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CONFÉRENCES DONNÉES

DANS LA HUITIÈME DÉCENNIE 2024-2034



3 octobre 2024
L'humanisme renaissant, ses racines et ses aspirations
par Franck LESTRINGANT

L'humanisme, terme du XIXe siècle, désigne un mouvement culturel européen, littéraire et philosophique, des XVe et XVIe siècles, période qui correspond à la Renaissance.

Les principales figures de l'humanisme comme mouvement littéraire sont, en France, Rabelais (vers 1494–1553), Marot (1496–1544), Montaigne (1533–1592) et les poètes de la Pléiade. Le néerlandais Érasme (1467–1536) est cependant l'auteur qui incarne le plus, comme symbole, l'humanisme européen.

L'humanisme se caractérise avant tout par le statut qu'il confère aux sources antiques. Les grands auteurs de l'Antiquité grecque et latine (par exemple Platon, Aristote, Cicéron, Plutarque, Homère, Virgile, etc.) deviennent des modèles à imiter ; la redécouverte et l'appropriation de ces œuvres s'accélère.

Ce « retour » aux sources antiques est favorisé par les bouleversements que connaît l'Europe de la Renaissance, qui naît dans l'Italie du XIVe siècle. À côté des peintres qui s'inspirent de la mythologie antique, ou des érudits qui veulent renouveler le savoir, des auteurs italiens (Boccace, Dante, Pétrarque) ont initié, en littérature, ce mouvement d'imitation des « Anciens » (notamment Virgile ou Horace). Vers 1450 ensuite, l'Allemand Gutemberg (1400–1468) perfectionne l'imprimerie en inventant les caractères métalliques mobiles, ce qui permettra une beaucoup plus grande diffusion du livre et donc des savoirs. Enfin, la rétractation de l'Empire byzantin, héritier de l'Empire romain et porteur de sa culture greco-latine, puis sa chute finale à la prise de Constantinople par les Ottomans en 1453, favorise le transfert des savoirs antiques vers l'Italie et donc vers l'Europe.

Les textes des Anciens sont connus, par les humanistes, en langue originale. Les lettrés apprennent le latin, la langue savante de l'époque, mais aussi le grec et l'hébreu. Ils traduisent les textes et veulent en retrouver la forme originelle. On revient directement à la source en écartant, parfois, les commentaires et les erreurs de traduction du Moyen Âge. Ce dernier est érigé en repoussoir. Le mythe du Moyen Âge, barbare, gothique, sombre, naît à cette époque.

Ce retour aux sources sert un idéal : la place centrale conférée à l'homme dans la réflexion savante. Humanisme vient du latin humanus « humain », et humanitas signifie « culture ». L'effervescence intellectuelle de l'âge humaniste se traduit par un optimiste général et une foi dans l'homme qui, par l'éducation, peut s'améliorer. On se soucie de son sort et de son bonheur. L'Anglais Thomas More (1478–1535) invente notamment L'Utopie (1516), un projet de cité idéale et bien réglée.

La « découverte » de l'Amérique nourrit le renouvellement intellectuel européen. Les lettrés de l'Europe se passionnent pour les récits de voyages des colons et explorateurs. La figure de l'Amérindien, le « bon sauvage », pousse une interrogation sur l'Autre, l'homme préservé des vices de la civilisation, et sur le Même, l'humanité qui nous lie à cette homme (Les Cannibales de Montaigne).

Cette interrogation est critique de la société : les Essais de Montaigne contiennent une dimension subversive. C'est aussi le cas chez Rabelais qui, dans Pantagruel (1532) et Gargantua (1534), moque la société de son temps. Dans son Discours sur la servitude volontaire (1576, posthume), Étienne de la Boétie (1530–1563), ami de Montaigne, formule l'une des premières grande critique moderne du pouvoir.

