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CONFÉRENCES DONNÉES
DANS LA HUITIÈME DÉCENNIE 2024-2034
Jeudi 28 septembre 2023
Le Français, une langue, des institutions, des valeurs
par Bernard CERQUIGLINY
Bernard Cerquiglini est professeur émérite de l'Université de Paris VII-Diderot, ancien recteur de l'Agence universitaire de la Francophonie, vice-Président de la Fondation des Alliances françaises et membre de l'Académie royale des sciences, lettres et beaux-arts de Belgique. Il a publié de nombreuses études sur la langue française. C'est donc un grand honneur qu'il nous fit en ouvrant notre nouvelle saison avec une passionnante conférence intitulée "Le français : une langue, des institutions, des valeurs". Devant un public fidèle et nombreux, le conférencier, au verbe enchanteur, rappela que la langue française possède trois caractères, dont la réunion forme la singularité. C'est tout d'abord une langue. Elle appartient aux idiomes romans, mais son histoire est particulière : elle est septentrionale et atypique. C'est ensuite une institution. Depuis longtemps écrite, protégée du pouvoir, normalisée, elle est un idiome littéraire, politique, grammairien. C'est enfin un ensemble de valeurs, déposées par l'histoire (partage, solidarité, diversité), dans lesquelles les francophones se reconnaissent. La réunion des trois explique la Francophonie, politique de solidarité linguistique mondiale, seule organisation internationale fondée sur une langue.
Le français est une langue romane née du latin vulgaire, issu du premier Moyen Âge, dont la romanité mériterait d'être davantage mise en lumière. Et l'auteur de tordre le cou à certains mythes encore bien présents dans les esprits ; ainsi de l'influence gauloise qui ne représente en réalité qu'une très faible quantité de mots, à l'inverse de la part essentielle tenue par l'héritage germain dont le peuple franc est issu. Le français est donc, dès son origine, une langue romane du Nord qui se retrouve au carrefour de l'Europe occidentale et devient un point de contact culturel hors du commun. Puis Bernard Cerquiglini, radicalement à rebours d'un certain esprit décliniste, insista sur le fait que le français est une langue mondiale qui n'a jamais compté autant de locuteurs ; ainsi est-elle l'une des langues les plus étudiées au monde. À ce titre, le conférencier rappela toute la richesse et la puissance d'influence de la francophonie.
Par ailleurs, le français est une langue institutionnelle dont le passage à l'écrit se fait très tôt dans son histoire. Ainsi compte-t-elle de puissantes institutions – dont l'emblématique Académie Française –, des milliers de dictionnaires, de grammaires, d'études diachroniques, etc. Il est incontestable que le français est la langue la plus normalisée au monde, faisant d'elle une langue d'écriture et de littérature à nulle autre pareille, dont la syntaxe apparaît d'une solidité inégalée.
Enfin Bernard Cerquiglini évoqua le caractère éminemment politique de la langue française. Dès 842 et la signature des Serments de Strasbourg, qui actent le partage de l'empire carolingien au profit des différents fils de Charlemagne, notre langue est placée sous le signe de la diplomatie. De la naissance du Collège Royal à l'Académie Française, de la constitution des premières grammaires à l'édification du lexique, parler français, c'est faire de la politique, construire un destin commun, forger une nation dont le cœur battant est sa langue même.
H.C.
Jeudi 23 novembre 2023
De la rumeur d'Orléans à sa représentation théâtrale
par Luc TARTAR et Éric CÉNAT
Jeudi 5 décembre 2023
Cicéron et les scandales dans la Rome républicaine, lecture de textes
par des membres du BUREAU
Jeudi 14 décembre 2023
Des frères de sang aux frères humains, qu'est-ce que la fraternité ?
par Alexandre DE VITRY
Alexandre de Vitry – auteur d'Une histoire de la fraternité (2023) – évoqua d'abord la genèse de ce projet monumental, fruit de près de dix années de recherche, en partant de ce constat :"l'actualité de la fraternité est le signe tragique de son inactualité". En effet, ce vocable millénaire semble aujourd'hui obsolète, malgré sa présence tutélaire dans nombre des débats de notre temps. C'est à Charles Baudelaire que l'auteur emprunte le titre de son ouvrage, une formule quelque peu provocatrice qui reflète la casuistique inhérente à toute réflexion autour de la métaphore fraternelle.
Dans un second temps, le conférencier revint sur les racines linguistiques de la fraternité, naviguant entre l'indo-européen bhrater et le latin frater, afin de montrer que, dès l'origine, cette dernière est marquée du sceau de l'ambivalence et de la polysémie, la fratrie étant autant une réalité sociale qu'une image permettant de représenter la vie publique. Puis, c'est aux mythes que l'auteur se référa – ceux issus de la tradition biblique – pour évoquer la question de la violence et du fratricide qui semblent indiquer que la fraternité se déploie précisément lorsqu'elle s'éloigne du référent familial. Enfin c'est autour de la dialectique ouverte/fermée qu'Alexandre de Vitry acheva le premier temps de sa réflexion, en évoquant l'opposition entre une fraternité universelle et une conception plus recentrée, la sœur de l'ombre de la trinité républicaine désignant autant un groupe, un élan hospitalier, une valeur qu'une attitude face au monde.
