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LES RELATIONS ENTRE VILLES ET COURS D'EAU À LEUR CONTACT EN GAULE ROMAINE :
L'EXEMPLE D'
AUGUSTORITUM, LIMOGES,
ENTRE LA FIN DU 1er SIÈCLE AV. J.-C. ET CELLE DU IIIe SIÈCLE DE NOTRE ÈRE

Robert BEDON
Université de Limoges


 

Résumé : Limoges, Augustoritum à l'époque gallo-romaine, constitue un cas parmi beaucoup d'autres de ville délibérément établie au bord d'un cours d'eau. Implantée sur un flanc de la vallée creusée par la Vienne, et en étroite connexion avec cette rivière, par son urbanisme, certaines de ses installations, et même par son nom, elle en retirait de nombreux et forts avantages, tant pratiques et économiques que d'aspect, voire même à certains égards politiques. Il existait bien des inconvénients potentiels, mais ils demeuraient limités et ont pu pour la plupart être dominés. Il faut cependant regretter le fait que les siècles ne nous ont transmis ni textes ni iconographie pour éclairer notre connaissance de ces liens entre la ville et la rivière, si ce n'est de manière indirecte et générale. Mais les vestiges matériels subsistants et les apports de l'archéologie permettent de compenser en grande partie cette absence, et de mettre en lumière cette relation étroite.

 

Introduction

Pourquoi un article sur Limoges antique sur notre site ? Il a pour source une communication présentée à un colloque tenu en mars 2017 à Orléans sur le thème suivant «  Orléans et villes-fleuves du monde au fil des siècles : histoire d'eau et d'art. Hommage à Alain Malissard  ». Au nombre de telles villes que le monde, et plus particulièrement la France, à connues au fil des siècles, Augustoritum, la capitale gallo-romaine du peuple des Lémovices, de nos jours Limoges, a trouvé sa place dans ce colloque et maintenant sur ce site pour deux raisons. La première est que cette ville antique s'étendait au bord d'une rivière de taille assez importante, la Vienne, un affluent de la Loire. La seconde consiste dans le fait qu'à Limoges se trouve une Université dans laquelle le regretté Alain Malissard, à la mémoire de qui je dédie cet article, s'était rendu à plusieurs reprises, notamment lors de congrès et de colloques, dont un sur les aqueducs, en 1996, où il a conçu le projet d'organiser celui qui s'est tenu à la Faculté des Lettres et des Sciences Humaines d'Orléans, en mai 1998  [1], sur le thème de la Loire et les fleuves de la Gaule romaine et des régions voisines. Quant à la limitation chronologique à la seule période comprise entre la fin du Ier siècle av.  J.-C. et celle du IIIe  siècle de notre ère, elle s'explique par le fait que le début de l'espace chronologique que j'ai choisi correspond à la fondation de cette ville, et qu'après la fin de celui-ci les relations entre Augustoritum et la Vienne se sont modifiées. Mais à l'intérieur de cette période, elles se sont montrées étroites et bien visibles, comme nous allons le découvrir dans les pages qui suivent.

Le nom antique de Limoges

Nous détenons une importante indication d'origine antique sur le fort lien entre Limoges antique et la Vienne : le nom antique lui-même de la ville, Augustoritum, qui est connu par des sources écrites d'époque romaine, notamment la Géographie de Ptolémée  [2], datée des années 150 de notre ère. Il évoque en effet indirectement un rapport avec un cours d'eau  : Augustoritum, est un nom composé, de formation hybride, sa première partie, de langue latine, évoquant l'empereur Auguste, et sa seconde composante, -ritum, provenant d'un terme gaulois désignant un gué. Ainsi, ce nom fait référence à une fondation au temps de cet empereur  [3] (mais pas par lui-même, comme on l'entend et le lit trop souvent) à proximité d'un gué, donc d'une rivière. Le motif politique de ce choix onomastique était d'affirmer la soumission et la loyauté, l'obsequium et la fides selon la formulation officielle latine  [4], de ce peuple à l'égard du pouvoir impérial romain, en même temps que d'exprimer une identité gauloise. Quant à l'existence d'un gué, elle se trouve confirmée par la réalité topographique que je vais exposer dans quelques lignes, mais aussi par un microtoponyme actuel situé à Limoges, à savoir la Roche-au-Gô, Gô signifiant gué dans le parler limousin.

