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FAIRE SES PÂQUES

"Faire ses pâques" prend, en Italie, la forme d'une formalité obligatoire qui donne lieu à l'émission de "billets de communion".

Le Jeudi-Saint, on commença de faire les Pâques dans notre église. Il y eut un très grand nombre de personnes qui s'approchèrent de la sainte Table. Je remarquai qu'on donnait un petit billet imprimé à tous ceux qui communiaient, et cela pour savoir au juste ceux qui ont rempli leur devoir ou non. Car, comme je l'ai remarqué dans un autre endroit, les curés ont soin, pendant le Carême, de faire la revue et le dénombrement de leurs paroisses et, quand la quinzaine de Pâques est passée, ils vont recueillir ces "billets de communion" et, les confrontant avec leur dénombrement, ils voient ceux qui y ont manqué. Et, à moins que ces personnes ne présentent un billet de leur confesseur, qui atteste qu'elles se sont présentées au Tribunal de la Pénitence, ce qui signifie, en termes couverts, qu'il a jugé à propos de différer leur communion, au lieu que, quand elles n'ont point ce billet, on est en droit de juger qu'elles sont dans le désordre. Si ce sont des femmes, elles sont enrôlées au corps des femmes de mauvaise vie; et si ce sont des hommes, on envoie leurs noms à l'évêque diocésain, après un certain temps, après qu'on a employé les voies des avertissements et des admonitions secrètes. Car pour les admonitions canoniques, la coutume n'est pas de s'en servir. Il y a une voie plus courte et plus infaillible, c'est une dénonciation au Saint-Office, pareilles choses sont de sa juridiction, et il sait parfaitement bien mettre à la raison et faire rentrer dans leur devoir ceux qui s'en écartent d'une manière haute et scandaleuse.

• Labat (Jean-Baptiste), Voyages en Espagne et en Italie, t. IV, 1731, p. 257.