FRANÇOIS BERTHRAND
On sait peu de choses sur l'avocat orléanais François Berthrand (ou Bertrand), né dans le XVIe siècle. Par quelques poèmes de ses Cimetière royaux (1610), on sait que son père, Hilaire de Berthrand, secrétaire du Roi, avait épousé Louise Jamet, fille de François Jamet et de Anne de Cailly. Il eut cinq enfants, tous morts « en cinq mois seulement ».
Il est l'auteur de :
– Les Meslanges, de François Berthrand, Orléans, F. Hotot, 1599.
– Les Éclogues, de François Berthrand, Orléans, F. Hotot, 1599
– Les Premières idées d'amour, contenant Les Amours d'Europe et Les Eclogues, de François Berthrand d'Orléans, à Madame d'Entragues,à Orléans par Fabian Hotot, imprimeur ordinaire du Roy et libraire juré de l'Université, 1599.
– Les Cimetières royaux, à Monseigneur le Dauphin, par le sieur de Berthrand d'Orléans, avocat en Parlement, à Bourges, par Maurice Levez, imprimeur juré de la Ville, demeurant auprès des Grades Écoles, 1610, suivi des Mélanges (12 poèmes)
– La tragédie de Pryam, roy de Troye, dédiée à Madame de la Loue, par le sieur de Berthrand d'Orléans, À Rouen de l'imprimerie de Raphaël du Petit Val, libraire et imprimeur du Roy, devant la grand porte du Palais, à l'Ange Raphaël, 1611.
– La Muse des Gaules, à la Reine Marie de Médicis, par Berthrand d'Orléans, Bourges, Levez, 1614
– Le Panégyrique bourbonien, ode pindarique, avec sa suite, à monseigneur le prince du sang Henry de Bourbon, prince de Condé, par le sieur de Berthrand, Bourges, Levez, 1623.
Les Amours d'Europe : 103 sonnets, 16 élégies, 7 stances, 6 odelettes, 6 chansonnettes
Les Églogues : 6 églogues faisant dialoguer des bergers
Les Cimetières royaux : 16 Tombeaux évoquant la mémoire de divers personnages + 7 Tombeaux évoquant sa famille
Mélanges : 10 sonnets + Stance pour un ballet + Au sieur Gillot sur ses livres de la Franciade
Sur GALLICA :
La Tragédie de Pryam : https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k10902166.image
Les Cimetières royaux : https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k134531z.image
Les Premières idées d'amour : https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k133945s/f3.item
• Un poème des Amours d'Europe (p. 126) nous apprend que François Berthrand eut le Flamand Pierre Tripsé comme "précepteur".
Tripsé, l'honneur de la troupe Aonide, *
Qui as goûté de l'onde Aganippide, **
Docte Poète, écoute librement
Ce que tu m'as enseigné doctement,
Quand tu montrais, libre de toute envie,
Les beaux secrets de la Philosophie.
* Aonide : L'Aonie devait son nom à Aon, fils de Poséidon ; les Aonides désignent les Muses qui y séjournent, sur le mont Hélicon.
** Aganippide : Aganippè était une nymphe fille du dieu Permessos ; la fontaine Aganippe (au pied du mont Hélicon en Béotie), était consacrée aux Muses et son eau au passait pour avoir une vertu inspiratrice.
• La première de ses Églogues (p. 4) fait dialoguer trois bergers : Bertet, Brisset et Janot. Les compagnons de Bertet sont frappés par sa mine défaite et sa face « égale à un corps entombé qu'à la fosse ont dévale » et Janot croit bon de mettre son ami en garde : « Enfin il ne faut pas, Bertet, tant étudier / ni si étroitement à l'amour se lier ». Et Bertet lui répond :
Las, de trop étudier je n'ai la maladie,
Car pour me contenter seulement j'étudie,
Non pour avoir du bruit, ni pour avoir encor
Dans un coffre de fer des trésors et de l'or.
Vrai est que rien ne peut davantage me plaire
Que d'avoir bien souvent dans les mains un Homère,
Un Virgile, un Pindare, un Horace, un Platon,
Un Plutarque, un Sénèque, un Arate, un Caton, *
Parfois un Aristote, et soûl de sa science,
Donner tout mon esprit à la Jurisprudence,
Puis, n'étant trop sévère, employer quelque jour
À lire les auteurs qui parlent de l'amour,
Amour, hélas ! Janot, qui doucement me blesse
Par les yeux d'une belle et nouvelle maîtresse.
* Arate : Aratos de Soles, poète grec du -IIIe siècle, auteur des Phénomènes, un poème en grec sur l'astronomie, qui a été traduit par Cicéron.
Faut-il voir dans ce Bertet une image de Bertrand ? Il serait un homme partagé entre les études juridiques et la lecture des auteurs anciens, et aussi un homme amoureux. En effet l'objet de la plupart de ses poésies était une demoiselle d'Orléans (une certaine Marguerite, qu'il appelle Europe) ; pendant huit années il soupira pour elle, se plaignant de ses rigueurs et souffrant lorsqu'elle quitta Orléans pour un long séjour à Paris.