Mais à quel moment la fraternité – née dans le creuset du christianisme – se sécularise-t-elle ? C'est en 1789, à la faveur de la Révolution française, que la première rupture a lieu, actant le passage d'un régime paternaliste à une communauté politique fondée sur l'égalité de tous et l'invention de la notion de citoyenneté, parangon de la fraternité républicaine. La seconde, née sur les barricades de 1848, témoigne de l'apogée de la fraternité et marque également l'implosion du terme sous le poids de sa propre polysémie. Triomphant, mais sombrement paré du sang des révoltés, le langage fraternel entre dans une longue période de caducité politique.
Si la fraternité semble avoir été évacuée manu militari de l'espace public suite aux douloureuses expériences révolutionnaires, elle va trouver dans la littérature un locus amoenus où se ressourcer. Et qui mieux que Victor Hugo pour réinsuffler à l'ancienne métaphore un peu de sa vitalité perdue ? Ce sera Les Misérables (1862), monument de la fraternité universelle qui offrira le plus éclatant "point de contact entre l'idéal solidaire et la réalité pesante de la solitude et de la misère" du XIXème siècle. Toutefois, à l'universalisme hugolien s'oppose la conception baudelairienne fondée sur l'idée de choix, impliquant un processus d'élection autant que d'exclusion, menant vers une fraternité d'élus. Deux auteurs reflétant pleinement la conflictualité originelle de la fraternité. Puis, c'est à Charles Péguy, ardant défenseur d'une fraternité exigeante et intransigeante, qu'Alexandre de Vitry se réfère avant d'évoquer les atrocités du XXème siècle. À une fraternité accueillante succède "une fraternité du tombeau, une fraternité faite tombeau". Cependant, bien que l'indicible ait terrassé le réseau signifiant de la métaphore fraternelle, la littérature résiste. De Romain Gary à Jonathan Littell, en passant par Albert Cohen ou Thomas Mann, les écrivains réactualisent les présupposés sémantiques du lexique fraternel, la littérature apparaissant comme un espace de résistance et de résilience favorisant la survie de la fraternité dans la mémoire collective.
H.C.
Jeudi 11 janvier 2024
La procession en France au XVIIIe siècle
Par Gaël RIDEAU
Le 11 Janvier 2024, Gaël Rideau, professeur d'histoire moderne à l'Université d'Orléans a tenu une conférence sur un sujet peu habituel, « La procession en France au XVIIIe siècle ». Conférence très intéressante, se donnant pour but d'éclairer tous les enjeux contenus dans ces manifestations (lien entre espace, temps et société).Trois enjeux sont mis en évidence: le religieux (ex. l'Ascension), la communauté urbaine rendue visible, avec ses distinctions locales (Fête-Dieu) et le politique (naissance d'un dauphin ou en 1744, processions pour la guérison de Louis XIV malade …), la procession étant un moyen de réaffirmer le lien entre le peuple et la dynastie. En ce sens elle est à distinguer très nettement du pèlerinage.
La procession votive ou mémorielle en lien avec un fait important est le type le plus fréquent. Gaël Rideau prend l'exemple du 8 mai à Orléans et celui d'Auxerre commémorant tous les ans, avec port du St Sacrement, sa libération des Protestants en 1568. Mais un jeu de pouvoir se pose sur la question de savoir lequel, du clergé ou du pouvoir politique, est le dépositaire de la mémoire. Autre type de procession, les processions « climatiques », dans le cadre des dévotions au Saint Patron, le plus souvent pour lui demander l'arrivée de la pluie ou l'en remercier, accompagnée de pénitences (si le climat fait défaut c'est qu'il y a faute). Mais on note au siècle des Lumières, un recul des processions notamment climatiques. Les raisons sont de trois ordres : la sécularisation de la société qui rompt avec des pratiques vues désormais comme de la superstition ; le propre désir de l'épiscopat de renforcer l'encadrement pour éviter des actes superstitieux vus comme de la profanation ; l'émergence de l'idée de la dangerosité, envisageant le risque d'émotion populaire capable de débordements et séditions. Cependant cette manifestation hautement symbolique et officielle oblige au respect sous peine (c'est arrivé au jeune chevalier de La Barre) d'emprisonnement et de mort.
Sur les lieux des processions au XVIIIe, G. Rideau note que la plupart ne sortent pas dans la rue, réservée à celles ayant un aspect exceptionnel : réaffirmation de visibilité; mise en scène jugée indispensable; question d'évolution de l'espace urbain (c'est le 8 mai 1772 que pour la 1ère fois la procession passe par la rue Royale plus large); réactivation du passé dans la période présente. La durée d'une période « processionnelle » est très variable, pouvant atteindre plus de 80 jours, et les processions sont très fréquentes (à Orléans tous les jours, heureusement sans participation globale !).
