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LES SORTIES À PARIS
(expositions et théâtre)


 


Dimanche 15 décembre 1991
Représentation d’Agamemnon et des Choéphores d’Eschyle

Un groupe important de budistes, conduit par M. Malissard, a eu la chance d'assister, au Théâtre de La Cartoucherie de Vincennes, aux représentations d'Agamemnon et des Choéphores d'Eschyle dans une mise en scène d'Ariane Mnouchkine, laquelle a tenu à nous accueillir elle-même et à s'entretenir avec nous au sortir du spectacle, lequel fut un très grand moment de théâtre.



Samedi 5 décembre 1992
Exposition "Les Étrusques et l’Europe" - Représentation des Euménides d’Eschyle

La matinée a été consacrée à une visite de l'exposition Les Etrusques et l'Europe au Grand Palais, sous la conduite de M. Guittard, professeur à l'Université de Tours et étruscologue.

En soirée les « budistes » assistèrent à une représentation des Euménides d'Eschyle, dernière pièce de la trilogie de l'Orestie, faisant suite aux représentations d'Agamemnon et des Choéphores de l'an dernier, dans une mise en scène d'Ariane Mnouchkine à la Cartoucherie de Vincennes.



Dimanche 23 octobre 1994, sortie à Paris
Exposition "Voltaire et l’Europe" - Représentation du Thyeste de Sénèque

Le matin, ce fut la visite commentée d’une exposition, à l’Hôtel de la Monnaie, sur Voltaire et l’Europe, à l’occasion du tricentenaire de sa naissance, exposition composée de peintures, de dessins (dont les célèbres découpures de Jean Huber, exceptionnellement prêtées par le musée de l’Ermitage), de manuscrits, d’ouvrages de la bibliothèque vendue à la Grande Catherine, de sculptures (de Pigalle notamment), sans oublier tous les documents relatifs aux représentations théâtrales, d’Oedipe à Mahomet.

L’après-midi, nous avons assisté, au Théâtre des Amandiers de Nanterre, à une représentation du Thyeste de Sénèque, dans une traduction de Florence Dupont et une mise en scène de Jean-Pierre Vincent. Thyeste est « la pièce la plus cannibale, la plus sanguinolente qu’ait jamais écrite ce stoïcien », et sans doute l’une des plus cruelles de la scène (Antonin Artaud ne s’y était pas trompé). La rigueur de J.-P. Vincent (qui s’est entretenu avec nous après la représentation) et sa volonté de distanciation dans un décor symbolique et dépouillé nous ont fait retrouver les deux ressorts tragiques fondamentaux : terreur et pitié.



Dimanche 11 février 1996
Exposition "A l’Ombre du Vésuve" - Orgues de la Madeleine -  Musée de la Vie romantique

Cette sortie à Paris a connu un succès inespéré, puisqu’il a fallu fréter deux autocars.

La première visite eut lieu le matin au Musée du Petit-Palais, à l’occasion de l’exposition A l’Ombre du Vésuve, réalisée d’après les collections du Musée national d’archéologie de Naples. Cette exposition — remarquablement présentée dans un lieu où les visiteurs peuvent circuler à leur aise et s’attarder — a permis aux budistes de revoir les plus belles pièces qu’ils avaient admirées lors de leur voyage en Campanie de l’été 1990, et aussi de découvrir quelques-unes des oeuvres conservées dans les réserves.

A 13 h 30, nous avions rendez-vous à l’église de la Madeleine où nous attendait François-Henri Houbart, titulaire des orgues. En effet, lors de sa dernière conférence, il avait promis à ses amis orléanais une visite exceptionnelle. Après un exposé historique et technique sur l’instrument, F.-H. Houbart a donné un concert à notre intention, fait d’improvisations personnelles pleines de brio. Les participants ont pu, par petits groupes, accéder à la tribune et pénétrer dans les arcanes de l’orgue.

Vers 16 h, le groupe s’est acheminé vers le Musée de la Vie romantique, l’ancien Musée Renan-Scheffer, au 16 de la rue Chaptal. Cet ancien hôtel particulier, aménagé par le peintre Ary Scheffer, agréable demeure bourgeoise au fond d’une allée provinciale, a conservé les traces d’une société brillante qui en fréquenta les salons entre 1830 et 1880.

Ajoutons que ces visites avaient été préparées par les commentaires de plusieurs membres du Bureau : Alain Malissard pour l’exposition du Musée de Naples, Gérard Lauvergeon pour l’historique de l’église de la Madeleine (dont la construction a été fort mouvementée) et Geneviève Dadou pour le Musée de la Vie romantique, en particulier à propos de son dernier hôte célèbre, Ernest Renan.



