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SAISON 2025 - 2026

Présentations et comptes rendus


Dimanche 7 septembre, au "Campo Santo"
Participation à la Rentrée en fête

Jeudi 2 octobre 2025

Condorcet, un mathématicien humaniste
conférence par Bertrand HAUCHECORNE,
agrégé de mathématiques et président d'honneur de notre section orléanaise.


PRÉSENTATION – Le Marquis Nicolas de Condorcet (1743-1794) est connu pour ses positions humanistes et avant-gardistes. Il s'est érigé contre l'esclavage, pour l'égalité entre les femmes et les hommes. Il prônait une école n'imposant aucune croyance mais que des vérités, en particulier scientifiques, et conduisant au perfectionnement réel de l'individu. On sait moins que Condorcet se fit connaitre par ses talents de scientifique, que ses premiers écrits furent des ouvrages novateurs en mathématiques. Mettant à profit ses compétences dans cette discipline et son intérêt pour la chose publique, il s'est penché sur la façon de composer un jury d'assises pour minimiser les risques d'erreurs, sur les systèmes de vote équitables l'amenant à introduire le paradoxe qui porte son nom; plus généralement il s'est efforcé d'étendre l'empire de la Raison aux sciences humaines. Le conférencier présentera dans ses facettes scientifiques et humanistes tellement liées chez lui, cet esprit des Lumières qui fréquentait les salons mondains, creuset des idées que portera la Révolution. La pensée de Condorcet a fait progresser l'humanité et reste d'une grande modernité dans une époque où l'on sent régresser les valeurs qu'il a portées, en particulier Outre-Atlantique.

COMPTE RENDU –


Ancien président de la section orléanaise, Bertrand Hauchecorne est agrégé de mathématiques ayant enseigné en classes préparatoires. Il  est directeur de collection chez Ellipse, auteur d'articles dans les revues Tangente et Quadrature et fait régulièrement paraître des ouvrages, didactiques – comme Contre-exemples en mathématiques – aussi bien que sur la culture et l'histoire des mathématiques.  Son activité ne se limitant pas à sa spécialité, il est depuis 1995 maire de Mareau-aux-Prés, une commune proche d'Orléans.

Condorcet est connu et souvent cité pour sa philosophie humaniste et ses positions avant-gardistes  mises en action dans son engagement politique; il l'est aussi pour ses talents mathématiques, descendant de Pascal par sa précocité, ses innovations et ses inventions dans ce domaine. Il n'est pourtant pas secondaire de connaître son œuvre mathématique, car, toute sa vie, Condorcet n'eut de cesse mettre ses connaissances et conclusions mathématiques abstraites au service de la chose publique et politique, en les appliquant directement dans le concret de certaines réformes qui lui paraissaient nécessaires. La conférence de B. Hauchecorne s'attache, dans un chemin volontairement chronologique, à dérouler les trois fils directeurs – science, humanisme et tous domaines et action politique – de ce grand esprit de la société de la seconde moitié du XVIIIe siècle. Esprit éminemment représentatif des Lumières et qui a une place exceptionnelle dans l'histoire des idées grâce à la diversité de ses recherches et à la modernité éclatante de ses idées.

Né  en 1743, orphelin de son père militaire peu après sa naissance, couvé par une mère très pieuse, Marie Jean Antoine Nicolas de Caritat, marquis de Condorcet, reçoit, dès son précepteur particulier  jusqu' à son entrée au collège de Navarre à Paris, une instruction jésuite rigoureuse marquée par une discipline brutale et souvent humiliante, mais un enseignement approfondi et très novateur, ces deux aspects contradictoires n'étant peut-être pas totalement étrangers à certaines de ses positions humanistes futures.

Son talent de mathématicien éclot à 16 ans durant sa première année au collège, avec sa thèse sur l'Analyse mathématique, qui suscite l'admiration du jury dont fait partie d'Alembert. De leur rencontre naîtront une amitié et un compagnonnage intellectuel sans faille. Dès 1763, il décide de se consacrer aux sciences et, en 1765, il soumet à l'Académie des Sciences un Essai sur le Calcul Intégral dont la dernière partie est consacrée aux diverses applications possibles, premier mémoire qui lui vaut à nouveau une pluie d'éloges, notamment du grand mathématicien Lagrange. En 1768, dans une lettre à d'Alembert intitulée le Système du monde et le Calcul intégral, il donne une définition de ce qu'on nommera le déterminisme : « Une intelligence qui connaîtrait l'état de tous les phénomènes dans un instant donné, les lois auxquelles la matière est assujettie, et leur effet au bout de d'un temps quelconque, aurait une connaissance parfaite du Système du monde. C'est le but auquel se doivent diriger tous les efforts des géomètres philosophes […] sans pouvoir jamais espérer d'y atteindre ». Définition reprise presque littéralement par Laplace un demi-siècle plus tard dans son Essai philosophique sur les Probabilités.