Le conférencier envisage en dernier point les limites liées à ce fait collectif au XVIIIe siècle. Il y a d'abord la dimension sociale : la procession rassemble mais divise en distinguant ceux qui défilent de ceux qui regardent et en causant des querelles de préséance dans la hiérarchie des rangs. En mettant les pouvoirs en contact avec la population, elle peut créer des tensions politiques, troubles à l'ordre public, voire des émeutes. Elle est sujette à des tensions relevant de la sphère religieuse : les Jansénistes luttent contre les manifestations ostentatoires; l'église elle-même s'attache à une tempérance décente. Enfin la dynamique de la sécularisation de la société et l'émergence de la liberté individuelle poussent à la neutralisation de l'espace public.
Gaël Rideau termine sur le désaccord, dans la deuxième moitié du XVIIIe entre les Lumières, pour qui les processions sont héritières des manifestations païennes émanant de la religion naturelle de l'Antiquité, et l'Eglise pour laquelle elles sont une spécificité du Christianisme.
Ainsi les relations complexes à l'œuvre témoignent des évolutions sociales et religieuses et de la place de la rue dans société du temps.
Jeudi 18 janvier 2024
L'arche de l'Alliance sur la mosaïque de Germigny-des-Prés
par Jean-François BRADU
Le 18 janvier 2024, Jean-François Bradu, professeur agrégé d'histoire-géographie et membre du bureau, a donné une brillante conférence sur la mosaïque du chœur de l'église de Germigny-des-Prés (près de Saint-Benoît-sur-Loire), singulière par son ancienneté et par l'unicité de son motif: pourquoi l'Arche de l'Alliance, un objet, dans l'abside principale partout ailleurs réservée à des représentations à figure humaine ? Il s'agit de rendre compte des travaux d'Anne Freeman et Paul Meyvaert universitaires à Harvard, en lien avec les propres recherches de J.F. Bradu, visibles sur son site internet. Edifiée en 806 l'église était l'oratoire privé du grand théologien Théodulf, évêque d'Orléans et conseiller de Charlemagne.
D'abord le conférencier replace l'œuvre dans le contexte politico-religieux de la querelle des images dans la représentation du divin qui fit rage, du 4ème au 9ème siècle. Les iconoclastes comme Charlemagne, interdisant la représentation du Christ et du divin sous forme humaine tandis que les iconolâtres, les papes et pour l'Orient plutôt les impératrices, prêchaient la vénération édifiante des saintes icônes. Selon la thèse des deux chercheurs, la mosaïque serait une illustration, voulue par Théodulf, des Livres Carolins, ouvrage iconophobe se référant aux deux Testaments que Charlemagne lui avait commandé avant d'en abandonner l'édition.
Ensuite, s'appuyant sur des extraits précis des Livres, J.F. Bradu analyse la symbolique puissante de la mosaïque : l'Arche présentée par deux petits chérubins, surmontée de deux merveilleux grands chérubins dont les ailes abritent le tout, entre les deux groupes une main descendant du ciel ; en bas, une mystérieuse bande (mal restaurée ?) ondulée de douze bosses. Un rappel est fait du thème de la « préfiguration », très présent chez les théologiens et chez Théodulf, qui consiste à voir dans l'Ancien Testament les signes précurseurs du Nouveau Testament.
Tout d'abord, litigieux dans une œuvre iconophobe, les quatre anges à figures humaines. Ils sont justifiés comme étant avec l'Arche non pas les créatures spirituelles mais la représentation d'œuvres construites par des hommes pour être une préfiguration symbolique des mystères du Nouveau testament : Moïse pour les uns, Salomon pour les deux grands chérubins. Ces deux derniers sont vus comme symboles des deux Testaments, donc des deux peuples : coté nord les Chrétiens avec l'auréole à trace cruciforme, place valorisante à droite de l'Arche par rapport au regard des anges (comme ailleurs à droite du Christ), coté sud à gauche les Juifs, qui n'ont pas reconnu le Messie ; leurs ailes qui se croisent et la main (analysée comme celle du Christ) représentant l'Alliance entre les deux peuples, la continuité entre les deux Testaments. Mais la découverte la plus importante de P. Meyvaert concerne la zone du bas interprétée comme la traversée du Jourdain, les douze bosses étant selon lui les douze pierres prélevées sur ordre de Josué pour la construction d'un monument et les douze autres remises pour marquer l'endroit du passage. Les Livres Carolins en livrent une fois de plus la signification symbolique, Josué préfigurant le Christ, les pierres prélevées les apôtres chargés de baptiser les peuples, le Jourdain le baptême et les pierres remises les douze tribus d'Israël. Concernant l'Arche, présentée sans son couvercle et vide du contenu habituel lié à l'Ancien Testament, P. Meyvaert s'appuie à nouveau sur les Livres pour expliquer ce vide par la réalité du Nouveau Testament qui a remplacé ce que pressentait l'Ancien : l'Arche symbolise le Christ.
