FOIRE AUX FILLES |
Dans l'église de Minturno, Guyot a assisté à une véritable "foire aux filles", au cours de laquelle les garçons du pays venaient choisir, parmi une trentaine de candidates au mariage, celle qu'il trouvaient le plus à leur goût. |
J'ai passé par Minturno le premier dimanche de ce mois. […] Comme tout le monde était à l'église, je me déterminai à y aller aussi. Vous ne sauriez jamais vous imaginer ce qu'on y faisait. Il s'agissait de mariage, mais, à la place d'un, on en a fait, je crois, plus de trente. Cette cérémonie se pratique d'une manière si étrange que, pour en donner une idée, il faudrait l'appeler la foire des filles. En effet toutes les filles du pays, avec leurs pères et mères, y étaient assemblées au milieu de l'église. Là elles étalaient toute leur beauté et tous leurs charmes, non seulement pour s'attirer les regards de toute le monde, mais aussi pour trouver un mari. Tous les garçons du pays s'y trouvent aussi, et il ne tient qu'à eux de choisir la fille qu'ils trouvent le plus à leur goût. Pour ce effet, ils leur présentent une fleur et c'est une marque qu'ils la choisissent pour leur épouse. La fille donne ensuite cette fleur à sa mère qui, en le recevant et en la baisant, marque son consentement. La mère la remet ensuite au père ou, s'il était mort, au plus proche parent. Celui-ci, après la même cérémonie, rend cette fleur à la fille qui, ayant reçu de cette manière le consentement de père et de mère, baise la fleur, et le mariage est supposé conclu, à moins qu'il n'y ait, d'un côté ou d'autre, quelque obstacle contre les ordonnances de l'Eglise. |
• Guyot de Merville (Michel), Voyage historique d'Italie, t. II, 1729, p. 197-200. |