Enfin, l'Europe humaniste est une Europe chrétienne. La même démarche, appliquée aux textes des Anciens, est utilisée sur le texte biblique : on veut revenir au texte originel et se libérer des lectures traditionnelles. Cette tendance est contemporaine au développement de la réforme protestante duquel nombre d'humanistes se sentent proches. En France, Lefevres d'Étaples (1460–1536) traduit les Évangiles à partir de la Vulgate latine mais à l'aide de corrections grecques. En Allemagne, Martin Luther (1483–1546), réalise en 1522, à partir des textes originaux, la première traduction en allemand de la Bible.



15 novembre 2024
Jusqu'à ce que la mort s'ensuive, sur une page des Misérables
par Olivier ROLIN

Ancien élève de l'ENS et diplômé en lettres et philosophie, collaborateur à Libération et au Nouvel Observateur, Olivier Rolin est essentiellement écrivain, écrivain-voyageur, arpenteur des quatre coins du monde. Il est l'auteur de 17 romans et de récits géographiques ou essais. Prix Femina pour Port Soudan en 1994 et France Culture pour Tigre en papier en 2003, en 2014 prix du Style pour Le Météorologue, grand prix de littérature de l'Académie française pour son œuvre et sujet d'un grand dossier dans la revue Europe.

Il présente son livre Jusqu'à ce que mort s'ensuive (Gallimard 2024) récit à la fois historique et romanesque à partir d'une digression du début de la 5ème partie des Misérables : Hugo y décrit en quelques pages l'insurrection et les barricades moins connues de 1848 sous la 2ème république, les Misérables se passant dans les années 30 sous Louis Philippe. Le passage évoque deux hommes réels, Emmanuel Barthélémy et Frédéric Cournet, chacun responsable d'une barricade. Une documentation méticuleuse et rigoureusement respectée en tous points – jusqu'aux propos tenus par les protagonistes et aux manques impossibles à combler – définit la méthode revendiquée par l'auteur et qu'on retrouve dans beaucoup de ses textes. Il s'agit donc une enquête à la fois haletante mêlant plusieurs fils, que Catherine Malissard contribue à dérouler.

La première question, sur la raison d'avoir bâti un récit sur cette digression, amène l'auteur à faire le point sur l'évolution politique de Hugo. Le roman a été écrit en deux fois, entre 1845 et 1848, lorsqu'il était député conservateur, puis repris à Guernesey en 1860. Mais il n'est plus du tout le même et son rôle pendant les journées de 1848 lui pose problème car, malgré ses positions modérées, il était du côté de l'ordre. C'est d'ailleurs dans cet épisode digressif que surgit l'unique « je » de l'auteur dans le texte, à propos de la présence poétique d'un papillon pendant l'affrontement ! Olivier Rolin fut alerté, nous dit-il, par ce peu que dit Hugo sur les deux personnages, mais dans un contraste très hugolien quant à l'origine sociale, l'appartenance politique et le tempérament : Barthélémy, ouvrier sectaire, fanatique et méthodique, Cournet, bourgeois fortuné (comme V. Hugo), truculent et proche de Ledru-Rollin. L'apparence même de leur barricade respective, l'une « masque sinistre » tiré au cordeau, l'autre « gueule formidable » au bouillonnement improvisé, reflète, dans un symbolisme voulu, l'antagonisme des deux hommes que la haine, surtout celle, implacable, de Barthélémy entraînera dans une lutte à mort.

C. Malissard soulève un des thèmes essentiels, à savoir l'individuel dans le collectif. O. Rolin confirme que ce sont des personnages pris individuellement dans de grandes espérances qui l'intéressent le plus souvent, mais poursuit en rapprochant cet affrontement avec la période maoïste de sa jeunesse, où les haines provoquaient des bagarres sectaires, face sombre de toutes ces grandes espérances. Il précise avec humour que Barthélémy l'intéresse plus quoiqu'il aurait préféré être copain avec Cournet… tout comme Hugo qui connaissait Cournet et n'aurait sûrement aucune sympathie pour Barthélémy !