Une belle et fine démonstration que la mosaïque est une image dont le message réside dans le symbolisme religieux des objets représentés … menée comme une enquête de détective !
Jeudi 8 février 2024
Le "street-art" comme lien social
par Christophe GÉNIN
Christophe Genin, agrégé de philosophie, docteur es Lettres et maître de conférences en philosophie de l'art et théorie de la culture à la Sorbonne, est l'auteur entre autres œuvres de l'essai « Le Street art au tournant : de la révolte aux enchères ». C'est par ses travaux sur l'art contemporain et ses formes émergeantes qu'il a été amené à travailler sur le Street Art. Le sujet peut paraître inattendu dans le cadre de notre association mais il en a démontré la pertinence pour une association humaniste attentive à toutes les émanations de la société moderne.
Le conférencier insiste sur l'aspect planétaire (grande vogue aux Etats-Unis), hétérogène et contradictoire de ce phénomène. Il démontre d'abord comment parti de graffitis transgressifs (pour la doxa, « gribouillis » symboles des endroits louches), dans des lieux urbains souvent de non-droit (pans de murs reculés, passages souterrains, piles de pont ou d'autoroutes, berges de Seine, tous lieux peuplés par les SDF …), cet art marginal et réfractaire réintroduit du « grain à moudre », de la surprise par l'art du détournement d'images connues voire de clichés, et crée de nouvelles occasions de rencontres, de mélange et d'échange dans la société. Il analyse ensuite comment ce mouvement a fini par devenir un art à part entière engagé pour certains dans des commandes officielles, aux tentations d'internationalisation et soumis au marché de l'art. Mais, à l'intérieur de ses contradictions, sans perdre pour la plupart la faculté de l'humour par le détournement et la vigueur d'une culture alternative à la rencontre des exclus de la société, de ceux qui souffrent, donc outil d'une réelle contestation politique à visée humaniste.
Un des grands intérêts de la conférence est sa richesse iconographique, C. Genin s'appuyant sur la projection d'un grand nombre photographies d'œuvres prises par l'auteur lui-même in situ. Œuvres allant de graffitis anonymes à des créations de noms devenus célèbres comme Bansky, Combo, Miss Tic, le Toulousain 100Taur (magnifiques fresques inspirées des mythologies et du fantastique) qui exécute la commande d'une immense fresque d'art sacré, par le couvent des Bénédictins et C215 simple graffiteur sur boîtes à lettres, devenu le Street artiste du récit national français par les commandes publiques. Et, bien sûr, la grande figure considérée comme un des « grands-pères » du Street art humaniste européen, Ernest Pignon Ernest, ouvrant certainement la voie à une production spécifiquement française faisant le lien avec la littérature.
Ainsi, C. Genin nous donne aussi à voir la floraison d'œuvres humanistes et/ou politiques suscitée par les grands soubresauts du monde contemporain, voici quelques exemples cités :
- Les graffitis sur le Mur à Berlin ouest, dont les photos prises tous les ans ont suivi la progression.
- Miss Tic, d'Orly, s'approprie des figures féminines, notamment des femmes battues ou révoltées par ex. Judith tuant Holopherne.
- Après les attentats de 2015 les Street artistes sont tout de suite apparus avec par exemple des Mariannes en pleurs et la fresque de Bansky sur la porte arrière du Bataclan, ainsi qu'en 2016 à Nice.
- Pendant l'épisode des gilets jaunes la statue de la Victoire éborgnée inspire une série où elle est détournée en Marianne éborgnée, symbole des gens du peuple éborgnés par les flash- ball. On ne compte plus les Mariannes détournées comme celle, métisse, de Marko, artiste de Saint-Denis.
- Morèje, premier artiste de l'art urbain à introduire la mosaïque encadrant de petits portraits de figures souvent emblématiques (Rimbaud, Cabu …), fait le portrait du 1er médecin mort du covid.
A travers et malgré ses contradictions, par le détournement pour toujours renouveler le regard,
le Street art, nous dit C. Genin, demeure donc le « témoin d'une intelligence de la rue comme rendez-vous de la variété humaine ».
4 avril 2024
Saletés et difformité: les ruines dans les villes romaines
par Charles DAVOINE
Charles Davoine est maître de conférence en histoire romaine à l'Université de Toulouse-II-Jean-Jaurès. Il est l'auteur de La ville défigurée : Gestion et perception des ruines dans le monde romain, éd. Ausonius 2021.
