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Charles Barbara

L'ACCORDEUR


 

Résumé de la nouvelle :

Mozart, à douze ans, vivait à Vienne avec son père. Celui-ci avait loué un piano à un accordeur, Abraham Fischer*, qui, trois fois par semaine, venait vérifier l'instrument et restait pour écouter le jeune prodige. Quand les Mozart partirent en Italie, Fischer reprit son piano, mais refusa tout argent, estimant avoir été largement payé par le bonheur que lui avait donné la musique du jeune garçon. Ému, Mozart lui promis que, plus tard, il ne manquerait pas d'acquitter sa dette.

Quand, douze années plus tard, couvert de gloire, Mozart revint à Vienne et que Joseph II eut fait de lui son maître de chapelle, son piano fut accordé par un vieil accordeur qui ne demanda pour son intervention qu'une somme dérisoire. Alors Mozart reconnut Fischer. Il se renseigna auprès de Johann Andreas Stein qui lui appris que, depuis, Fischer s'était ruiné par sa prodigalité, par trop de générosité envers les artistes et surtout par son mauvais caractère qui l'amenait à refuser toute aide qu'on voulait lui apporter.

Un jour arriva où l'on annonça la mise en vente de tous les biens de Fischer, incapable de payer ses dettes et refusant de vendre le piano sur lequel, disait-il, avait joué le jeune Mozart. Celui-ci, informé de cette vente, organisa, avec l'aide de Stein, un grand concert, auquel il invita Fischer comme accordeur du piano. La recette, considérable, fut mise dans une cassette. Mozart, sûr que Fischer, par orgueil, refuserait ce don, lui demanda simplement d'abriter la cassette chez lui, jusqu'à ce qu'il vienne la reprendre. Alors Mozart, peu avant le début de la vente, se rendit chez l'accordeur avec un ami. Et c'est cet ami qui, puisant chaque fois dans la cassette, acheta fort cher le lit, le buffet en chêne et tous les objets mis aux enchères. Quand vint le tour du piano, Fischer essaya bien de l'acheter, mais Mozart, dissimulé dans la pièce, l'acquit pour la somme de quinze ducats.

Après la vente, Fischer appris qu'il avait gagné plus d'argent qu'il ne fallait pour payer ses dettes, que l'acquéreur de tous ses biens et de son piano était WA Mozart. Toujours susceptible, il refusa l'offre qui lui fut faite de toute reprendre. Mais Mozart lui rappela que, treize ans plus tôt, il avait, lui, accepté la générosité de son accordeur. Alors, pour vaincre les dernières résistances du vieil entêté, il improvisa sur le piano un motif si sublime que l'homme éclata en sanglots et accepta.

* John Abraham Fischer (1744-1806)


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