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ÉTIENNE DOLET ET LES FEMMES


1- DOLET AMOUREUX ?

Pendant son court séjour à Venise (il avait 25 ans), Dolet aurait été amoureux d'ue jeune Vénitienne, Hélène, qui ne tarda pas à mourir. Dans un poème (carmen I,40), en termes bien convenus, il évoque ce qu'il y avait en elle de charmant et de délicieux, il évoque son coeur de jeune homme qui brûlait d'un feu agréable, puis fondait sous l'action de Vénus… Le texte laisse sceptique sur la sincérité des sentiments de son auteur et apparaît plus comme un effort pour imiter ses classiques latins. Le titre en est : De Helena, puella Veneta, cuius amore exarsit Venetiis prima adolescentia carmen.

2- DOLET MISOGYNE ?

On a accusé Etienne Dolet de misogynie, en particulier à cause de quelques poèmes des Carmina qui font allusion à la sexualité féminine, en utilisant le vocabulaire de la pornographie. Par exemple, dans le livre I :
– 45 : Une allumeuse (petulca) qui, dans l'étreinte, pense rester chaste en n'accordant que sa bouche est incitée à se donner tout entière, sans pudeur (impudentius).
– 49 : Un homme qui soufre le martyre lorsque son épouse fait la chose (rem) avec un autre doit se persuader que les femmes ont été faites pour accueillir non pas un seul priape, mais plusieurs (priapis non priapo).
– 44 : La prostituée romaine Motacilla (hochequeue), dont les hommes ne suffisent pas à calmer les besoins sexuels, poussée par un désir effréné, se lance sur la mer à la poursuite des Tritons (équivalent marin des Satyres) et des Phoques (créatures considées comme sensuelles, comme les dauphins).
etc.
En fait, ces poèmes ne révèlent pas, chez Dolet, un mépris des femmes, car ils sont à situer dans l'ensemble de la poésie néo-catullienne. « Le fait que Dolet utilise un langage obscène est tout à fait caractéristique de la poésie néo-latine de cette époque. Ses compositions visent un public érudit, masculin, pour qui l'emploi de la grivoiserie, loin d'être choquant, aurait été attendu : le decorum poétique de l'épigramme l'exigeait. » (Étienne Dolet 1509-2009, édité par Michèle Clément, p. 13).

3- DOLET S'INDIGNE CONTRE LE LIVRE MISOGYNE D'UN TOULONNAIS, LE SIEUR DRUSAC

A Toulouse, Etienne Dolet haïssait particulièrement Gratien du Pont, sieur Drusac, lieutenant de la Sénéchaussée de Toulouse. Ce Drusac, peut-être parce qu'il avait été trompé et abandonné par son épouse, était l'auteur d'un ouvrage contre les femmes: Controverses des sexes masculin et féminin. Une première édition de l'ouvrage, en 1534, fut suivie de plusieurs autres, à Toulouse et à Paris (1536, 1537, 1540, 1541). Sous prétexte de donner des exemples de tous les types de vers et de poèmes, Drusac avait pris comme thème une attaque systématique contre les femmes, qu'il présente comme des êtres inférieurs et impurs, émissaires du diable, chargés de crimes, source des malheurs des hommes.

L'ouvrage a été longuement présenté par l'abbé Claude-Pierre Goujet dans sa Bibliothèque française (t.XI, 1747, p. 184 sq) : « […] Si tant de puérilités, jointes à la barbarie du style de l'auteur, dégoûtent de la lecture de son ouvrage, combien devient-il plus insupportable par les excès de sa satire et par les portraits indécents qu'il y a fait entrer. La fiction qu'il emploie et qu'il suit dans les trois livres qui partagent son ouvrage n'a rien d'ingénieux. Il s'assied dans un bois, il rêve. Sexe masculin se présente à lui, se plaint de Sexe féminin ; le premier le sollicite de prendre sa défense, il hésite quelque temps, il se rend ensuite ; les déclamations commencent et ne finissent qu'avec la fin de l'ouvrage. […] Dans le premier livre, il dégrade les femmes jusqu'à douter qu'elles aient été créées, comme l'homme, à l'image de Dieu. Il examine dans le second si l'on doit se marier, ce qu'il ne conseille pas ; et au cas qu'on soit résolu d'entrer dans cet engagement, il examine si on doit le contracter avec une jeune femme ou avec une vieille, avec une laide ou avec une qui soit belle ; s'il faut en prendre une qui soit grasse ou maigre, blanche ou noire, de belle taille ou de petite stature, etc. Il trouve dans tout cela des inconvénients, d'où il conclut qu'un homme sage fait beaucoup mieux de ne se point marier. Le troisième livre est consacré à l'histoire de toutes les femmes dont il n'est pas avantagement parlé dans les auteurs sacrés et profanes, dans l'Histoire et dans les poètes. […] »

Tabourot des Accords cite quelques exemples d'équivoques poétiques, d'un parfait mauvais goût, prises dans ce qu'il appelle l'ouvrage du « rimailleur Toulousain » (Bigarrures de 1583, I, ch. 4, fol. 24 v° sq.)