Sur la remarque de C. Malissard que c'est en exil, à Londres, que se révèle et s'exacerbe leur opposition, O. Rolin décrit la communauté internationale des exilés politiques de l'époque, dont des Allemands (Marx entre autres), la plupart vivant dans le plus grand dénuement, sauf quelques uns dont Cournet. Un milieu où règne la paranoïa entre factions, entre hommes du peuple et ces bourgeois contre lesquels Barthélémy radicalise sa position en la personne de Cournet avec qui il veut en finir. Jusqu'à provoquer un duel où il le tuera dans la campagne londonienne, explication du titre tiré de la formule de la condamnation à mort dans la juridiction anglaise.

Cela amène au contexte géo-historique magnifiquement envisagé à propos des deux villes, Paris et Londres, et de leurs quartiers. O. Rolin applique aussi à l'étude des lieux sa méthode de documentation à la fois livresque et in situ. « J'ai besoin de voir, de marcher, de reconstituer les lieux ». Une écriture « photographique » pour C. Malissard, mais aussi éminemment géographique et historique qui donne à voir des rues et quartiers disparus du Paris de Napoléon III d'avant les travaux d'Haussmann et du Londres noir et déjà industriel des années 1850. Longues digressions détaillées – dignes de Hugo – faisant appel aux cinq sens, comme à Paris celle de l'enfer de la grande voirie de Monfaucon avec en son centre la grande écorcherie et sa puanteur, son sang, ses boyaux… Mais aussi reconstitution de l'épouvantable bagne de Brest, avec ses lieux et ses règlements, où Barhélémy fut emprisonné. Tout cela tressé avec le contraste des mêmes quartiers de nos jours: comme les quartiers miséreux de Londres devenus bourgeois de nos jours.

Vient ensuite le sujet du duel qui met fin à la vie du modéré Cournet sous la balle de l'implacable Barthélémy, duel retentissant à l'époque, le dernier en Angleterre. O. Rolin en a retrouvé sur place la mémoire tangible (par ex. la même auberge et certainement le champ qui en fut le théâtre). Le thème du duel appelle celui du double qui traverse tout le récit, jusqu'à la fin avec le double meurtre dans lequel Barthélémy trouve la mort.

De manière passionnante O. Rolin tisse donc, sans jamais en lâcher un, une tapisserie à quatre fils : la biographie, forcément lacunaire, des deux protagonistes ; la géographie historique, sociale et politique des lieux qu'ils sont amenés à habiter ; sans oublier le fil de l'accompagnement à la fois admiratif et malicieusement critique de celui qui est à l'origine de sa démarche, le grand V. Hugo. Tout cela – 4ème fil – à travers une mise en perspective minutieuse avec notre siècle : sa propre biographie d'ancien de la gauche prolétarienne et les dédales dans lesquels il nous entraîne au cours de ses multiples promenades-enquêtes pour « reconnaissances des lieux » toujours là, disparus ou transformés par les activités modernes. La conférence se termine sur une affirmation, dont le XXIe siècle devrait prendre leçon, l'importance du passé qui « fabrique » les hommes, même à leur insu, la connaissance du passé étant un des principaux moyens de vivre bien.

Un entretien, à la fois dense et fluide de bout en bout, illustré par la lecture de certains passages montrant une écriture d'amples périodes et digressions très travaillées, alliée à un style plus lapidaire et familier, et pimentée par un humour jamais bien loin. Un entretien invitant à découvrir l'œuvre d'un écrivain travaillant sur son sujet loupe en main, tel S. Holmes !



14 janvier 2025
Comment la poésie comprend le monde
par Jean-Pierre SIMÉON et Éric FOTTORINO

Eric Fottorino est journaliste et écrivain. Il a longtemps été journaliste au Monde et est cofondateur de l'hebdomadaire Le 1 et de plusieurs trimestriels. Auteur d'une quinzaine de romans, il a reçu plusieurs prix. Jean-Pierre Siméon, agrégé de lettres modernes, est poète, romancier, dramaturge et critique. Il a reçu lui aussi plusieurs prix et a été directeur artistique du Printemps des Poètes.

