JOURNÉE D'ÉTUDES ÉTIENNE DOLET
Le samedi 23 novembre 2024, l'Association Orléanaise Guillaume-Budé, fondée le 23 novembre 1954, fêta son 70ème anniversaire en consacrant une journée d'études à ÉTIENNE DOLET, cet humaniste qui, né à Orléans en 1509, mourut sur le bûcher à Paris en 1546, victime d'une société intolérante qui lui reprochait sa trop grande liberté de pensée.
La veille, un concert fut proposé à nos membres à l'auditorium de la Médiathèque, grâce au concours de Daphne Corregan, chanteuse soprano, accompagnée par Caroline Colombel-Genest, harpiste.
Ressuscitant les Ladie's concerts aristocratiques de la fin du XVIIIe siècle, les deux artistes interprétèrent des chansons, romances et nocturnes de compositrices des XVIIIe et XIXe siècles.
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La "Journée Etienne Dolet", à l'auditorium du Musée des Beaux-Arts, fut ouverte par une intervention de William Chancerelle, maire-adjoint à la Culture, qui salua tout le travail accompli par la section orléanaise de l'Association Guillaume-Budé et la remercia pour l'organisation de cette journée consacrée à une personnalité née à Orléans, en résonance avec l'actualité dans une période marquée par les discussions autour de la liberté de penser.
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C'est Michel Fartzoff, président de l'Association Guillaume-Budé nationale, qui présida cette journée de travaux, au cours de laquelle on put entendre cinq communications sur Étienne Dolet.
Préalablement furent évoquées les 70 années de présence de notre Association dans la vie culturelle orléanaise et ses cinq présidents successifs : Germain Martin (1954-1965), Lionel Marmin (1965-1989), Alain Malissard (1989-2014), Bertrand Hauchecorne (2015-2022) et Catherine Malissard (depuis 2022).
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Catherine Langlois-Pezeret, professeur de Lettres classiques en classes préparatoires au lycée Lakanal, présenta une première communication : "De Lyon à Paris en passant par Orléans: Étienne Dolet et ses villes". Furent traduits et commentés quelques passages des Carmina où l'on trouve des allusions à Paris, à Toulouse et à Lyon. En revanche, rares sont les vers de Dolet qui évoquent Orléans, sa ville natale, alors qu'il aimait rappeler, au moins sur la page de titre de ses ouvrages, qu'il était "Aurelius".
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Michel Magnien, professeur de Littérature française de la Renaissance à la Sorbonne-Nouvelle, dans une communication intitulée "Dolet en ses Commentaires de la langue latine", après avoir rappelé la qualité typographique des éditions d'Etienne Dolet, montra que Dolet a fait du commentaire humaniste, qu'on pourrait imaginer comme une pratique érudite et distanciée, un instrument pour se mettre lui-même en scène et assurer sa propre promotion.
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Marie-Luce Demonet est professeur émérite de Littérature française à l'Université de Tours. Elle traita de "L'esperluette & le point-virgule chez Dolet". Le système ponctuant de Dolet (qu'il décrit en 1540) ne comprend pas de point-virgule, mais fournit une recommandation sur l'usage de l'esperluette selon sa position dans la phrase. Si le premier est encore utilisé, l'esperluette est devenue une fantaisie typographique. On a pu observer l'application des principes de Dolet dans quelques ouvrages imprimés par ses soins, dans les différentes éditions des Essais de Montaigne entre 1580 et 1595, puis dans ses manuscrits.
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Sophie Astier est directrice adjointe de la Bibliothèque municipale de Versailles, chercheuse associée STIH à la Sorbonne-Université. Son sujet était "Étienne Dolet, un homme d'actualité". Elle montra que Dolet est toujours resté au contact de l'actualité politique, diplomatique et littéraire. De plus il comptait parmi ses protecteurs les frères Guillaume et Jean du Bellay, conseillers et diplomates de François Ier, par lesquels il avait accès à des textes officiels. Lorsqu'il prépara son ouvrage "Gestes de François de Valois" (1539), il compila de nombreuses sources, complétant même son texte en 1543 en y insérant des événements qui se sont déroulés entre-temps.
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Philippe Nivet, professeur d'Histoire contemporaine à l'Université de Picardie-Jules-Verne, termina la journée avec "Le projet orléanais, exemple des polémiques suscitées par les monuments à Étienne Dolet". Il montra qu'à Paris, à Lyon, puis à Orléans les projets d'élever un monument en hommage à Dolet "martyr de la libre-pensée" ont toujours été sources de polémiques engagées par ceux qui rappelaient les accusations formulées dès le XVIe siècle contre un Dolet athée, assassin et plagiaire. A Lyon, le projet n'aboutit pas ; à Paris le monument de la place Maubert, fondu sous l'Occupation, n'a pas été remplacé ; à Orléans il ne reste du monument inauguré en 1933 qu'un modeste buste en pierre dans le jardin de l'Hôtel Groslot ; à Toulouse un médaillon sur la porte de la Bibliothèque d'Étude et de Patrimoine rappelle la mémoire de l'imprimeur.
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Pour finir, Michel Fartzoff s'est félicité de la richesse de cette journée et a invité les "budistes" orléanais à participer au prochain Congrès national de l'Association. Catherine Malissard a clos la journée en remerciant le président national de sa présence et de son animation des échanges, ainsi que tous les participants.
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