Les Romains n'aimaient pas les ruines. Les édifices vétustes, ébréchés ou effondrés étaient perçus comme une difformité pour le paysage urbain et une menace pour l'idéal civique, sans considération pour leur ancienneté. Les ruines sont donc toujours combattues : les pouvoirs publics obligent ou encouragent à reconstruire et les bienfaiteurs célèbrent sur des inscriptions leur action restauratrice. Ont été étudiés les textes latins, littéraires, juridiques ou épigraphiques, qui évoquent la saleté ou la laideur des ruines pour mieux valoriser l'ornementation publique, condition nécessaire à l'épanouissement des cités et à la pérennité de la domination romaine.
23 mai 2024
La révolution anthropologique de la Genèse
par Hélène de SAINT-AUBERT
Ancienne de l'ENS, agrégée et docteur es Lettres, spécialiste des rapports entre Bible et littérature et en sciences religieuses, Hélène de Saint-Aubert connaît aussi l'hébreu Sa conférence, sous la forme d'un entretien avec Émilia Ndiaye, est la continuité de son livre Sexuation, parité et nuptialité dans le second récit de la Création (Editions du Cerf), réédité pour la quatrième fois, en raison de son succès. Le sous-titre met en valeur la vision radicalement nouvelle portée sur l'histoire de la Genèse.
L'exposé se limite au chapitre où le récit revient en détail sur le 6ème jour, celui de la création de l'humain enfin (Genèse 2) et envisage l'œuvre comme de la littérature, écrite entre 8ème et le 2ème siècle avant J.-C., probablement vers le 5ème-4ème.
Il justifie le titre de Révolution, montrant qu'à contrario de la doxa, Genèse 2 est une magnification de la femme et de son rôle, présentée comme la "partenaire" de Dieu. Pour ce faire, il s'appuie toujours sur le sens précis des mots-clés à partir d'une traduction personnelle quasi mot à mot de l'original en hébreu. Erreur majeure, ce n'est pas une côte que Dieu prit mais un côté (célâ) de l'humain ! Ensuite, à travers les preuves textuelles, il est clair que non seulement la femme est en parité avec l'homme mais que l'âdâm, l'humain (façonné avec l'âdamâh, l'humus), ne devient achevé - homme sexué - que grâce à, et au moment de, la création de la femme, elle, « construite », présentée par Dieu comme son « secours », son « homologue », et acceptée ainsi par lui. Démolissant les poncifs sur la femme, ce texte féministe avant l'heure, fut abîmé par des lectures misogynes idéologiques, coupables de contresens, souvent voulus.
Suivent des considérations sur les exégèses traditionnelles, souvent fondées sur une méconnaissance de l'hébreu et ses idiomes, une négligence ou ignorance du contexte, de la perspective historique et du sens messianique, avec des approches impropres à un texte littéraire, à fortiori ancien.
Bien d'autres textes fondateurs, conclut l'auteure, ont subi des contresens massifs. Liés à nos origines, ils remuent en profondeur, des résistances à l'interprétation n'ont rien d'étonnant. A travers les siècles, ce que nous dit aussi ce texte c'est qu'aucun être humain n'est le tout de l'humain.
3 octobre 2024
L'humanisme renaissant, ses racines et ses aspirations
par Franck LESTRINGANT
L'humanisme, terme du XIXe siècle, désigne un mouvement culturel européen, littéraire et philosophique, des XVe et XVIe siècles, période qui correspond à la Renaissance.
Les principales figures de l'humanisme comme mouvement littéraire sont, en France, Rabelais (vers 1494–1553), Marot (1496–1544), Montaigne (1533–1592) et les poètes de la Pléiade. Le néerlandais Érasme (1467–1536) est cependant l'auteur qui incarne le plus, comme symbole, l'humanisme européen.
L'humanisme se caractérise avant tout par le statut qu'il confère aux sources antiques. Les grands auteurs de l'Antiquité grecque et latine (par exemple Platon, Aristote, Cicéron, Plutarque, Homère, Virgile, etc.) deviennent des modèles à imiter ; la redécouverte et l'appropriation de ces œuvres s'accélère.
Ce « retour » aux sources antiques est favorisé par les bouleversements que connaît l'Europe de la Renaissance, qui naît dans l'Italie du XIVe siècle. À côté des peintres qui s'inspirent de la mythologie antique, ou des érudits qui veulent renouveler le savoir, des auteurs italiens (Boccace, Dante, Pétrarque) ont initié, en littérature, ce mouvement d'imitation des « Anciens » (notamment Virgile ou Horace). Vers 1450 ensuite, l'Allemand Gutemberg (1400–1468) perfectionne l'imprimerie en inventant les caractères métalliques mobiles, ce qui permettra une beaucoup plus grande diffusion du livre et donc des savoirs. Enfin, la rétractation de l'Empire byzantin, héritier de l'Empire romain et porteur de sa culture greco-latine, puis sa chute finale à la prise de Constantinople par les Ottomans en 1453, favorise le transfert des savoirs antiques vers l'Italie et donc vers l'Europe.