Avec son entrée, grâce à d'Alembert, dans le salon de Julie de Lespinasse drainant la fine fleur des Lumières, en premier lieu l'équipe de L'Encyclopédie, le réseau des relations de Condorcet s'élargit au-delà du monde scientifique. Et certes, il régnait dans les salons le sentiment général que, vu l'état de perfectionnement des mathématiques, le moment était venu de chercher les moyens d'assurer le bonheur de l'humanité. C'est là, au gré des discussions, sur l'absolutisme royal et  l'Église, que se sont sans doute forgées les valeurs qui, selon lui, doivent étayer la politique publique et qui définissent sa pensée. En 1769, à 26 ans, il est élu à l'Académie des Sciences. À cette époque il noue des liens avec Diderot, Voltaire, le grand économiste Turgot. C'est à ce dernier qu'il adresse en 1773 Ma profession de foi, lettre dans laquelle il expose ses réflexions sur les notions de morale et de justice. Son engagement pour l'octroi des libertés religieuses et  des droits économiques, politiques et civiques (des protestants, des juifs à qui la citoyenneté sera accordée en 1791 ; et même ceux des auteurs !) se confirme dans le pamphlet Réflexions sur l'esclavage des nègres publié 1781 en Suisse sous pseudonyme. Plaidoirie argumentant point par point pour la suppression de l'esclavage considéré comme un crime. Son action contre l'esclavage ne faiblira jamais et, pendant la révolution, député, il ne cessera d'écrire à ce sujet. Mais, malgré des avancées, l'esclavage ne sera aboli qu'en 1794 après sa mort (restauré par Napoléon et aboli à nouveau en 1848).

Dans le cadre de la promotion de l'esprit des Lumières, il contribue à l'Encyclopédie. En 1782 il est élu à l'Académie française et parallèlement, à partir de cette époque, il reprend et complète nombre de ses articles dans une édition complémentaire, L'Encyclopédie méthodique, organisée sur un classement thématique et non plus alphabétique. À l'entrée Probabilités il expose avec enthousiasme cette discipline, centre d'intérêt majeur pour lui, dont il essaie surtout – selon sa méthode – de clarifier les concepts et les usages qu'on peut concrètement en faire. À la demande Turgot de produire ses réflexions sur les thèmes liés à la démocratie, il fait paraître en 1785 un de ses essais majeurs et primordiaux dans sa pensée, Essai sur l'application de l'analyse à la probabilité des décisions rendues à la pluralité des voix, dont le Préliminaire contient, dans un même élan, son credo humaniste et un vibrant hommage au « grand homme [qui] était persuadé que les vérités des Sciences morales et politiques sont susceptibles de la même certitude que celles qui forment le système des Sciences physiques […] Cette opinion [qui] conduit à l'espérance consolante que l'espèce humaine fera nécessairement des progrès vers le bonheur et la perfection, comme elle en a fait dans la connaissance de la vérité ».

Ces recherches sur les modes de scrutin l'amènent à sa théorie sur les votes, marque de son génie, baptisée « Paradoxe de Condorcet » et pouvant être vue comme l'ancêtre de la statistique. Cette théorie sera reprise et développée au XXe siècle par l'économiste Arrow, prix Nobel 1972 pour ce travail. Condorcet démontre que le scrutin uninominal peut ne pas représenter les désirs des électeurs quand le premier candidat n'obtient pas plus de la moitié des voix « dans la mesure où le candidat préféré d'une majorité d'électeurs peut n'être pas élu, en raison de la dispersion des voix, conduisant à élire un candidat qui n'obtient qu'une majorité relative 

Voici l'exemple à l'appui : 60 votants et le choix entre 3 candidats a, b et c. Le signe > indiquant la préférence, c. à d. le vote. 23 préfèrent : a > c > b // 19 préfèrent : b > c > a // 16 préfèrent : c > b > a // 2 préfèrent : c > a > b. Le candidat a sera élu, ayant remporté 23 voix, soit la majorité. Néanmoins, a n'est pas le choix préféré de la majorité des électeurs, puisque 35 électeurs (19 + 16) préféraient b à a. Mais les 23 n'ont pas réussi à faire élire b, car ils ont chacun préféré voter pour leur candidat préféré dans l'absolu, c'est-à-dire b ou c. » En termes concrets, résume le conférencier, pour Condorcet, le vainqueur devrait être b ; si a échoue c'est à cause de la dispersion des voix. Le paradoxe est donc la formation d'une réponse collective contradictoire à partir de réponses individuelles cohérentes.

Dans la même volonté de réduire les risques d'erreur, sa réflexion le porte sur la question de la constitution d'un jury d'assises : il démontre mathématiquement que les chances d'une décision correcte augmentent avec le nombre de votants, et soutient ainsi sa préférence pour les jurys populaires plutôt que de magistrats. Et la question de la décision la plus juste dans ces jurys l'amène in fine logiquement – ou plutôt mathématiquement – à celle de l'abolition de la peine de mort pour laquelle il se prononce fermement dès 1785, notamment dans une lettre, mathématiquement argumentée, à Frédéric II de Prusse. Reprenant sa théorie sur les scrutins, il expose que plus la décision est grave, plus la forme du scrutin doit donner des garanties de probabilités d'une décision juste ; mais dans les scrutins la certitude absolue n'existant pas, il faut bannir la peine de mort pour deux raisons liées : elle est irrémédiable et sa décision risque d'émaner de motivations passionnelles d'un jury horrifié, excluant le rationnel. Il est à noter que cet argument sera repris par Roger Badinter dans sa lutte pour l'abolition. Cette conviction accompagnera Condorcet jusqu'à sa mort. Ce sera le sujet de son discours de député à l'Assemblée le 19 janvier 1793  et  ce pourquoi il ne vote pas la mort de Louis XVI.

