poursuivit avec sa massue. Le lion s'étant réfugié dans un antre qui avoit deux ouvertures, Hercule en boucha une et ayant poursuivi le monstre par l'autre, il le saisit par le cou et l'étrangla. Il le mit ensuite sur ses épaules, et le porta à Mycènes. Il trouva Molorchus prêt à lui rendre les honneurs dus aux morts, le dernier jour étant expiré. Il offrit lui-même un sacrifice à Jupiter-Sauveur, et porta le lion à Mycènes. |
LES TRAVAUX D'HERCULE
HERCULE ET L'HYDRE DE LERNE
La déesse Héra avait élevé près de la source Amymoné, un autre monstre, un serpent à plusieurs têtes, desquelles s'exhalait un poison qui tuait quiconque s'en approchait. Cette "hydre" ravageait les récoltes et les troupeaux du pays. Quand on coupait une de ses têtes, elle repoussait aussitôt. Hercule, après avoir utilisé en vain sa massue, se servit d'une "harpè" (sorte de sabre courbe) pour couper les têtes, puis, aidé de son cousin Iolaos, il brûlait la blessure avec des braises brûlantes, ce qui empêchait la tête de repousser. Avant de partir, il trempa la pointe de ses flèches dans le sang empoisonné de la bête.
MBAO, 2008.0.1023
D'après le tableau de Guido RENI, dit le Guide (1575-1642), gravé par Gilles Rousselet (1610, ? ; 1686)
Hercule tuant l'hydre
Guido Reni, Hercule terrassant l'Hydre de Lerne, 1617, Musée du Louvre
Dans OVIDE, Métamorphoses, IX,70-74, Hercule raconte son combat contre l'hydre de Lerne :
Vulneribus fecunda suis erat illa nec ullum |
Ses blessures la rendaient féconde et je ne pouvais impunément abattre une des têtes qui l'entouraient, car deux autres lui succédaient aussitôt, qui augmentaient encore lapissance de son cou. Ce montre, dont le sang enfantait des couleuvres, comme autant de rameaux et qui croissait par ses pertes, jel'ai dompté et je l'ai ensuite livré aux flammes. |
APOLLODORE (II,5) :
Δεύτερον δὲ ἆθλον ἐπέταξεν αὐτῷ τὴν Λερναίαν ὕδραν κτεῖναι· αὕτη δὲ ἐν τῷ τῆς Λέρνης ἕλει ἐκτραφεῖσα ἐξέβαινεν εἰς τὸ πεδίον καὶ τά τε βοσκήματα καὶ τὴν χώραν διέφθειρεν. Εἶχε δὲ ἡ ὕδρα ὑπερμέγεθες σῶμα, κεφαλὰς ἔχον ἐννέα, τὰς μὲν ὀκτὼ θνητάς, τὴν δὲ μέσην ἀθάνατον. Ἐπιβὰς οὖν ἅρματος, ἡνιοχοῦντος Ἰολάου, παρεγένετο εἰς τὴν Λέρνην, καὶ τοὺς μὲν ἵππους ἔστησε, τὴν δὲ ὕδραν εὑρὼν ἔν τινι λόφῳ παρὰ τὰς πηγὰς τῆς Ἀμυμώνης, ὅπου ὁ φωλεὸς αὐτῆς ὑπῆρχε, βάλλων βέλεσι πεπυρωμένοις ἠνάγκασεν ἐξελθεῖν, ἐκβαίνουσαν δὲ αὐτὴν κρατήσας κατεῖχεν. Ἡ δὲ θατέρῳ τῶν ποδῶν ἐνείχετο περιπλακεῖσα. Τῷ ῥοπάλῳ δὲ τὰς κεφαλὰς κόπτων οὐδὲν ἀνύειν ἠδύνατο· μιᾶς γὰρ κοπτομένης κεφαλῆς δύο ἀνεφύοντο. Ἐπεβοήθει δὲ καρκίνος τῇ ὕδρᾳ ὑπερμεγέθης, δάκνων τὸν πόδα. Διὸ τοῦτον ἀποκτείνας ἐπεκαλέσατο καὶ αὐτὸς βοηθὸν τὸν Ἰόλαον, ὃς μέρος τι καταπρήσας τῆς ἐγγὺς ὕλης τοῖς δαλοῖς ἐπικαίων τὰς ἀνατολὰς τῶν κεφαλῶν ἐκώλυεν ἀνιέναι. Καὶ τοῦτον τὸν τρόπον τῶν ἀναφυομένων κεφαλῶν περιγενόμενος, τὴν ἀθάνατον ἀποκόψας κατώρυξε καὶ βαρεῖαν ἐπέθηκε πέτραν, παρὰ τὴν ὁδὸν τὴν φέρουσαν διὰ Λέρνης εἰς Ἐλαιοῦντα τὸ δὲ σῶμα τῆς ὕδρας ἀνασχίσας τῇ χολῇ τοὺς ὀιστοὺς ἔβαψεν. Εὐρυσθεὺς δὲ ἔφη μὴ δεῖν καταριθμῆσαι τοῦτον ἐν τοῖς δέκα τὸν ἆθλον· οὐ γὰρ μόνος ἀλλὰ καὶ μετὰ Ἰολάου τῆς ὕδρας περιεγένετο. | Le second des travaux qu'il lui ordonna, fut de tuer l'Hydre de Lerne. Cette Hydre, nourrie dans les marais de Lerne, sortoit dans les champs ; ravageoit le pays et détruisoit les troupeaux. Elle étoit d'une grandeur démesurée ; elle avoit neuf têtes, dont huit étoient mortelles, et la neuvième immortelle. Hercule monté sur son char, qu'Iolas conduisoit, arriva à Leme, où il arrêta ses chevaux. Ayant trouvé l'Hydre sur une petite élévation, près des sources de la fontaine Amymone où étoit son repaire, il la força à en sortir en lui lançant des traits enflammés. Il la saisit