Certes il peut sembler paradoxal d'allier poésie et journalisme, mais l'entretien va mettre en évidence les liens étroits qui unissent ces deux domaines. Jean-Pierre Siméon rappelle la relation au monde qu'avaient Grecs et Romains à travers la poésie, la tragédie. Or l'exclusion des poètes de l'expression de la réalité entraîne une compréhension unique du monde et l'on constate que, si la philosophie et la poésie sont exclues, elles sont remplacées par des experts, des scientifiques. Jean-Pierre Siméon évoque le poète Novalis selon lequel plus il y a de poésie, plus il y a de réalité.

Pour Eric Fottorino les poètes sont les reporters de leur époque, et il pense au poème de Marguerite Yourcenar « Gares d'émigrants : Italie du sud » (1934). Le journal Le 1 propose d'ailleurs chaque semaine un poème.

Jean-Pierre Siméon déplore qu'actuellement on ne lise plus les poètes, qui auraient beaucoup à nous dire, comme Ronsard dans Discours des misères de ce temps, à la reine mère du roi (1562), et bien d'autres tels Agrippa d'Aubigné, Lorca, Hugo, Lamartine. Les poètes parlent de tout, de la réalité. Pensons à Virgile qui mettait déjà en garde contre la mort des abeilles dans les Géorgiques (années trente av. J.-C.) ! Ou à Hugo : « Demain, dès l'aube, à l'heure où blanchit la campagne … », poème où s'exprime toute la douleur d'un père après la disparition de sa fille. La réalité, c'est ce que les cinq sens nous disent.

Eric Fottorino voit dans la poésie un refuge par rapport au réel. Il en veut pour preuve qu'après le 11 septembre 2001 les rayons de poésie ont été dévalisés à New York. Il en a été de même au début de la pandémie du Covid. Tout poème a pour arrière-plan la mort et on pense à Primo Lévi. On se souvient du président Georges Pompidou citant Éluard, lors d'une conférence de presse, pour répondre à une question concernant l'affaire Russier. Eric Fottorino raconte son émotion à la lecture du poème d'Henri Michaux « Je suis né troué », alors qu'il avait 17 ans. Grâce à l'écriture, il a pu élucider ses origines, s'approcher au plus près de ses ancêtres. Pour lui, le journaliste restitue le réel.

Jean-Pierre Siméon voit dans la poésie un corps-à-corps avec le réel. Elle dit le réel, alors que les experts le mettent en concept. Jean-Pierre Siméon montre l'investissement du corps dans l'écriture. Les premiers textes étaient des incantations, comme les grands mythes, des chants. Eric Fottorino indique qu'il a écrit et non tapé le texte de « Mon enfant, ma sœur », sœur dont il ne sait rien mais qu'il interpelle. Pour lui, lire son texte à haute voix, donc l'entendre, est primordial pour saisir la musicalité.

Jean-Pierre Siméon considère que la langue des hommes et femmes politiques est asphyxiée, le discours d'André Malraux lors de l'entrée au Panthéon de Jean Moulin étant une exception. Il déplore que l'image se substitue à la langue et pense que l'acronyme est l'aboutissement absolu de la perte du réel. Une langue monosémique est parfois indispensable, mais son emploi doit être limité, car elle réduit le réel.

En conclusion de cet échange passionnant, Jean-Pierre Siméon et Eric Fottorino rappellent que comprendre vient de cum prehendere.



21 janvier 2025
Qu'est-ce qu'un bois sacré chez les Romains ?
par John SHEID

John Scheid, agrégé de grammaire, historien et archéologue, spécialiste de l'Antiquité romaine, est professeur honoraire au Collège de France. Après de nombreuses publications depuis 1975 (sa thèse portant sur les Frères arvales), il a publié récemment Les Romains et leurs religions, aux éditions du Cerf.
Les actes du colloque international du Centre Jean Bérard sur le thème des bois sacrés (Naples, 1989) ont été publiés en 1993. John Scheid est l'auteur de l'introduction, sous le titre "Lucus, nemus, qu'est-ce qu'un bois sacré?" Le texte intégral se trouve en Open Edition Book à l'adresse https://books.openedition.org/pcjb/320.
« La notion moderne de bois sacré doit beaucoup aux romantiques allemands et sert de fondement à des considérations anachroniques sur le culte des arbres ou la divinisation de la nature. En fait, les textes invoqués prouvent que le lucus était pour les anciens Romains un lieu créé et habité par une divinité, un lieu "monstrueux" en pleine terre habitée, à l'instar du tescum de la formule augurale, où la toute-puissance divine se manifestait de façon éclatante. »