Dimanche 14 mars 1999
Exposition "Liban l’autre rive" - Représentation de Oedipe à Colone et d’Antigone de Sophocle

Au programme, le matin, une visite guidée de l’exposition Liban, l’autre rive à l’Institut du Monde arabe.

L’après-midi, au théâtre du Lierre, rue du Chevaleret, une représentation, dans une mise en scène de Farid Paya, d’Oedipe à Colone et d’Antigone de Sophocle, constituant la seconde partie du Sang des Labdacides, dont la première partie, Laïos et Oedipe-Roi, avait été présentée à Orléans dans le cadre de l’A.T.A.O.



Vendredi 9 mai 2014
Exposition au Grand-Palais : "Moi Auguste, empereur de Rome" + Au théâtre de l'Odéon, salle des Ateliers-Berthier : Tartuffe de Molière, mis en scène par Luc Bondy


2016 :
Exposition "Apollinaire" - Représentation de Romeo et Juliette, dans une mise en scène de Éric Ruf.


2018 :
Exposition "Cités millénaires, voyage virtuel de Palmyre à Mossoul" - Représentation de Thyeste de Sénèque


2022 :
Représentation de L'Ile d'Or, mise en scène par Ariane Mnouchkine, au Théâtre du Soleil


2022 :
Concert par la Philharmonie de Paris (Les Arts Florissants) : Molière et la comédie-ballet


2023 : Visite du Sénat Tartuffe ou l'hypocrite, à la Comédie française.

Jeudi 23 février 2023, sortie à Paris, avec une visite du Sénat » (avec Jean-Pierre SUEUR, sénateur du Loiret et questeur, auteur d'un ouvrage Victor Hugo au Sénat) et une représentation de Tartuffe à la Comédie Française.
Le Sénat siège au Palais du Luxembourg, construit à partir de 1615 pour la reine Marie de Médicis issue de la grande famille florentine et amie de tous les arts. Différentes évolutions architecturales, faites dans le respect de ce trésor exceptionnel, l'ont adapté aux besoins d'une assemblée politique moderne. JeanPierre Sueur, auquel ce monument est très cher, nous en a fait découvrir toutes les fonctions et beautés avec talent, érudition et humour.
Nous en retenons quelques lieux et trésors essentiels à différents titres :
– La Salle du Livre d'Or rassemble depuis 1817 les tableaux et lambris d'origine provenant des appartements de Marie de Médicis. Considérée comme le joyau du palais, c'est un véritable écrin doré aux ornements – boiseries et décors peints – chargés mais délicats et d'une grande élégance. Parmi les tableaux présents celui de Marie de Médicis a récemment été attribué au grand peintre Philippe de Champaigne.
– La Galerie des Bustes est célèbre, car son parcours est jalonné de bustes d'anciens pairs ou sénateurs et d'hommes politiques illustres, mais aussi parce que, pour se rendre dans l'hémicycle lors d'une séance publique, le président du Sénat la remonte solennellement, entre deux haies de gardes républicains.
– L'Hémicycle ou Salle des Séances a subi plusieurs aménagements depuis son achèvement par Napoléon. Entièrement lambrissé, il est composé d'un grand hémicycle où siègent les sénateurs faisant face à un petit hémicycle, surélevé, lieu du président et des secrétaires du Sénat. Derrière le plateau du président sept monumentales statues de grands hommes comme Turgot ou Colbert, aux deux extrémités celles de deux souverains emblématiques, Charlemagne et Saint Louis. Nous avons pris place dans l'hémicycle où Jean-Pierre Sueur nous expliqua tout le fonctionnement et le déroulement d'une séance, ainsi que la haute portée historique et politique du lieu, continue depuis sa création il y a plus de deux siècles, agrémentant son discours de détails émouvants comme la désignation de la place de Victor Hugo signalée par une plaque en cuivre.
– La Salle de lecture de la Bibliothèque – grande galerie sobrement décorée de lambris et de rayonnages dans le style classique invitant au silence – est le fruit de travaux d'agrandissements menés en 1837. Outre la noblesse de l'ensemble et la richesse des collections actualisées en permanence, elle est remarquable par la présence en son centre d'une grande coupole, entièrement décorée par Eugène Delacroix au milieu du XIXe siècle.
Très admiratif de la portée symbolique de cet ensemble dont la composition est inspirée du chant IV de L'Enfer de Dante, Jean-Pierre Sueur nous en a fait une belle description détaillée très inspirée. Sur une grande fresque circulaire, il s'agit, selon les termes de Delacroix, d'une espèce d'Élysée, où sont réunis les grands hommes qui n'ont pas reçu la grâce du baptême. Ne pouvant donc accéder au Paradis, Delacroix le leur a offert sur cette fresque. On y retrouve les grands poètes de l'Antiquité gréco-latine présidés par Homère, accueillant Dante conduit par Virgile, mais aussi, par groupes successifs, des Grecs et des Romains illustres, comme Cincinnatus, incarnation de la Virtus romaine, ainsi que d'autres figures comme Orphée et Sappho.
Avant que nous quittions la salle, Jean-Pierre Sueur a offert à notre présidente Catherine Malissard, représentant l'ensemble de la section orléanaise, un exemplaire du beau livre édité par le Sénat de l'ensemble des chefs-d'œuvre de tous ordres qu'abrite le Palais du Luxembourg. À la toute fin de la visite notre guide nous a invités à partager un moment convivial… et rafraîchissant en dégustant une coupe de champagne. Ce fut, grâce à la précision et à l'enthousiasme conjugués de Jean-Pierre Sueur, une plongée magistrale dans l'Histoire de France.