alors et l'arrêta : mais, s'étant entortillée autour d'un de ses pieds, elle l'entravoit lui-même. Il frappoit ses têtes à coups de massue, et cela ne servoit de rien, car pour une qu'il abattoit, il en renaissoit deux : de plus, un cancre monstrueux prêtoit secours à l'Hydre en le mordant au pied, il commença donc par tuer le cancre ; il appela ensuite à son aide Iolas, qui ayant mis le feu à une partie de la forêt voisine, brûloit avec des tisons enflammés les têtes à mesure qu'elles repoussoient, et les empêchoit de renaître. Etant ainsi parvenu à détruire ces têtes renaissantes, il enterra celle qui étoit immortelle sur le chemin de Lerne à Eléonte, et mit une très grosse pierre dessus. Ayant ensuite ouvert son corps, il trempa la pointe de ses flèches dans son fiel. Eurysthée ne voulut point que cette action fut comptée dans les douze travaux, parce que, pour détruire l'Hydre, il avoit eu besoin da secours d'Iolas. |
LES TRAVAUX D'HERCULE
HERCULE ET LA BICHE AUX PIEDS D'AIRAIN
MBAO-2008.0.316
Hercule et la biches aux pieds d'airain, burin par Heinrich Aldegrever (1502-c. 1560)
La légende s'applique à la mort d'Hercule, qui se jeta dans les flammes d'un bûcher
• CALLIMAQUE EXPLIQUE CE QU'ÉTAIT CETTE BICHE (Hymne V, en l'honneur de Diane)
[Le poète s'adresse à Diane] Tu étais suivie de ta meute, lorsqu'au pied du Parrhasius tu vis s'abattre cinq biches, troupeau superbe, nourri sur les bords du sablonneux Anaurus : elles étaient plus grandes que des taureaux, et l'or brillait sur leurs cornes*. Ton œil en fut surpris, et tu dis en toi-même : « Sans doute elles sont dignes d'être la première proie de Diane. » Seule, et sans le secours de tes chiens, tu en pris quatre à la course et les destinas à traîner ton char ; mais la cinquième (ainsi que le voulut Junon, qui la réservait pour servir un jour au dernier des travaux d'Hercule) passa le fleuve de Céladon et se réfugia sur le mont Cérynien (en Arcadie).
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• APOLLODORE (II,5) résume cet exploit d'Hercule :
Τρίτον ἆθλον ἐπέταξεν αὐτῷ τὴν Κερυνῖτιν ἔλαφον εἰς Μυκήνας ἔμπνουν ἐνεγκεῖν. Ἦν δὲ ἡ ἔλαφος ἐν Οἰνόῃ, χρυσόκερως, Ἀρτέμιδος ἱερά· διὸ καὶ βουλόμενος αὐτὴν Ἡρακλῆς μήτε ἀνελεῖν μήτε τρῶσαι, συνεδίωξεν ὅλον ἐνιαυτόν. Ἐπεὶ δὲ κάμνον τὸ θηρίον τῇ διώξει συνέφυγεν εἰς ὄρος τὸ λεγόμενον Ἀρτεμίσιον, κἀκεῖθεν ἐπὶ ποταμὸν Λάδωνα, τοῦτον διαβαίνειν μέλλουσαν τοξεύσας συνέλαβε, καὶ θέμενος ἐπὶ τῶν ὤμων διὰ τῆς Ἀρκαδίας ἠπείγετο. Μετ᾽ Ἀπόλλωνος δὲ Ἄρτεμις συντυχοῦσα ἀφῃρεῖτο, καὶ τὸ ἱερὸν ζῷον αὐτῆς κτείνοντα κατεμέμφετο. Ὁ δὲ ὑποτιμησάμενος τὴν ἀνάγκην, καὶ τὸν αἴτιον εἰπὼν Εὐρυσθέα γεγονέναι, πραΰνας τὴν ὀργὴν τῆς θεοῦ τὸ θηρίον ἐκόμισεν ἔμπνουν εἰς Μυκήνας. | Eurysthée lui ordonna, pour le troisième de ses travaux, de lui apporter la biche Cerynite vivante. Cette biche, consacrée à Diane, avoit des cornes d'or, et se tenoit à Œnoé. Hercule ne voulant ni la tuer, ni la blesser, la poursuivit un an entier. La biche, harassée par cette poursuite, s'enfuit sur le mont nommé Artémisium, et delà vers le fleuve Ladon. Elle se préparait à le traverser à la nage; Hercule l'en empêcha à coups de flèches*, la prit et l'ayant mise sur ses épaules, l'emporta à travers l'Arcadie. Diane, accompagnée d'Apollon, s'étant rencontrée sur son chemin, voulut lui ôter la biche; elle le blâma même de ce qu'il s'était exposé à tuer un animal qui lui était consacré. Hercule s'excusa sur la nécessité, et dit que la faute en devait retomber sur Eurysthée. Ayant ainsi apaisé la colère de Diane, il reprit la biche et la porta vivante à Mycènes. |
* Il lui décocha une flèche entre l'os et le tendon de la patte, pour l'immobiliser sans la blesser.