Scandalisé par cet ouvrage de Drusac, Dolet réagit en publiant sept courts poèmes contre l'auteur. On les trouve dans Stephani Doleti Orationes duae in Tholosam […] Ejusdem Carmimum libri II, 1534,  p. 194-199 (ils seront repris dans Stephani Doleti Galli Aurelii Carminum libri quatuor, Lyon, 1538, p. 122-127).

In Drusacum vulgarem poetam Tholosanum, qui librum in foeminas scripsit carmen XIV
In Drusacum, naturae prosopopeia carmen XV
In Drusacum carmen XVI
In Drusacum carmen XVII
In Drusacum, quod uxori nuntium remiserit carmen XVIII
In Drusacum carmen XIX
Amici ad Stephanum Doletum in Drusacum carmen XX

Exemple (carmen XVII) :

Si tuum quisquam neget esse prorsus
Vtilem librum, temere loquatur :
Nempe tergendis natibus peraptus
Dicitur esse.
Nemo nec iurat piperi tegendo
Commodum, aut scombris, quibus officinae
Par tuo seruant operi uolumen
Uno obolo emptum.
Si quelqu'un assurait que ton livre
est tout à fait inutile, il aurait tort :
On peut dire sans se tromper qu'il est très bon
comme torche-cul.
Tout le monde affirme qu'il est commode pour envelopper du poivre
ou du poisson, et les marchands réservent à cet usage
des ouvrages pareils au tien,
qu'ils achètent pour un sou.

Furieux, Drusac prit sa revanche en donnant l'ordre à son subordonné, le juge Dampmartin, de faire emprisonner Dolet. Il sortit de prison au bout de trois jours, grâce à l'intervention d'un évêque, Jean de Pins, grand amateur d'études anciennes. Et, bientôt, il quitta Toulouse fin mai 1534.


4- DOLET REPREND LES IDÉES D'ÉRASME SUR LES FEMMES ET LE MARIAGE

Dolet adhérait sans réserves à ce qu'Érasme dit des femmes. Il reprend ses idées dans Encomium matrimonii (1518), dans Institutio matrimonii christiani (1526), ou dans les Colloques 21 et 53. (le choix des citations et les traductions sont de Catherine Langlois-Pezeret dans "Étienne Dolet et le mariage, entre considérations juridiques et influence érasmienne", dans Camenae, n°27, décembre 2021).

Quid enim dulcius quam cum ea vivere cum qua sis non benevolentiae modo, uerumetiam corporum mutua quadam communione arctissime copulatus ? (Encomium, 256)

Qu'y-a-t-il de plus doux que de vivre avec celle à qui l'on est lié non seulement par la bienveillance mais aussi par la communion réciproque des corps.

Uxoria charitas non perfidia corrumpitur, nulla simulatione obscuratur, nulla rerum mutatione convellitur, denique sola morte, immo ne morte quidem distrahitur. (Encomium, 270)

L'amour marital n'est pas terni par la perfidie, n'est altéré par nulle tromperie, n'est transformé par nul changement, sauf par la mort ; mais même la mort ne l'emporte pas.

Uxor sola est totius uitae fortunarumque socia. (Institutio, 49)

La femme seule est l'associée de la vie et des biens tout entiers.

Hic uxor ita cedit uiro, ut socia sit imperii […]. Peccant igitur mariti, qui uxores, quantum possunt, uertunt in ancillas. (Institution, 301)

En cela, la femme le cède à l'homme de sorte qu'elle est l'associée de son pouvoir […]. Ils se trompent donc les maris qui, autant qu'ils le peuvent, transforment leur épouse en servante.

Forma et aetas spectatur in primis, quae duae res si solae concilient amorem, non poterit esse perpetua beneuolentia. Cum enim aetatis flos sit admodum breuis et formae gratia […] necesse est simul et benevolentiam perire, sublatis fontibus unde manabat. (Institution, 209)

On regarde en premier la beauté et l'âge ; or, si ces deux éléments sont seuls à favoriser l'amour, l'entente entre les époux ne pourra être éternelle. Car, comme la fraîcheur de l'âge et l'agrément de la beauté sont fort brefs […], l'entente conjugale disparaît nécessairement, une fois ôtée la source d'où elle tenait son origine.

Qui coniugem bene dotatam ducit, non ducturus nisi dos inuitaret, non amat uxorem, sed pecuniam. (Institutio, 283)

Celui qui prend une épouse parce qu'elle est bien dotée et qui ne l'aurait pas épousée si la dot ne l'y avait pas incité n'aime pas l'épouse mais la dot.

