Charles Barbara
MADELEINE LORIN
RÉSUMÉ :
Madeleine, fille du vigneron Trembleau (aux Aydes, près d'Orléans), avait épousé Clovis Lorin, fils du cordonnier Antoine Lorin ; à Paris, ils avaient eu une fille, Anaïs. Antoine Lorin avait un autre fils, Edmond Lorin, quincailler à Paris, qui avait épousé une Euphrasie; ils avait eu une fille, Victoire.
Antoine Lorin, qui avait des rêves de grandeur, avait difficilement accepté le mariage de son fils Clovis avec la fille d'un simple vigneron et il avait de ce fait toujours avantagé son fils aîné Edmond.
Edmond et Euphrasie étaient jaloux de voir Madeleine heureuse avec sa fille Anaïs; et quand Madeleine fut veuve, Euphrasie entreprit de la persécuter. Elle persuada d'abord Antoine Lorin de ne lui laisser que trente mille francs; puis elle convoqua un conseil de famille qui déclara que Madeleine était déchue de ses droits parentaux et qu'Anaïs devait venir vivre chez son oncle. Là elle fut le souffre-douleur d'Euphrasie.
Mais Madeleine, prévoyante, avait caché dans une doublure de sa vieille robe les trente mille francs, qui seraient la dot de sa fille chérie, Anaïs. Et elle s'était appliquée désormais à économiser le moindre sou : elle mangea le moins possible, elle mendia dans la rue. Alors qu'elle avait réussi à cacher 600 francs dans son matelas, pour pouvoir continuer à mendier, elle expliquait à ses voisins qu'elle les avait perdus dans un incendie.
C'est alors que Madeleine Lorin fut remarquée par un sculpteur sur bois, Bénédict, qui eut d'emblée de la sympathie pour elle et bientôt de l'amour pour sa fille Anaïs. Il voulut aider la mère, la prit chez lui. Toutefois il était souvent étonné par ses comportements inexplicables, qu'il ne comprit que lorsqu'elle lui révéla quel avait été son dessein.
Dès qu'elle avait connu Bénédict, elle avait voulu savoir s'il serait un bon mari pour sa fille et elle passa son temps à l'espionner pour vérifier qu'il serait capable de la rendre heureuse. Puis elle fit tout son possible pour l'obliger à économiser le plus possible l'argent qu'il gagnait, allant même jusqu'à se laisser mourir de faim pour ne pas lui coûter de l'argent. C'est ainsi qu'elle put mettre de côté à peu près 600 francs. Alors que Bénédict, ruiné, manquait de tout, il ne savait pas qu'elle conservait 1240 francs dans un coffre et les trente mille francs dans la doulure de sa robe. En apprenant quel avait été le dessein fou de Madeleine Lorin, Bénédict lui fit de lourds reproches, lui révélant que sa fille, désespérée, avait même essayé d'attenter à ses jours.
Tout se termina bien. Madeleine retrouva la santé. Bénédict et Anaïs, mariés, se lancèrent dans la vie grâce à l'argent accumulé par Madeleine; ils créèrent une petite entreprise de sculpture sur bois avec plusieurs ouvriers. En revanche, les persécuteurs d'Anaïs ont été punis de leur méchanceté. Euphrasie, furieuse d'apprendre le mariage d'Anaïs avec un honnête garçon, multiplia les attaques de nerfs. Edmond Lorin se ruina à la Bourse, fut frappé de paralysie et retomba en enfance.