LES TRAVAUX D'HERCULE
HERCULE ET CERBÈRE
MBAO-2008.0.317
Hercule et Cerbère, burin par Heinrich Aldegrever (1502-c. 1560
APOLLODORE (II,5)
Δωδέκατον ἆθλον ἐπετάγη Κέρβερον ἐξ Ἅιδου κομίζειν. Εἶχε δὲ οὗτος τρεῖς μὲν κυνῶν κεφαλάς, τὴν δὲ οὐρὰν δράκοντος, κατὰ δὲ τοῦ νώτου παντοίων εἶχεν ὄφεων κεφαλάς. Μέλλων οὖν ἐπὶ τοῦτον ἀπιέναι ἦλθε πρὸς Εὔμολπον εἰς Ἐλευσῖνα, βουλόμενος μυηθῆναι. […] Καὶ παραγενόμενος ἐπὶ Ταίναρον τῆς Λακωνικῆς, οὗ τῆς Ἅιδου καταβάσεως τὸ στόμιόν ἐστι, διὰ τούτου κατῄει. […] Αἰτοῦντος δὲ αὐτοῦ Πλούτωνα τὸν Κέρβερον, ἐπέταξεν ὁ Πλούτων ἄγειν χωρὶς ὧν εἶχεν ὅπλων κρατοῦντα. Ὁ δὲ εὑρὼν αὐτὸν ἐπὶ ταῖς πύλαις τοῦ Ἀχέροντος, τῷ τε θώρακι συμπεφραγμένος καὶ τῇ λεοντῇ συσκεπασθείς, περιβαλὼν τῇ κεφαλῇ τὰς χεῖρας οὐκ ἀνῆκε κρατῶν καὶ ἄγχων τὸ θηρίον, ἕως ἔπεισε, καίπερ δακνόμενος ὑπὸ τοῦ κατὰ τὴν οὐρὰν δράκοντος. Συλλαβὼν οὖν αὐτὸν ἧκε διὰ Τροιζῆνος ποιησάμενος τὴν ἀνάβασιν. Ἀσκάλαφον μὲν οὖν Δημήτηρ ἐποίησεν ὦτον, Ἡρακλῆς δὲ Εὐρυσθεῖ δείξας τὸν Κέρβερον πάλιν ἐκόμισεν εἰς Ἅιδου. | Eurysthée lui ordonna pour le douzième de ses travaux, d'amener Cerbère des enfers. Ce monstre avoit trois têtes de chien, une queue de dragon, et sur le dos des têtes de serpent de diverses espèces. Avant de commencer cette entreprise, il alla trouver Eumolpe à Eleusis, pour se faire initier. [Puis] il se rendit de là à Ténare, dans la Laconie, où est l'entrée des enfers, et il y descendit par cette ouverture. […] Il demanda Cerbère à Pluton, et ce dieu lui permit de l'emmener s'il pouvoit le prendre sans se servir de ses armes. Hercule revêtu de sa cuirasse et de sa peau de lion, l'ayant trouvé vers les portes de l'Achéron, le saisit par le cou, et quoique mordu par le dragon qui formait sa queue, il ne lâcha point prise, de manière que le chien, se sentant étouffé, fut forcé de le suivre. Il l'emmena donc avec lui, remonta sur la terre à Trœzène, et l'ayant montré à Eurysthée, il le reconduisit aux enfers. |
HERCULE TUE LE ROI D'ÉGYPTE BUSIRIS
MBAO, 2008.0.1349
D'après le taleau de Jean-Baptiste Corneille (1649-1695) gravé sur cuivre par Pierre-Jean Mariette (1694-1774)
Un exemplaire à la BnF, Cabinet des Estampes
Voir : Thierry Bajou et alii, Les Peintres du roi, 1648-1793, RMN, 2000, fig. 12, p. 48
Hercule assommant Busiris, roi d'Egypte, qui immolait des étrangers à Jupiter
Corneille Jean-Baptiste (1649-1695), 1675,Paris, École nationale supérieure des Beaux-Arts
Busiris était un roi d'Égypte très cruel. Comme une série de mauvaises récoltes s'était abattue sur l'Égypte, un devin venu de Chypre, Phrasios, lui avait conseillé, pour apaiser le dieu, de sacrifier à Zeus chaque année un étranger. Busiris commença par sacrifier Phrasios lui-même. C'était l'époque où Hercule parcourait le monde à la recherche des pommes d'or qu'Héra avait mises sous la garde d'un dragon et de trois nymphes, les Hespérides. Busiris s'empara d'Hercule, l'attacha avec des bandelettes, le couronna de fleurs et le mena à un autel pour le sacrifier devant une statue de Zeus. Mais Hercule se libéra de ses liens et tua Burisis, ainsi que son fils Amphidamas, le héraut Chalbès et tous les assistants.
On voit la hache avec laquelle Hercule allait être sacrifié sur l'autel qui fume devant une statue de Jupiter. Hercule a déjà tué Amphidamas et le héraut; il s'acharne maintenant à coups de massue sur le roi Busiris.
