Charles Barbara
LES PROVERBES
RÉSUMÉ :
Loin de résumer, comme le dit le Dictionnaire de l'Académie, « la sagesse des nations », les proverbes constatent plutôt la folie humaine. Depuis l'Antiquité, des auteurs ont collationné les proverbes et romans et poèmes sont remplis de proverbes.
Les formules proverbiales sont fondées sur la rime, l'allitération, la métaphore, l'allégorie, l'équivoque, le jeu de mots.
Beaucoup de proverbes sont des railleries à l'égard des femmes (« Qui femme a, noise a »).
D'autres n'ont aucun sens; certains sont des vérités, mais ils sont tombés dans un discrédit bien mérité.
Des érudits ont rassemblé un énorme catalogue de proverbes, dans lesquels l'erreur se mêle à la vérité, où l'honnêteté côtoie le cynisme, où pullulent les mensonges, les préjugés, les âneries, constituant une sorte de code qui, si on le suivait à la lettre, aboutirait à la légalisation et à l'excuse de tous les vices et de tous les crimes, par exemple « Chacun chez soi, chacun pour soi » ou « Enrichissez-vous » de Guizot. « C'est pour avoir trop écouté les proverbes que nous avons roulé dans le bourbier où nous pataugeons. » Mais il faut reconnaître que les proverbes d'un peuple peuvent servir à déceler son esprit, son caractère, ses coutumes, ses qualités.
Ensuite Barbara étudie l'origine et le sens de quelques formules : « Résolu comme Bertole », « Vous parlez trop, vous n'aurez pas ma toile », « Quatre vingt-dix-neuf moutons et un Champenois font cent bêtes », « C'est la coutume de Lorris : le battu paie l'amende », « Payer en monnaie de singe », « Le vin est le lait des vieillards », « À bon vin il ne faut pas de bouchon », « Les Chiens d'Orléans », « Ne savoir à quel saint se vouer ».
Et Barbara donne la bibliographie des ouvrages qu'il a consultés (des « soporifiques excellents ») : Cardan, Fleury de Bellinghem, l'abbé Tuet, Etienne Pasquier, Henri Estienne, Erasme, Béroald de Verville, Jacques Moisant des Brieux, le P. Gachiès, etc.
Il dénonce enfin la mode des proverbes mis sur le théâtre : les Proverbes dramatiques de Carmontelle ou de Théodore Leclercq, les Comédies, proverbes et parades du baron Roederer. La plus ennuyeuse est la Comédie des Proverbes d'Andrien de Montluc dans laquelle, pendant cinq actes, tous les personnages ne parlent que par proverbes; meilleurs sont les Comédies et proverbes de Musset.
Et Barbara conclut : « Cette recrudescence de proverbes leur doit porter un coup mortel. Dans un avenir prochain, il n'en sera plus question et les publications de nos parémiographes modernes ne les remettront plus à la mode ».