Marie-Anne Barbier
LES TROIS ÉPREUVES,
nouvelle
RÉSUMÉ :
Au XIVe siècle, la Castille et l'Aragon étaient en conflit et l'Infante Léonor, fille du roi de Castille, était prisonnière chez le roi d'Aragon; elle ne devait être libérée qu'à la fin de la guerre.
Bientôt Don Fadrigue, le frère du roi de Castille, tomba amoureux de la belle prisonnière. Celle-ci n'avait rien contre cet amour, mais, depuis que Don Henrique de Trastamara, demi-frère du roi, avait cessé de l'aimer, elle était persuadée qu'il n'y avait pas d'amant fidèle.
Alors Don Fabrigue, pour prouver son amour, accepta d'être soumis à trois épreuves.
À cette époque, les armées du roi de Castiille triomphaient de celles du roi d'Aragon et Léonor avait cru comprendre que l'entourage du roi d'Aragon préparait une action contre la personne de son père, le roi de Castille. Comme première épreuve, Léonor imposa à Don Fabrigue de lui révéler ce qui se tramait dans le Conseil du roi d'Aragon. Après avoir quelque peu hésité, Don Fabrigue lui dit qu'effectivement son père devait être assassiné à Saragosse. Par amour Don Fabrigue avait trahi son frère et cette révélation permit au roi de Castille de mater la conjuration.
Ensuite, à la suite d'une intervention du Pape, le roi de Castille songea à faire la paix. Si celle-ci se faisait, Léonor serait libérée. Dom Fabrigue demanda donc à être vite soumis à la deuxième épreuve.
Comme épreuve, Léonor lui imposa de cesser de la voir pendant quelque temps et de fréquenter tous les jours la très séduisante Marie de Padille. Celle-ci était la maîtresse secrète du roi Pierre Ier, qui venait d'épouser Blanche de Bourbon. Ce que Léonor avait prévu arriva : Don Fabrigue n'eut d'yeux que pour Marie de Padille. Alors elle changea de tactique : elle se lia d'amité avec Marie de Padille et contraignit Dom Fabrigue à les voir toutes deux en même temps, afin de vérifier si sa fidélité résisterait aux charmes de la maîtresse du roi. Son attitude ambigue fut considérée comme une offense par chacun des deux femmes qui, pour se venger, s'entendirent pour tendre un piège à leur amant.
En présence de Don Fabrigue, Marie de Padille confia à Léonor une boîte dans laquelle, lui dit-elle, était caché le secret de son cœur, boîte qu'elle ne devait pas ouvrir sans en avoir reçu la permission. Quelques jours plus tard, Léonor, prétendant ne pas pouvoir résister à la tentation d'ouvrir la boîte, la confia à Don Fabrigue : la conserver sans l'ouvrir serait sa troisième épreuve.
Retourné chez lui, don Fabrigue décida d'ouvrir la boîte : si la contenu révélait que Marie en aimait un autre que lui, il réclamerait le prix de sa fidélité à Léonor; mais si la boîte lui apprenait qu'il était aimé de Marie, c'est à elle qu'il se livrerait tout entier.
Malheureusement la boîte contenait un bijou fait de pierres précieuses entrelacées d'une certaine manière et ces pierres se séparèrent dès qu'il les toucha. Comme il était impossible de les remettre en ordre, il comprit qu'il avait échoué dans la dernière épreuve.
Léonor fut confortée dans l'idée qu'il n'y a pas d'amant fidèle et elle renonça définitivement à l'amour.