Apollodore, Bibliothèque, livre II, chap. V, § 11 :
Μετὰ Λιβύην δὲ Αἴγυπτον διεξῄει. Ταύτης ἐβασίλευε Βούσιρις Ποσειδῶνος παῖς καὶ Λυσιανάσσης τῆς Ἐπάφου. Οὗτος τοὺς ξένους ἔθυεν ἐπὶ βωμῷ Διὸς κατά τι λόγιον· ἐννέα γὰρ ἔτη ἀφορία τὴν Αἴγυπτον κατέλαβε, Φρασίος δὲ ἐλθὼν ἐκ Κύπρου, μάντις τὴν ἐπιστήμην, ἔφη τὴν ἀφορίαν παύσασθαι ἐὰν ξένον ἄνδρα τῷ Διὶ σφάξωσι κατ᾽ ἔτος. Βούσιρις δὲ ἐκεῖνον πρῶτον σφάξας τὸν μάντιν τοὺς κατιόντας ξένους ἔσφαζε. Συλληφθεὶς οὖν καὶ Ἡρακλῆς τοῖς βωμοῖς προσεφέρετο τὰ δὲ δεσμὰ διαρρήξας τόν τε Βούσιριν καὶ τὸν ἐκείνου παῖδα Ἀμφιδάμαντα ἀπέκτεινε. | De la Lybie, Hercule passa en Egypte, où régnait Busiris, fils de Neptune et de Lysianasse, fille d'Epaphus. Ce roi, d'après un certain oracle, sacrifiait les étrangers à Jupiter. La famine avait affligé l'Egypte durant neuf ans ; un devin nommé Thrasius, venant de Chypre, dit qu'elle cesserait, si l'on sacrifiait tous les ans un étranger à Jupiter. Busiris ayant commencé par le devin lui-même, continua à sacrifier tous les étrangers qui arrivaient. Ayant pris Hercule, il le fit conduire à l'autel ; mais celui-ci ayant rompu ses liens, tua Busiris et son fils Amphidamas. |
Ovide, Métamorphoses, IX, 183 :
"Ego foedantem peregrino templa cruore Busirin domui" [C'est moi qui ai vaincu Busiris qui souillait les temples du sang d'étrangers.]
HERCULE REMPLACE POUR UN MOMENT LE GÉANT ATLAS
Hercule avait reçu mission d'Eurysthée d'aller prendre des pommes d'or qu'Hèra avait fait déposer dans un jardin au pays des Hespérides, au pied du mont Atlas. En route il apprit qu'il devait faire cueillir ces pommes par le géant Atlas. Or celui-ci n'était pas disponible, car il tenait le Ciel sur ses épaules. Hercule lui proposa de le remplacer et il prit le Ciel sur son dos pendant qi'Atlas allait cueillir trois pommes d'or de le Jardin des Hespérides voisin. Mais, Atlas, heureux d'être soulagé de son fardeau, dit qu'il allait porter lui-mêmes les pommes à Eurysthée. Hercule fit semblant d'accepter, mais il demanda à Atlas de la soulager un instant, le temps de glisser un coussin sur ses épaules. Sans méfiance, Atlas accepta de reprendre le Ciel. Alors, libéré, Hercule prit les pommes et s'enfuit.
MBAO, 2008.0.1068
Hercule se charge de porter le ciel en faveur d'Atlas
Nicolas Poussin (1594-1665 ), gravé par Jean Pesne (1623-1700), 1678
*
MBAO, 1825
Hercule soutenant la sphère céleste
Hendrick GOLTZIUS (1558-1616) ; Hans HOLBEIN dit le Jeune (1497-1543), vers 1535
HERCULE CHEZ OMPHALE, LA REINE DE LYDIE
Apollodore (Bibliothèque II, 6, 1-4) raconte qu'ayant tué un certain Iphitos à la suite d'une de ses crises de démence Hercule se rendit à Delphes afin de consulter la Pythie et savoir comment il pourrait être "purifié". L'oracle d'Apollon lui prescrivit de se vendre comme esclave pendant trois ans et de céder le prix de sa vente comme compensation au père de sa victime, qui d'ailleurs refusa. Hercule suivit alors les recommandations de la Pythie et se mit en vente. C'est la reine de Lydie qui l'acheta pour trois talents.
Καὶ τοῦτον διαλυθέντων τὸν τρόπον, λαμβάνει χρησμὸν Ἡρακλῆς, ὃς ἔλεγεν ἀπαλλαγὴν αὐτῷ τῆς νόσου ἔσεσθαι πραθέντι καὶ τρία ἔτη λατρεύσαντι καὶ δόντι ποινὴν τοῦ φόνου τὴν τιμὴν Εὐρύτῳ. Τοῦ δὲ χρησμοῦ δοθέντος Ἑρμῆς Ἡρακλέα πιπράσκει· καὶ αὐτὸν ὠνεῖται Ὀμφάλη Ἰαρδάνου, βασιλεύουσα Λυδῶν, ᾗ τὴν ἡγεμονίαν τελευτῶν ὁ γήμας Τμῶλος κατέλιπε. Τὴν μὲν οὖν τιμὴν κομισθεῖσαν Εὔρυτος οὐ προσεδέξατο, Ἡρακλῆς δὲ Ὀμφάλῃ δουλεύων | Apollon rendit ensuite un oracle à Hercule, et lui dit que sa maladie cesserait lorsqu'après avoir été vendu comme esclave, et avoir donné à Eurytus le produit de cette vente, en indemnité de la mort de son fils, il aurait servi trois ans entiers. D'après cet Oracle, Mercure le vendit et il fut acheté par Omphale fille d'Iardanus, qui régnait sur les Lydiens, après la mort de Tmolus son époux, qui lui avait laissé ses états en mourant. |
HERCULE MÈNE UNE VIE DE PLAISIRS AVEC OMPHALE
MBAO, 2008.0.1063
Eau-forte anonyme d'après la fresque de
Annibale Carracci (1560–1609), Hercule et Omphale, 1597, au palais Farnèse à Rome (Galleria Farnesina):
La fresque du palais Farnèse d'A. Carracci
Hercule joue du tambourin, Omphale, elle, s'appuie sur sa massue.