Inter Christianos uero, ne mundus quidem operosior probandus est, ut animi sobrietas non tantum in corporis sobrietate, non tantum in uictus frugalitate, uerum etiam in uestitu reluceat. (Institutio, 289)

Or, chez les Chrétiens, il ne faut pas même approuver une toilette trop soignée, afin que la simplicité de l'âme resplendisse non seulement dans la simplicité du corps, non seulement dans la frugalité alimentaire, mais aussi dans la manière de se vêtir.

Beatus Paulus scribens ad Timotheum, euidenter praescribit qualis debeat esse cultus matronarum : similiter, inquit, et mulieres in habitu ornato, cum uerecundia et sobrietate ornantes se, non in tortis crinibus, aut auro, aut margaritis uel ueste preciosa, sed quod decet mulieres promittentes pietatem per opera bona. (Institution, 291)

Saint Paul, dans sa lettre à Timothée, indique clairement quelle doit être la parure des mères de famille : de la même façon, dit-il, les épouses aussi [doivent] se parer avec pudeur et simplicité, sans tordre leur chevelure, sans porter or ni perles ni vêtement précieux, mais comme il convient à des femmes qui s'engagent à être pieuses par des actions honnêtes.

Pudor et castitas uera sunt ornamenta matronae. (Institutio, 389)

La pudeur et la chasteté sont les vrais ornements de la mère de famille.

Quo facto, non magni negocii fuerit, mutuis obsequiis uitare offensas, ac beneuolentiam perpetuam alere, quae si semel fuerit confirmata, haud facile rumpetur. (Institution, 236)

Ainsi, il ne sera pas difficile d'éviter les offenses en se respectant mutuellement, ni d'entretenir une entente durable, qui, si elle est assurée une bonne fois pour toutes, ne sera pas facile à rompre.

Primam oportet esse curam dignitatis : ea potissimum sita est in cultu, cuius rei tantus est neglectus, ut hodie uix agnoscas discrimen inter nobilem et plebeiam, inter nuptam et uirginem aut uiduam, inter matronam et meretricem. (Colloque 53)

Il faut d'abord avoir soin de sa dignité ; celle-ci concerne au premier chef la parure, chose qu'on néglige tellement de nos jours qu'on distingue à peine entre femme noble et femme du peuple, entre femme mariée, jeune fille ou veuve, entre mère de famille et prostituée.

Matronarum ornatus non est in uestibus, aut reliquo corporis cultu, quemadmodum docet diuus Petrus apostolus (nam id audiui nuper in concione), sed in castis ac pudicis moribus et in ornamentis animi. (Colloque 21)

L'ornement des mères de famille ne tient pas aux vêtements ou à quelque autre parure du corps, comme l'enseigne le divin apôtre Pierre (car j'ai entendu cela récemment dans un discours), mais à des moeurs chastes et pudiques ainsi qu'aux ornements de l'âme.

On retrouve ces idées d'Érasme dans les préceptes moraux qu'Étienne Dolet délivre à son fils :  Genethliacum Claudii Doleti, édité en 1539, v. 111-126

At uero uxorem, cum qua consortia uitae
Sunt obeunda diu soluendaque funere tantum,
Liberius tracta. Comes est, non serua, marito
Coniux ; quam placido facile retinebis amore ;
Asperitate alienabis ; sic molle creatum est
Foemineum genus. At nimiam laxare caueto
Libertatem ; audax per se satis audet eique
Illecebram sceleris praebet concessa supra aequum
Libertas, et in omneis indulgentia nutus.
Sorte tua dignis ornetur uestibus, et te
Non absumat in hac luxus dissuasor honesti.
Praeterea dum constitues te astringere uinclo
Connubii, fac forma minus dotisque superbae
Conditio placeat ducendae quam ortus honestus
Et casti mores, quibus una uiuere longam
Felices liceat uitam sine lite molesta.

Quant à ta femme, avec laquelle tu dois longtemps partager une vie commune à laquelle seule la mort doit mettre fin, traite-la avec bienveillance. L'épouse est pour son mari une compagne, non une servante. Tu la retiendras facilement par un amour paisible, alors que ta rudesse l'éloignera de toi : les femmes sont par nature de tendres créatures.
Toutefois veille à ne pas lui laisser une trop grande liberté: un être audacieux ose déjà assez par lui-même et une trop grande liberté ainsi que la complaisance envers toutes ses volontés lui font découvrir l'attrait du mal
Qu'elle soit parée de vêtements dignes de ta condition, mais que le luxe sur elle, qui détourne de l'honnêteté, n'aille pas te ruiner.
En outre, quand tu décideras de t'unir par les liens du mariage, fais en sorte que la beauté de celle que tu va épouser et sa superbe dot t'attirent moins qu'une naissance honorable et des moeurs honnêtes : grâce à elles on peut vivre une longue vie ensemble, heureux et sans pénibles querelles.