En 1786, il se marie avec Sophie de Grouchy, très cultivée, tenant aussi salon, qui après sa mort veillera à faire connaître son œuvre. C'est dans les années suivantes, pendant la Révolution, que son parcours et son action politique se précisent. Il est fondateur, avec Talleyrand, Mirabeau et La Fayette, de la Société des trente, un véritable laboratoire d'idées, qu'on pourrait rapprocher de la notion actuelle de think tank. En 1790, au sein d'un comité de cinq savants chargés de réfléchir à l'unification des poids et mesures, c'est lui qui propose de définir le mètre comme le dix-millionième de la distance du pôle à l'équateur.

Le 3 juillet 1790, en lien avec la Déclaration des Droits de l'homme et du citoyen de 1789, il publie un article où, précédant Olympe de Gouges, il prône l'idée de l'égalité des femmes et leur admission au droit de cité, fustigeant les hommes car « n'ont-ils pas violé le principe de l'égalité des droits en privant tranquillement la moitié du genre humain de recourir à la formation des lois, en excluant les femmes du droit de cité ? ». Précurseur d'une exigence absolue que le monde moderne n'a pas encore résolue !

En 1791 il est élu à l'Assemblée législative (réélu à la Convention en 1792) et prend une part active à de nombreuses réformes – bien que son projet de Constitution n'aboutisse pas – et surtout à la question de l'instruction qui lui tient à cœur et dont il expose l'audacieux contenu, en avril 1792 dans un discours à l'Assemblée, le Rapport et projet de décret de l'organisation de l'Instruction publique. La question fut différée en raison de l'urgence du risque de guerre. Il est cependant celui qui proposa le premier véritable système d'instruction publique, contenu aussi  dans l'essai Cinq Mémoires sur l'instruction publique. Il y défendait un système éducatif en cinq degrés de connaissances à partir de l'école primaire, conduisant à « l'égalité de fait » et « l'égalité politique reconnue par la loi » sans distinction de sexe, de classe ou d'âge, dans l'assurance des besoins, droits, devoirs et fonctions de chacun et celle du développement de ses talents naturels. Un enseignement laïc et indépendant du pouvoir politique, en faveur de la liberté par le combat contre l'ignorance car « même sous la constitution la plus libre un peuple ignorant est toujours esclave » et que « l'instruction est le seul remède à la stupidité », comme le souligne B. Hauchecorne par ces citations. Enfin, pour assurer à chacun la facilité de conserver ses connaissances et d'en acquérir de nouvelles il prévoyait l'éducation permanente ! Précurseur de la « formation continue » ?

En 1793, l'année de la Terreur, après son vote contre la mort du roi en janvier, quand les Girondins dont il partage beaucoup d'idées sont arrêtés le 2 juin 1793, il les défend contre les Jacobins. Pour ce désaccord et ces raisons, la Convention signe sa propre arrestation le 8 juillet. Il fuit et se cache chez une amie ; arrêté neuf mois plus tard, il est retrouvé mort dans son cachot sans qu'on puisse définir clairement les raisons de son décès et c'est en vain que Sophie, sa veuve, réclame ses cendres. Le 25 décembre 1794, Le Républicain français donne à lire, comme incrédule : « Condorcet n'existe plus ! ». Il avait consacré ces mois de « sursis » à écrire une œuvre restée à l'état de brouillon, Esquisse d'un tableau historique des progrès de l'esprit humain, qui fut publiée en 1795. Un hymne au progrès de cet adversaire infatigable de tous les dogmes, notamment religieux, car réducteurs, détenteur d'une foi inébranlable dans le perfectionnement infini  des sciences certes mais surtout de la pensée humaine, les premières utilisées comme moyen de la deuxième. Cette place supérieure attribuée au progrès humain qui, pour se  réaliser, exige l'engagement dans l'action a conduit Condorcet à sacrifier en toute conscience sa carrière scientifique. Notre conférencier, lui-même mathématicien, le souligne par l'hommage que lui rendit F. Arago en 1841 : «  Notre confrère se vit obligé de renoncer aux plaisirs si vifs et purs que donnent les découvertes scientifiques, il n'en écrivait pas moins […] : Donnez-moi des nouvelles de vos travaux. Je suis comme les vieux gourmands qui, ne pouvant plus digérer, ont encore le plaisir de voir manger les autres ».

Au terme de la conférence B. Hauchecorne nous livre deux citations tirées de la dernière œuvre, l'une d'un beau lyrisme : « Il arrivera donc, ce moment où le soleil n'éclairera plus sur la terre que des hommes libres, ne reconnaissant d'autres maîtres que leur raison », l'autre, un aphorisme aux résonnances multiples et d'une grande hauteur : « Il faut douter même de la nécessité de douter de tout ». Belle conclusion pour ce modèle d'humanisme, à la fois optimiste et courageux dans ses actes et sa morale, en avance d'une façon vertigineuse dans tous les sujets qui préoccupent encore notre monde moderne et dont notre époque devrait certainement s'inspirer.

