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INDULGENCES

Les moines ont pour fonction de compabiliser des jours d'indulgence qui permettront, à eux et aux autres, de sortir plus tôt du purgatoire.

Les capucins de la place Barberini à Rome, presque tous d'âge mûr, inutiles, sans parents, sans amis, ayant employé leur vie à s'éteindre, font peine à voir. Sur les murs sont des imprimés indiquant les prières et stations de la semaine sainte qui procurent l'indulgence plénière, puis les pratiques d'efficacité moindre par lesquelles on gagne dix années d'indulgence applicables à autrui et, partant, transmissibles. À quoi un moine ordinaire peut-il songer ici, sinon à s'approvisionner de pardons ? C'est un gros capital à gagner ; s'il a des amis, un neveu, un filleul, un vieux père mort, il leur fera cadeau de son surplus. Tout son souci doit être de bien employer son temps, de choisir les chapelles les plus fructueuses, de faire le plus de génuflexions et de récitations qu'il pourra. S'il est bon ménager et assidu, il rachètera cinq ou six âmes outre la sienne. Le grand saint Liguori, le théologien le plus accrédité du dernier siècle, avait ce principe : un chrétien zélé est à peu près certain d'éviter l'enfer ; mais, comme nul n'est exempt de péché, il est à peu près certain ne ne pas éviter le purgatoire : donc, s'il est sensé, il ajoutera tous les jours à son capital d'indulgences. Mettons qu'il gagne cent jours seulement aujourd'hui – et il le peut par une seule prière – il sortira du purgatoire trois mois et dix jours plus tôt.

• Taine (Hippolyte), Voyage en Italie- À Rome, éd. Complexe, 1990, t. I, p. 258-259.