Dolet reprit les mêmes thèmes, en français cette fois, dans Avant-Naissance de Claude Dolet, v. 250 sq. (éd. 1539, p. 21-23)

Passons plus oultre et venons à la femme
Que tu prendras pour éviter diffame
D'homme méchant et paillard dissolu
.
Quant à ce point, tu seras résolu
De la traiter non comme ta servante
Mais comme amie et compaigne adhérente
À toi mari. Donc amyablement
L'entretiendras, et non servilement.
En ce moyen le genre féminin
Se doit traiter comme genre bénin,
Mollet et tendre et à rigueur contraire
Et qui se veut par grand douceur attraire.

Pourtant ne faut la bride lui lâcher
Par trop
, et tant, que t'en pusses fâcher :
Car de soi-même assez audacieuse
Est toute femme et de plaisir soigneuse.
Plus, liberté et franchise illicite
À faits méchants les plus sages incite.
Quant aux habits, il faut qu'elle s'accoutre
Selon l'état du mari
et non outre.
Et a bon droit fol doit être nommé
Qui a son bien en braies consommé,
Braies de femme et habits excessifs,
Habits indus et a mal allectifs.
Ce n'est pas tout. Si tu veux femme prendre
À la beauté il ne te faut entendre,
Ou au douaire en richesse abondant.
Plus tôt je veux que tu t'ailles fondant
Sur l'origine et race bien famée

Sur bonnes moeurs, vie non diffamée
De celle-là qui ta femme sera :
Car par ainsi Vertu confirmera
L'autre Vertu en toi déjà comprise,
Qui sur Vertu de femme aura maîtrise,
Si que semblable à semblable conjoint
Bien gardera ce que vertu enjoint :
C'est qu'au mari la femme ait révérence
Et ne lui donne ennui ou déplaisance ;
Et le mari, par semblable recueil,
Ne donnera à sa femme aucun deuil.
Sache, mon fils, que la beauté de celle
Que tu prendras (ou soit veuve ou pucelle)
Pour ton épouse à la fin s'en ira
Comme rosée et bien tôt périra.
La dot aussi se peut tôt en aller
Et de grandeur en petit ravaler.
Mais, quant aux moeurs, cela toujours demeure :
Doncque sage est qui des bonnes s'asseure.
C'est grand malheur quand ce noble lien
De mariage est privé de son bien :
Or son bien est vivre paisiblement
L'un avec l'autre
, et amyablement
S'entretenir et éviter débats.
Ce bien et heur, tous gracieux ébats
En mariage auras, si sais choisir
Non par ardeur, mais à certain loisir
De bonnes mœurs une femme remplie
Et en vertu (comme veux) accomplie.

Dans le carmen I,19, il répète ses idées quant à la femme idéale :

Amicam volo non nimis decoram,
Ne vultu moveat procos salaces ;
Eamdem volo sat tamen decoram,
Ne me a se arceat et fuget coactum
Deformi nimium et nigrante vultu.
Eamdem volo comitate plenam,
Facundam, improbulam in toro at modestam
Torum extra. Sit et illa tota facta
Ad meum ingenium : quod ipse nolim
Nolit ; sed velit id velim quod ipse.
Talem, blanda Venus, volo, da amicam.
Je veux une maîtresse pas trop belle, de peur que son visage ne remue la lubricité des galants. Et pourtant je la veux assez belle pour que je ne sois pas forcé de m'écarter d'elle à cause de son visage noir et difforme. En outre je la veux aimable et diserte; un peu friponne au lit, mais réservée hors du lit. Qu'elle soit faite tout entière au moule de mon caractère: qu'elle ne veuille pas ce que je ne voudrai pas; qu'elle veuille ce que je voudrai. Douce Vénus, je te le demande, offre-moi une telle maîtresse…

5- ÉTIENNE DOLET SERAIT L'AUTEUR DE DEUX CONTES PLAIDANT POUR LE DROIT DES FEMMES À L'AMOUR.

Un recueil de Contes, attribué à une certaine Jeanne Flore, parut à Lyon à la fin des années 1530, « Comptes amoureux par Madame Jeanne Flore, touchant la punition que fait Vénus de ceux qui contemnent et méprisent le vrai Amour ». Anonyme, il semble être l'œuvre de plusieurs auteurs. Et deux de ces contes sont attribués à Étienne Dolet (voir Claude Longeon, «Du nouveau sur les Comptes amoureux de Madame Jeanne Flore», Bibliothèque d'Humanisme et Renaissance, XLIV-3, 1982, pp. 605-613). Ces contes sont un plaidoyer pour la liberté des femmes, leur droit à l'amour. Ils dénoncent les mariages de très jeunes filles avec des vieux qui ne sont capables que de jalousie.