OMPHALE A DÉGUISÉ HERCULE EN FEMME
Ovide raconte qu'un jour, dans une grotte, Omphale s'amusa à habiller Hercule avec ses propres vêtements alors qu'elle même se travestit en Hercule, avec peau de lion, massue et carquois.
Ovide (Les Fastes, Livre II,305-331)
Forte comes dominae iuuenis Tirynthius ibat: […] Ibat odoratis umeros perfusa capillis Maeonis, aurato conspicienda sinu: aurea pellebant tepidos umbracula soles, quae tamen Herculeae sustinuere manus. Iam Bacchi nemus et Tmoli uineta tenebat, Hesperos et fusco roscidus ibat equo. Antra subit tofis laqueata et pumice uiuo; garrulus in primo limine riuus erat. Dumque parant epulas potandaque uina ministri, cultibus Alciden instruit illa suis: dat tenues tunicas Gaetulo murice tinctas, dat teretem zonam, qua modo cincta fuit. Uentre minor zona est; tunicarum uincla relaxat, ut posset magnas exseruisse manus. Fregerat armillas non illa ad bracchia factas, scindebant magni uincula parua pedes. Ipsa capit clauamque grauem spoliumque leonis conditaque in pharetra tela minora sua. Sic epulis functi sic dant sua corpora somno, et positis iuxta secubuere toris: causa, repertori uitis quia sacra parabant, quae facerent pure, cum foret orta dies. |
Un jour le jeune héros de Tirynthe accompagnait le pas de la reine sa maîtresse. […] La belle Méonienne marchait, laissant flotter sur ses épaules sa chevelure parfumée; une agrafe d'or brillait à son sein, une ombrelle dorée, que supportait la main puissante d'Hercule, défendait son visage des rayons brûlants du soleil. Ils arrivent au Tmolus, tout planté de vignes, forêts de Bacchus, au moment où l'humide Hespérus attelle ses coursiers noirs. Une grotte les reçoit, toute lambrissée de tuf et de pierre ponce vive; à l'entrée murmurait un ruisseau. Tandis que les esclaves préparent le repas et le vin, Omphale veut revêtir Alcide de sa propre parure. Elle lui donne sa tunique légère, teinte de la pourpre africaine; elle lui donne la délicate bandelette qui naguère lui servait de ceinture; mais celle-ci ne peut suffire à entourer le corps d'Hercule; déjà il a brisé aussi le lien de sa tunique, pour ouvrir un passage à ses robustes mains; ses larges pieds sont emprisonnés dans une étroite chaussure. Omphale, à son tour, saisit la lourde massue, la dépouille du lion, et les traits les moins pesants que renferme le carquois. Ainsi travestis, ils se mettent à table, puis se livrent au sommeil, reposant près l'un de l'autre sur des lits séparés. - Pourquoi? - Ils se préparaient à offrir le lendemain, au point du jour, un sacrifice à l'inventeur de la vigne, et pour cela, ils devaient être purs tous deux. |
Sénèque (Hercule furieux, II,465-471) :
(Lycus) Fortem uocemus, cuius ex humeris leo Donum puellae factus, et claua excidit, Fulsitque pictum ueste Sidonia latus? Fortem uocemus, cuius horrentes comae Maduere nardo? laude qui notas manus Ad non uirilem tympani mouit sonum, Mitra ferocem barbara frontem premens? […] (Amphitryon) Post multa uirtus opera laxari solet. |
LYCUS. Appelez-vous courageux celui qui, laissant tomber de ses épaules sa massue et la peau du lion de Némée, aux pieds d'une jeune fille, ne rougit pas de revêtir une robe de pourpre tyrienne? Appelez-vous courageux celui qui frotta de parfums sa rude chevelure? qui tira de ses mains guerrières les sons efféminés des tambours de Phrygie? qui ceignit autour de son front terrible la mitre des Barbares? – AMPHITRYON. Il faut bien qu'après de grands exploits le courage se repose. |
HERCULE, JOUANT LE RÔLE D'UNE FEMME, APPREND À FILER LA LAINE
L'image que les auteurs ont surtout retenue, c'est celle d'Hercule aux pieds d'Omphale, tenant une quenouille et filant.