A la Comédie-Française, la « représentation de Tartuffe ou l'Hypocrite de Molière », était un spectacle monté à l'occasion du 400e anniversaire dans la maison de Molière par le grand et sulfureux metteur en scène belge Yvo Van Hove.
Ce dernier y avait entre autres déjà produit, en 2016, Les Damnés d'après le film de Visconti dans une adaptation radicale qui avait alors scandalisé certains et fait couler beaucoup d'encre. Il s'agit ici d'une version originale disparue depuis quatre siècles, appréciée tout d'abord par Louis XIV lors de sa création en 1664, puis censurée par le roi le lendemain, sous la pression évidente du parti des dévots et du contexte religieux très compliqué de l'époque. Version en trois actes, « reconstituée » grâce au travail de génétique théâtrale mené par l'historien Georges Forestier, débarrassée de l'acte V (donc du dénouement heureux où le roi en deus ex machina rétablit in extremis Orgon dans ses droits et châtie l'imposteur) et de l'intrigue secondaire autour des amours contrariées de Marianne, fille d'Orgon et du jeune Valère. Toutes choses que Molière, tenant à jouer sa pièce, avait rajoutées pour rendre le contenu plus acceptable et rompre la censure, et qui furent la version jouée depuis dans tous les théâtres. Cette version écourtée, donc plus « énergique » et plus cruelle, concentrée sur la crise familiale que provoque – ou aggrave – l'arrivée de Tartuffe, est resserrée autour du triangle « amoureux » ambigu Orgon-Tartuffe-Elmire, la jeune épouse d'Orgon, et de l'opposition entre le parti des « progressistes » avec en tête Cléante, le frère d'Elmire, et les positions « conservatrices » d'Orgon, aveuglé jusqu'à la déraison par l'emprise qu'exerce le prétendu dévot Tartuffe sur lui, secondé activement par sa mère, Mme Pernelle. Cette mise en scène moderne et très visuelle est efficace par l'épure stylisée en noir du décor, des accessoires et des vêtements, dans un espace non réaliste où les affrontements successifs se déroulent sur un grand carré blanc occupant le milieu de l'espace où chacun prend place comme sur un ring. Excellente interprétation où se distinguent Christophe Montenez dans le rôle de Tartuffe, Dominique Blanc dans celui de Dorine et, bien sûr, Denis Podalydès, Orgon hébété d'admiration. Une Marina Hands, tout de même largement en deçà de ses camarades, dans le rôle d'Elmire.
Mais on regrette surtout la ligne adoptée par le metteur scène sacrifiant quelque peu à une mode actuelle. Tout d'abord, l'aspect « salvateur » du comique est gommé, hormis dans deux scènes emblématiques portées par Orgon-Podalydès, celle du comique de répétition – « le pauvre homme ! » – et la grande scène destinée à confondre Tartuffe, où Orgon est caché sous la table. Ensuite, le choix pour interpréter Tartuffe d'un jeune homme très beau – pour lequel Elmire paraît éprouver un amour qui n'a rien de platonique – entre en contresens avec le texte de Molière en plusieurs endroits. Malgré ces quelques bémols, grand plaisir goûté à ce spectacle bien loin d'être anodin, dans la belle salle Richelieu de la maison du grand Molière.


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