Conte n°1 (page III v° - XXIII v°) : histoire de Pyralius et du Château Jaloux
Pyralius est un vieux mari jaloux qui tyrannise sa superbe jeune épouse Rosemonde et qui a fait édifier un château gardé par des monstres pour l'y enfermer. Mais un charmant jeune homme, Jean Andro, tombe amoureux d'elle – qui, de son côté, n'est pas insensible. Grâce à l'aide du dieu Amour et de sa mère la déesse Vénus, il surmonte tous les obstacles qui le séparent de la belle prisonnière et la délivre. Pyralius désespéré se pend, tandis que les jeunes festoient et s'abandonnent l'un à l'autre.
Le Toulousain Pyralius, vieux barbon répugnant, impuissant et jaloux, pourrait être une caricature de Drusac. Le personnage d'Andro, présenté comme lyonnais,  serait inspiré par un étudiant de Toulouse, Jean Andro, décédé en 1533, dont Étienne Dolet a composé une double épitaphe : Ioannis Andro adolescentis nobilissimi epitaphium et Eiusdem prosopopoeia ad viatorem (dans Carmina, éd. 1538, p. 168-170).

Conte n°6 (page LXVII r° – LXXIX r°) : histoire de Hélias-le-Blond, et histoire de Daurine
Le parfait chevalier Hélias rentre en France avec sa dame Fleurdelise, qu'il vient de libérer, lorsqu'ils tombent sur un château où une belle jeune femme est prisonnière de divers monstres. Il accomplit les prouesses attendues, délivre la dame, puis tout le monde se met en chemin pour la raccompagner chez elle.
Daurine raconte alors son histoire. Toute jeune, alors qu'elle était fiancée au beau chevalier Théodore, elle avait été mariée par ses parents à un infâme vieillard, impuissant et jaloux. Quand celui-ci fut contraint de partir à la guerre, il la laissa en garde à un eunuque très laid, appelé Gambon, avec ordre de ne laisser personne approcher de son épouse. Mais Théodore la retrouva, réussit à acheter Gambon et les deux amants purent se rencontrer souvent dans la chambre de Daurine. Mais, un soir, il furent surpris par le mari, revenu de la guerre. Daurine réussit à le tromper et Théodore pu sauver Gambon, menacé d'être pendu. C'est cette Daurine qui fut ensuite enfermée dans le Château jaloux du premier conte.


CONTE 1, Résumé détaillé :