Absence de la Vienne dans les sources écrites antiques

Nous ne disposons d'aucune source écrite remontant à l'Antiquité qui fasse état de la Vienne, ou peut-être vaut-il mieux dire qu'il ne nous en reste aucune, les siècles ne nous ayant rien transmis de celles qui ont vraisemblablement existé. La Vienne n'a pas eu la chance du Rhône, de la Saône, de la Seine, de la Garonne et de la Loire  [5], fleuves présents quant à eux dans la littérature latine. Il a bien existé un écrivain local, Ruricius (vers 440 –507 ou peu après), évêque de Limoges à la limite de l'Antiquité et du Moyen Age. Mais en a-t-il fait mention dans son oeuvre, et en particulier dans le recueil épistolaire qu'il a constitué  [6]  ? Le déséquilibre fort entre les deux livres que présente ce recueil dans l'unique manuscrit qui nous l'a transmis suggère qu'une partie en a été perdue, et nous ne saurons jamais, sauf redécouverte, toujours possible au demeurant, si cet auteur lui avait ménagé une place dans ce recueil, voire dans d'autres œuvres qu'il aurait écrites. Rien non plus ne figure dans l'épigraphie locale remise au jour à la date d'écriture de cet article.

La première mention connue de la Vienne dans la littérature ne remonte en fait qu'aux premiers temps de la période médiévale. Il faut attendre Venance Fortunat (vers 530-609), pour la trouver mentionnée, dans un poème qu'il a dédié à Grégoire de Tours pour le remercier de lui avoir prêté une résidence rurale longée par la rivière  [7], et chez Grégoire de Tours lui-même (538 ou 539-594)  [8], sous la forme de Vigenna ou de Vingenna, ou sous d'autres, voisines, telles que Vincenna, selon les manuscrits. Toutefois l'aspect de ce nom montre sa grande ancienneté, d'époque gauloise ou antérieure, comme c'est le cas pour nombre d'hydronymes  [9]. Nous pouvons donc estimer à coup sûr qu'on la nommait déjà Vi(n)genna à l'époque romaine. De la sorte, pour traiter du sujet que j'ai choisi, il apparaît nécessaire d'utiliser d'autres sources. Il ne reste guère pour cela que l'archéologie limousine, et à la rigueur quelques textes au contenu très général, ayant par exemple pour auteurs Vitruve ou Strabon, ou d'autres encore évoquant des situations comparables, et utilisables pour des parallèles ou pour évoquer un contexte.

Un lien avec les temps antérieurs

La ville d'Augustoritum est issue d'un déplacement à partir de la capitale antérieure des Lémovices, le très vaste oppidum retrouvé à Villejoubert, lui-même implanté au bord de la Vienne (sur sa rive nord), en amont, à environ 25 km  [10] de distance, soit une dizaine de lieues gauloises, en position centrale dans le territoire des Lémovices. Les dirigeants de ce peuple, y ayant apprécié les avantages d'un contact avec la rivière, auront tenu à ce que la nouvelle capitale reste à ce contact.

Un des motifs pour choisir le site de refondation

Or une rivière ne fournissait qu'une ligne sur laquelle placer une fondation urbaine. Pour parvenir à un site précis, il fallait au moins un autre motif. Ici, il s'est agi du gué inspirateur du nom de la ville, plus exactement dans son cas d'une plateforme guéable, particulièrement large (environ 800  m)  [11]. Elle était antérieurement connue et utilisée par un itinéraire reliant l'Armorique à la Méditerranée, qui servait pour le transport de vin dans le sens sud-nord, et probablement celui de métaux dans l'autre sens (principalement de l'étain en provenance des îles Britanniques). Cet itinéraire traversait la rivière en face d'une remontée facile, à la hauteur d'un endroit que j'ai déjà évoqué pour son nom actuel de la Roche-au-Gô. Ce choix comportait cependant un élément un peu négatif : déportée vers l'ouest par rapport à la capitale précédente, la nouvelle ville allait se trouver en position moins centrale qu'elle dans le territoire lémovice. Cependant, elle resterait à bonne distance de sa limite occidentale. A côté de ce motif routier d'implantation, celui du maintien en contact étroit avec la Vienne comportait des raisons plus précises encore qu'un simple voisinage. Il est reconnu par de multiples exemples qu'on recherchait pour les fondations urbaines une proximité de grande longueur avec un ou plusieurs cours d'eau, donc un méandre ou un confluent  [12]. Dans le cas d'Augustoritum, l'installation s'est effectuée non seulement près d'un gué sur la Vienne, mais également dans une courbe, au demeurant légère, de celle-ci, et de surcroît entre les vallées, petites mais bien marquées, de deux ruisseaux qui aboutissaient à cette rivière.

Urbanisme et plan

La Vienne a donc déterminé une des limites de la ville. Celle-ci, implantée sur le versant nord-ouest, donc exposé au sud-est, de la vallée que la rivière avait creusée, se plaçait en conséquence sur un terrain en pente, qui comportait en outre plusieurs micro-reliefs. Cette rivière a aussi conditionné l'orientation du plan, de nature orthogonale selon la tradition des fondations urbaines de cette époque : on observe la recherche d'un alignement des rues nommées decumani sur la direction générale des courbes de niveau, lesquelles avaient été déterminées par l'érosion que ses eaux avaient créée, et la plus ou moins grande résistance des terrains rocheux ainsi attaqués par elles.