Properce (Elégie, III, 11, 17-20) :
Omphale in tantum formae processit honorem, Lydia Gygaeo tincta puella lacu, ut, qui pacato statuisset in orbe columnas, tam dura traheret mollia pensa manu. |
Omphale, qui se baignait souvent dans les eaux du Gygée, dut à ses attraits tant de pouvoir, qu'après avoir posé les limites du monde qu'il avait pacifié, Hercule, d'une main tant de fois victorieuse, filait une douce laine. |
Sénèque (Hercule sur l'Oeta, II,371-377) :
Hospes Timoli Lydiam fouit nurum, et amore captus ad leues sedit colos, udum feroci stamen intorquens manu. Nempe illa ceruix spolia deposuit ferae crinemque mitra pressit et famulus stetit, hirtam Sabaea marcidus myrrha comam: ubique caluit, sed leui caluit face. |
Il aima, près du Tmole, la princesse de Lydie. Vaincu par ses charmes, il prit en main les fuseaux légers, et fit glisser le fil humide entre ses doigts robustes ; sa noble tête se dépouilla de la peau du lion; il mit sur son front la mitre orientale, versa les parfums d'Arabie sur sa rude chevelure, et se fit l'esclave de sa belle maîtresse. Il prit feu partout, mais tous ces feux n'ont duré que peu d'instants. |
Le Tasse (Jérusalem délivrée, XVI,3) imagine que la plus grande porte du palais d'Armide est décorée de figures en relief, dont une représentation d'Ulysse filant aux pieds d'Omphale.
Mirasi qui fra le Meonie ancelle Favoleggiar con la conocchia Alcide. Sel'inferno espugno, resse le stelle : Or torceil fuso; Amor se'l guarda, et ride. Mirasi Iole* con la destra imbelle Per ischerno trattar l'armi omicide : E'n dosso ha il cuojo delleon, che sembra Ruvido troppo a si tenere membra. |
On y voit Alcide tenant une quenouille et badinant au milieu des femmes de la reine de Méonie. Ce héros, qui vainquit les Enfers et porta le Ciel sur ses épaules, tourne maintenant les fuseaux. L'Amour le voit et sourit. D'une main débile, Iole* soulève en folâtrant les armes homicides et se couvre de la peau du lion de Némée, dont la rudesse blesse ses membres délicats. |
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MBAO, 2008.0.1542
Estampe d'après le tableau de François Lemoyne (1688-1737), gravée par Laurent Cars (1699-1771)
C'est l'image d'Hercule et d'Omphale qu'a retenu Lemoyne : Hercule a la robe d'Omphale sur le genou gauche et il tient dans ses mains quenouille et fuseau; Omphale a noué autour de ses hanches la peau du lion de Némée et elle tient sous son bras gauche la massue d'Hercule. Et tous deux semblent bien s'amuser.
Le tableau de Lemoyne, au Louvre
Lucien de Samosate (Comment il faut écrire l'histoire, X) désapprouve cette image d'un Hercule soumis à une femme.
Ἢν δὲ ἀμελήσας ἐκείνων ἡδύνῃς πέρα τοῦ μετρίου τὴν ἱστορίαν μύθοις καὶ ἐπαίνοις καὶ τῇ ἄλλῃ θωπεία, τάχιστ᾽ ἂν ὁμοίαν αὐτὴν ἐξεργάσαιο τῷ ἐν Λυδίαι Ἡρακλεῖ ἑωρακέναι γὰρ σέ που εἰκὸς γεγραμμένον, τῇ Ὀμφάλῃ δουλεύοντα, πάνυ ἀλλόκοτον σκευὴν ἐσκευασμένον, ἐκείνην μὲν τὸν λέοντα αὐτοῦ περιβεβλημένην καὶ τὸ ξύλον ἐν τῇ χειρὶ ἔχουσαν, ὡς Ἡρακλέα δῆθεν οὖσαν, αὐτὸν δὲ ἐν κροκωτῷ καὶ πορφυρίδι ἔρια ξαίνοντα καὶ παιόμενον ὑπὸ τῆς Ὀμφάλης τῷ σανδαλίῳ. | Si donc, sans respect pour ces juges, tu assaisonnes l'histoire de fables, d'éloges, et autres douceurs outrées, tu la feras bientôt ressembler à Hercule en Lydie. Tu as vu sans doute dans quelque tableau Hercule peint en esclave d'Omphale, chargé d'ornements qui ne sont nullement faits pour lui, et cette princesse revêtue de la peau de lion et tenant d'une main la massue, comme si elle était Hercule, tandis que le héros, couvert d'une robe de pourpre, file de la laine et laisse Omphale le frapper avec sa petite sandale. |
SOUS LES YEUX D'HERCULE, LE CENTAURE NESSUS TENTE DE VIOLER SON ÉPOUSE DÉJANIRE
Hercule avait réussi à conquérir Déjanire, la soeur de Méléagre, et l'avait épousée. Tous deux arrivèrent, en Grèce occidentale, au bord du fleuve Événus. Pour le traverser, un voyageur pouvait avoir recours aux services du centaure Nessus, un fils d'Ixion. Hercule lui confia donc Déjanire. Mais, arrivé sur l'autre rive, le centaure entreprit de violer la jeune femme. Alors Hercule jeta son arc sur la rive d'en face, traversa le fleuve à la nage et, d'une flèche, blessa mortellement le centaure.