A Toulouse, Pyralius avait 66 ans quand la petite Rosemonde âgée de 15 ans, lui fut donnée en mariage, ses parents ayant cru que, parce qu'il était très riche, il ferait le bonheur de leur fille. Impuissant, et donc incapable de « servir » sa jeune épouse, Pyralius devint jaloux au point de ne pas supporter même que le Soleil caresse son visage de ses rayons ou qu'une mouche vienne se poser sur elle.
Finalement il fit construire au milieu d'un marécage un château fortifié, le « Château jaloux », dans lequel ne purent entrer qu'eunuques et chambrières. Pour y accéder, il fallait franchir un profond fossé en passant sur un pont-levis très étroit, dominé par une grosse tour dans laquelle se tenait un affreux géant avide de sang humain ; puis on devait monter sur un deuxième pont flanqué d'une tour dans laquelle se trouvait un lion affamé ; ensuite celui qui aurait réussi à vaincre le géant et le lion se trouvait face à un pont maintenu levé par de groses chaînes de fer ; derrière ce pont attendait un horrible dragon attaché à deux chaînes de fer. Plusieurs jeunes chevaliers qui tentèrent d'y entrer furent dévorés par ces monstres.
C'est dans ce château qu'était enfermée Rosemonde, qui ne pouvait que pleurer et se lamenter dans sa chambre. A genoux, elle priait Vénus de lui porter secours. Finalement la bonne déesse eut pitié et elle demanda à l'Amour, son fils, d'intervenir pour la délivrer afin qu'elle puisse satisfare enfin tous ses désirs. L'Amour prit son arc et ses flèches, passa par les jardins des Hespérides où il prit deux ou trois pommes d'or et vola vers le château de Pyralius, où il pouvait facilement entrer en passant par une fenêtre.
Dans Toulouse vivait alors un beau et jeune gentilhomme lyonnais, Jean Andro. Un jour qu'il chassait le sanglier, il se trouva comme par hasard devant le château de Pyralius. L'Amour l'y attendait. Quand la belle, attirée par le bruit de la chasse, se mit à sa fenêtre, l'Amour tira deux flèches qui atteignirent le cœur de Rosemonde et celui d'Andro. Celui-ci demeure interdit en contemplant la belle demoiselle ; et Rosemonde fut prise du désir de tenir le jeune homme dans ses bras, ne supportant plus de perdre sa vie enfermée pour complaire à un maudit vieillard. Ils restèrent ainsi jusqu'à la nuit, puis la belle regagna sa chambre. Et Andro, dès lors, ne cessait de penser à la belle qu'il avait entrevue, maudissant ses parents qui l'avaient mise entre les mains d'un vieillard.
L'Amour eut pitié d'eux et décida d'intervenir. Il prit la forme d'une demoiselle et alla trouver Andro en son hôtel, lui disant qu'elle venait de la part de la demoiselle du château, que celle-ci était amoureuse de lui et que, s'il ne faisait rien, elle mourrait. Puis l'Amour souffla sur le visage du garçon, ce qui lui donna le courage nécessaire pour agir. Il donna à la messagère un riche diamant qu'elle devait porter à Rosemonde avec l'assurance qu'elle serait bientôt délivrée.
L'Amour, passant par une fenêtre, se transporta alors près de la jeune femme, lui disant que lui et sa mère Vénus allait bientôt lui donner la jouissance de sa amant et la punition de son vilain mari. Quant à Andro, animé d'une force toute nouvelle, il se disposa à prendre d'assaut le Château Jaloux.
Il commença par écrire une lettre dans laquelle il annonçait à Pyralius que son impuissance ne lui donnait aucun droit sur la demoiselle et qu'il se disposait à la conquérir : qu'il fasse donc ouvrir son château pour le lendemain. Il fit porter cette lettre par un nain, qui, se présentant en messager, eut la permission d'entrer dans le château, le géant ayant enfermé le lion et le dragon. Pyralius, rendu furieux par la lecture de la lettre, répondit que certes il le laissera passer les trois ponts, mais que le passage ne sera pas aussi facile qu'il le pense. Revenu près d'Andro, le nain, qui avait vu comment le château était défendu, mit en garde son maître : Pyralius pourrait très bien le laisser passer, puis le tuer et donner son corps comme repas au géant, au lion et au serpent. Mais Andro, toujours animé par son amour pour la dame, ne l'écouta pas et se rendit tout armé près du Château, avec son nain comme seul compagnon.
Alors il vit apparaître un riche chariot traîné par douze cygnes blancs et autant de colombelles. Sur le chariot étaient Vénus, son fils Amour et sa fille Volupté ; près du chariot marchaient les trois Grâces toutes nues ; derrière le chariot suivaient un jeune homme casqué et cuirassé, tenant arc et flèches (c'était le dieu Apollon) et un puissant guerrier vêtu seulement d'une peau de lion portant, lui, une massue hérissée de clous (c'était Hercule).
Arrivée près d'Andro, Vénus descendit du chariot et lui déclara qu'elle venait pour l'aider à conquérir sa belle. Elle demanda aux trois Grâces de déshabiller le jeune homme et, en le voyant nu, la déesse elle-même fut tentée par sa beauté incomparable. Puis, se reprenant, Vénus enduisit tout le corps d'Andro d'un onguent parfumé, le fit habiller et armer et lui donna un céleste et divin baiser. Puis elle arrêta son chariot près de la muraille du château.
Andro, Apollon et Hercule s'avancèrent jusqu'au premier pont. Hercule cria pour réveiller le Géant qui dormait et qui, en hâte, prit ses armes : une massue, un dard et une chaîne à laquelle était attaché un boulet rempli d'un feu infernal. Le pont s'abaissa. Andro confia son cheval au Nain et traversa le pont, à la rencontre du Géant Caignazo. Celui-ci lança successivement son dard, puis sa massue, mais Amour, chaque fois, détourna le coup. A ce moment, Andro vit sur la porte du Château Jaloux Rosemonde en compagnie de son affreux mari. Aussi, quand le boulet de feu l'atteignit, le feu de son amour fut plus fort que le feu infernal, qui fut éteint. Alors Andro attaqua le Géant et réussit à le tuer et à jeter son corps dans le fossé.
Puis on s'avança vers le deuxième pont, qui fut abaissé devant Andro, Hercule et Apollon. Le lion les attaqua pour les dévorer, mais Hercule n'eut aucun mal à le maîtriser et à l'étrangler. Le troisième pont s'étant abaissé, c'est Apollon qui cribla de flèches l'horrible Dragon. C'est ainsi qu'ils arrivèrent à une porte fermée, qu'Hercule n'eut aucun mal à défoncer, puis à une autre porte, qu'il enfonça de même.
Comprenant qu'il était perdu, Pyralius s'enfuit. C'est alors qu'apparut Rosemonde, rayonnante, couronnée de fleurs, vêtue d'une robe blanche et, dessous, d'une simple chemise, qui, lorsque soufflait un léger vent, laissaient voir les jambes, les cuisses et même le ventre de la belle. Alors les deux amants échangèrent un amoureux et prolixe baiser sur la bouche. A ce moment, Vénus apparut, qu'ils saluèrent à genoux.
Tous entrèrent dans le château. On dressa des tables et les trois Grâces les chargèrent des mets dont les immortels ont coutume d'user. Alors arrivèrent Dionysos et Cérès et toute un joyeuse bande. Puis on enleva les tables et on dansa jusqu'au soir. Quand la nuit fut venue, Vénus fit dresser par les trois Grâces,  dans une chambre richement tapissée, une magifique couche nuptiale brodée de peintures. Vulcain y alluma un bon feu, Apicius prépara une délicieuse confiture. Quand tout fut prêt, Vénus mena jusqu'au lit Andro et la belle son amie, après leur avoir infusé dans les moelles et les veines le désir amoureux. Près du lit se cachait Cupidon, tenant une petite lampe qui semblait pétiller de joie.
Alors la belle dame, qui n'avait connu jusque là que les étreintes sans chaleur de Pyralius, découvrit le corps de son nouvel ami ; et Andro put détailler les beautés de Rosemonde, depuis son visage, sa gorge et ses petits tétons, jusqu'à son ventre, ses cuisses et ses pieds mignons. Au comble du bonheur de pouvoir ainsi disposer d'une femme non par fraude, mais par la vertu d'un amour mutuel, « l'heureux amant commença de faire les approches près de la forteresse amoureuse, laquelle longuement ne put souffrir la batterie qu'elle ne se rendit. »
Pendant ce temps, le misérable Pyralius s'était réfugié dans les bois où, dans la nuit, il hurlait sa douleur comme une bête sauvage. Lorsqu'il vit paraître les trois Furies, Alecto, Mégère et Tisiphone, épouvanté, Pyralius décida d'en finir et se pendit à un arbre.
Et les amoureux, en joie et liesse, avec l'aide de l'Amour, jouirent longtemps de leurs plaisirs.
Ainsi peut-on voir que, pour celle qui de bon cœur s'adonne au dévôt et sacré service amoureux, il n'y a ni oppression ni ni danger duquel on ne puisse sortir par l'aide du saint Amour.