13 mars 2025
Mieux connaître Guillaume Budé: l'unité d'une œuvre aux multiples facettes
par Romain MENINI et Luigi-Alberto SANCHI

Romain Menini, agrégé de lettres classiques, est maître de conférences à l'université Gustave-Eiffel à Champs-sur-Marne.
Luigi Alberto Sanchi, agrégé de grammaire et docteur en histoire, est chercheur à l'université Panthéon-Assas.

Tous les deux présentent leur livre L'Antiquité selon Guillaume Budé et soulignent en introduction que Budé (1468-1540) est très peu connu du grand public, que son œuvre est souvent ignorée, bien que son rôle dans la connaissance du monde antique ait été fondamental et qu'il soit le symbole de la culture encyclopédique. Ce grand humaniste, contemporain d'Érasme et de Thomas Moore, devient la référence d'auteurs qui seront par la suite beaucoup plus connus que lui, comme Rabelais. Il œuvre auprès de François Ier pour la création de chaires en grec et en latin, qui seront l'embryon du Collège Royal, plus tard Collège de France. En 1519 il offre au roi De l'institution du prince, sans doute publié grâce à Étienne Dolet, qui cherche à faire en latin ce que Budé a fait en grec. La mort de Budé représente une grande perte pour la France.

Luigi Alberto Sanchi rappelle que Budé a presque tout écrit en latin. Rabelais cite à maintes reprises Budé sans le nommer, car ce dernier est un personnage important de la Cour. Le XVIème est un siècle érudit, de grande inventivité, mais on retient surtout ceux qui ont écrit en français ou dans les deux langues (français et latin). Budé va faire progresser la connaissance du grec, de la prose grecque. Il effectue un travail colossal, cite une centaine d'auteurs grecs, une soixantaine d'auteurs latins. Il souhaite qu'il y ait des études de grec et d'hébreu protégées par le roi. Luigi Alberto Sanchi indique que les premiers professeurs sont payés en 1530.

Romain Menini montre que le travail de Budé est totalement nouveau, qu'il s'agit plutôt d'une monographie érudite, mais son latin est difficile à lire. D'ailleurs Érasme se plaint auprès de Budé de la prose de ce dernier. Pour comprendre l'Antiquité, Budé étudie différents domaines, la poésie, la prose, le droit, les héritages, les opérations financières, l'économie… Il s'intéresse à Hippocrate, et plus à Galien, plus avancé. Romain Menini explique comment travaillait Budé. On a reconstitué sa bibliothèque, réelle et virtuelle. On a retrouvé environ 40 livres annotés par Budé; il annotait son propre manuscrit; on sait même quelle édition il utilisait pour travailler. Et jusqu'à sa mort il a apporté des ajouts.

Selon Luigi Alberto Sanchi, on a l'impression que Budé écrit au fil de la plume. Il prend le lecteur par la main. Il cherche à comprendre comment fonctionne l'empire grec, par exemple combien Alexandre donne à Aristote pour ses recherches, quel est le prix des légumes… Budé veut comprendre le système des poids et mesures. Les chiffres sont énormes, parfois les scribes n'ont pas compris… Aucun domaine de la connaissance ne doit rester dans l'ombre pour Budé.

Les deux auteurs montrent comment Budé part du droit de l'Antiquité pour aller vers une pensée universaliste. Il est une figure tutélaire, celle de l'érudition à la française. On retrouve toujours dans ses écrits l'axe du philologue qui en fait sa spécificité.

F. Guerry-Raby



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