Les textes des Anciens sont connus, par les humanistes, en langue originale. Les lettrés apprennent le latin, la langue savante de l'époque, mais aussi le grec et l'hébreu. Ils traduisent les textes et veulent en retrouver la forme originelle. On revient directement à la source en écartant, parfois, les commentaires et les erreurs de traduction du Moyen Âge. Ce dernier est érigé en repoussoir. Le mythe du Moyen Âge, barbare, gothique, sombre, naît à cette époque.
Ce retour aux sources sert un idéal : la place centrale conférée à l'homme dans la réflexion savante. Humanisme vient du latin humanus « humain », et humanitas signifie « culture ». L'effervescence intellectuelle de l'âge humaniste se traduit par un optimiste général et une foi dans l'homme qui, par l'éducation, peut s'améliorer. On se soucie de son sort et de son bonheur. L'Anglais Thomas More (1478–1535) invente notamment L'Utopie (1516), un projet de cité idéale et bien réglée.
La « découverte » de l'Amérique nourrit le renouvellement intellectuel européen. Les lettrés de l'Europe se passionnent pour les récits de voyages des colons et explorateurs. La figure de l'Amérindien, le « bon sauvage », pousse une interrogation sur l'Autre, l'homme préservé des vices de la civilisation, et sur le Même, l'humanité qui nous lie à cette homme (Les Cannibales de Montaigne).
Cette interrogation est critique de la société : les Essais de Montaigne contiennent une dimension subversive. C'est aussi le cas chez Rabelais qui, dans Pantagruel (1532) et Gargantua (1534), moque la société de son temps. Dans son Discours sur la servitude volontaire (1576, posthume), Étienne de la Boétie (1530–1563), ami de Montaigne, formule l'une des premières grande critique moderne du pouvoir.
Enfin, l'Europe humaniste est une Europe chrétienne. La même démarche, appliquée aux textes des Anciens, est utilisée sur le texte biblique : on veut revenir au texte originel et se libérer des lectures traditionnelles. Cette tendance est contemporaine au développement de la réforme protestante duquel nombre d'humanistes se sentent proches. En France, Lefevres d'Étaples (1460–1536) traduit les Évangiles à partir de la Vulgate latine mais à l'aide de corrections grecques. En Allemagne, Martin Luther (1483–1546), réalise en 1522, à partir des textes originaux, la première traduction en allemand de la Bible.
15 novembre 2024
Jusqu'à ce que la mort s'ensuive, sur une page des Misérables
par Olivier ROLIN
Ancien élève de l'ENS et diplômé en lettres et philosophie, collaborateur à Libération et au Nouvel Observateur, Olivier Rolin est essentiellement écrivain, écrivain-voyageur, arpenteur des quatre coins du monde. Il est l'auteur de 17 romans et de récits géographiques ou essais. Prix Femina pour Port Soudan en 1994 et France Culture pour Tigre en papier en 2003, en 2014 prix du Style pour Le Météorologue, grand prix de littérature de l'Académie française pour son œuvre et sujet d'un grand dossier dans la revue Europe.
Il présente son livre Jusqu'à ce que mort s'ensuive (Gallimard 2024) récit à la fois historique et romanesque à partir d'une digression du début de la 5ème partie des Misérables : Hugo y décrit en quelques pages l'insurrection et les barricades moins connues de 1848 sous la 2ème république, les Misérables se passant dans les années 30 sous Louis Philippe. Le passage évoque deux hommes réels, Emmanuel Barthélémy et Frédéric Cournet, chacun responsable d'une barricade. Une documentation méticuleuse et rigoureusement respectée en tous points – jusqu'aux propos tenus par les protagonistes et aux manques impossibles à combler – définit la méthode revendiquée par l'auteur et qu'on retrouve dans beaucoup de ses textes. Il s'agit donc une enquête à la fois haletante mêlant plusieurs fils que Catherine Malissard contribue à dérouler.
La première question, sur la raison d'avoir bâti un récit sur cette digression, amène l'auteur à faire le point sur l'évolution politique de Hugo. Le roman a été écrit en deux fois, entre 1845 et 1848, lorsqu'il était député conservateur, puis repris à Guernesey en 1860. Mais il n'est plus du tout le même et son rôle pendant les journées de 1848 lui pose problème car, malgré ses positions modérées, il était du côté de l'ordre. C'est d'ailleurs dans cet épisode digressif que surgit l'unique « je » de l'auteur dans le texte, à propos de la présence poétique d'un papillon pendant l'affrontement ! O. Rolin fut alerté, nous dit-il, par ce peu que dit Hugo sur les deux personnages, mais dans un contraste très hugolien quant à l'origine sociale, l'appartenance politique et le tempérament : Barthélémy, ouvrier sectaire, fanatique et méthodique, Cournet, bourgeois fortuné (comme V. Hugo), truculent et proche de Ledru-Rollin. L'apparence même de leur barricade respective, l'une « masque sinistre » tiré au cordeau, l'autre « gueule formidable » au bouillonnement improvisé, reflète, dans un symbolisme voulu, l'antagonisme des deux hommes que la haine, surtout celle, implacable, de Barthélémy entraînera dans une lutte à mort.