Fig. 1. Plan d'Augustoritum, Limoges antique (dessin J.-P. Loustaud).

 

Ces rues s'alignaient ainsi sur la direction générale de la rivière, dans la mesure où la chose était possible, puisque, comme je l'ai écrit plus haut, le tracé de cette dernière s'incurvait à la hauteur du site retenu, à cause d'une présence rocheuse qu'elle devait contourner. Cette recherche d'alignement a eu pour conséquence immédiate l'orientation des kardines, qui étaient par définition perpendiculaires aux decumani, donc aux courbes de niveau, et il s'est trouvé que ces kardines suivaient plus ou moins la même direction que les deux ruisseaux qui rejoignaient la rive droite à cet endroit et qui ont encadré la ville. Afin d'aménager ce terrain en pente et l'adapter aux constructions qu'il allait recevoir, on a mis en place une succession de terrasses, reliées entre elles par les rues en pente qu'étaient les kardines, dont certaines ont été aménagées, au moins partiellement, en escaliers.

Nécessité de pouvoir traverser la Vienne en toute saison

Le choix de ce site en bordure d'un cours d'eau a entraîné plusieurs conséquences. Tout d'abord est apparue immédiatement la nécessité d'une traversée de la Vienne réalisable en toute saison, ce que le gué ne pouvait permettre qu'en période de moyennes ou de basses eaux, situation incompatible avec la nécessité de maintenir la liaison avec la partie méridionale de la cité des Lémovices. Il fallait aussi faciliter l'accès aux routes partant de la ville vers le sud-ouest et le sud, et qui menaient à des villes telles que Périgueux, Bordeaux, Agen, Cahors et Toulouse, et au-delà vers la Méditerranée. En outre, le prestige normal d'une capitale de cité aurait souffert d'une dépendance de ses communications vis-à-vis de l'état d'une rivière. Très vite apparemment, peut-être dès le début du Ier siècle de notre ère, on a décidé de construire un pont  [13], selon toute vraisemblance fait d'arches et d'un tablier de pierre, localisé à l'emplacement le plus favorable, donc cette fois dans le prolongement du kardo maximus, et en liaison avec cette décision, on a dévié l'ancien parcours de la route, qui traversait antérieurement la rivière par le moyen de la plateforme guéable, à la limite et dans la partie occidentale du terrain désormais occupé par Augustoritum.

Cet emplacement s'est révélé si bien choisi que bien des siècles plus tard, d'après une destruction de ce pont jusqu'au ras de l'eau en 1182, la partie subsistante de ses piles a été réutilisée pour l'édification, en 1215, d'un nouvel ouvrage d'art, l'actuel pont Saint-Martial.

Fig. 2. Le pont Saint-Martial, traversant la Vienne, et construit sur les fondations de l'ouvrage d'art antique,
que l'on discerne au ras du niveau de l'eau (Ph. R. Bedon).

Un auteur local, Geoffroy de Vigeois, qui rapporte les circonstances de cette destruction dans sa Chronique, qualifie l'ouvrage d'art antique, qu'il avait vu auparavant, d'opere mirifico constructus, « construit selon un travail admirable ». et ajoute que magnam populo abundantiam ministrabat, qu'il « apportait à la population une grande opulence », ce qui devait avoir eu lieu depuis sa mise en service  [14]. De plus, la présence de ce pont n'offrait pas des avantages que pour les habitants d'Augustoritum : elle permettait aussi le franchissement de la Vienne par des voyageurs dont la ville n'était pas la destination, mais seulement une étape. Un tel ouvrage d'art équipant une ville placée au contact d'une rivière n'était nullement un cas isolé : il en était de même par exemple à Saintes sur la Charente, à Lutèce sur la Seine, à Arles sur le Rhône, à Trèves sur la Moselle, et bien sûr à Orléans sur la Loire, dans ce cas précis dès avant la conquête romaine.