                                                                                                                                C. Spenlé-Calmon

Samedi 8 novembre 2025

EXCURSION

 

À SAINT-ARNOULT-EN-YVELINES

Le moulin de Villeneuve à Saint-Arnoult-en-Yvelines, alors un peu à l'abandon, a été acheté en 1951 par Louis Aragon et Elsa Triolet. Ayant eu le coup de foudre pour ce "désert", ils ont transformé cinq hectares de terres en un "décor d'eaux et d'arbres" et ont fait du vieux moulin, selon le mot de Jean-Louis Barrault, "un lieu inoubliable", un lieu qu'Aragon, à sa mort, légua "à la nation française, quelle que soit la forme de son gouvernement".

 

Louis Aragon et Elsa Triolet se sont aussitôt préoccupés d'aménager l'ancien moulin :
«Nous nous sommes frayé un chemin au fond du parc (je suis en bottes et pantalon), nous y avons trouvé un réseau de canaux de drainage et une merveilleuse source.[…] Nous avons fauché le chemin jusqu'au fond, où des bouleaux font comme un mur autour d'une sorte de salle ronde; nous y avons mis une table et des bancs. Nous avons jeté çà et là des ponteaux. Pour transformer cette forêt vierge en parc, il faudrait plusieurs personnes et une fortune fabuleuse! Aussi vais-je me promener avec une faucille à la main et avec des gants pour me protéger des brûlures d'orties. Tout cela nous distrait beaucoup. Aragocha travaille dans le jardin comme un forçat, comme un forcené; au lieu de prendre du repos, il est éreinté, mais, par moments, heureux.» (lettre d'Elsa Triolet de mai 1952)

Locataires d'un appartement parisien, ils y passent principalement les week-ends et les vacances. Le lieu accueille régulièrement leurs amis, émerveillés par le salon, où coule encore la cascade de l'ancien moulin. Beaucoup d'écrits du couple sont inspirés par ce lieu : Elsa Triolet y écrivit Le Cheval roux, publié en 1953; Aragon y écrivit La semaine Sainte en 1958. Il témoigna à maintes reprises de son attachement à la maison, notamment dans La mise à mort en 1965 : « Ah, nous en avons tant acheté, des demeures dans la campagne ou des cachettes dans les villes, pour l'amour et pour le silence, et notre solitude à deux ! Rêve ou jeu, vois-tu, c'est tout comme, et l'avons-nous joué, rêvé, ce lieu où tu te réfugies, quand Paris t'épuise de gens, de cris, et d'exigences ? Écoute ce décor d'eaux et d'arbres, ne l'avons-nous pas ensemble combiné, n'est-il pas comme une grande convention que nous nous sommes l'un à l'autre faite, à demi conscients des temps qui vont venir ? »

Le lieu conserve toute la bibliothèque des deux écrivains et leur collection d'art contemporain.
6 Novembre 1946
Dix-huit ans je t'ai tenue enfermée
Dans mes bras comme Avignon dans ses murs
Dix-huit ans comme un seul jour parfumé
Que mon amour t'enclôt dans son armure
L'automne a déjà ses rouges ramées
L'hiver est déjà sous l'or des ramures
Mais que peut l'hiver mon enfant aimée
Si demeure en nous le divin murmure
Si quand le feu meurt monte la fumée
Et garde la nuit le goût noir des mûres.

La tombe d'Aragon et d'Elsa Triolet porte une inscription extraite de la préface de leurs Œuvres romanesques croisées : « Quand côte à côte nous serons enfin des gisants, l'alliance de nos livres nous réunira pour le meilleur et pour le pire, dans cet avenir qui était notre rêve et notre souci majeur, à toi et à moi. La mort aidant, on aurait peut-être essayé et réussi à nous séparer plus sûrement que la guerre de notre vivant, les morts sont sans défense. Alors nos livres croisés viendront, noir sur blanc la main dans la main, s'opposer à ce qu'on nous arrache l'un à l'autre. ELSA »

 
À ROCHEFORT-EN-YVELINES
Le restaurant L'Ambassade

Le château construit entre 1899 et 1904 pour Jules Porgès, un riche diamantaire d'origine autrichienne, et son épouse Rose Anna Wodianer. L'architecte s'est inspiré du Palais de la Légion d'honneur à Paris. Ce château a servi de cadre pour de nombreux films, dont le Yoyo de Pierre Étaix (1965).

 
À L'INSTITUT DU MONDE ARABE
Le bâtiment conçu par Jean Nouvel
avec ses 240 moucharabiehs
Sa terrasse
avec vue sur la Seine et Notre-Dame
Son restaurant panoramique Dar Mima-Ziryab L'exposition "Le Mystère Cléopâtre"
   
  Photos : Jean-François Bradu

QUELQUES OBJETS PRÉSENTÉS À L'EXPOSITION "LE MYSTÈRE CLÉOPÂTRE"

photographiés par J.-F. BRADU

Source inépuisable de rêves et de fantasmes, en Orient comme en Occident, la figure de Cléopâtre a traversé les siècles pour parvenir jusqu'à nous. Mais sur quelles fondations cette légende repose-telle ? Peintures, sculptures, estampes, manuscrits, objets archéologiques, bijoux et monnaies, costumes tentent d'éclairer le destin historique et légendaire de cette souveraine tour à tour admirée puis dépeinte comme fatale monstrum par le poète Horace (Odes, I,37).