C. Malissard soulève un des thèmes essentiels, à savoir l'individuel dans le collectif. O. Rolin confirme que ce sont des personnages pris individuellement dans de grandes espérances qui l'intéressent le plus souvent, mais poursuit en rapprochant cet affrontement avec la période maoïste de sa jeunesse, où les haines provoquaient des bagarres sectaires, face sombre de toutes ces grandes espérances. Il précise avec humour que Barthélémy l'intéresse plus quoiqu' il aurait préféré être copain avec Cournet… tout comme Hugo qui connaissait Cournet et n'aurait sûrement aucune sympathie pour Barthélémy !
Sur la remarque de C. Malissard que c'est en exil à Londres que se révèle et s'exacerbe leur opposition, O. Rolin décrit la communauté internationale des exilés politiques de l'époque, dont des Allemands (Marx entre autres), la plupart vivant dans le plus grand dénuement, sauf quelques uns dont Cournet. Un milieu où règne la paranoïa entre factions, entre hommes du peuple et ces bourgeois contre lesquels Barthélémy radicalise sa position en la personne de Cournet avec qui il veut en finir. Jusqu'à provoquer un duel où il le tuera dans la campagne londonienne, explication du titre tiré de la formule de la condamnation à mort dans la juridiction anglaise.
Cela amène au contexte géo-historique magnifiquement envisagé à propos des deux villes, Paris et Londres, et de leurs quartiers. O. Rolin applique aussi à l'étude des lieux sa méthode de documentation à la fois livresque et in situ. «J'ai besoin de voir, de marcher, de reconstituer les lieux ». Une écriture « photographique » pour C. Malissard, mais aussi éminemment géographique et historique qui donne à voir des rues et quartiers disparus du Paris de Napoléon III d'avant les travaux d'Haussmann et du Londres noir et déjà industriel des années 1850. Longues digressions détaillées – dignes de Hugo – faisant appel aux cinq sens, comme à Paris celle de l'enfer de la grande voirie de Monfaucon avec en son centre la grande écorcherie et sa puanteur, son sang, ses boyaux… Mais aussi reconstitution de l'épouvantable bagne de Brest, avec ses lieux et ses règlements où Barhélémy fut emprisonné. Tout cela tressé avec le contraste des mêmes quartiers de nos jours: comme les quartiers miséreux de Londres devenus bourgeois de nos jours.
Vient ensuite le sujet du duel qui met fin à la vie du modéré Cournet sous la balle de l'implacable Barthélémy, duel retentissant à l'époque, le dernier en Angleterre. O. Rolin en a retrouvé sur place la mémoire tangible (par ex. la même auberge et certainement le champ qui en fut le théâtre). Le thème du duel appelle celui du double qui traverse tout le récit, jusqu'à la fin avec le double meurtre dans lequel Barthélémy trouve la mort.
De manière passionnante O. Rolin tisse donc, sans jamais en lâcher un, une tapisserie à quatre fils : la biographie, forcément lacunaire, des deux protagonistes ; la géographie historique, sociale et politique des lieux qu'ils sont amenés à habiter ; sans oublier le fil de l'accompagnement à la fois admiratif et malicieusement critique de celui qui est à l'origine de sa démarche, le grand V. Hugo. Tout cela – 4ème fil – à travers une mise en perspective minutieuse avec notre siècle : sa propre biographie d'ancien de la gauche prolétarienne et les dédales dans lesquels il nous entraîne au cours de ses multiples promenades-enquêtes pour « reconnaissances des lieux » toujours là, disparus ou transformés par les activités modernes. La conférence se termine sur une affirmation, dont le XXIe siècle devrait prendre leçon, l'importance du passé qui « fabrique » les hommes, même à leur insu, la connaissance du passé étant un des principaux moyens de vivre bien.
Un entretien, à la fois dense et fluide de bout en bout, illustré par la lecture de certains passages montrant une écriture d'amples périodes et digressions très travaillées, alliée à un style plus lapidaire et familier, et pimentée par un humour jamais bien loin. Un entretien invitant à découvrir l'œuvre d'un écrivain travaillant sur son sujet loupe en main tel S. Holmes !
14 janvier 2025
Comment la poésie comprend le monde
par Jean-Pierre SIMÉON et Éric FOTTORINO
Eric Fottorino est journaliste et écrivain. Il a longtemps été journaliste au « Monde » et est cofondateur de l'hebdomadaire « Le 1 » et de plusieurs trimestriels. Auteur d'une quinzaine de romans, il a reçu plusieurs prix. Jean-Pierre Siméon, agrégé de lettres modernes, est poète, romancier, dramaturge et critique. Il a reçu lui aussi plusieurs prix et a été directeur artistique du Printemps des Poètes.