Une disposition valorisante de l'urbanisme et des principaux édifices

Pour qui venait de Bordeaux ou de Périgueux, la découverte d'Augustoritum avait lieu depuis le haut du versant sud-est de la vallée de la Vienne. Elle suscitait alors un regard spontané d'ensemble où, dans une vue cavalière, elle apparaissait inséparable de la Vienne, laquelle prenait l'aspect d'un ruban qui la séparait du voyageur, et en soulignait la limite basse. Le regard se resserrait ensuite sur le pont qui donnait accès à la ville, et remontait progressivement jusqu'à l'horizon, en suivant le kardo qui le prolongeait visuellement cet ouvrage d'art et semblait alors dépendre de lui, de sorte que cette artère apparaissait immédiatement comme ce qu'elle était en réalité, à savoir l'axe principal traversant la ville. Cette impression s'est trouvée renforcée, à partir du IIe siècle de notre ère, par la vision des édifices et des ensembles architecturaux qui se succédaient le long de sa montée, à savoir en premier lieu un théâtre, édifice assez peu répandu dans les villes de la Gaule romaine  [15], et derrière lui un bâtiment mal identifié, peut-être des thermes, puis de luxueuses résidences de notables, ensuite l'ensemble formé par l'encadrement du forum, comprenant deux espaces bordés de portiques, d'une basilique, et de la curie où se réunissait le sénat lémovice, l'un de ces espaces entourant un temple voué au culte impérial, avec à sa droite des thermes, à son contact supérieur un ensemble architectural encadré de portiques, et enfin, tout en haut du versant et se découpant sur le ciel, un amphithéâtre de grandes dimensions, environ 137 m sur 115 m, pour une hauteur d'une vingtaine de mètres.

Une telle disposition ne pouvait être le fait du hasard, mais témoigne d'une indéniable volonté des autorités locales d'aligner des architectures de prestige sur une artère privilégiée, ce qui montrait de façon spectaculaire que depuis les débuts d'Augustoritum, elles considéraient bien ce kardo, déjà situé en position axiale dans le plan de la ville, comme la rue principale de celle-ci, et qu'elles avaient organisé, et même mis en scène, ces implantations de part et d'autre et le long de cette artère pour créer chez les arrivants une première impression admirative, mais surtout politiquement favorable, puisqu'ils y rencontraient immédiatement les principaux édifices du catalogue architectural des villes romaines, ce qui était pour les notables locaux un moyen de proclamer leur obsequium et leur fides envers l'autorité impériale et ses représentants en visite ou de passage. Ils étaient en effet bien conscients que certains de ces voyageurs arrivant de ce côté pouvaient être des magistrats en provenance de Rome par la Méditerranée, ou le gouverneur de la province d'Aquitaine, dont faisait partie la cité des Lémovices. Pour les autres voyageurs, de rang plus modeste, l'image ainsi offerte proclamait la puissance et la vitalité de cette cité, ce qui comportait également bien des avantages. On ajoutera que ce type de disposition architecturale porteuse d'un message politique ne se rencontre pas que dans le cas d'Augustoritum, mais également dans nombre d'autres villes de la Gaule, avec pour certaines d'entre elles également un encadrement partiel de leur urbanisme effectué par une ou deux rivières, comme à Vesunna, Périgueux, à Tolosa, Toulouse, ou à Avaricum, Bourges, pour ne pas en citer davantage  [16].

Il se trouvait de surcroît que la route qui venait de Lyon, la capitale des Trois Gaules, et menait vers l'Océan, une des voies principales de ce groupe de provinces, appartenant au réseau établi par Agrippa un peu avant la fondation d'Augustoritum, passait au sommet de la pente où s'étendait Augustoritum, autre motif probable de la localisation choisie pour la ville. Le voyageur utilisant cette route, à l'approche d'Augustoritum, voyait d'abord, si la végétation le permettait, la Vienne au fond de sa vallée, puis la capitale des Lémovices qui s'étendait sur la pente entre cette rivière et la route qu'il suivait. Donc, pour qui arrivait soit du sud par la route de Bordeaux, soit de l'est ou de l'ouest par la voie d'Agrippa, la Vienne et Augustoritum se montraient inséparables dans le panorama urbain qui s'offrait à leurs yeux. Seuls ceux qui provenaient du nord ou du nord-ouest, par exemple de Poitiers, n'en avaient pas une vision associée, de même que la perdaient ceux qui sortaient de la voie d'Agrippa pour entrer dans la ville à partir du moment où ils entraient dans son kardo maximus, les uns et les autres donc par son extrémité haute. Les édifices bordant cette voie dans sa partie supérieure masquaient en effet pour eux le reste de la ville, et quand ils approchaient de l'extrémité basse du kardo, le tablier du pont  [17] devait masquer en grande partie la Vienne, ou du moins détourner l'attention des tranches de la rivière qui le dépassaient à sa droite et à sa gauche.

Autres effets de ce choix

Alimentation en eau et évacuation

Le choix d'une implantation au contact de la Vienne a eu d'autres effets, pour la plupart avantageux et d'ordre pratique, dont certains avaient sans aucun doute figuré parmi les raisons de conserver, lors du déplacement de la capitale à partir de l'oppidum de Villejoubert, un emplacement situé au bord d'un cours d'eau. Et tout d'abord, ce contact apportait une solution immédiate au ravitaillement en eau des occupants, les habitants humains mais aussi l'importante population animale présente à Augustoritum, comme dans toutes les villes antiques, et aux besoins d'activités artisanales comme la poterie, la tannerie, la foulonnerie, ainsi que d'autres métiers comme celui de lavandière.