Figure d'Isis allaitant Horus enfant. Alliage cuivreux et placage d'or. Égypte, basse époque, -664/-332 Statuette d'Osiris, dieu égyptien des morts, et statuette d'Horus l'enfant fils d'Osiris et d'Isis. Alliage cuivreux. Basse époque,-664/-332.
Stèle d'Horus monté sur des crocodiles. Pierre. Époque ptolémaïque, -323/-30.  
   
Peigne double en bois et bâtonnet pour appliquer le kohol. Époque romaine, -30 / +395. Bagues en or en forme de serpent, d'époque romaine.
Boucles d'oreille à décor floral, époque ptolémaïque, fin du -IVe s. Or, perles, grenat, chrysoprase. Collier, or et grenat, avec un pendentif en forme de déesse Isis écartant les jambes. Époque hellénistique ou romaine, -323 / +200
  – Mnaieion de Ptolémée II au nom de la reine Arsinoé II, frappé à Alexandrie. Vers -250.
– Dupondius frappé à Nîmes, avec Auguste et Agrippa. +10/+14.
– Monnaie frappée à Alexandrie vers -35. Cléopâtre coiffée d'un diadème.
Artisanat de luxe
1- Vase à parfum en faïence de type "alabastron" décoré de scènes de musique et de danse, de fleurs et de griffons ailés, époque ptolémaïque, entre -299 et -200.
2- Vase à parfum de type "alabastron" en verre polychrome, époque ptolémaïque, -IIe s./-Ier s.
3- Coupelle à décor floral, faïence avec rehauts d'or sur la rosette centrale, époque ptolémaïque, entre -199 et -100.
4- Bol à décor floral, faïence, époque ptolémaïque, entre -299 et -200.
5- Amphorisque, verre sur noyau, entre fin du -IIe s. et début du -Ier s.
6- Vase en argile de type "askos" en forme de canard, époque hellénistique, -Ier s.
Pendentif en feuille d'or repoussée. Le dieu Sérapis, son épouse Isis allaitant leur fils Harpocrate et Isis-serpent Thermouthis. Époque romaine, -Ier/+IIe s.
   
Pendentif pectoral en or repoussé. Anubis embaumant une momie sous le regard d'Horus accroupi. Isis et Nephtys agenouillées adorant l'emblème d'Osiris. Epoque ptolémaïque ou romaine, -323/+200.
Miroir à boîte orné d'une tête de satyre, bronze. Époque ptolémaïque, -IVe s. / -IIIe s. Cette coupe d'argent à emblema faisait partie du trésor de Boscoreale enseveli à Pompéi en +79. Buste d'une femme coiffée d'une tête d'éléphant et tenant dans sa main un cobra. Le présence du serpent pourrait évoquer l'uraeus égyptien et, au-delà, la reine Cléopâtre. Mais il semble plutôt s'agir d'un portrait de Séléné, fille de Cléopâtre et de Marc Antoine, assimilée à la Lune.
   
Tête d'une souveraine ptolémaïque, coiffée d'une lourde perruque, surmontée d'une coiffure en forme de vautour aux ailes déployées, attribut des reines pharaoniques depuis d'Ancien Empire. Époque hellénistique, -Ier s. Tête de Ptolémée XII Théos Philopator Philadelphos "Néos Dionysos" (-117/-51). Le roi porte un bandeau sur le front, caractéristique du dieu Dionysos auquel il est assimilé. Comme tous les souverains ptolémaïques, il était considéré comme un dieu vivant et on devait lui rendre un culte à dates fixes.
Buste de César découvert en 2007 dans le Rhône. Vers -45.
Tête de reine, peut-être Cléopâtre VII. Marbre. Époque hellénistique, -Ier s. Statue d'un prince ptolémaïque (-Ier s. ou +Ier s.). Ce jeune garçon de six ou sept ans serait l'un des fils de Cléopâtre VII, sans doute Césarion dont le père était Jules César. Ce Césarion avait une titulature royale, en tant que futur souverain sous le nom de Ptolémée XV. Mais il ne monta jamais sur le trône, car, après la bataille d'Actium et la mort de Cléopâtre et de Marc Antoine, il a été exécuté à l'âge de 18 ans par son cousin Octave, qui s'assurait ainsi le contrôle de l'Égypte.
Corniches de temple avec cartouches de Cléopâtre VII et de Césarion. Époque ptolémaïque, vers -40. Cartouche d'Alexandre. Alexandre le Grand conquit l'Égypte en -332 et devint pharaon. Son nom grec "Alexandros" fut transcrit dans un cartouche au moyen des signes du système hiéroglyphique; sur ce fragment, il est écrit de droite à gauche : ALKSINDRS. À l'extrême gauche l'Ankh, la croix de vie. Vers -330.
Fac-similé d'un papyrus rédigé en grec, qui nous apprend qu'un puissant Romain, sans doute Canidius Crassus, proche de la reine, a exploité des terres en Égypte. La mention "γινέσθωι" (qu'il en soit ainsi) pourrait avoir été ajoutée au-dessous par Cléopâtre elle-même. Rédigé le 23 février -33, le décret royal accorde une donation à un certain Publius Canidius : «Nous accordons à Publius Canidius (Crassus) et à ses héritiers l'exportation annuelle de 10000 artabas de blé et l'importation annuelle de 5000 amphores de vin de Coan, sans que personne ne puisse lui imposer d'impôts ni aucune autre dépense. Nous lui accordons également l'exemption d'impôts sur toutes les terres qu'il possède en Égypte, à condition qu'il ne paie aucun impôt, ni au Trésor public ni au compte spécial de nous-mêmes et d'autres, et ce, à perpétuité.» Le décret prévoit en outre d'autres exceptions, notamment l'interdiction de réquisitionner ses bêtes de somme pour l'armée. Papyrus
Papyrus Masque de momie en cartonnage doré, époque ptolémaïque, -323/-30. À l'avant de la perruque sont figurées l'âme du défut, sous forme d'un oiseau à tête humaine, et l'adoration du dieu des morts. Sur le front, symbole de renouveau, un scarabée ailé poussant le disque solaire.
   
