<== Retour


LE JEUNE CATON VEUT TUER SYLLA POUR EN DÉLIVRER ROME (p. 263)


 

MBAO-

Dessin de Delaperche (p. 263)

Sylla, chef du parti aristocratique, a fait sombrer Rome dans une violence encore inconnue. Les adversaires du dictateur sont proscrits, exécutés et leurs bien saisis. Chaque semaine des nouveaux noms sont inscrits sur les listes de proscription invitant les Romains à assassiner leurs concitoyens.
Sylla convie chez lui le jeune Caton, futur homme politique qui sera célèbre pour son intégrité. Le garçon, âgé alors de 14 ans, choqué par la violence du dictateur, demande à son gouverneur Sarpédon pourquoi Sylla n'a pas encore été tué : « C'est qu'on le craint encore plus qu'on le hait », répond le précepteur. Furieux, le garçon de 14 ans réclame une épée pour déliver sa patrie de l'esclavage. Mais son précepteur, effrayé, s'empressera de le ramener chez lui.

Dans le dessin de Delaperche illustre cette réaction du jeune Caton. On remarque :
– A droite, des Romains qui découvrent une liste des citoyens proscrits à assassiner.
– A gauche, des hommes à la tête de brigands qui apportent un cadavre et deux têtes tranchées à un employé qui en tient comptabilité et va sans doute leur donner une rémunération pour leur crime.
– Au premier plan, deux hommes enchaînés destinés à la torture
– A l'arrière plan, Sylla assis entouré de généraux et d'un licteur
– Au centre du dessin, le jeune Caton essaie de prendre l'épée de son vieux maître Sarpédon pour aller tuer Sylla qu'il montre du doigt.

PLUTARQUE, Vie de Caton le Jeune, 3.

Sylla, qui avait été l'ami particulier de leur père, faisait de temps en temps venir Caton et son frère Cépion, pour s'entretenir avec eux, faveur qu'il n'accordait qu'à très peu de personnes, à cause de la dignité de sa charge et de la grandeur de sa puissance. Sarpédon, gouverneur de ces jeunes gens, sentant de quel avantage cette distinction pouvait être pour la sûreté et l'avancement de ses élèves, menait souvent Caton dans la maison de Sylla, pour qu'il fît sa cour au dictateur. Cette maison était une véritable image de l'enfer, par le grand nombre de personnes qu'on y amenait tous les jours, pour les appliquer à la torture. Caton avait alors quatorze ans; il voyait emporter les têtes des personnages les plus illustres de Rome, et entendait gémir en secret ceux qui étaient témoins de ces cruelles exécutions. Un jour il demanda à son gouverneur pourquoi on n'avait pas encore tué cet homme. « C'est, lui répondit Sarpédon, qu'on le craint encore plus qu'on ne le hait. - Que ne me donniez-vous donc une épée? répliqua le jeune homme : j'aurais, en le tuant, délivré ma patrie de l'esclavage. » Sarpédon, effrayé de ces paroles, et plus encore de l'air de fureur qui respirait dans les yeux et sur le visage de Caton, l'observa depuis avec le plus grand soin et le garda pour ainsi dire à vue, de peur qu'il ne se portât à quelque entreprise téméraire contre Sylla.


<== Retour