Certes il peut sembler paradoxal d'allier poésie et journalisme, mais l'entretien va mettre en évidence les liens étroits qui unissent ces deux domaines. Jean-Pierre Siméon rappelle la relation au monde qu'avaient Grecs et Romains à travers la poésie, la tragédie. Or l'exclusion des poètes de l'expression de la réalité entraîne une compréhension unique du monde et l'on constate que, si la philosophie et la poésie sont exclues, elles sont remplacées par des experts, des scientifiques. Jean-Pierre Siméon évoque le poète Novalis selon lequel plus il y a de poésie, plus il y a de réalité.
Pour Eric Fottorino les poètes sont les reporters de leur époque, et il pense au poème de Marguerite Yourcenar « Gares d'émigrants : Italie du sud » (1934). Le journal « Le 1 » propose d'ailleurs chaque semaine un poème.
Jean-Pierre Siméon déplore qu'actuellement on ne lise plus les poètes qui auraient beaucoup à nous dire, comme Ronsard dans « Discours des misères de ce temps, à la reine mère du roi » (1562), et bien d'autres tels Agrippa d'Aubigné, Lorca, Hugo, Lamartine. Les poètes parlent de tout, de la réalité. Pensons à Virgile qui mettait déjà en garde contre la mort des abeilles dans les « Géorgiques » (années trente avant J.-C.) ! Ou à Hugo : « Demain, dès l'aube, à l'heure où blanchit la campagne … », poème où s'exprime toute la douleur d'un père après la disparition de sa fille. La réalité, c'est ce que les cinq sens nous disent.
Eric Fottorino voit dans la poésie un refuge par rapport au réel. Il en veut pour preuve qu'après le 11 septembre 2001 les rayons de poésie ont été dévalisés à New York. Il en a été de même au début de la pandémie du Covid. Tout poème a pour arrière-plan la mort et on pense à Primo Lévi. On se souvient du Président Georges Pompidou citant, lors d'une conférence de presse, Éluard pour répondre à une question concernant l'affaire Russier. Eric Fottorino raconte son émotion à la lecture du poème d'Henri Michaux « Je suis né troué », alors qu'il avait 17 ans. Grâce à l'écriture, il a pu élucider ses origines, s'approcher au plus près de ses ancêtres. Pour lui, le journaliste restitue le réel.
Jean-Pierre Siméon voit dans la poésie un corps-à-corps avec le réel. Elle dit le réel, alors que les experts le mettent en concept. Jean-Pierre Siméon montre l'investissement du corps dans l'écriture. Les premiers textes étaient des incantations, comme les grands mythes, des chants. Eric Fottorino indique qu'il a écrit et non tapé le texte de « Mon enfant, ma sœur », sœur dont il ne sait rien mais qu'il interpelle. Pour lui, lire son texte à haute voix, donc l'entendre, est primordial pour saisir la musicalité.
Jean-Pierre Siméon considère que la langue des hommes et femmes politiques est asphyxiée, le discours d'André Malraux lors de l'entrée au Panthéon de Jean Moulin étant une exception. Il déplore que l'image se substitue à la langue et pense que l'acronyme est l'aboutissement absolu de la perte du réel. Une langue monosémique est parfois indispensable, mais son emploi doit être limité, car elle réduit le réel.
En conclusion de cet échange passionnant, Jean-Pierre Siméon et Eric Fottorino rappellent que comprendre vient de cum prehendere.
21 janvier 2025
Qu'est-ce qu'un bois sacré chez les Romains ?
par John SHEID
ohn Scheid, agrégé de grammaire, historien et archéologue, spécialiste de l'Antiquité romaine, est professeur honoraire au Collège de France. Après de nombreuses publications depuis 1975 (sa thèse sur les Frères arvales), il a publié récemment Les Romains et leurs religions, aux éditions du Cerf.
Les actes du colloque international du Centre Jean Bérard sur le thème des bois sacrés (Naples, 1989) ont été publiés en 1993. John Scheid est l'auteur de l'introduction, sous le titre "Lucus, nemus, qu'est-ce qu'un bois sacré?" Le texte intégral se trouve en Open Edition Book à l'adresse https://books.openedition.org/pcjb/320
« La notion moderne de bois sacré doit beaucoup aux romantiques allemands et sert de fondement à des considérations anachroniques sur le culte des arbres ou la divinisation de la nature. En fait, les textes invoqués prouvent que le lucus était pour les anciens Romains un lieu créé et habité par une divinité, un lieu "monstrueux" en pleine terre habitée, à l'instar du tescum de la formule augurale, où la toute-puissance divine se manifestait de façon éclatante. »
13 mars 2025
Mieux connaître Guillaume Budé: l'unité d'une œuvre aux multiples facettes
par Romain MENINI et Luigi-Alberto SANCHI
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