CONTE N°2, Résumé détaillé

Le blond vaillant et amoureux chevalier Hélias, cheminant vers le doux pays de France, monté sur son bon destrier nommé Batolde, accompagné de sa dame Fleurdelise, qu'il vient de libérer, arriva près d'un riche palais, au-dessus de la porte duquel était une demoiselle merveilleusement belle et richement vêtue d'une robe de drap d'or. Quand elle aperçut le chevalier, elle lui fit signe de s'éloigner au plus vite. Mais, ne tenant pas compte de l'avertissement, il entra dans une vaste cour entourée de galeries ornées de peintures et dont les piliers étaient des statues de marbre.
Au milieu de cette cour Hélias vit un horrible Géant qui maîtrisait un long et gros serpent qu'il tenait par la queue et, par une porte, il aperçut, dans un jardin, un Chevalier qui semblait garder un sépulcre. Alors qu'il courait vers le Chevalier pour le frapper, le Géant lui donna un coup très violent avec son serpent. Alors Hélias, avec son épée, fit une large blessure à l'épaule du Géant, lequel répliqua en l'assommant avec son serpent, lui et son cheval Batolde, qui, tous deux, tombèrent à terre.
Voyant cela, la demoiselle Fleurdelise faillit s'évanouir et et ses larmes attendrirent même les statues de marbre de la galerie. Finalement Hélias revint à lui, et perça de son épée le corps du Géant. Mais alors le Géant mort se transforma en Serpent et le Serpent devint Géant, qui attaqua aussitôt Hélias. Celui-ci l'attaqua et le tua à nouveau, mais le Géant devint Serpent et le Serpent se changea en Géant. La même chose se renouvela six fois, avec une violence croissante, au point que le chevalier se résignait à mourir. Toutefois, dans un dernier sursaut, il réussit à couper le Serpent en deux, ce qui l'empêcha de ressusciter. Le Géant renonça et, en poussant des hurlements, s'enfuit vers le sépulcre. Hélias le poursuivit et le fendit en deux depuis la tête jusqu'à la ceinture. Le Géant mourut dans un flot de sang. Le chevalier qui gardait le sépulcre accourut et Hélias le tua tout raide mort.
La belle Fleurdelise, voyant l'issue du combat, faillit mourir de joie. Elle vint prendre le héros très amoureusement dans ses bras, puis nettoya les plaies qu'il avait reçus.
Mais à ce moment la porte du palais disparut. Constatant qu'il leur était impossible de sortir, en attendant quelque secours, ils examinèrent le palais et les scènes qui étaient peintes dans les quatre galeries. Ils virent que les fenêtres étaient faites de cristal, les portes d'or fin d'Arabie, les murs et les créneaux de corail rouge sang. Le sol des galeries était fait de pierres précieuses, les colonnes de marbre et porphyre. Dans les quatre galeries étaient peintes des scènes représentant les exploits de du roi de Perse Cyrus, d'Alexandre le Grand, de César et des Chevaliers de la Table Ronde
Quand le chevalier et son amie Fleurdelise eurent fini de contempler les peintures, ils furent rejoints par la belle demoiselle qui leur avait fait signe de ne pas entrer dans le palais. Elle dit à Hélias que, s'il ne voulait pas rester à jamais enfermé dans le palais et y mourir de faim, il devait ouvrir le sépulcre et baiser sur la bouche ce qui en sortira. Sans hésiter Hélias marcha vers le tombeau. Soulevant la pierre par un anneau d'or, il vit surgir un horrible serpent, aux yeux ardents comme le feu et aux dents énormes. Son premier réflexe fut de le frapper avec son épée, mais la Dame lui cria de n'en rien faire : s'il frappait la bête, tous mourraient et le palais serait détruit ; elle répéta que son seul recours était de le baiser sur la bouche. S'il s'y refusait, il se retrouverait dans le tombeau avec toux ceux qui n'avaient pas eu le courage de faire ce baiser.
Exhorté à nouveau par la demoiselle, Hélias se décida ; mais il recula, se demandant si la demoiselle, dont il avait naguère tué le mari, ne voulait pas, pour se venger, le pousser vers la mort. Puis, ému par ses lamentations, il s'avança vers le serpent et le baisa légèrement. Aussitôt le serpent se transforma en une demoiselle : c'était la fée Phebosille, celle qui avait édifié le palais dans le jardin. Elle était si belle que, si Fleurdelise n'avait pas été présente, il en serait tombé amoureux. Alors la fée lui dit que la demoiselle enfermée dans le château s'appelait Daurine, qu'elle souhaitait qu'il la conduise en Surie chez son père, le grand et puissant Barbasor de la cité de Lise.
A la sortie du palais, Hélias retrouva son destrier Batolde blessé à mort ; mais la fée le rendit à la vie. Alors il s'éloigna, en compagnie de Fleurdelise et de Daurine, toutes deux à cheval, accompagnées de deux laquais.