Aucune attestation n'existe d'une utilisation comme boisson par les Lémovices présents dans la ville, mais un témoignage concernant l'eau de la Seine, fourni par un personnage de rang impérial, le César Julien, et correspondant aux hivers qu'il a passés à Lutèce de 357 à 360, rend un tel recours très probable, avant le creusement des puits reconnus dans les quartiers et la construction de l'aqueduc dont la ville s'est pourvue, et même ensuite, de manière parallèle à ces derniers. Voici ce qu'écrit Julien à propos de la Seine : « Ce fleuve (…) fournit une eau très agréable et très pure à voir et à boire si l'on en a envie  [18]». J'évoquerai aussi un passage tiré du panégyrique rédigé par Sidoine Apollinaire à l'intention de l'empereur Majorien (vers 420-461), où nous lisons que celui-ci, au temps de sa jeunesse, n'avait pas hésité à consommer l'eau de la Loire, cette fois sous la forme plus originale de glaçons hivernaux  [19]. Donc, un recours à l'eau de la Vienne pour la consommation humaine ne paraît pas à exclure.

Une autre conséquence, et très probablement aussi un argument pour le choix du site, concernait, à l'inverse, l'indispensable évacuation des déchets liquides ou transportables par l'eau que produisaient les occupants, humains comme animaux, ainsi que le volume important qu'apportaient les précipitations. Les premiers et les secondes tendaient à suivre naturellement la pente principale du terrain et ses inclinaisons secondaires pour rejoindre la Vienne, directement ou dans une moindre proportion par les deux petits affluents qui encadraient plus ou moins la ville au sud-ouest et au nord-est. Le courant de la rivière charriait ensuite ces apports vers l'aval, leur évitant la stagnation sur place et les risques sanitaires qu'elle aurait entraînés. Progressivement en outre, des fossés et des égouts ont été réalisés dans la ville pour faciliter et canaliser ces évacuations.

Transport de matériaux et de denrées

La proximité d'une rivière constituait un atout si important pour une ville que Vitruve, quelques années avant la fondation d'Augustoritum, l'avait évoqué sous un angle général dans son De architectura, sous la désignation de comportationes expeditae, « des moyens de transports faciles », en les mettant au nombre des opportunitates fluminum  [20], « les opportunités des fleuves », que devaient rechercher les fondateurs. Mais à ce sujet encore, nous ne disposons pour Limoges antique d'aucune source écrite ni d'aucun apport archéologique : à la différence d'autres villes d'origine antique, comme Lyon ou Lutèce pour n'en citer que deux, il n'a été retrouvé de témoignages concernant des bateliers ni dans l'épigraphie ni dans les monuments sculptés remis au jour à Limoges. Cependant Venance Fortunat, déjà cité à propos de la mention du nom antique de la Vienne dans ses poèmes, y écrit également : « Pendant que le batelier se fait porter par le courant et par sa barque à la voile gonflée, Il voit tes arpents cultivés quand il clame son chant de rameur  [21]».

Il est évident que la navigation sur la Vienne ne se limitait pas à la petite longueur où la rivière se trouvait bordée par le domaine évoqué par cet auteur. De plus, il ne la présente pas comme une nouveauté, mais plutôt sous l'aspect d'une banalité, ce qui suggère qu'elle existait sur des distances bien supérieures et déjà depuis longtemps. Il serait bien surprenant qu'Augustoritum n'ait pas mis à contribution la rivière, au minimum de façon saisonnière, pour le transport de matériaux, ou de productions, effectué soit par simple flottage, soit par des embarcations ou des radeaux, ces derniers éventuellement muni d'outres gonflées, les unes et les autres se trouvant bien entendu adaptés aux conditions locales offertes par la Vienne  [22], donc légers et à faible tirant d'eau, comme nous savons par ailleurs qu'il en existait dans l'Antiquité  [23]. Mais encore une fois, il n'a rien été retrouvé ou identifié pour l'attester. Tout au plus un tel transport apparaît-il comme hautement vraisemblable.

Il n'a pas été non plus remis au jour d'installations portuaires antiques dans la proximité d'Augustoritum, à la différence par exemple de Bourges  [24], de Nantes  [25] et d'autres, comme Vaison la Romaine, Chalon-sur-Saône, et aussi Orléans  [26], dont plusieurs ont du reste fait l'objet de communications lors du Colloque sur la Loire et les fleuves de la Gaule romaine et des régions voisines, en 1998. Mais il devait vraisemblablement figurer de telles installations sous celles qui sont connues pour le Moyen Age et les époques ultérieures  [27], sur un site nommé Naveix. Elles sont localisées sur une portion de rive située en bordure est de la ville, plus précisément dans l'amont immédiat de l'actuel pont Saint-Étienne, dans un secteur de terrasse fluviale au niveau proche de celui de la Vienne, où les hauteurs et coteaux bordant celle-ci sont relativement éloignés. Quant à ce nom de Naveix, présent sur une carte des environs de Limoges établie en 1764, et sur un plan de la ville tracé en 1765, il proviendrait du latin Navigium, forme qui se rencontre dans un document daté de 1288  [28], et qui, dérivant de navis, aurait pour origine un toponyme d'origine gallo-romaine ou à la rigueur alto-médiévale.