Guido Reni, dit Le Guide (1575-1642), MBAO, 2008.0.1355 |
Giulio Pippi, Jules Romain (1499-1546-?), MBAO, 2008.0.1304 |
"Hercule, étant sorti de ce fleuve rapide, / entend crier sa femme, et voit le tour perfide / du Centaure amoureux qui la reporte au bord. // Mais de ce ravisseur l'espérance est trompée, / car dans le sang de l'hydre une flèche trempée / de la part du héros lui va donner la mort." |
Le tableau de Guido Reni, au Louvre
SOPHOCLE, Les Trachiniennes, 559-568 (Déjanire raconte…)
ὃς τὸν βαθύρρουν ποταμὸν Εὔηνον βροτοὺς μισθοῦ πόρευε χερσίν, οὔτε πομπίμοις κώπαις ἐρέσσων οὔτε λαίφεσιν νεώς. Ὃς κἀμέ, τὸν πατρῷον ἡνίκα στόλον ξὺν Ἡρακλεῖ τὸ πρῶτον εὖνις ἑσπόμην, φέρων ἐπ´ ὤμοις, ἡνίκ´ ἦν μέσῳ πόρῳ, ψαύει ματαίαις χερσίν· ἐκ δ´ ἤϋς´ ἐγώ, χὠ Ζηνὸς εὐθὺς παῖς ἐπιστρέψας χεροῖν ἧκεν κομήτην ἰόν· ἐς δὲ πλεύμονας στέρνων διερροίζησεν. |
D'un bord à l'autre du fleuve Evénos, au cours profond, sans s'aider de rames ni de voiles, Nessus gagnait sa vie en passant à bras les voyageurs. Je faisais alors mon premier voyage avec Héraclès, le jeune époux que mon père m'avait choisi. Le Centaure me prend sur son dos, mais voilà qu'au milieu du passage l'insolent ose porter les mains sur moi. A mes cris, le fils de Zeus se retourne et lui décoche une flèche sifflante qui s'enfonce dans sa poitrine jusqu'au poumon. |
DIODORE DE SICILE résume ainsi l'histoire de la rencontre d'Hercule et du centaure Nessus
Ἐπεὶ δὲ πορευόμενος ἦλθε πρὸς τὸν Εὐηνὸν ποταμὸν, κατέλαβε Νέσσον τὸν Κένταυρον μισθοῦ διαβιβάζοντα τὸν ποταμόν. Οὗτος δὲ πρώτην διαβιβάσας τὴν Δηιάνειραν, καὶ διὰ τὸ κάλλος ἐρασθείς, ἐπεχείρησε βιάσασθαι ταύτην. Ἐπιβοωμένης δ´ αὐτῆς τὸν ἄνδρα, ὁ μὲν Ἡρακλῆς ἐτόξευσε τὸν Κένταυρον. | Arrivé aux bords du fleuve Evénus, Hercule rencontra le centaure Nessus, qui, moyennant salaire, transportait les voyageurs d'une rive du fleuve à l'autre. Ce centaure commença d'abord par transporter Déjanire, et, ravi de sa beauté, il entreprit de la violer. Déjanire implora le secours de son mari. Hercule lança un trait contre le centaure. |
OVIDE, Métamorphoses, IX, 103-130.
Namque noua repetens patrios cum coniuge muros uenerat Eueni rapidas Ioue natus ad undas. Uberior solito, nimbis hiemalibus auctus, uerticibusque frequens erat atque inperuius amnis. Intrepidum pro se, curam de coniuge agentem Nessus adit, membrisque ualens scitusque uadorum, "officio" que "meo ripa sistetur in illa haec," ait "Alcide. tu uiribus utere nando!" Pallentemque metu, fluuiumque ipsumque timentem tradidit Aonius pauidam Calydonida Nesso. Mox, ut erat, pharetraque grauis spolioque leonis (nam clauam et curuos trans ripam miserat arcus): "Quandoquidem coepi, superentur flumina" dixit; nec dubitat nec, qua sit clementissimus amnis, quaerit, et obsequio deferri spernit aquarum. Iamque tenens ripam, missos cum tolleret arcus, coniugis agnouit uocem Nessoque paranti fallere depositum : "Quo te fiducia" clamat "Vana pedum, uiolente, rapit? Tibi, Nesse biformis, dicimus; exaudi, nec res intercipe nostras. Si te nulla mei reuerentia mouit, at orbes concubitus uetitos poterant inhibere paterni. Haud tamen effugies, quamuis ope fidis equina; uulnere, non pedibus te consequar." Ultima dicta re probat, et missa fugientia terga sagitta traicit; exstabat ferrum de pectore aduncum. Quod simul euulsum est, sanguis per utrumque foramen emicuit, mixtus Lernaei tabe ueneni. |
Retournant avec sa nouvelle épouse vers les murs de sa patrie, le fils de Jupiter était arrivé sur les bords de l'impétueux Événus. Ce fleuve, alors plus gros que de coutume, enflé par les pluies d'hlver, formait de nombreux tourbillons et on ne pouvait le franchir. Le héros ne craignait rien pour lui-même, mais il était en peine pour son épouse. Le robuste Nessus, à qui les gués étaient connus, s'approche de lui : "Alcide, dit-il, je me charge de déposer sur l'autre rive celle que voici ; toi, réserve tes forces pour passer le fleuve à la nage." Le héros d'Aonie confie à Nessus la vierge de Calydon, pâle d'effroi, toute tremblante, redoutant le fleuve et le porteur. Puis, dans l'état où il se trouvait, chargé de son carquois et de la dépouille du lion (car il avait lancé sur la rive opposée sa massue et son arc flexible) : "Puisque j'ai commencé, dit-il, je veux encore venir à bout de ce fleuve." Il n'a pas une hésitation, il ne songe pas à chercher où le courant est le plus tranquille, ni à se laisser aller au fil de l'eau obéissante. Déjà, debout