En chemin, Daurine en profita pour faire le récit des ses aventures. Le roi Doliston avait eu une première fille, qui, alors qu'elle était fiancée au fils du roi d'Arménie, avait été enlevée par un brigand. Ce fiancé, Théodore, devint un beau et adroit chevalier qui, bien reçu par le roi Doliston, avait souvent l'occasion de rencontrer sa seconde fille, Daurine. Les deux jeunes gens s'aimèrent et le garçon demanda Daurine en mariage. Mais c'était trop tard : son père l'avait déjà promise à l'infâme et vilain jaloux que naguère Hélias avait tué dans le palais. Daurine déplora d'être victime des lois humaines qui laissent aux femmes moins de liberté que n'en ont les bêtes, puisque c'est un vilain mari qui devait jouir de sa jeunesse et non l'homme qu'elle aimait.
Un jour, ce vilain mari, un Turc, partit avec elle à Burse dans son pays de Natalie, lui faisant perdre tout espoir de revoir son Théodore. Assez hardi gentilhomme parmi les siens, ce vieux mari n'était, au lit, qu'un vrai poltron, tout juste capable de lui donner des baisers. Très soupçonneux, il ne la laissait seule ni jour ni nuit et ne laissait personne la voir.
Pourtant, les Turcs étant devenus ennemis de l'empereur de Grèce, il dut partir à la guerre. Il laissa alors son épouse à la garde d'un esclave eunuque et très laid, nommé Gambon, avec mission de ne laisser personne s'approcher de sa jeune femme.
Cela n'empêcha pas Théodore, toujours amoureux, de venir dans cette ville de Burse. Là il réussit à corrompre Gambon, qui, par amour de l'argent, laissa les deux amants se rencontrer seul à seule dans une chambre aussi souvent qu'ils le voulaient.
Ils en profitèrent jusqu'à une nuit où l'on entendit le mari revenu qui frappait à la porte. Theodore restait paralysé par la peur, mais la jeune femme trouva le moyen, avec la complicité de Gambon, de le faire sortir au moment où le mari entrait, puis de lui jeter ses vêtements par la fenêtre et de retourner dans son lit, où le mari cocu la trouva qui feignait de dormir. Par malheur il aperçut au pied du lit le manteau de Théodore qui avait été oublié. Furieux, il fit arrêter Gambon avec l'ordre de le pendre sans tarder. Lui-même se dissimula pour vérifier que l'esclave était bien conduit vers le gibet.
C'est alors que Théodore trouva le moyen de sauver le pauvre esclave en même temps que l'honneur de son amante. Ayant aperçu le mari qui se trouvait sur le passage de l'eunuque qu'on menait au supplice, il se précipita sur Gambon et le frappa violemment, lui reprochant à haute voix d'être le larron qui, la veille au soir, lui avait volé son manteau dans une taverne. Le mari Hosbegue tomba dans le panneau et fit libérer l'esclave, qui, ayant bien compris la ruse de Théodore, avoua devant son maître qu'il avait effectivement volé le manteau de cet étranger.
Soulagée, la jeune femme continua sa recherche du plaisir, jusqu'à ce qu'enfin elle se retrouve enfermée par son jaloux dans le Palais enchanté, d'où son amant a pu la délivrer, entraînant le châtiment de l'affreux mari.


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