Approvisionnement alimentaire

La Vienne apportait en outre aux habitants d'Augustoritum une ressource alimentaire, par l'intermédiaire de la pêche : cette rivière, « très poissonneuse, était remontée par les saumons  [29]», écrit J.-P. Loustaud, qui ajoute que l'on a retrouvé « sur les aplombs rocheux » de celle-ci, et dans un contexte antique, des aiguilles à extrémité double, ou bifides, accessoires servant à réaliser ou à réparer des filets, et à quelque distance de là un hameçon en bronze de grandes dimensions.

Risques et dangers

La proximité de la Vienne n'offrait pas que des avantages à Augustoritum. Elle comportait aussi l'inconvénient de crues, où la rivière, déjà procax, sans frein, déchaînée, impétueuse, tumultueuse, ainsi que la qualifie Venance Fortunat  [30] pour décrire son régime ordinaire, devait l'être encore bien davantage. Mais lorsqu'il en survenait, la ville s'en trouvait protégée, à l'exception de sa très probable zone portuaire, l'actuel Naveix, établi pour des raisons pratiques, comme je l'ai indiqué plus haut, sur une terrasse fluviale, donc inondable. En effet, son contact avec la rivière se trouvait, pour reprendre la description de Jean-Pierre Loustaud, « ourlé, en bordure des berges, d'un cordon d'aplombs rocheux aux arêtes vives, hauts par endroits de plusieurs mètres »  [31], et entre ces aplombs, afin de compenser leur irrégularité, des murs antiques soutenaient la première terrasse, placée au-dessus du niveau des crues.

Absences

Malgré toutes les indications rassemblées dans ces pages, ce tableau n'est cependant pas complet. Entre autres, il nous manque probablement des données liées à la religion. Ainsi qu'il l'a été constaté pour d'autres villes et bourgades gallo-romaines, il devait exister un culte adressé à la divinité que l'on situait dans la Vienne, afin d'obtenir sa protection pour les hommes qui travaillaient sur ses eaux et contre les crues, ainsi que pour apaiser l'irritation qu'on pensait lui inspirer en lui imposant d'une part sa traversée par un pont (une sorte de joug humiliant), et de l'autre la charge de bois flottés et des embarcations. Une chapelle située dans le quartier du Naveix, dite des Bateliers  [32], et de nos jours disparue, pourrait trouver son origine lointaine dans la christianisation d'un tel culte. De la sorte, il n'est pas interdit de penser à une dea Vi(n)genna, comme on dédiait à Chalon-sur-Saône un culte à la dea Souconna  [33], ou encore à Autessiodurum, Auxerre, à la dea Icaunis, la déesse de l'Yonne  [34].

Conclusion

Le cas d'Augustoritum, Limoges antique, peut donc servir à illustrer, bien que de façon lacunaire, les relations ayant existé durant le Haut-Empire romain entre une ville et le cours d'eau situé à son contact ou dans sa proximité. Pour une vision plus intégrale de ce type de relations, il serait nécessaire de mettre à contribution ce que nous apporte l'ensemble des dossiers existants, eux-mêmes le plus souvent incomplets mais de façon différente, sur les autres villes de la Gaule ou plus largement de l'Occident romain. Quoi qu'il en soit, les données en notre possession montrent, durant les premiers siècles de la période romaine, un lien étroit entre cette ville et la Vienne qu'elle bordait, rivière qui constituait pour elle un facteur de valorisation visuelle, et une source d'avantages pratiques et économiques, d'opportunitates, selon la formulation de Vitruve. Elle se trouvait ainsi présente dans le quotidien de ses habitants, de même que dans l'image que les visiteurs d'Augustoritum en emportaient. Les rapports entre la ville et la Vienne se modifieront, sauf pour les aspects économiques, à la fin du IIIe siècle, quand le cœur de la capitale des Lémovices se transfèrera sur la hauteur qui la jouxtait au nord-est et était déjà occupée antérieurement par des quartiers périphériques, et qu'elle s'entourera d'une enceinte  [35]. Il s'ensuivra un éloignement par rapport à la rivière, en distance et en altitude. C'est cette ville réduite et déplacée que connaîtra et habitera Ruricius, l'évêque épistolier de la fin du Ve siècle et le premier écrivain connu de la région. Désormais et pour bien des siècles, le contact de Limoges avec la Vienne ne sera plus direct, et la rivière ne fera plus véritablement partie du paysage urbain. Ajoutons pour terminer qu'une telle étude peut se réaliser sur de nombreuses villes ayant existé en Gaule à l'époque romaine, et notamment sur Orléans antique. Légendes des illustrations proposées : Fig. 1. Plan d'Augustoritum, Limoges antique (dessin J.-P. Loustaud). Fig. 2. Le pont Saint-Martial, traversant la Vienne, et construit sur les fondations de l'ouvrage d'art antique, que l'on discerne au ras du niveau de l'eau (Ph. R. Bedon).