sur l'autre bord, il relevait l'arc qu'il y avait lancé, lorsqu'il reconnaît la voix de son épouse; Nessus s'apprêtait à ravir le dépôt commis à sa garde : "Où t'entraîne, lui crie le héros, une folle confiance dans l'agilité de tes pieds, scélérat? C'est à toi que je parle, Nessus à la double forme ; écoute-moi et ne me dérobe pas mon bien. Si tu n'avais aucun respect pour mes droits, du moins la roue de ton père aurait pu te détourner des amours interdites. Mais tu ne m'échapperas pas; en vain tu comptes sur les avantages que tu tiens du cheval; c'est à coups de flèches et non avec mes pieds que je t'atteindrai." Ses dernières paroles sont confirmées par leur effet et un trait parti de sa main traverse le dos du fuyard; le fer recourbé ressortait par la poitrine. A peine a-t-il été arraché que le sang jaillit des deux blessures, mêlé à l'infect poison de Lerne. |
Mais Hercule ne savait pas que cet incident allait être, plus tard, la cause de sa mort. En effet, avant de mourir, le centaure voulut se venger de son meurtier. Pour cela, il confia un secret à Déjanire : si l'amour de son mari venait un jour à lui faire défaut, elle n'aurait qu'à demander à Hercule d'endosser un vêtement imprégné d'un certain philtre d'amour qu'il lui donna (en réalité un poison fait d'un mélange du sperme qu'il avait répandu lors de la tentative de viol et du sang coulant de la blessure faite par la flèche, sang dans lequel se trouvait du sang de l'hydre de Lerne qui imprégnait la pointe de la flèche).
C'est ainsi que, plus tard, mourut Hercule. Déjanire, jalouse de son mari amoureux d'Iole, utilisa le philtre d'amour : le vêtement imprégné du poison se colla au corps d'Hercule de telle sorte qu'en voulant s'en débarrasser il s'arrachait des lambeaux de chair; fou de douleur, il se brûla vif sur le mont Oeta.
HERCULE ÉPOUSE HÉBÉ DANS L'OLYMPE
Hercule, devenu immortel parmi les dieux, se réconcilia avec Héra (Junon), qui lui donna comme épouse sa fille Hébé.
Hébé était fille de Jupiter et de Junon. Jupiter, charmé de la beauté de sa fille, la nomma déesse de la jeunesse, et lui confia la fonction de servir à boire à la table des dieux. Mais, un jour qu'elle s'était laissée tomber d'une manière peu décente, Jupiter lui ôta son emploi pour le donner à Ganymède. Cependant Junon, sa mère, la retint à son service, et lui confia le soin d'atteler son char. On la représente couronnée de fleurs, avec une coupe d'or à la main.
Hercule eut de cette déesse une fille, Alexiare, et un fils, Anicetus.
MBAO
Laurent BLANCHARD (1762-1819),
Le mariage d'Hercule et d'Hébé (1804)
HOMERE, Odyssée, XI, 602-604 : "Héraclès séjourne en personne parmi les Immortels, dans la joie des festins. Du grand Zeus et d'Héra aux sandales dorées il possède la fille, Hébé aux chevilles bien prises."
HÉSIODE, Théogonie, 950 : "Et le robuste fils d'Alcmène aux beaux pieds, lui, Héraclès le Fort, épousa Hébé, après ses terribles travaux. Il épousa cette fille du grand Zeus et de Hèra aux sandales dorées, Hébé, la chaste déesse, dans l'Olympe neigeux. Heureux, après avoir accompli d'illustres actions, il habite parmi les dieux, immortel à l'abri de la vieillesse."
UN HERCULE ALLÉGORIQUE
HERCULE ET LA SAGESSE
Il s'agit d'une peinture allégorique mettant côte à côte une femme, allégorie de la Sagesse, et Hercule, représentant la Force physique. Hercule est pris comme symbole des hommes qui se caractérisent par la force brutale mise au service des préoccupations uniquement terrestres. A côté d'Hercule qui regarde vers le bas et semble convoiter les joyaux qui sont sur le sol, la Sagesse regarde vers le ciel et une lumière brille sur son front.
MBAO, 2008.0.1488
Tableau de Véronèse (1528-1588), gravé par DESPLACES Louis (1682-1739)
avec comme titre La Sagesse compagne d'Hercule
Le tableau de Paolo Veronese, 1580 - Frick Collection, New York
Certains critiques pensent que ce tableau représente Hercule et Omphale.
UN HERCULE ALLÉGORIQUE
HERCULE CONTRE L'AVARICE
MBAO-2008.0.81
Hercule chassant l'Avarice du temple des Muses
gravure sur bois de Ugo da Carpi d'après Baldassare Peruzzi (1481-1536)
Apollon et Athéna, protecteurs des Arts, sont dans le temple des Muses (huit sont visibles). L'Avarice (qui s'est emparée d'objets précieux) est chassée sans ménagement par un Hercule reconnaissable à sa peau de lion et à sa massue. Ce serait une leçon pour quelque mécène : l'avarice s'est pas de mise quand il s'agit d'art.