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DIOGÈNE

 

1- DANS LES RUES D'ATHÈNES, DIOGENE LE CYNIQUE CHERCHE UN HOMME SANS LE TROUVER

Diogène Laerce, dans ses Vies et doctrines des philosophes illustres, cite de nombreux mots de Diogène (-413/-327), le philosophe cynique. Son "mot" le plus célèbre, recueilli dans les rues d'Athènes : Ayant allumé une lanterne en plein jour, il dit : "Je cherche un homme"." (c'est-à-dire un homme véritable, sans vices). [Λύχνον μεθ' ἡμέραν ἅψας, "Ἄνθρωπον, φησί, ζητῶ."]

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Pieter Van Mol (1599-1650), Diogène cherchant un homme


Autres "mots de Diogène :
– On lui disait qu'il était vieux et devait désormais songer au repos : « Eh quoi! répondit-il, si je faisais une course et que je fusse près du but, ne devrais-je pas redoubler d'efforts au lieu de me reposer ? »
– Ayant aperçu un enfant qui buvait dans le creux de sa main, il jeta aussitôt le gobelet qu'il portait dans sa besace, en disant : « Un enfant m'a donné une leçon de simplicité. »
– Alexandre vint un jour se placer devant lui, tandis qu'il se chauffait au soleil dans le Cranium, et lui dit: « Demande-moi ce que tu voudras. — Retire-toi de mon soleil, » reprit Diogène.
– On lui demandait, au retour d'Olympie, s'il avait vu beaucoup de monde. « Oui, répondit-il, beaucoup de monde, mais peu d'hommes. »

 


2- ALEXANDRE ET DIOGÈNE

MBAO-

Dessin de Delaperche (p. 259)

Alexandre, né en Macédoine à Pella en -356, élève d'Aristote, a repris le projet de son père Philippe d'une union des Grecs autour de la Macénoine pour lutter contre les Perses. Ayant décidé de visiter la Grèce en vainqueur, il passe à Corinthe dans l'hiver -335. Là il rencontre Diogène de Sinope, le vieux philosophe cynique, qui vivait dans un dénuement volontaire, habitant dans une grande jarre (pithos) couchée sur le flanc. Diogène Laerce a résumé la scène dans ses Vies, doctrines et sentences des philosophes illustres (38) : "Pendant que, dans un lieu d'exercice nommé Cranion il se chauffait au soleil, Alexandre s'approcha, et lui dit qu'il pouvait lui demander ce qu'il souhaitait. Je souhaite, répondit-il, que tu ne me fasses point d'ombre ici."
Delaperche a représenté Alexandre avec son cheval Bucéphale qu'il dompta alors qu'il n'avait que dix ans et qui l'accompagna jusqu'à sa mort en -326. Diogène est dans une sorte de tonneau près duquel est son bâton. Sous les regards étonnés de trois soldats et d'un vieux philosophe, il demande à Alexandre de ne plus lui faire de l'ombre.

PLUTARQUE, Vie d'Alexandre (XVIII)

Les Grecs assemblés dans l'isthme ayant arrêté par un décret qu'ils se joindraient à Alexandre pour faire la guerre aux Perses, il fut nommé chef de cette expédition et reçut la visite d'un grand nombre d'hommes d'état et de philosophes, qui vinrent le féliciter de cette élection. Il se flatta que Diogène, qui était alors à Corinthe, lui rendrait aussi sa visite ; mais, voyant que ce philosophe faisait peu de cas de lui et qu'il se tenait tranquillement dans son faubourg, il alla lui-même le voir. Diogène était couché au soleil ; et lorsqu'il vit venir à lui une foule si nombreuse, il se souleva un peu, et fixa ses regards sur Alexandre. Ce prince, après l'avoir salué, lui demanda s'il avait besoin de quelque chose : "Oui, lui répondit Diogène; ôte-toi un peu de mon soleil". Alexandre, frappé de cette réponse et du mépris que Diogène lui témoignait, admira sa grandeur d'âme; et, comme ses officiers, en s'en retournant, se moquaient de Diogène : "Pour moi, leur dit ce prince, si je n'étais pas Alexandre, je voudrais être Diogène."


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