[1] R. Bedon, A. Malissard, La Loire et les fleuves de la Gaule et des régions voisines, Caesarodunum, XXXIII-XXXIV, 1999-2000, Limoges, PULIM, 2001.

[2] Ptolémée, Géographie, II, 7, 9. Sources plus tardives : Itinéraire d'Antonin, 462. 2 ; Table de Peutinger, I, B, 1, sous la forme de Ausrito. R. Bedon, « Augustoritum : réflexions sur le nom antique de Limoges et les noms de villes à formation hybride dans les Trois Gaules (Aquitaine, Belgique et Lyonnaise) », dans Travaux d'Archéologie Limousine, 19, 1999, p. 31-40.

[3] J.-P. Loustaud, Limoges antique, Suppl. 5 à Travaux d'Archéologie Limousine, Limoges, 2000, p. 68 : « à l'approche de la dernière décennie de notre ère ».

[4] Table Claudienne de Lyon, Corpus Inscriptionum Latinarum, XIII, 1668, Inscriptiones Latinae Selectae, 212, col. II, ligne 35. Pline le Jeune, Correspondance, X, 17b (23).

[5] N. Mathieu, « Territoires de la Loire : un fleuve au fil des textes », La Loire et les fleuves, p. 397-419.

[6] Édition récente : Ruricio di Limoges, Lettere, a cura di Marino Neri, Université de Pavie, 2009. Voir aussi R. Bedon, « À la charnière entre l'Antiquité et le Moyen Âge, Ruricius, le plus ancien écrivain connu du Limousin et du Quercy », Bulletin de la Société Historique et Archéologique du Périgord, CXLIV, 2017, 2, p. 43-54.

[7] Venance Fortunat, Poèmes, VIII, 19, 4. Autre mention de la Vienne en VI, 5, 231 (traversée par la princesse Galesvinthe). Numérotation des poèmes établie par M. Reydellet pour son édition des Belles Lettres, Paris, 1994-2004.

[8] Grégoire de Tours, Historia Francorum, I, 48.

[9] M. Villoutreix, Les noms de lieux du Limousin, témoins de l'histoire d'une région, Suppl. 6 aux Travaux d'Archéologie Limousine, Limoges, 2002, p. 20-21.

[10] J. Perrier, Carte Archéologique de la Gaule. La Haute-Vienne. 87, Paris, 1993, p. 33.

[11] Depuis l'actuel pont Saint-Etienne jusqu'à la Roche-au-Gô.

[12] R. Bedon, Les villes des Trois Gaules de César à Néron, Paris, 1999, p. 136-142.

[13] J.-P. Loustaud, Limoges antique, p. 99 : « Limoges, Haute-Vienne. Pont antique et pont Saint-Martial », dans G. Barruol, J.-L. Fiches, P. Garmy (éd.), Les ponts routiers en Gaule romaine, suppl. 41 à la Revue Archéologique de Narbonnaise, Montpellier, 2011, p. 133-134. A noter que le niveau moyen de la rivière est plus élevé de nos jours, à cause de la création de barrages régulateurs.

[14] Geoffroy de Vigeois, Gaufredi prioris Vosiensis. Pars altera chronici Lemovicensis, dans M.-J.-J. Brial (éd), Recueil des historiens des Gaules et de la France, XVIII, Paris, 1879, p. 217.

[15] R. Bedon, Atlas des villes, bourgs et villages de France au passé romain, Paris, 2001.

[16] R. Bedon, Atlas des villes. A propos de cette vision offerte, et de ses avantages, on rappellera les dessins montrés et commentés lors du colloque par Christophe Spéroni : ils privilégient le choix de montrer Orléans avec la Loire au premier plan, ce qui fait qui apparaître la conviction de leurs auteurs qu'il s'agit du choix qui met le mieux cette ville en valeur.

[17] La largeur totale du pont demeure inconnue. Tout au plus a-t-il été estimé que celle, utile, de son tablier, devait mesurer entre 3,50 et 5,30 m : J.-P. Loustaud, « Limoges, Haute-Vienne. Pont antique et pont Saint-Martial », dans G. Barruol et alii (dir.), Les ponts routiers en Gaule romaine, suppl. 41 à la Revue Archéologique de Narbonnaise, Montpellier, 2011, p. 133-134.