Fragment de lampe à huile. On reconnaît Cléopâtre grâce aux symboles de l'Égypte (palmier, feuille de payrus, crocodile). Elle est nue et assise sur un phallus, allusion à sa vie sexuelle débridée. Fin du -Ier s./+Ier s. Portrait de l'empereur Auguste,
entre fin du -Ier s. et +Ier s..
   
   
Relief d'époque romaine (entre -31 et +100) représentant la bataille navale d'Actium du 2 sept. -31 au cours de laquelle s'affrontèrent les deux triumvirs Octave et Marc-Antoine, celui-ci allié de Cléopâtre. Cette victoire a été présentée comme le triomphe de Rome et d'Auguste sur l'Égypte et sa reine dans l'Ode I,37 d'Horace. Statuette en bronze du dieu Dionysos, époque hellénistique -323/-30. Dieu grec de la vigne et du vin, Dionysos était considéré comme l'ancêtre de la dynastie des Ptolémées. On le célébrait par des processions et des banquets aux cours desquels Antoine apparaissait comme Osiris-Dionysos et Cléopâtre comme Isis-Aphrodite.
Buste du dieu Sérapis en marbre noir, époque romaine, +150/+200. Sérapis est la forme hellénisée du dieu égyptien Osiris-Apis, honoré par les Grecs de Memphis avant l'arrivée d'Alexandre. Son culte est officialisé par les premiers Ptolémées qui l'associent à Isis. Il est figuré comme un dieu grec analogue à Zeus et portant sur la tête une mesure de blé.
   
Cléopâtre et le serpent. Italie, +Ier siècle,
domaine national de Versailles
Claude Bertin (1650-1705), Cléopâtre mourant,
buste en marbre, avant 1697.
Cléopâtre, attribué à Michele Tosini, dit Michele di Rodolfi ou Michele Ghirlandaio (1503-1577). Vers 1550-1560. François Perrier, Cléopâtre, eau-forte, planche 88 des Segmenta nobilium signorum et statuarum, 1638.
Claude Vignon, Cléopâtre se donnant la mort. Vers 1645. Jean-André Rixens, La mort de Cléopâtre, 1874
Georges-Antoine Rochegrosse (1859-1938), Sarah Bernhardt dans le rôle de Cléopâtre, dans la pièce de Victorien Sardou créée à Paris en 1890. Nazanin Pouyanteh, La Mort de Cléopâtre, huile sur toile, 2022.
   

COMPTE RENDU DE L'EXCURSION :

L'objectif de cette excursion était double : la visite d'une maison d'écrivain le matin et celle d'une exposition l'après-midi. Quarante adhérents ont pu, en fin de matinée, découvrir ou redécouvrir, en groupe de  vingt personnes avec un guide, la maison achetée par Louis Aragon et Elsa Triolet à Saint-Arnoult-en-Yvelines. L'après-midi a permis de suivre une visite guidée de l'exposition organisée à l'Institut du Monde Arabe intitulée "Le mystère Cléopâtre".

La maison de Louis Aragon et Elsa Triolet est le moulin de Villeneuve acheté en 1951 ainsi que le parc attenant, que les deux écrivains ont agrandi en achetant d'autres terres. C'est dans ce parc, sur un tertre dominant le moulin, que repose le couple d'écrivains.  La propriété, léguée par Aragon à la nation française, est entretenue et maintenue telle qu'elle était à l'époque où Aragon et Triolet l'occupaient. Une association s'occupe de l'entretien et des visites pour le public, ainsi que de l'accès aux archives pour les chercheurs.
Se reporter, sur notre site, à la présentation très détaillée faite en 2000, à la suite d'une première visite organisée par la section Budé d'Orléans.

Le déjeuner avait lieu à Rochefort-en-Yvelines, à l'Ambassade, restaurant situé dans une petite partie du château de Rochefort. Perché sur une colline, le château au style néo-classique domine la forêt et surprend par ses dimensions. À la toute fin du XIXe siècle, le diamantaire Jules Porgès fit construire une réplique de l'actuel palais de la Légion d'honneur à Paris, l'Hôtel de Salm-Kyrbourg, mais fit doubler certaines proportions. Le château, devenu un hôpital durant la première guerre mondiale, fut ensuite vendu. Il fut occupé, durant la seconde guerre, très peu de temps par les Allemands, puis par les Américains. Plusieurs films y ont ensuite été tournés.