[18] Julien, Misopogon, VII, trad. J. Bidez, Paris, Les Belles Lettres, 1960.

[19] Sidoine Apollinaire, Panégyrique de Majorien, Carmina, V, 209-210. R. Bedon, « Les glaces de la Loire et le séjour en Touraine d'un futur empereur romain dans l'œuvre d'un écrivain gaulois du Ve siècle de notre ère », Mémoires de l'Académie des Sciences, Arts et Belles-Lettres de Touraine, 27, 2014, p. 17-33.

[20] Vitruve, De architectura, I, 5, 1. Voir aussi, mais sans référence à un cours d'eau, Aristote, Politique, VII, V, 4 : « L'autre <norme, c'est que la ville,> pour le transport vers elle des récoltes effectuées, et aussi du bois de construction et quelque autre ressource que la région se trouverait posséder, dispose d'une telle facilité de transport ».

[21] Venance Fortunat, Poèmes, VIII, 19, 5-6 : Lapsibus et tumidis dum fertur nauta carinis / iugera culta uidet quando celeuma canit. Traduction documentaire personnelle, développée et lourde, afin qu'elle soit aussi précise que possible.

[22] A propos des possibilités de transport offertes par un cours d'eau : M. Suttor, Fleuves et rivières de l'ouest européen. Apports d'une recherche pluridisciplinaire fondée sur la longue durée, Habilitation à diriger des recherches, Arras, 2009.

[23] L. Bonnard, La navigation intérieure de la Gaule à l'époque gallo-romaine, Paris, 1913, p. 135-159 et en particulier p. 139-141 et 146. Des informations indirectes peuvent éventuellement être fournies par des travaux portant sur des époques ultérieures, par exemple Louis Lacrocq, « Le flottage des bois sur la Vienne, le Taurion et leurs affluents », Bulletin de la Société Archéologique et Historique du Limousin, 74, 1933, p. 337-367).

[24] A. Ferdière, « Un quai romain découvert à Bourges », Archéologia, 132, juillet 1979, p. 42-44. M. Provost, J.-Fr. Chevrot, J. Troadec, Carte Archéologique de la Gaule. 18. Le Cher, Paris, 1992, p. 99.

[25] G. Aubin, « Nantes », dans Actes du colloque « Archéologie urbaine », Tours, 1980, Paris, 1983, p. 565-568 (p. 566).

[26] En amont du pont gaulois puis romain, dans le quartier Dessaux, à l'est de l'actuel pont Georges : P. Dupont, « Orléans. Interventions archéologiques de 1992 à 1996 », Bulletin de la Société Archéologique et Historique de l'Orléanais, XIV, n. 112, 1996, p. 3-44 (p. 6-11). T. Massat, P. Dupont, O. Ruffier, « A Orléans, un quartier gaulois en bord de Loire », Archéologia, 350, nov. 1998, p. 53-59 (p. 56). P. Joyeux et alii, « Orléans, 25 ans de découvertes », Archéologia, 521, mai 214, p. 26-39 (p. 31). Sur les installations portuaires de diverses villes, voir la table des matières de R. Bedon, A. Malissard, La Loire et les fleuves, p. 599-601.

[27] Premier document daté de 1188. P. Ducourtieux, Histoire de Limoges, Limoges, 1925, p. 45. G. Vérynaud, Histoire de Limoges, Limoges, 1973, p. 162-164. J.-M. Desbordes, « Les limites des Lémovices », Aquitania, 1, 1983, p. 37-48 (p. 39-40).

[28] L. Guibert, Documents, analyses de pièces, extraits et notes relatifs à l'histoire des deux villes de Limoges, I, Limoges 1897, p. 4. P. Ducourtieux, Histoire de Limoges, p. 44. J.-P. Loustaud, Limoges antique, p. 307.

[29] J.-P. Loustaud, Limoges antique, p. 307.

[30] Venance Fortunat, Poèmes, VIII, 19, 4. Vigenna procax litore frangit aquas, « la Vienne tumultueuse brise ses eaux sur la rive ». D'autre part, en VI, 230, le poète qualifie le courant de la rivière de uolucer, véloce.

[31] J.-P. Loustaud, Limoges antique, p. 48.

[32] G. Vérynaud, Histoire de Limoges, p. 13-15.

[33] P. Wuilleumier, Inscriptions latines des Trois Gaules, Paris, 1964, n° 314.

[34] Corpus Inscriptionum Latinarum, XIII, 2921.

[35] Attestée seulement en 572, dans le testament rédigé alors par Arédius, le futur saint Yrieix, qui mentionne area (…) cum domo nostra intramuranea Lemovicionae civitatis, « un terrain avec notre maison situé à l'intérieur des murailles de la ville de Limoges », M. Aubrun, L'ancien diocèse de Limoges, des origines au milieu du XIe siècle, Clermont-Ferrand, 1981, p. 413-417.


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