En début d'après-midi, le trajet vers Paris s'est effectué sans embouteillage et a permis aux adhérents Budé d'arriver à l'Institut du Monde Arabe assez longtemps avant l'heure fixée pour la visite guidée (en deux groupes) de l'exposition "Le mystère Cléopâtre". Temps mis à profit pour accéder à la terrasse au 9ème étage et profiter ainsi de la vue sur une partie de Paris, pour se rendre à la librairie, pour boire un thé…

L'exposition sur Cléopâtre, organisée de façon très pédagogique, s'attache à montrer combien cette célèbre figure féminine, dont on sait très peu de choses, a, depuis son suicide il y a deux mille ans, fasciné écrivains, peintres, sculpteurs, créateurs de costumes, de bijoux, etc… Celle que tous nomment Cléopâtre, en fait la septième du nom, donc Cléopâtre VII Philopator, n'a laissé que quelques pièces de monnaie, présentées à l'exposition,  pour que nous puissions mettre un visage sur son nom. Aucune biographie rédigée à l'époque ne nous renseigne sur elle. Elle appartient à une dynastie originaire de Macédoine et a la réputation de posséder une solide formation dans de nombreux domaines et de parler plusieurs langues.
Dès le début, l'exposition éclaire le contexte sur le plan politique, religieux, économique : à la tête du prospère royaume d'Égypte, sous protectorat romain, la dernière souveraine de la lignée ptolémaïque va mener une politique de réformes et faire régner la paix durant vingt ans. En 31 avant notre ère, la défaite d'Actium, qui oppose Rome avec Octave à l'Égypte avec Cléopâtre et Marc Antoine, conduit la reine à se suicider, pour échapper aux Romains.
Les historiens considèrent que ce suicide la rend immortelle. Selon les époques, elle sera séductrice, manipulatrice (chez des auteurs romains), héroïne… et surtout source d'inspiration. Peintures, dessins, sculptures, littérature, théâtre (avec par exemple Sarah Bernhardt), opéra, cinéma (avec entre autres Sophia Loren,  Liz Taylor, Monica Bellucci) font de Cléopâtre un mythe. Nombre de tableaux et de sculptures, qui mettent en scène le suicide, de façon plus ou moins réaliste selon les époques, des costumes, bijoux, produits de maquillage, et même des extraits de films et de dessins animés révèlent que l'on est passé de la légende au mythe. Au-delà du mythe, Cléopâtre devient, dès la fin du XIXe siècle, une icône des luttes pour l'émancipation, l'identité.
La riche exposition de l'IMA permet de mesurer l'importance de la figure de Cléopâtre, figure parfois bien éloignée des résultats de la recherche historique, et de saisir "le mystère Cléopâtre".

Françoise Guerry-Raby

Jeudi 13 novembre 2025

Relire "Le Premier homme" d'Albert Camus
conférence par Guy BASSET
administrateur de la Société des Études camusiennes, premier directeur de la revue Présence d'Albert Camus, Guy Basset a soutenu en mai 2016 une thèse sur travaux à l'Université Paris-III.

PRÉSENTATION – Le Premier Homme est un roman autobiographique inachevé d'Albert Camus, publié en 1994 par sa fille Catherine Camus aux éditions Gallimard. Il emprunte plus d'un trait à la biographie de l'auteur et à ses relations avec son Algérie natale et l'histoire de ce pays avec la France et les personnalités qui l'ont forgé. "En somme, je vais parler de ceux que j'aimais", écrit Albert Camus dans une note pour Le Premier Homme. Le projet de ce roman, auquel il travaillait encore peu avant sa mort, était ambitieux. Il avait dit un jour que les écrivains "gardent l'espoir de retrouver les secrets d'un art universel qui, à force d'humilité et de maîtrise, ressusciterait enfin les personnages dans leur chair et dans leur durée". Il avait jeté les bases de ce qui serait le récit de l'enfance de son "premier homme". Cette rédaction initiale a un caractère autobiographique qui aurait sûrement disparu dans la version définitive du roman. Mais c'est justement ce côté autobiographique qui est précieux aujourd'hui. Après avoir lu ces pages, on voit apparaître les racines de ce qui fera la personnalité de Camus, sa sensibilité, la genèse de sa pensée, les raisons de son engagement. Pourquoi, toute sa vie, il aura voulu parler au nom de ceux à qui la parole est refusée.

COMPTE RENDU

 

Mardi 2 décembre 2025

La Muse légère, poésie latine et poésie galante du XVIIIe siècle

conférence par Stéphanie LOUBÈRE
professeur de littérature du XVIIIe siècle à l'Université d'Orléans, auteur d'une thèse (2002) sur les Arts d'aimer au siècle des Lumières.

PRÉSENTATION – Dans son ouvrage La Muse légère, approches de la poésie élégiaque et anacréontique des Lumières (Classiques Garnier, 2023) Stéphanie Loubère a voulu réhabiliter la poésie du XVIIIe siècle, dont les historiens de la littérature déploraient l'absence de profondeur, le manque d'originalité et l'intérêt porté essentiellement à la forme; à peine accordaient-ils quelque intérêt aux textes qui semblaient annoncer la future poésie romantique. Prenant appui essentiellement sur la poésie amoureuse du XVIIIe siècle, Stéphanie Loubère a montré que l'ambition des auteurs n'était pas de créer des œuvres originales à tout prix, mais de faire d'habiles variations sur les modèles anciens, comme par exemple les poésies Properce. Elle a montré aussi que cette poésie était destinée surtout à un usage "mondain", à des lectures dans les salons; c'est pourquoi elle n'abordait pas les grands thèmes philosophiques et religieux, reflétait un discret hédonisme et s'attachait surtout aux aspects phoniques et rythmiques des vers.

COMPTE RENDU

Mardi 16 décembre 2025

Gaza, Carrefour des Mondes (du -XVe au +VIIe s.)
conférence par Maurice SARTRE
professeur émérite d'histoire ancienne à l'Université de Tours

 

Jeudi 5 février 2026

Penser l'humain en regardant les arts préhistoriques
conférence par Chloé MORILLE
maîtresse de conférences en littérature du XXe siècle à l'Université d'Orléans.

PRÉSENTATION – Si l'on considère l'art pariétal et mobilier européen, on constate aisément que ce n'est pas la figure humaine qui a sollicité l'interrogation plastique des sociétés de chasseurs-cueilleurs du Paléolithique récent. Alors que voit-on lorsqu'on regarde attentivement les images que ces hommes lointains nous ont laissées ? On observe principalement de mystérieux signes plutôt que des tracés figuratifs. Puis, lorsque nous distinguons des formes réalistes, il faut admettre que les animaux occupent majoritairement le devant de la scène, au détriment des représentations humaines. Enfin, lorsque l'homme se devine, il s'agit bien plus souvent de femmes. Nous irons à la rencontre d'images préhistoriques intrigantes dont l'humanité nous émeut tout en nous déconcertant profondément.

COMPTE RENDU

Jeudi 12 mars 2026

Entretien avec le romancier Tanguy VIEL

PRÉSENTATION – Auteur, depuis 1998, d'une quinzaine d'ouvrages, confiés presque tous aux éditions de Minuit, Tanguy Viel vient de publier Vivarium.
"La question "qui parle ?" dans les romans de Tanguy Viel a tendance à être éludée par l'identification d'un narrateur homodiégétique qui est, de surcroît, le personnage principal de l'histoire. Cette réponse spontanée ne résiste toutefois pas à une lecture plus attentive de l'oeuvre de cet auteur. Chez Viel, l'énonciation n'est jamais transparente, l'identification jamais unilatérale. Toute tentative pour déterminer l'identité de l'instance en charge de la narration met bien vite au jour les traces linguistiques d'une présence subjective autre que celle du narrateur identifié. En effet, l'univocité de la voix narrative est rapidement mise en doute par le caractère indéterminé du narrateur qui l'assume, ainsi que par le fait que la parole de celui-ci est constamment hantée par d'autres voix dont l'origine demeure incertaine." (Alice Richir)

COMPTE RENDU

 

 

 

Jeudi 26 mars 2026

Jürgen Habermas, le dernier philosophe ?
conférence par Jean-Marc DURAND-GASSELIN
professeur en classe préparatoire à Orléans, auteur en 2017 de Le Puzzle postmétaphysique de Habermas, la trajectoire philosophique de la théorie de l'agir communicationnel.

PRÉSENTATION – Habermas (né en 1929) est un philosophe, sociologue et théoricien allemand en sciences sociales. Il est avec Axel Honneth l'un des représentants de la deuxième génération de l'École de Francfort, et développe une pensée qui combine le matérialisme historique de Marx avec le pragmatisme américain, la théorie du développement de Piaget et Kohlberg, et la psychanalyse de Freud. Le refus des formes allemandes de pensée autoritaire et élitiste ainsi que la volonté de jouer le jeu d'une pensée faillible et modeste ont incité Habermas à penser son entreprise de renouvellement de la "théorie critique" comme un puzzle postmétaphysique. Les perspectives nouvelles de la publicité et de la délibération démocratiques vont ainsi recevoir une assise théorique inédite sous la forme d'une combinaison singulière de traditions intellectuelles considérées comme concurrentes ou antagonistes, combinaison produite comme un puzzle de manière méthodique et originale.

COMPTE RENDU


CALENDRIER DES ACTIVITÉS

  Conférences Sorties Les "Ateliers" de Nicole Laval-Turpin
avec Catherine Malissard et Pierre-Alain Caltot
      Atelier latin Atelier poésie Atelier littérature Atelier mythologie
Mardi 30 sept.     X X    
Jeudi 2 oct. X          
Samedi 11 oct.           X
Mardi 14 oct.     X X    
Mardi 4 nov.     X X    
Samedi 8 nov.   X        
Lundi 10 nov.         X  
Jeudi 13 nov. X          
Lundi 17 nov.         X  
Mardi 18 nov.     X X    
Samedi 22 nov.           X
Lundi 24 nov.         X  
Mardi 2 déc. X   X X    
Mardi 16 déc. X          
Mardi 6 janv.     X X    
Samedi 17 janv.           X
Mardi 20 janv.     X X    
Lundi 26 janv.         X  
Lundi 2 fév.         X  
Mardi 3 fév.     X X    
Jeudi 5 fév. X          
Lundi 9 fév.         X  
Mardi 3 mars     X X    
Jeudi 12 mars X          
Mardi 17 mars     X X    
Jeudi 26 mars X          
Samedi 28 mars           X
26 avril – 1er mai   X        

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